Archives de catégorie : Suisse

Cloches – Vers-l’Eglise (CH-VD) temple et ancienne église Saint-Théodule

Rencontre de fondeurs bernois et franc-comtois dans les Préalpes vaudoises

-Cloche no1, note MI3 – 51/100, diamètre 127 cm, coulée en 1564, attribuée à Franz Sermund de Berne.
-Cloche no2, note SOL3 – 52/100, diamètre 108 cm, coulée en 1736 par Abraham Gerber de Berne.
-Cloche no3, note DO4 – 3/100, diamètre 76 cm, coulée en 1760 par Jean-Claude Livremont de Pontarlier.

Un emplacement choisi avec soin – Il y a un peu moins de trois ans, je vous invitais à une première escapade dans la vallée des Ormonts à l’occasion d’une présentation du temple de Cergnat. Vous y découvriez avec émerveillement un ensemble historique de trois cloches gothiques dans leur fier clocher à la flèche de pierre. Vous vous extasiiez aussi devant le paysage des Préalpes vaudoises, ces montagnes à la fois imposantes et rassurantes, au pied desquelles des villages bucoliques semblent chercher protection. C’est justement dans un but protecteur que le temple de Vers-l’Eglise a été édifié à cet endroit précis. La légende raconte en effet qu’avant la mauvaise saison, de sages paysans auraient planté en terre trois piquets. Deux dans des endroits exposés aux soleil, le troisième dans ce coin plutôt ombragé. Seul le dernier de ces trois piquets ayant résisté à l’hiver, il fut choisi de construire l’église là où elle serait épargnée des avalanches et des éboulements. La première mention d’un lieu de culte à Vers-l’Eglise remonte à 1396. Il ne s’agit toutefois que d’une chapelle, et les habitants du lieu sont contraints de se rendre à l’église-mère de Cergnat, distante d’une dizaine de kilomètres. Vers 1480, quelques paroissiens de Vers-l’Eglise mettent en avant les difficultés pour eux de se déplacer, surtout à la mauvaise saison, dans cette région accidentée. Ils demandent à disposer de leur propre église paroissiale et à pouvoir enterrer leurs morts dans leur cimetière. Ces exigences seront partiellement remplies en 1482 moyennant finance. Mais ce n’est qu’en 1536, avec l’arrivée de de la Réforme au Pays de Vaud, que le village de Vers-l’Eglise se voit enfin érigé en paroisse.

Le temple de Vers-l’Eglise semble avoir été construit en 1456, donc 80 ans avant la Réforme. Ce qui était encore un lieu de culte catholique a été béni par l’évêque de Sion Henri Asperlin. De la fin du Moyen-Age nous sont parvenus le chœur avec sa voûte à cinq nervures et son abside à trois pans, la nef unique et le massif clocher-porche. Parmi les travaux qui ont peu à peu donné à l’édifice l’aspect que nous lui connaissons, citons les trois galeries ouest, sud et nord construites respectivement en 1581, 1709 et 1830 afin de gagner de la place. Le magnifique plafond en berceau lambrissé, la chaire, le banc du gouverneur et le tronc datent du XVIIIe siècle. Ces transformations font souvent  appel à des artisans étrangers au village et dont la renommée dépasse de loin les limites de la vallée des Ormonts. On peut citer les Guignard père et fils, menuisiers, dont les activités ont été recensées jusque dans la Vallée de Joux. Au milieu du XIXe siècle, l’état de  délabrement avancé du temple nécessite d’urgents travaux de maçonnerie et de terrassement. La rénovation de 1960 permet de mettre au jour les fonts baptismaux qui avaient été enterrés, de même que deux fenêtres en arc brisé dans le chœur qui avaient été murées. 2015 voit la pose par un artisan de la région de nouveaux tavillons  dont le bois provient entièrement de la vallée des Ormonts.

Une cloche attribuée à l’un des meilleurs fondeurs de sa génération – C’est une sonnerie historique de grande valeur qui se cache derrière les baies gothiques du massif clocher-porche. La grande cloche, datée de 1564, porte porte l’inscription suivante : Peuple, venez écouter la parole du Seigneur, entendez grâce à vos oreilles la loi de votre Dieu. Il s’agit là de la traduction française d’une inscription latine figurant sur le col de la cloche. Cela peut paraître curieux pour une cloche réformée, mais il faut savoir que l’usage de la langue latine a perduré durant de longues années pour les inscriptions religieuses (exemple sur le bourdon de Vevey daté de 1603) et pour des textes officiels. La cloche arbore des visages grimaçants sur ses anses et des empreintes de feuilles de sauge sur sa robe, ornements qui seront ensuite repris sur de nombreuses cloches baroques. La qualité visuelle et sonore de cette cloche de la Renaissance, sa technique de fonte novatrice pour l’époque, tout ceci indique que nous avons affaire à un fondeur en pleine possession de son art. Matthias Walter, expert campanologue à Berne, attribue cette beauté de bronze à Franz Sermund, ce fondeur originaire de Bormio (I) reçu bourgeois de Berne en 1567. Pour rappel, Sermund, en tant que fondeur officiel de Leurs Excellences de Berne, a coulé des cloches remarquables dans tout le canton de Vaud, dont le magnifique bourdon de la cathédrale de Lausanne (1583) l’une de ses plus importantes réalisations.

La cloche no2 est intéressante par ses enseignements historiques. Elle symbolise pour commencer l’écrasant pouvoir de Berne sur le Pays de Vaud : la signature d’un artisan bernois, mais aussi et surtout le grand écusson représentant l’ours bernois. Les armoiries communales apparaissent toutes petites sur la face opposée de la cloche ! On remarque également la place prépondérante du pouvoir civil dans les inscriptions et les motifs apparaissant sur les cloches réformées de cette époque. Cette tendance connaîtra son apogée au XIXe siècle sous le gouvernement radical vaudois avant de décroitre. Sur la cloche de Vers l’Eglise, on découvre tout de même cette inscription à caractère religieux PAR MON SON MELODIEUX IAPPELLE DANS CE SAINT LIEU LES HUMAINS POUR LETERNEL SERVIR DUN VOEU SOLENNEL. L’inscription FONDEV A BERNE PAR ABRAM GERBER LE 26 MAI 1736 souligne les armoiries du fondeur représentant une cloche et un canon. Ce blason confirme que les successeurs de Franz Sermund et d’Abraham Zender – comme nombre de leurs contemporains – coulaient également des pièces d’artillerie. Pour être complet avec le descriptif de cette cloche délicatement ornée, il faut signaler encore les armoiries de la famille Wurstemberger représentée par Johann Rudolf commandant d’artillerie et directeur de la fonderie, et François seigneur gouverneur.

La cloche no3 est la seule à ne pas être l’œuvre d’un fondeur bernois. On peut lire sur son col les noms de quelques notables de la commune : le châtelain Jean Favre, l’ancien châtelain Moyse Nicollier, les syndics Jean Favre et Moyse Culand ainsi que l’égrège Jean Favre. On trouve encore ces quelques lignes en latin et en français VOX CLAMANTIS / IINDIQVE LE TEMS ET LE LIEV OV VOVS DEVEZ ADORER DIEV. Coulée en 1760, cette petite cloche porte la signature de JC Livremont fondeur de Thonon.

De nombreux fondeurs dans la famille – Cette présentation de la sonnerie de Vers-l’Eglise est une occasion rêvée de vous toucher quelques mots des Livremont (variantes : Lievremont, Livremond) cette famille originaire de Franche-Comté recensant dans ses rangs un grand nombre de fondeurs. Tous ont laissé de beaux exemples de leur savoir-faire aux XVIIe et XVIIIe siècles, que ce soit en Suisse, en Savoie ou en Franche-Comté. Le degré de parenté exact entre les différents membres de cette dynastie qui portent parfois le même prénom n’est pas toujours clair. Pascal Krafft, expert campanologue à Ferrette (F-68) a attiré mon attention sur les travaux de Louis Boiteux. Dans son étude réalisée vers 1920 au sujet des  cloches historiques du Doubs, le chanoine Boiteux mentionne au XVIIe siècle Guillaume fondeur à Pontarlier et son frère Jean-Baptiste actif à Dole. Ce même Jean-Baptiste est également cité par A. Cahorn (Les cloches du canton de Genève, 1925) dans des travaux de réparation à l’une des cloches de la cathédrale Saint-Pierre de Genève en 1668. La Revue Savoisienne de 1896 nous apprend que Guillaume et Antoine originaires de Pontarlier et qualifiés de bourgeois d’Evian ont coulé en 1687 deux cloches pour Evian et une pour l’ancienne paroisse voisine de La Thouvière. La grande cloche de la Chapelle d’Abondance (F-74) datée de 1687 porte la signature de Guillaume, Claude et Antoine bourgeois d’Evian, de Pontarlier et citoyens de Besançon. Les frères Livremont semblent avoir ensuite repris la direction de la Franche-Comté non sans avoir fait halte dans le Nord-Vaudois, comme l’indique la griffe apposée sur le bourdon d’Orbe (CH-VD) GUILLAVME ET ANTOINE LIVREMOND FRERES BOVRGEOIS DE PONTARLIER ET CITOYENS DE BESANCON MONT FONDVE ET REMISE EN L’ESTAT OV JE SVIS LE 16 OCBRE 1688. Au XVIIIe siècle, Antoine le jeune – fils, petit-fils ou neveu d’Antoine l’Ancien, la filiation n’est pas claire – a coulé un grand nombre de cloches pour les cantons de Fribourg et de Neuchâtel. Il semble avoir eu au moins deux fils, eux aussi fondeurs. Le patrimoine campanaire fribourgeois mentionne le prénom de Jean pour une cloche à Morteau et le prénom de Claude pour des cloches à Onnens (1786) et aux Sciernes d’Albeuve (1780). Le musée neuchâtelois évoque un certain Joseph pour deux cloches à Buttes en 1772. Claude et Joseph pourraient n’avoir été qu’une seule et même personne : Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, signale que la cloche no2 de la collégiale de Neuchâtel coulée en 1786 est signée C I LIVREMON. Les archives de la commune d’Amagney (F-25) nous apprennent qu’il a été passé commande en 1775 d’une cloche à un fondeur du nom de Claude-Joseph Lièvremont. Ce Claude-Joseph pourrait avoir été un frère ou un cousin d’Antoine le jeune. Toujours au XVIIIe siècle, les prénoms de Jean-François puis de Jean-Claude apparaissent dans certains clochers de la région du Léman. Une cloche à Saint-Jean-d’Aulps (F-74) datée de 1747 porte la signature de ces deux frères, tout en mentionnant leur bourgeoisie de Pontarlier. Selon la Revue Savoisienne de 1896, Jean-François natif de Pontarlier fut appelé pour remplacer les cloches de Pers (F-74) en 1754. Il serait décédé à Annecy le 27 mai 1764 à l’âge de 52 ans laissant plusieurs enfants dont aucun ne paraît avoir exercé l’industrie paternelle. Sur la petite cloche de Vers-l’Eglise coulée en 1760, Jean-Claude – vraisemblablement le plus jeune de la fratrie – apparaît seul et Thonon remplace alors Pontarlier comme lieu de résidence du fondeur.

Pas de beffroi – Sous la chambre des cloches du temple de Vers-l’Eglise se trouve une horloge mécanique datée de 1899 et signée Louis Crot à Granges VD. Cette horloge a été profondément modifiée : remplacement du mécanisme horaire par un moteur électrique relié à une horloge-mère, remontage électrique des poids. La sonnerie a été motorisée en 1966. De cette époque date certainement l’équipement actuel : battants piriformes, jougs en acier et rails métalliques scellés dans le mur en lieu et place d’un beffroi. Lors de l’enregistrement audio-vidéo de la sonnerie, mes camarades et moi-même avons remarqué que les vibrations induites par la volée des trois cloches se transmettaient aux murs pourtant épais du vénérable clocher gothique. Les trépieds de nos caméras placées sur le plancher et dans l’embrasure des baies sont entrés en résonance avec la sonnerie ! Je ne saurais trop recommander – sinon d’opter pour un vrai beffroi en bois – de placer au moins des plaques isolantes sous les paliers des cloches afin d’atténuer ces vibrations qui pourraient à long terme fragiliser la maçonnerie.

Sources (autres que mentionnées)
Ormont-Dessous, Ormont-Dessus, divers auteurs sous la direction d’Henri-Louis Guignard.
https://www.villars-diablerets.ch/fr/P5493/le-temple-de-vers-l-eglise
https://www.ormont-dessus.ch/
https://www.24heures.ch/vaud-regions/riviera-chablais/temple-versl-eglise-soffre-coup-jeune/story/18234871
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ormont-Dessus
https://fr.wikipedia.org/wiki/Amagney
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vall%C3%A9e_des_Ormonts
https://cloches74.com/2014/07/08/saint-jean-daulps-eglise-saint-jean-baptiste-plan-davoz/

Quasimodo remercie chaleureusement
-La commune d’Ormont-Dessus, le musée des Ormonts et sa convervatrice Mary-Claude Busset,  la paroisse des Ormonts-Leysin et son pasteur Frédéric Keller.
-Mes amis Antoine Cordoba carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice et Allan Picelli, sacristain à Maîche (F-25).

Cloches – Le Pâquier (CH-FR) église Saint-Théodule

La première cloche normande coulée pour la Suisse

-Cloche 1, dédiée au Sacré-Coeur de Jésus, note fa#3 -32/100, coulée en 1910 par Jules Robert à Porrentruy.
-Cloche 2, dédiée à Marie-Immaculée, note la#3 +6/100, coulée en 1910 par Jules Robert à Porrentruy
-Cloche 3, dédiée à saint Joseph et saint Théodule , note do#4 -27/100, coulée en 1910 par Jules Robert à Porrentruy
-Cloche 4, dédiée à sainte Marguerite Bays, note ré#4 -27/100, coulée en 2018 par Cornille Havard à Villedieu-les-Poêles

[ancienne cloche 4 actuellement déposée, note fa4 +9/100, coulée en 1805 par Pierre Dreffet de Vevey]

Le diable peinant sous le fardeau de la cloche de Saint Théodule, détail de l’ancien retable du maître-autel de l’église de Gruyères, musée d’art et d’histoire de Fribourg. Extrait de « Le patrimoine campanaire fribourgeois »

La légende raconte que Saint Théodule a berné le diable pour que celui-ci accepte de transporter jusqu’à Valère une cloche offerte par le pape à Rome. C’est ainsi que le premier évêque de Sion est souvent représenté avec comme portefaix un diablotin croulant sous le poids d’une lourde cloche. Cette cloche aurait tant sonné en la basilique sédunoise qu’elle se serait fendue. Ses fragments furent alors conservés au même titre que des saintes reliques, puis distribués à la demande de certaines paroisses. Dans le canton de Fribourg, Sâles, Estavayer-le-Gibloux et Villarimboud ont coulé des sonneries avec des reliques de la fameuse cloche de Saint Théodule. Ironie du sort, aucune de ces  cloches ne nous sont parvenues. Le saint patron n’a pas non plus réussi à protéger l’église de Gruyères de la colère divine. Le clocher fut foudroyé à trois reprises entre 1679 et 1750. Il s’embrasa même complètement en 1856, victime des mortiers de la Fête-Dieu. Ce dernier sinistre causa la destruction de la sonnerie de Gruyères. L’église du Pâquier est elle aussi dédiée à Saint Théodule. D’abord chapelle de la Sainte-Trinité, l’édifice bâti au début du XVIIe siècle est reconstruit en 1843. Il devient église paroissiale en 1919.  Les archives font mention d’une ancienne cloche bénie en 1613 et prénommée Etiennette, du nom de sa marraine Etiennette Dupaquier. Cette cloche ne nous est pas parvenue. L’église subit des transformations tout au long du XXe siècle : adjonction en 1954 d’un escalier pour accéder à la tribune et d’un baptistère devenu chapelle de la Vierge ; pose de deux séries de vitraux de Yoki Aebischer en 1955 et 1975. L’orgue Kuhn de 1917 est remplacé en 1972 par la manufacture Armani Mingot. Mgr Genoud consacre le nouveau mobilier liturgique le 16 août 2009, jour de la fête patronale.

La première cloche normande pour la Suisse – La petite cloche du Pâquier est sortie de la fonderie Cornille Havard à l’automne 2018. Elle a été bénie le 16 mars 2019 par l’Abbé Claude Deschenaux, curé modérateur de l’Unité pastorale de Notre-Dame de l’Evi. S’en est suivie la montée festive par les enfants de la paroisse. Ces moments empreints d’émotion sont à retrouver dans la présentation audio-vidéo en tête d’article. Si la cloche arbore un Christ en croix avec l’inscription PAROISSE LE PAQUIER MMXVIII, elle a été consacrée lors de sa bénédiction à sainte Marguerite Bays, quelque mois avant la canonisation  de la couturière fribourgeoise. Il s’agit de la première cloche de Villedieu-les-Poêles à rejoindre la Suisse. Deux autres cloches de la fonderie normande vont prochainement arriver au pays, elles feront l’objet de publications ici-même ainsi que sur les réseaux sociaux. La commande de cette nouvelle cloche a été décidée par une partie du Conseil de paroisse du Pâquier dans le but d’obtenir une sonnerie plus conforme aux règles harmoniques. Mais si on tend l’oreille, on se rend compte que la cloche no2 est clairement trop haute, ce que confirme une analyse sonore. Le Salve Regina recherché (fa#3 la#3 do#4 ré#4) a donc tendance à lorgner vers le Westminster. Je ne saurais trop recommander à la paroisse de remettre en service la petite cloche historique en fa4, actuellement déposée. Non, cette cloche n’est pas fêlée, contrairement à ce qui a été avancé… non cette cloche n’est pas laide non plus. Coulée par Pierre Dreffet de Vevey en 1805, elle possède tout simplement les caractéristiques sonores de son époque : une octave inférieure basse et une prime haute comme nombre de cloches d’influence baroque française présentes dans la région. Mention aux Biens culturels fribourgeois qui ont exigé que cette pièce historique demeure dans le clocher. Mention aussi à l’entreprise Mecatal qui a eu la clairvoyance de doter la nouvelle cloche d’un joug décentré, ce qui offre la possibilité de rapatrier par la suite la cloche historique dans la même travée. Munie d’un bon battant – ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent – cette petite cloche saura ajouter encore un peu plus de caractère à cette sonnerie déjà très particulière. Démonstration avec cette simulation de plénum à cinq cloches.

 

Ci-dessous quelques photos de la sonnerie du Pâquier telle qu’elle se présentait avec la cloche de 1805.

Dans la galerie ci-dessous , vous trouverez des clichés de la nouvelle cloche fraîchement démoulée, puis à l’atelier Mecatal, et enfin à l’église du Pâquier pour sa bénédiction.

Toujours en ligne, la présentation audio-vidéo de l’ancienne sonnerie

Quasimodo adresse ses remerciements les plus sincères à :
-Paul Ottoz, président de la paroisse du Pâquier
-Lucien Pharisa, ancien organiste, carillonneur et secrétaire
-Jean-Paul Schorderet, campaniste, directeur de Mecatal
Fonderie Cornille Havard
Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice
Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers

Sources :
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 7, Père Apollinaire Deillon, 1893

Cloches – Crésuz (CH-FR) église Saint-François d’Assise

Le fondeur signait IAM

-Cloche 1 « Marguerite », note do4 +9/100, diamètre 75 cm, poids environ 250 kg, coulée en 1749, signée IAM GM.
-Cloche 2 « Françoise », note mi4 +19/100, diamètre 62 cm, poids environ 140 kg, coulée en 1668 par Jean Richenet de Vevey.

Entre lac et montagnes – L’étymologie du nom Crésuz est latine, de Cressa, Crista, élévation ou colline, ce qui cadre parfaitement avec la topographie de ce pittoresque village de montagne. Dans son Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg (volume 4, 1885) la prose du père Deillon revêt des accents de poésie : Crésuz est situé sur un monticule et dans une situation charmante : à l’est on aperçoit le beau village de Charmey, mollement assis dans une plaine, aux pieds des montagnes élevées qui l’enserrent presque de tous les côtés. Le regard plonge dans les vallées de Bellegarde et de Motélon. Au midi s’élève la masse imposante du Moléson et la verte vallée de la Gruyère. L’œil est sans cesse ébloui par le beau spectacle d’une riche nature, qui redit chaque jour la puissance, la bonté et la beauté du Créateur. Depuis 1921, Crésuz baigne dans le lac de Monstalvens. La retenue hydroélectrique qui forme ce réservoir est le premier barrage voûte européen à double courbure horizontale et verticale à avoir été édifié.

Une église incendiée après vingt ans – Les formalités pour se séparer de Broc et pour former la paroisse de Crésuz  sont accomplies de 1643 à 1645 par un enfant du village : Mgr François Beaufrère, prieur de Broc, qui offre aussi de financer la construction de l’église. Le contrat passé avec Jacques Ruffieux, maître charpentier à Fribourg, mentionne la nef, le clocher, le confessionnal, la chaire avec sa couverture, la sacristie avec sa garde-robe et les marchepieds des autels. C’est à Ruffieux qu’incombe également la démolition de la chapelle utilisée jusque là. Mgr Beaufrère décède en 1645, deux ans avant la consécration de ce nouveau lieu de culte. Il échappe ainsi au chagrin de voir « son » église ravagée par le terrible incendie de 1667. Un nouvel édifice est consacré trois ans plus tard par Mgr de Watteville. On le dote de trois magnifiques retables. Celui du chœur est consacré à saint François d’Assise, patron de la paroisse. Le retable de gauche est dédié à sainte Anne et à saint Pierre, celui de droite au Saint Nom de Jésus. Les débris de l’unique cloche sont réutilisés par le fondeur Jean Richenet. Une seconde cloche est coulée en 1749. L’église est agrandie à l’ouest en 1909.

Un fondeur qui signe IAM – Deux cloches seulement ornent le clocher et jettent leurs joyeuses mais faibles notes dans la vallée, écrit le père Deillon dans son descriptif de la sonnerie de Crésuz. C’est vrai que nous sommes à cent lieues des ensembles monumentaux qu’on rencontre habituellement dans le canton de Fribourg. Mais le contenu du clocheton ne manque pas d’intérêt. Si Pierre Dreffet et les trois générations Treboux ont coulé pour la région des dizaines de quintaux de bronze dans leur atelier de Vevey, la petite cloche de Crésuz est la seule officiellement recensée dans le canton à porter la signature de Jean Richenet, le premier fondeur mentionné dans la cité veveysanne. Deillon indique que la cloche a été réalisée en partie avec les débris de sa prédécesseure anéantie dans l’incendie de 1667. La grande cloche est encore plus spéciale… de par  son timbre, mais aussi et surtout en raison du mystérieux monogramme qui tient lieu de signature : IAM GM. GM pourrait signifier goss mich, traduction de l’allemand : m’a coulée. Ce type d’abréviation a été vu sur d’autres cloches de la région, comme la petite cloche de Marly (1741) attribuée à Joseph Klely : JK GM. Les Biens Culturels fribourgeois ont recensé la même signature sur trois autres cloches contemporaines à celle de Crésuz : deux se trouvent à la chapelle de Dürrenberg à Cormondes (1750 et 1757) la troisième est à l’église de Châtel-sur-Montsalvens (1746) village voisin de Crésuz. Pour Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, ces cloches présentent des similitudes avec la production de la dernière génération Klely. Il est à noter que Joseph Klely, le dernier fondeur de cloches issu de la famille fribourgeoise, est décédé en 1744. Nous pourrions donc avoir affaire à un disciple ou à un successeur anonyme. Ceci reste évidemment à confirmer…

Inscriptions de la grande cloche (dite « Marguerite »)
-Sur le col, le parrain et la marraine : MONSIEVR JOSEPH LE CAPITEINE NEOVILE MADAME MARGVERITE REPOND NE CHOLLET 1749
-Sur la faussure, la signature du fondeur : IAM GM.

Inscriptions de la petite cloche (dite « Françoise »)
-Sur le col : EXURGAT DEVS ET DISSIPENTVR INIMICI EJVS ET FVGIANT QUI ODERVNT EVM A FACIE INIMICI EJVS (Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient dispersés ; et qu’ils fuient devant sa face, ceux qui le haïssent, Psaume 68:1)
-Sur la pince : FRANC BEAVFRERE SS. THEOLOG PROFESSOR PROTONOT APOST QVONDAM ECCLESIAE VILLAE S REMIGII DECANVS NVPER ALMAE DOMVS LOCI BROC PRIOR 1668. Cette inscription rend hommage à Mgr François Beaufrère en rappelant les différentes fonctions que ce bienfaiteur de la paroisse a exercées : professeur de théologie, protonotaire apostolique, doyen de l’église de Saint-Rémi et prieur de Broc.
-Sur la faussure, la signature du fondeur : HORS DU FEV JE SVIS SORTIE JEAN RICHENET DE VEVAY MA REFONDVE 1668. Cette inscription confirme les dires de Deillon dans son historique : la petite cloche est une refonte de sa prédécesseure.

A noter que les noms mentionnés dans la documentation de la paroisse ne figurent pas comme noms de baptême sur les cloches. On peut imaginer que la grande cloche a été surnommée « Marguerite » en raison du prénom de sa marraine. Pour ce qui est de la petite cloche, « Françoise » vient sans doute du prénom de son donateur, Mgr François Beaufrère. A moins qu’il ne fasse tout simplement allusion à saint François d’Assise, le patron de la paroisse.

Le clocher tremblait – Une importante rénovation a été menée fin 2018. Il s’agissait tout d’abord de remédier aux problèmes de statique dus au fait que le beffroi était solidaire du clocheton. Ce dernier oscillait si fort lors des volées qu’il suscitait l’inquiétude des paroissiens. Aujourd’hui, la structure qui soutient les cloches prend ses assises dans les combles et se trouve ainsi indépendante de la coquille. Les cloches ont également hérité d’un nouvel équipement : jougs, ferrures, paliers, battants et moteurs de volée. On peut constater dans la galerie ci-dessous les défauts des anciens battants.

Quasimodo remercie chaleureusement
Mecatal campaniste et son directeur Jean-Paul Schorderet.
La paroisse de Crésuz et son président Jean-Claude Papaux.
-Matthias Walter, expert-campanologue à Berne.
-Erika St Peters, historienne amateure à Pully.

Sources (autres que mentionnées)
https://www.cresuz.ch/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9suz
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_de_Montsalvens
https://www.lagruyere.ch/2018/04/cr%C3%A9suz-va-retaper-son-clocher.html

Cloches – Arconciel (CH-FR) église Saint-Jacques

Les huit cloches n’avaient plus sonné ensemble depuis deux générations !

Cloche 1 Myriam 1989 134 cm 1500 kg ré 3 Paccard
Cloche 2 Jacques 1804 115 cm 1050 kg mi 3 Pierre Dreffet
Cloche 3 Maurice 1804 104 cm 760 kg fa dièse 3 Pierre Dreffet
Cloche 4 Maria 1880 101 cm 650 kg sol 3 Charles Arnoux
Cloche 5 Antonia 1880 89 cm 460 kg la 3 Charles Arnoux
Cloche 6 Carolina 1880 81 cm 330 kg si bémol 3 Charles Arnoux
Cloche 7 Johanna 1880 67 cm 190 kg ré 4 Charles Arnoux
Cloche 8 (Agonie) 1455 ? 52 cm 80 kg sol 4 Hensli Follare ?
Anc. cl.1
Josepha 1880 135 cm 1500 kg ré 3 Charles Arnoux

Le clocher a failli s’écrouler – Rarement il m’est arrivé de bénéficier d’une documentation aussi complète pour rédiger une de mes présentations. Mention au professeur Francis Python, historien, ancien président de paroisse, auteur de cette page sur le site internet paroissial. C’est suffisamment rare dans nos contrées pour être signalé (ce sont plutôt les régions germaniques qui offrent une pléthore de détails sur leur patrimoine). On apprend pour commencer que la première mention du village d’Arconciel (Arkonhyi en patois) remonte à 1082, qu’un premier curé est attesté en 1148 et qu’une église paroissiale dédiée à saint Jacques figure dans la liste établie par le Canon d’Estavayer en 1228. Ce bâtiment est endommagé par la foudre en 1558, comme l’indique l’ex-voto en molasse fixé au mur extérieur Est de la nef. Une reconstruction est menée en 1567, selon un document trouvé dans la boule du sommet du clocher. Devenue trop petite et surtout vétuste, cette église et son clocher de bois sont remplacés – après moult tergiversations relatées par le curé Astheimer – par un nouveau sanctuaire flanqué d’un clocher latéral en dur. La consécration a lieu en 1789. Le bâtiment subit des transformations et des embellissements au fil des ans : réalisation du grand autel et des tabernacles latéraux entre 1864 et 1867 ; puis, de 1879 à 1881, allongement de la nef et construction du clocher. L’édification de ce dernier ne se fait pas sans peine. On choisit d’abord de réutiliser une partie des matériaux de l’ancienne tour. Mauvais choix : le nouveau clocher menace de s’écrouler. Intervention du curé-doyen Python qui modifie les plans initiaux d’Ambroise Villard, son homologue de Farvagny. C’est ainsi que fut réalisé le massif clocher-porche néoclassique que nous connaissons aujourd’hui. Les deux colonnes du fronton furent extraites de la carrière sous forme brute. Les archives relatent que le char tiré par une quinzaine de chevaux et de bœufs fut victime d’un accident. Jusque dans les années 1980, le clocher était surmonté d’une galerie aujourd’hui disparue.

Une cloche à la date mystérieuse – MCDIV (1404) telle est la date qu’on peut déchiffrer sans peine sur le col de la petite cloche. Or cette date semble précoce à plus d’un titre. Le profil et la la calligraphie tendent plutôt à nous indiquer que nous avons affaire à une cloche de la seconde moitié du XVIe siècle. Le « I » a-t-il remplacé par erreur un « L » ? Il est vrai que 1455 paraît déjà plus réaliste. Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, souligne que la petite cloche d’Arconciel présente de grandes similitudes avec la grande cloche de la basilique Notre-Dame de Fribourg, coulée par Hensli Follare en 1456. On remarque aussi une ressemblance avec la petite cloche de Belfaux, non datée, mais dont on dit qu’elle a été coulée en 1483. Matthias Walter s’est également efforcé de déchiffrer le reste des inscriptions de la petite cloche d’Arconciel : IHS AUTEM TRANCIENS PER MEDIU ILLORUM IBAT … [fugit?] (mais Jésus, passant au milieu d’eux, s’en alla). Cette inscription se réfère au cri de bataille des troupes chrétiennes de Philippe Ier lors de leur victoire sur les Sarrasins. On trouve la même phrase sur quelques autres cloches de la région : le petit bourdon de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg et la petite cloche de Plasselb, toutes deux œuvres des fondeurs Pierre de Montureux et Robert de Besançon en 1505.

Quatre cloches trop longtemps immobiles – Si mes visites dans les clochers fribourgeois m’ont habitué à trouver des ensembles plutôt bien fournis (en général 4 ou 5 cloches) le nombre de huit cloches est hors du commun pour un village comme Arconciel. Hormis la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg, il n’y a que Bulle, Gruyères et Romont qui disposent de sonneries plus étoffées. On peut donc imaginer que les paroissiens d’Arconciel disposaient de moyens financiers conséquents et – surtout – qu’ils étaient animés d’une grande ferveur. Ce ne sont pas moins de 2’400 francs de l’époque qui furent récoltés en 1880 ! Mgr Cosandey procéda à la bénédiction de la sonnerie le 18 octobre 1881. Une plongée dans les archives du journal La Liberté du 31 octobre 1880 nous apprend que le travail du fondeur Charles Arnoux fut grandement apprécié par l’abbé Gauthier, chapelain à Belfaux, mandaté par la paroisse d’Arconciel pour son avis d’expert (voir galerie ci-dessous). Mais n’en déplaise à notre brave abbé, si les huit cloches sont toutes d’excellente qualité, on se doit de relever la justesse toute relative de l’ensemble. On est très loin de l’harmonie des sonneries diatoniques réalisés à la même époque par Gulliet pour Riaz et pour Saint-Martin en 1862, et par Paccard pour Bulle en 1905. Il n’empêche que la sonnerie d’Arconciel ne manque pas de charme avec son côté rugueux. Il est même profondément regrettable qu’une fêlure ait conduit au remplacement par Paccard (qui a certes coulé une pièce d’excellente facture) de la grande cloche Arnoux, heureusement conservée et exposée. Quand il a été question de motoriser la sonnerie il y a quelques décennies, la décision fut prise de n’utiliser plus que quatre cloches à la volée (1-3-5-7) sans doute par souci d’économie, mais peut-être aussi pour des raisons d’harmonie. Les cloches 2-4-6-8 sont donc restées longtemps immobiles, se contentant de tinter les jours de fêtes par le biais de ritournelles programmées. Le clocher contient encore l’ancienne horloge monumentale (désaffectée) signée Prêtre à Rosureux, vraisemblablement livrée en 1880. Les cloches tintaient jadis tous les quarts d’heures, mais suite aux exigences d’un certain voisinage, seules les heures et la demie sont aujourd’hui sonnées de 7h à 19h.

Une restauration soucieuse de l’Histoire – Les abonnés à ma page Facebook et à mon profil Instagram ont eu l’occasion de suivre étape par étape les longs travaux de restauration de la sonnerie d’Arconciel par l’entreprise Mecatal campaniste. Vous pouvez en retrouver certaines dans l’album ci-dessous. Ces travaux se sont déroulés sous la supervision du Service des Biens Culturels du canton de Fribourg. Certaines des cloches avaient conservé leurs jougs d’origine qui ont été restaurés. Ont surtout été remis superbement en valeur les belles têtes de jougs néo-baroques des cloches nos 2 et 3. D’autres cloches avaient hérité lors de leur motorisation de montures en acier qui ont été remplacées par du chêne. La grande cloche de 1989, qui n’a jamais connu de suspension autre que le métal, se balance maintenant elle aussi sous un joug de chêne. Les battants installés il y a une cinquantaine d’années ont été remplacés, mais par souci de conservation, les Biens Culturels ont exigé que les cloches de 1880 disposant encore de leurs battants d’origine les conservent. Le beffroi, en mauvais état, a été consolidé. Pour des raisons de statique, certaines des cloches ont vu leurs emplacements permutés. La motorisation de la volée, les électro-tinteurs, les paliers, la centrale de commande et l’automate de gestion des sonneries sont neufs. La remise en service des cloches le 8 septembre 2019 a coïncidé avec celle du four à pain historique et fut l’occasion de belles festivités (messe, apéritif, banquet, conférence de presse, visites commentées).

Ils ont donné de leurs deniers – Cette présentation ne serait pas complète sans la mention des parrains et marraines des cloches. Après tout, c’est grâce à eux si cette impressionnante sonnerie a pu se constituer au fil des ans ! Peut-être que certains paroissiens d’Arconciel identifieront, non sans une certaine émotion, le nom d’un ancêtre ou d’une aïeule.
-Cloche 1 (1989) l’ensemble des paroissiens d’Arconciel
-Cloche 2 (1804) Jacques Dousse et Anne Python née Biolley (d’Avaux)
-Cloche 3 (1804) Jean et Barbe Kolly
-Cloche 4 (1880) Jacques Dousse et Anne Biolley-Kolly
-Cloche 5 (1880) Antoine Dousse et Anne Python (de la Dey)
-Cloche 6 (1880) Pierre Dousse et Caroline Python-Clerc, épouse du Dr Python
-Cloche 7 (1880) Jean et Anne Python (d’Avaux)
-Ancienne cloche 1 (1880) déposée : Joseph Bulliard et Marie Python-Kolly

Qu’est-ce qui sonne à quel moment ?  La remise en service des huit cloches a été l’occasion d’un travail de réflexion sur quelles cloches sonner à quelles occasions. L’élaboration d’une nouvelle ordonnance de sonnerie a été confiée à Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice, qui s’est déjà maintes fois illustré dans ce domaine en concoctant – par exemple – l’ordonnance de la cathédrale de Verdun (16 cloches). Voici quelques extraits du programme d’Arconciel
-Messe dominicale, premier appel (30 minutes avant) : cloche 2, (2 minutes)
-Messe dominicale, second appel : cloches 7-5-4-2, (5 minutes)
-Messe solennelle, premier appel : cloche 1 (2 minutes)
-Messe solennelle, second appel : 7-6-5-3-2-1 (5 minutes)
-Messe en semaine : 6-4 (2 minutes)
-Baptême : 7-6 (3 minutes)
-Mariage : 7-5-3 (3 minutes)
-Agonie (annonce décès) : cloche 8 (1 minute) puis 1-4-7-8 pour un homme, 8-7-4-1 pour une femme (3 minutes)
-Glas entrée : 1-4-7-8 (5 minutes)
-Glas sortie : 1-2 (5 minutes)
-Angélus 7h-12h-19h : cloche 7 (1 minute)
-Grandes occasions (Fête Nationale 1er août 20h, Nouvel-An 0h…) 8-7-6-5-4-3-2-1
Toutes les séquences sont programmées pour êtres appelées au moyen d’un automate ECAT Punto SP1.VENTI installé par la maison Ecoffey. Des commandes manuelles sont également disponibles.

Quasimodo remercie chaleureusement
-La paroisse d’Arconciel, et tout spécialement sa présidente Evelyne Charrière-Corthésy et son responsable des bâtiments Dominique Currat.
-Francis Python, historien, ancien président de paroisse.
-Mecatal campaniste à Broc : Jean-Paul Schorderet, Olivier Chammartin, François Rime, Christelle Ruffieux.
-Ecoffey campaniste à Broc : Daniel et Chantal Ecoffey.
-Matthias Walter, expert-campanologue à Berne.
Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice.
-Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers.

Sources (autres que déjà mentionnées)
-Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 1, Père Apollinaire Deillon, Imprimeur du Chroniqueur Suisse, 1884
https://www.arconciel.ch/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arconciel
http://www.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-2935-11-6-1/

Cloches – Vevey (CH-VD) église réformée Saint-Martin

Un clocher semblable à un donjon et son bourdon de 1603

-Cloche 1, note si bémol 2 -3/100, coulé en 1603 par Abraham Zender de Berne.
-Cloche 2, note ré bémol 3 +31/100, coulée en 1887 par Hermann Ruetschi d’Aarau.
-Cloche 3, note fa 3 -24/100, coulée en 1888 par Hermann Ruetschi d’Aarau.
-Cloche 4, note si bémol 3 +58/100, coulée en 1888 par Hermann Ruetschi d’Aarau.
(la 3 = 435 Hz)

Du roman au gothique – Edifiée sur les fondations d’un édifice roman du XIe siècle flanqué de deux absidioles, l’église Saint-Martin est une œuvre majeure de l’architecture gothique tardive en Pays de Vaud. Elle est attribuée au culte réformé depuis 1536. Des fouilles archéologiques ont mis au jour des tombes du VIIe siècle, voire même antérieures. Le chœur de style gothique rayonnant est la partie la plus ancienne de l’édifice qui nous soit parvenue. La nef à trois vaisseaux et chapelles latérales a été reconstruite de 1522-1533 par le maçon architecte François de Curtine. Elle est considérée comme l’une des œuvres majeures du gothique flamboyant dans la région. Le porche néogothique sud et la sacristie nord, tous deux de style néogothique, ont été ajoutés en 1896-1897. Parmi le riche mobilier, on peut citer la chaire monumentale datée de 1787, œuvre de l’ébéniste David Schade d’après un projet de l’artiste peintre Michel-Vincent Brandouin ; les remarquables vitraux art nouveau dessinées par Ernest Biéler et réalisées en 1900 par le peintre verrier Edouard Hosch ; le magnifique buffet d’orgue Samson Scherrer et son instrument reconstruit par Kuhn en 1954.

Le clocher de l’église Saint-Martin domine la ville de Vevey et le lac Léman de sa fière silhouette aux quatre clochetons d’angle. Semblable à un donjon médiéval, il fut élevé en deux étapes entre 1497 et 1511 par les maîtres maçons Jean Vaulet-Dunoyer et Antoine Dupuis. On retrouve ce style d’architecture paramilitaire dans d’autres clochers vaudois tels que Cossonay ou Saint-François de Lausanne. La flèche édifiée au XVIe ayant été emportée par le vent, il fut décidé de ne pas la reconstruire.

Une sonnerie profondément métamorphosée vers 1880 – Une seule cloche véritablement historique est encore présente dans le clocher de l’église Saint-Martin : le bourdon en si bémol coulé en 1603 par Abraham Zender. Le fondeur bernois est avant tout réputé pour le bourdon de la cathédrale-collégiale de Berne, la plus grosse cloche de Suisse, d’un poids de près de 10 tonnes. Une plongée dans les archives de la ville de Vevey nous apprend que la plus petite cloche, décrite comme contemporaine du clocher, fêla le 14 juillet 1885. La refonte d’une cloche d’environ 350kg fut alors confiée au fondeur local Gustave Treboux. Les inscriptions étaient les suivantes : QUE TOUT CE QUI RESPIRE LOUE LE SEIGNEUR // JE SUIS LE CHANT DE LA SOUFFRANCE – DANS NOS REGRETS ET NOUS SOUVENIRS – JE SUIS LE CHANT DE L’ESPERANCE – POUR ESSUYER VOS YEUX EN PLEURS // REFONDUE PAR GUSTAVE TREBOUX 1886. Le 7 avril 1887, la cloche no2 (cloche de midi) coulée en 1602 par Pierre Guillet de Romont, fêla à son tour, après avoir été tournée d’un quart de tour par Treboux. Sa refonte fut confiée – non pas à Treboux – mais à Ruetschi d’Aarau, suite vraisemblablement à un devis plus avantageux. L’arrivée de cette cloche en ré bémol le 2 septembre 1887 remit en question l’harmonie de l’ensemble tout entier. C’est ainsi qu’il fut décidé de refaire à Aarau – sur une base de si bémol mineur – la cloche pourtant neuve de 1886 et d’ajouter une quatrième cloche en fa. Ces deux nouvelles cloches arrivèrent le 24 février 1888. A noter que la petite cloche a repris le joug en chêne Treboux de sa prédécesseure de 1886, et qu’elle ne possède pas d’anses en étoile, contrairement aux deux autres cloches argoviennes. Les trois plus grandes cloches sont accrochées à des jougs en fonte typiques de la Belle-Epoque chez Ruetschi.

Un vibrant hommage à une cloche disparue – Dans son ouvrage intitulé « Voix et souvenirs » paru en 1901, le pasteur et poète Alfred Cérésole rendait hommage à la vénérable cloche de midi (coulée en 1602, fêlée en 1887) en ces termes : Pauvre cloche fêlée ! Chère cloche de midi ! Nous aimions ta voix ! Que tu avais un beau son, quand, par un gai soleil, tu sonnais l’heure de la délivrance, l’heure du revoir au logis ! Comme tes sons planaient plus haut que nos horizons mesquins ! Comme ta voix libératrice était saluée avec joie par l’écolier dans sa classe, par l’ouvrier dans son atelier, par le commis dans son bureau ! Quel branle-bas joyeux tu savais mettre dans nos rues silencieuses ou aux portes de nos fabriques ! Et puis, avec quel bonheur tu savais unir ta voix de basse aux harmonieuses volées de tes compagnes, alors que tu saluais l’aube de nos dimanches ou que tu annonçais – beau clairon pacifique – la bonne fête et nos souvenirs sacrés ! Et maintenant, chère cloche au battant silencieux, ta carrière est finie. Bientôt de ton haut clocher, des mains robustes vont te faire descendre. Le marteau du fondeur va te mettre en pièces. Tu seras jetée dans la fournaise c’est vrai, mais pour en ressortir plus belle et plus sonore que jadis. Ne crains pas ! Si le Vendredi-Saint a entendu tes derniers accents, tu verras ton jour de Pâques. Replacée à-haut, tu nous parleras à ta manière de résurrection et de vie éternelle. En attendant, fidèle amie, respect à ta mémoire et merci pour tes services !

Inscriptions des quatre cloches
-Cloche 1 : SIT DOMINI UNIUS BENEDICTUM IN SECULA NOMEN VIVIACUM ET TURRIS PELIA VIVAT AMEN  // MANUS DOMINI MANET IN ETERNUM // 1603 ZVO GOTTES EHR HAT MICH GOSSEN ABRAHAM ZENDER VON BERN VNVERDROSSEN (béni sois-tu Seigneur aux siècles des siècles, que vive le nom de Vevey et de la Tour-de-Peilz, ainsi soit-il // La main de Dieu demeure pour toujours // l’infatigable Abraham Zender de Berne m’a coulée à la gloire de Dieu en 1603)
-Cloche 2 : LA CLOCHE QUE J’AI REMPLACEE AVAIT ETE FONDUE PAR PIERRE GUILLET DE ROMONT EN L’AN 1602 ET A ETE MISE HORS D’USAGE LE 7 AVRIL 1887 // AU SEIN DE L’ETHER BALANCEE TU DOIS HABITANTE DES CIEUX EN HAUT ELEVER LA PENSEE DES MORTELS AU COEUR OUBLIEUX.
-Cloche 3 : VOLEZ NOBLE ACCORD D’UNE SAINTE HARMONIE POUR PROCLAMER AU LOIN LA GLOIRE DU SEIGNEUR CELEBREZ HAUTEMENT SA BONTE INFINIE ET PORTEZ VERS LES CIEUX UN HYMNE A SON HONNEUR.
-Cloche 4 : HEUREUX LE PEUPLE DONT L’ETERNEL EST LE DIEU // QUE TOUS CEUX QUI RESPIRENT LOUENT LE SEIGNEUR // JE SUIS LE CHANT DE LA SOUFFRANCE DANS NOS REGRETS ET NOS DOULEURS JE SUIS LE CHANT DE L’ESPERANCE POUR ESSUYER VOS YEUX EN PLEURS (reprise – dans un ordre sensiblement différent – des inscriptions de la cloche de 1886)

Un moule à cloches – Une visite des soubassements de l’église Saint-Martin nous offre l’occasion d’apercevoir les fondations de l’ancienne église romane, mais aussi un moule à cloches, témoin du travail des saintiers de jadis

Sources (autres que mentionnées)
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_r%C3%A9form%C3%A9e_Saint-Martin_de_Vevey#cite_note-GAS-2
https://www.montreuxriviera.com/fr/P28188/eglise-reformee-de-saint-martin
http://www.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1952-11-6-1/

Quasimodo remercie
-La ville de Vevey : Marie Neumann, cheffe du service de la culture ; Marjolaine Guisan, archiviste ; Georges Cardis, préposé aux temples.
-Mes amis Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice et Allan Picelli, sacristain à Maîche. Merci pour votre aide indispendable et les savoureux échanges !

Cloches – Treyvaux (CH-FR) église Saints-Pierre-et-Paul

Les fondeurs franc-comtois en force !

-Cloche 1, dédiée à saints Pierre et Paul, note si bémol 2 +30/100, diamètre 177.5cm, poids 3’250kg (mentionné sur la cloche) coulée en 1871 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau à Estavayer-le-Lac.
-Cloche 2, note ré3 -17/100, diamètre 141.5cm, poids (selon archives) environ 1’750kg, coulée en 1642 par Jacob Kugler et Hans-Christoph Klely de Fribourg.
-Cloche 3, note fa3 -4/100, diamètre 116cm, poids (selon campaniste) 900kg, coulée en 1766 par Antoine Livremont de Pontarlier.
-Cloche 4, dédiée à sainte Anne, note si bémol 3 -26/100, diamètre 84.5cm, poids (selon campaniste) 380kg, coulée en 1900 par Charles Arnoux à Estavayer-le-Lac.

(la3 =435Hz)

De Sainte-Marie à Saints-Pierre-et-Paul – Tribus Vallibus en 1169, puis Tresvaux, Tresvel, Trevaux, pour aboutir finalement à l’orthographe actuelle de Treyvaux en 1453. Notre présentation du jour nous emmène dans une commune fribourgeoise d’environ 1’500 habitants, dont le territoire vallonné monte des rives de la rivière Sarine jusque sur les pentes du mont Cousimbert, ce qui représente un beau dénivelé de 750 mètres. Le passage d’une importante voie romaine profita au développement du lieu. La paroisse de Treyvaux semble être une des plus anciennes du pays. Les fouilles, menées dans le cadre de la restauration de l’antique église, confirment qu’elle remonte au second royaume de Bourgogne, autrement dit à partir du Xe siècle. De cette époque nous est parvenue l’église Vers-Saint-Pierre, située en contrebas du village, et qui fera l’objet d’une présentation ultérieure. Nous allons nous intéresser aujourd’hui à l’église Saints-Pierre-et-Paul, située au centre de localité. Un sanctuaire dédiée à Sainte-Marie est mentionné en 1291, mais il semble remonter à une époque plus ancienne. La visite épiscopale de 1417 évoque une église paroissiale bien ornée avec tous les objets propres aux sacrements. Les visiteurs ordonnent toutefois, sous peine d’excommunication, d’amener une cloche de l’église Saint-Pierre à l’église Sainte-Marie. Les archives mentionnent trois cloches coulées au XVIIe siècle : la plus petite, en 1660, d’un poids de 685 livres, coûta 246 écus bons et 3 écus blancs. La moyenne, pesant 13 quintaux (650kg) revint en 1630 à 494 écus. La plus grande, donnée à 35 quintaux (1’750 kilos), fut coulée en 1642 pour le prix de 700 écus. Cette cloche est la seule à nous être parvenue. L’église actuelle, dédiée à Saints-Pierre-et-Paul, est consacrée par Mgr Etienne Marilley le 9 septembre 1873. Le dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg ne tarit pas d’éloges au sujet du nouveau sanctuaire : Le maitre-autel en marbre, fin, exécuté avec goût, un des plus beaux du canton, est l’œuvre de M. Jean Christinaz, à Fribourg ; la table de communion, de M. Torriani, à Bulle. L’église possède une très belle sonnerie — la grande cloche est d’un moelleux fini — des orgues et tout ce qui est nécessaire et utile pour rehausser le culte divin. L’historien Jacques Jenny relate enfin cette anecdote : en 1830, malgré un règlement du 14 août 1813 interdisant de sonner les cloches durant l’orage, un jeune homme fut tué par la foudre entre ses deux frères, alors qu’on sonnait les cloches. Cette anecdote tragique nous rappelle qu’on prêtait aux cloches des vertus telles que l’éloignement des intempéries. La coutume d’une cloche sonnée quand arrive l’orage est toujours perpétuée par endroits (par exemple à Bösingen) mais aujourd’hui, cette sonnerie est généralement motorisée.

 

Les fondeurs franc-comtois à Fribourg – Comme c’est souvent le cas dans le canton de Fribourg – et c’est ce qui fait toute la saveur du patrimoine campanaire de la région – la sonnerie est hétérogène. A chacune des quatre cloches son siècle, son fondeur et sa provenance. On peut toutefois affirmer que c’est l’artisanat franc-comtois qui est présent en force dans le clocher de Treyvaux. Seule la cloche no2, co-signée Kugler et Klely, est en effet l’œuvre de fondeurs fribourgeois. La cloche no3 porte le tampon d’Antoine Livremont de Pontarlier. Le bourdon fut réalisé dans son atelier provisoire d’Estavayer-le-Lac par François-Joseph Bournez cadet de Morteau. La petite cloche a elle aussi vu le jour dans la cité staviacoise sous les mains d’un autre mortuacien d’origine : Charles Arnoux, ancien contremaître de la maison Bournez. Selon l’inventaire des Biens Culturels fribourgeois, cette petite cloche Arnoux est la refonte d’une cloche Bournez du même gabarit, coulée en même temps que le bourdon, et probablement fêlée par la suite. La sonnerie fut motorisée (système Bochud)  en 1957 par la maison Matthey-Doret de Neuchâtel. De cette époque datent aussi les jougs métalliques des cloches 1-2-3 (la cloche 4 a reçu à nouveau un joug en bois il y a peu) et l’horloge électro-mécanique Mamias, aujourd’hui désaffectée. Cette horloge a succédé à un mouvement 100% mécanique signé Prêtre père & fils à Rosureux (revoici la Franche-Comté). Les deux anciens mouvements sont entreposés aujourd’hui respectivement dans le clocher et dans les combles de l’église.

 

La cloche no 1 (bourdon, note si bémol 2)
De style néo-classique, cette cloche arbore les effigies de saint Pierre et de saint Paul, de même que la Vierge de l’Immaculée Conception. Sur le col, on peut lire cette inscription latine : TE DEUM LAUDAMUS VOX DOMINI INVIRTUTE, VOX DOMINI IN MAGNIFICENTIA, ET IN TEMPLO EJUSOMNES DICENT GLORIAM, Ps XXVIII. NOMEN HABEO S S. PETRI ET PAULI. Sont encore mentionnés : le pape Pie IX, Mgr l’Evêque Etienne Marilley, M. le curé  de Treyvaux Joseph-Félix Frossard, M. le curé de Dompierre et architecte de l’église Jean-Alexandre Menoud et M. le président de paroisse Kolly. Mention  du parrain Jean-Pierre Chassot, vicaire général, et de sa soeur, la marraine Marie Chassot. La marque du fondeur, enfin : J’AI ETE FONDUE A ESTAVAYER PAR FRANCOIS-JOSEPH BOURNEZ DE MORTEAU, JE PESE 3250K. La note un peu haute du bourdon par rapport aux autres cloches donne un caractère particulier à la sonnerie.

 

La cloche no2 (note ré3)
De facture baroque, cette cloche présente un calvaire et les effigies de saint Nicolas, saint François d’Assise et saint Pierre.On peut lire sur son col : IN WALLEM IOSAPHAT CVNCTOS TUBA MOESTA VOCABIT. HUC EGO TRES VALLES. AT LOCA SACRA VOCO. ANNO DOMINI.M.DC.XLII. SP. SP. O. Le donateur et parrain est Tobie de Gottrau, qui a été – entre autres – membre du Petit Conseil de Fribourg et seigneur de la Riedera, dont il a fait construire le château qui existe aujourd’hui encore. La marraine est Françoise Colly, épouse de Pierre. Le curé est Pierre Bastard (originaire de la Tour-de-Trême. La signature indique GEGOSSEN DURCH IACOB KUGLER UND HANS CHRISTOFF KLELI. Elle arbore une pièce de monnaie fribourgeoise de la première moitié du XVIIe siècle.

 

La cloche no3 (note fa3)
De style baroque, la cloche est ornée des effigies de saint Pierre, de saint Nicolas de Myre et de la Vierge à l’Enfant. On retrouve une nouvelle fois des inscriptions latines sur le col : CHRISTUS VINCIT CHRISTUS REGNAT CHRISTUS IMPERAT CHRISTUS AB OMNI MALO FULGURE ET TEMPESTATE NOS LIBERET. Figurent ensuite les noms du curé Jean-Henri Rudaz (orthographié ici à l’allemande : Rudach), du parrain Jacques Sciboz et de la marraine Marie Schorderet. La signature figure dans l’habituel cartouche du fondeur franc-comtois où deux anges entourent les lettres FAITE PAR A LIVREMON DE PONTARLIER. En dessous, on trouve la date de 1766.

 

La cloche no4 (note si bémol 3)
De style néo-classique, cette petite cloche ressemble beaucoup au bourdon par ses ornements, surtout pour ce qui est des mascarons sur les anses et des festons sur la partie supérieure du vase. Les figures sacrées sont ici le Sacré-Coeur et la Vierge de l’Immaculée Conception. Les inscriptions latine sur le col sont NOMEN HABEO St ANNAE AB OMNI MALO A FULGURE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE. Figurent le parrain Rodolphe de Gottrau, propriétaire du domaine de Riedera (la cloche no2 évoquait déjà la même famille patricienne) et la marraine Anne Bielmann. Retrouvailles aussi avec M. le curé (Joseph-) Félix Frossard qui fut en charge de la paroisse de 1853 à 1899. Parlons enfin le cartouche de l’artisan : CH. ARNOUX / FONDEUR / ESTAVAYER orné d’une cloche et de deux médaillons HONNEUR AU TRAVAIL et EXPOSITION INDUSTRIELLE CANTON(ale) 1892.

 

Quasimodo remercie :
Murielle Sturny, présidente du Conseil de paroisse de Treyvaux-Essert, pour son chaleureux accueil et la documentation aimablement fournie.
Allan Picelli, sacristain à Maîche, et Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers, pour leur aide précieuse lors du tournage vidéo.

Sources :
Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 11, Père Apollinaire Deillon et Abbé François Porchel, éditions Saint-Paul, 1901.
Inventaire du mobilier liturgique réalisé par les Biens Culturels fribourgeois en 1988.
Notice historique de la commune de Treyvaux, par Jacques Jenny.
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg 2012.
https://www.treyvaux.ch/La-commune/Historique
https://www.paroisse.ch/?id=115#153
https://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_d%27Arles
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F15002.php
http://www.diesbach.com/sghcf/g/gottrau.html

Cette présentation est dédiée à la mémoire de M. Robert Tinguely qui a oeuvré durant plus de 30 ans pour la paroisse, d’abord comme conseiller, puis comme sacristain. M Tinguely m’a gentiment accueilli lors de ma première visite à l’église Saints-Pierre-et-Paul de Treyvaux le 22 janvier 2010. J’avais alors pris cette photo à sa demande afin qu’il puisse montrer « son » bourdon à ses petits-enfants. RIP.

Cloches – Unterkulm (CH-AG) église réformée

Une cloche gothique et une horloge du XVIème siècle

-Cloche 1, note ré bémol 3, diamètre 144cm, poids 1’831kg, coulée en 1861 par Ruetschi (Emmanuel, 2e génération) à Aarau.
-Cloche 2, note fa 3, diamètre 121 cm, poids 1’122kg, attribuée à Hans Füssli de Zurich.
-Cloche 3, note la bémol 3, diamètre 97cm, poids 552kg, coulée en 1861 par Ruetschi (Emmanuel, 2e génération) à Aarau.
-Cloche 4, note si bémol 3, diamètre 88cm, poids 382kg, coulée en 1974 par Ruetschi (société anonyme) à Aarau.
-Cloche 5, note ré bémol 4, diamètre 70cm, poids 225kg, coulée en 1861 par Ruetschi (Emmanuel, 2e génération) à Aarau.

C’est à une très belle fin de semaine riche en découvertes que m’a convié un ami zurichois les 30 juin et 1er juillet 2018. Ce fut l’occasion d’immortaliser les sonneries de Hägglingen et de Urdorf, mais aussi de visiter une passionnante exposition sur les églises médiévales disparues de la ville de Zurich dans le magnifique bâtiment historique Haus zum Rech. Il me restait encore une dernière étape campanaire de ce beau week-end à vous présenter : la localité argovienne d’Unterkulm, son paysage vallonné et son église réformée riche d’histoire. Nous retrouvons ici avec bonheur un clocher à bâtière, un style très prisé dans la région. Vénérable est cette tour, élevée au XIIIème siècle et surélevée vers 1500. Les triples baies romanes à mi-hauteur témoignent de la hauteur initiale de l’ouvrage. L’église est édifiée à partir du XIIème siècle sur un ancien site romain. Les murs de la nef sont d’époque romane, même si le percement des fenêtres a été revu en 1859 par souci de symétrie. Le chœur fut ajouté au XIVème siècle. Il est orné de magnifiques fresques de style gothique primitif qui furent recouvertes à la Réforme. Paradoxalement, c’est cette couche d’enduit qui a permis à ces superbes peintures d’apparaître en aussi bon état lors de leur mise au jour en 1967. C’est plutôt l’agrandissement en 1869 de deux des fenêtres du chœur qui causa des dommages irrémédiables à ce chef-d’œuvre pictural. On peut par bonheur toujours admirer, en levant la tête, la superbe représentation du second avènement du Christ sur les voûtes.

 

Deux cloches de l’ancienne sonnerie nous sont parvenues. Une cloche coulée en 1596 par Abraham Zender de Berne fut cédée en 1603 à la paroisse de Brittnau dans le but de financer la construction de l’école. Cette cloche est aujourd’hui déposée devant l’église réformée de Brittnau. Décorée avec soin, elle porte – outre la signature de son fondeur – le nom de son commanditaire, le bailli Junker Anthoni, dont les armoiries figurent sur le portail du château de Lenzbourg.

 

L’autre cloche historique sonne aujourd’hui encore dans le clocher d’Unterkulm. Attribuée au Zurichois Hans Füssli (1477-1538), elle porte sur son col cette inscription latine : O REX GLORIE CRISTE VENI NOBIS CUM PACE ANNO DOMINI MCCCCC UND II JAR (ô Christ roi glorieux, apporte-nous la paix, en l’an du Seigneur 1502). La cloche arbore également 4 bas-reliefs extrêmement saillants représentant le Christ-Roi, la Vierge à l’Enfant, saint Théodule, de même que saint Martin, alors patron de l’église. Cette belle pièce historique porte de sévères marques d’accordage, probablement datées du dernier agrandissement de la sonnerie en 1974. Même si on peut déplorer ce qui s’apparente à une mutilation, on peut louer le fait que cette cloche médiévale ait été intégrée à la sonnerie moderne, et non renvoyée au creuset, comme ce fut trop souvent le cas en Suisse alémanique.

 

Les quatre autres cloches sortent toutes de la fonderie d’Aarau, distante d’une dizaine de kilomètres. Les cloches nos 1, 3 et 5 furent coulées en 1861 par Emmanuel Ruetschi. Généreusement ornées de frises florales néo-baroques, elles portent les inscriptions suivantes en lettres gothiques, dans la plus pure tradition germanique : Cl1 Das Volk zur Predigt wir mahnen, wann immer wir stimmen zusammen (nous recommandons au peuple de prier à chaque fois que nous donnons de la voix ensemble). Cl3 Selig die Todten, die im Herrn sterben (bénis soient les morts qui partent dans l’esprit du Seigneur). Cl5 Gott allein die Ehr‘! (Gloire au seul Seigneur). Ces trois cloches portent toutes la mention de l’Ascension 1860 et la date de 1861 pour leur coulée C’est vraisemblablement en 1974 que furent accordées les cl 2, 3 et 5, afin de mieux intégrer la cloche no4. Cette dernière mentionne l’entreprise locale KWC (fournitures sanitaires) qui l’offrit à l’occasion de son centième anniversaire.

 

Le clocher renferme une des plus anciennes horloges mécaniques du monde encore en fonction. Figurent sur le mouvement à cage la date de 1530 et – faits rare pour l’époque – la signature de l’artisan : Laurentius Liechti (1489-1545). Cet horloger de Winterthour est réputé pour avoir réalisé de nombreuses horloges d’édifice et même des horloges astronomiques. Certaines de ses créations, comme l’horloge astronomique de Soleure, sont toujours en service. L’horloge d’Unterkulm possédait à l’origine un échappement à foliot et tintait seulement les heures. L’actuel balancier, long de plusieurs mètres, fut installé en 1717. Le tintement des quarts fut ajouté en 1770. Les dernières modifications sont intervenues il y a peu : remontage électrique des poids, installation d’un dispositif électronique de régulation. Ce système consiste en un poids mobile fixé sur la tige du balancier dont le déplacement vertical est contrôlé par ordinateur. Une conception de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich. Le fils aîné de Laurentius Liechti reprit l’atelier d’horlogerie d’édifice son père après la mort de ce dernier, alors que le cadet se spécialisa dans l’horlogerie de salon. Leurs descendants perpétuèrent ce savoir-faire sur douze générations. Certaines de leurs créations sont visibles au musée d’horlogerie de Winterhour. Parallèlement, les membres famille Liechti occupèrent des sièges au législatif et à l’exécutif de de la ville.

 

Quasimodo remercie :
Mme Susanna Hirt, présidente du Conseil de paroisse d’Unterkulm, pour son aimable autorisation
Herbert Gloor, conseiller paroissial responsable des bâtiments, pour son chaleureux accueil.
Mon ami John Brechbühl, membre de la GCCS, pour l’organisation et les contacts.

Sources :
Die Kirche Unterkulm und ihre Chorausmalung, Edith Hunziker, éditions Schweizerische Kunstführer
http://www.ref-kirchen-ag.ch/kirchen/unterkulm/glocken.php
https://de.wikipedia.org/wiki/Reformierte_Kirche_Kulm
https://de.wikipedia.org/wiki/Laurentius_Liechti
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F18342.php
https://blog.nationalmuseum.ch/2018/03/1415-statt-1291-ein-historischer-kick/

Cloches – Villaraboud (CH-FR) église Saint-Laurent

Un fondeur issu d’une grande famille patricienne fribourgeoise réalise une petite beauté baroque

-Cloche 1, note fa 3 +31/100, coulée en 1902 par Charles Arnoux à Estavayer-le-Lac
-Cloche 2, note la bémol 3 +35/10, coulée en 1961 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 3, note si bémol 3 +72/100, coulée en 1806 par Pierre Dreffet à Vevey
-Cloche 4, note mi 4 +77/100, coulée en 1660 par Hans-Christoffel Klely et Franz Bartholome Reyff de Fribourg

La paroisse de Villaraboud (à ne pas confondre avec Villarimboud) est déjà mentionnée en 1228. L’église est alors très petite, mais elle suffit à la population de l’époque. Seuls sept foyers sont mentionnés lors de la visite pastorale de 1453, ce qui représente une soixantaine d’âmes. Le Père Apollinaire Deillon rapporte que « le cimetière n’était pas clôturé, les chars petits et grands y avaient libre parcours, tous les animaux de la localité pouvaient y séjourner librement ». En 1647, les paroissiens demandent qu’on restaure leur église. Mais Fribourg, qui s’est emparé du patronage, refuse d’accéder à leur demande. Ce n’est en 1868 qu’est consacrée l’actuelle église Saint-Laurent de Villaraboud. Les travaux de maçonnerie sont confiés à un certain Mauron, qui a la bonne idée d’utiliser les blocs erratiques dispersés dans les champs alentours. Le maître d’ouvrage s’appelle François-Joseph Grimm. Ce maître-maçon et entrepreneur originaire du Bas-Rhin, établi à Romont, est chargé en 1852 de reconstruire l’hôpital du chef-lieu glânois, détruit par un incendie. Et c’est suite à un autre sinistre, en 1863, que le même entrepreneur reçoit le mandat de consolider les voûtes de la collégiale de Notre-Dame de l’Assomption. La paroisse regroupe aujourd’hui Siviriez, Villaraboud, Chavannes-les-Forts, Prez-vers-Siviriez, la Pierraz, Le Saulgy et Villaranon. Ces villages, jadis entités indépendantes, ont rejoint la commune de Siviriez lors de la fusion de 2004. Située quelque peu en retrait des grands axes Romont-Bulle et Romont-Oron, Villaraboud occupe une belle position dominante sur le vallon de la Glâne, la rivière qui a donné son nom au district créé en 1848 après la guerre du Sonderbund.

La grande cloche
PATRINUS ALPHONSUS GOBET-PERRET / MATRINA MARIA DUMAS / ME FECIT CAROLUS ARNOUX EX ESTAVAYER LE LAC / ANNO 1902 / DEUM LAUDO / VIVOS VOCO / MORTUOS PLANGO
Il s’agit – à mon avis – de l’une des plus belles cloches coulées par Charles Arnoux (1843-1925). Ce fondeur originaire de Morteau (F-25) commence à seconder son père, Constant (1806-1877) lui aussi fondeur, alors qu’il est encore adolescent. Père et fils collaborent entre 1857 et 1861 à la sonnerie monumentale de Gruyères où ils prennent un temps domicile. Arnoux père et fils travaillent à tour de rôle comme contremaître pour une autre dynastie de fondeurs de cloches de Morteau : les Bournez. Charles reprend à son compte l’atelier provisoire que François-Joseph Bournez le jeune avait établi à Estavayer-le-Lac en 1871. Il y exploite avec succès jusqu’à sa mort la dernière fonderie de cloches monumentales de Suisse romande.

La cloche no2
SANCTE LAURENTI CONFESSUS ES NOMEN DOMINI JESU CHRISTI ORA PRO NOBIS / PARRAIN FRANCOIS MAURON / MARRAINE ANTONIE DUMAS / JOSEPH CHASSOT CURE / ANDRE MAURON PRESIDENT / 1961 / FONDERIE DE CLOCHES H. RUETSCHI SA AARAU
Cette cloche, très certainement la refonte d’une cloche plus ancienne, a été coulée par Ruetschi d’Aarau, la dernière fonderie suisse de cloches monumentales toujours en activité. La première génération Ruetschi, formée des frères Jakob et Sebastian, rachète en 1824 la fonderie de Johann Heinrich Bär, leur ancien employeur. Le premier fondeur argovien mentionné avec certitude est Jakob Reber qui coula en 1367 la cloche dédiée à Sainte-Barbe de la cathédrale de Fribourg, toujours existante.

La cloche no3
MARIE ANNE ROULLIER MARRAINE  / AUGUSTIN DUMAS PARRAIN / PIERRE DREFFET FONDEUR A VEVEY M’A FAITE 1806.
La cloche porte sur son col les traditionnelles têtes d’angelots qu’on retrouve régulièrement chez Pierre Dreffet (1752-1835). Ce fondeur, originaire de Coppet et établi à Vevey, confectionna de nombreuses cloches pour le canton, la plupart de belle facture. Sa plus importante réalisation est le bourdon de Châtel-Saint-Denis, pesant près de 3 tonnes . Succéderont à Pierre Dreffet à la tête de la fonderie veveysanne, mentionnée dès 1626 : son neveu Marc Treboux (qui fut un temps son associé), puis Samuel Treboux et Gustave Treboux.

La petite cloche
GRATIA PLENA DOMINUS TECUM 1660 / HANS CHRISTOFFEL KLELY UND FRANTZ BARTHOLOME REYFF GOSSEN MICH.
Cette cloche, richement ornée de décors floraux et de festons, arbore un magnifique cartouche avec le nom de ses fondeurs. Y figure le canon et le trèfle des Klely, de même qu’une cloche et les armoiries de la famille Reyff : trois cercles emboîtés. Cette petite cloche est donc l’œuvre conjointe de Jean-Christophe Klely (?-1641) et de François-Barthélémy Reyff (1622-1664). Ce Klely est le premier fondeur de cloches d’une lignée qui essaima de nombreux descendants. Jean-Christophe semble avoir appris le métier avec Jakob Kegler le jeune, son prédécesseur comme fondeur officiel de Fribourg. François-Barthélémy Reyff, lui, est membre de la célèbre famille patricienne fribourgeoise de peintres, de sculpteurs et de magistrats. Celui qui semble être le seul de la lignée à avoir embrassé la carrière de fondeur de cloches occupa également de hautes fonctions politiques : F-B R. fut en effet bailli d’Illens et receveur de l’impôt.

Equipement
Les quatre cloches sont accrochées à des montures en acier : joug d’origine Ruetschi pour la cloche no2, rails en acier réalisés par l’entreprise Bochud vers la moitié du XXe siècle pour les trois autres. Les battants, de même que la motorisation, ont été récemment remplacés par la maison Muff. Le beffroi a été renforcé. Il n’y a ni cadran d’horloge ni dispositif de tintement horaire. Photo : A gauche, les anciens battants des cloches 3 et 4 ; à droite, l’équipement actuel

Sources :
« Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 12 » Père Apollinaire Deillon, imprimerie Saint-Paul 1903
« Romont, cité à découvrir » Aloys Lauper, éditions Pro Fribourg, 1994.
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », divers auteurs, éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.upglane.ch/paroisses/siviriez-villaraboud
https://www.geni.com/people/Constant-Arnoux/6000000010046948656
http://www.bernergeschlechter.ch/humo-gen/family.php?id=F66313&main_person=I200065

Quasimodo remercie
-Laurent Clerc, vice-président de la paroisse de Siviriez-Villaraboud, pour son aimable autorisation
-Mes amis Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice, et Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers, pour leur indispensable collaboration et les moments d’amitié.

Cloches – Hägglingen (CH-AG) église Saint-Michel

Six cloches en do3, la grande est du XXe siècle, les petites remontent au XVe

-Cloche 1, note do3, poids 2’500kg, coulée en 1914 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 2, « Wetterglocke » (littéralement cloche de la météo), dédiée à la Sainte Famille, note mi3, poids 1’300kg, coulée en 1826 par Ruetschi (Jakob & Sebastian) à Aarau
-Cloche 3, « Cloche de la Prière » dédiée à saint Michel, note sol3, poids 900kg, coulée en 1914 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 4, « Cloche des travailleurs » dédiée à saint Joseph et saint Luc, note la3, poids 700kg, coulée en 1914 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 5, autrefois glas, note do4, coulée vraisemblablement mi-XVe siècle
-Cloche 6, cloche de baptême, note mi4, coulée vraisemblablement mi-XVe siècle

L’église Saint-Michel de Hägglingen est l’une des plus anciennes recensées dans les Freie Ämter, ces baillages communs à l’histoire tourmentée qui furent notamment le théâtre des guerres de Kappel et de Villmergen. Ce village argovien appartenant à un canton aujourd’hui réformé est demeuré catholique. En témoigne son imposante église paroissiale, mentionnée dès 1036, puis maintes fois transformée. L’actuel édifice fut bâti entre 1739 et 1743 à côté du vieux clocher du XVe siècle toujours existant mais rehaussé en ce milieu de XVIIIe siècle. Le rez-de-chaussée de la tour, reconverti aujourd’hui en sacristie, était à l’origine le chœur de la petite église de 1457. En témoignent les belles fresques murales mises au jour en 1951. La nef fut allongée d’une dizaine de mètres en 1831, nécessitant la construction d’un petit tunnel pour y faire passer une des rues du village. Si les retables magnifiquement restaurés datent du XVIIIe siècle, les confessionnaux, le chemin de croix, les pilastres et le plafond peint sont issus de la restauration néo-baroque admirablement réussie de 1924. L’église Saint-Michel de Hägglingen est inscrite au registre des biens culturels d’importante régionale.

Le clocher à bâtière – style répandu dans la région – renferme une intéressante sonnerie de six cloches en do 3. Les deux plus petites (do4 et mi4) pourraient avoir été coulées pour la construction du clocher vers 1450. Même si la documentation remise par la paroisse mentionne le nom de Füssli, il est peu probable que ces cloches soient l’œuvre de la dynastie de fondeurs zurichois dont les cloches ont été dûment recensées au fil des ans. La cloche en do4 était jadis sonnée quand un paroissien était à l’agonie. Elle donne aujourd’hui de la voix dans le plénum, Sa petite sœur, elle, ne sonne en principe jamais avec l’ensemble, car réservée aux baptêmes. Nous avons toutefois reçu l’autorisation de l’ajouter manuellement pour la présentation audio-vidéo du plénum (volée du samedi pour l’annonce du week-end). Force est de constater que cette petite cloche s’accorde à merveille avec les autres. Je ne saurais qu’encourager la paroisse de l’intégrer aux sonneries dominicales.

Les quatre autres cloches furent toutes coulées à Aarau. La première génération Ruetschi (Jakob et Sebastian) réalisa la cloche no2 (mi3) en 1826 à peine deux ans après avoir racheté la fonderie argovienne de son prédécesseur Jakob Bär. Cette cloche de facture néoclassique, reconnaissable à ses grosses anses triangulaires, est la plus sollicitée de l’ensemble : elle donne de la voix pour les angélus, les messes de semaine et en cas de gros orage. Les cloches 1 (do3), 3 (sol3)  et 4 (la3) furent coulées par Hermann Ruetschi (la troisième génération) en 1914.

Quasimodo remercie :
M. Christoph Frei, président du Conseil de paroisse de Hägglingen pour son aimable autorisation.
Mme Hedy Geissmann, sacristine, pour son chaleureux accueil et la documentation remise.
Mon ami John Brechbühl, membre de la GCCS, pour l’organisation de cette belle étape campanaire.

Sources :
« Glocken für die Ewigkeit: 650 Jahre Glockenguss und Kirchturmtechnik aus Aarau » éditions AT, 2016
Documentation (liasse de feuillets) remise par la paroisse
https://de.wikipedia.org/wiki/H%C3%A4gglingen
https://fr.wikipedia.org/wiki/Freie_%C3%84mter

A consulter :
Le village http://www.haegglingen.ch/
la paroisse Saint-Michel https://www.pfarrei-haegglingen.ch/

Cloches – Châtel-St-Denis (CH-FR) église St Denis

Une sonnerie monumentale pour une mini-cathédrale néo-gothique

-Cloche 1, note sib2 -1/16, diamètre 167cm, poids 2’850kg, coulée en 1832 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 2, note ré3 -2/16, diamètre 134cm, poids 1500kg, coulée en 1811 par François-Joseph Bournez l’Ancien de Morteau
-Cloche 3, note fa3 -3/16, diamètre 112cm, poids 820kg, coulée en 1588, signée FB
-Cloche 4, note lab3 +5/16, diamètre 88cm, poids 390kg, coulée en 1789 par Jean-Georges Paris de Bulle
-Cloche 5, note sib3 +5/16, diamètre 83cm, poids 380kg, coulée en 1876 par Gustave Treboux de Vevey.

(article de 2013, complété le 20 octobre 2018)

C’est une véritable petite cathédrale qui dresse sa fière silhouette néogothique sur les hauteurs de Châtel-Denis. Avec son clocher de 70m, sa neuf haute de 18m et une longueur totale de 60m, l’église St Denis peut se vanter de rivaliser par ses dimensions avec la vénérable cathédrale St Nicolas de Fribourg. Les plans de l’architecte Adolphe Fraisse furent signés le 15 juin 1871 et la première pierre fut bénie le 15 avril 1872. Quant à la consécration, elle fut célébrée en 1876, le 9 octobre, jour de la Fête Patronale. Y procéda Mgr Etienne Marilley, évêque de Lausanne et Genève, bourgeois bienfaiteur de la commune et de sa paroisse d’origine. La physionomie de l’église fut profondément remaniée au fil des ans: suppression des pinacles en façade et des lucarnes sur la nef, remplacement de la flèche en pierre par du béton. Même si ces travaux lui ont fait perdre un peu de son authenticité, l’église St Denis n’en reste pas moins un magnifique témoin de l’architecture néogothique dans la région.

 
vue ext historique

Sur les 5 cloches que compte la sonnerie monumentale, 4 connurent le clocher de l’ancienne église qui se dresse toujours à quelques dizaines de mètres. La cloche en fa3, doyenne de la sonnerie (1588) est aussi la plus mystérieuse. Dotée des seules lettres FB en guise de signature, elle est attribuée à Franz Sermund aux vues de son profil et de son ornementation. 1588 étant l’année du décès du fondeur bernois, il se pourrait toutefois que la cloche soit l’œuvre d’un successeur de Sermund, m’a confié le campanologue bernois Matthias Walter. La cloche 4 (lab3, 1789), de facture typiquement baroque, porte la griffe de Jean-Georges Paris, fondeur du terroir établi à Bulle, et collaborateur ephémère de Pierre Dreffet de Vevey. Et c’est le même Dreffet qui – secondé par son neveu Marc Treboux – coula en 1832 l’imposant bourdon en sib2. En 1876, la fonderie veveysanne, entre temps passée entre les mains de Gustave Tréboux, ajouta la petite cloche en sib3. L’inventaire de la sonnerie ne serait pas complet sans la cloche 2, note ré3, confectionnée en 1811 par le saintier franc-comtois François-Joseph Bournez l’Ancien. Le petit-fils de ce dernier établit en 1871 un atelier provisoire à Estavayer-le-Lac pour y réaliser la sonnerie de la collégiale. La fonderie fut vite reprise par son contremaître Charles Arnoux, qui en fit une entreprise florissante jusqu’à son décès en 1925.

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Le bourdon

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La cloche 2

Châtel - bournez

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la cloche 3

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La cloche 4

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La cloche 5

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L’horloge Prêtre de Rosureux, fabriquée en 1876, modifiée ultérieurement pour le remontage automatique des poids, toujours en fonction

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Eglise ajd

L’église St Denis dans son aspect actuel. Ci-dessous, les plans originaux

Eglise sur plans Eglise plans

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L’intérieur avec l’orgue Kuhn de 1892, pneumatique, superbement entretenu

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Châtel-st-denis - ancienne église ajd

L’ancienne église du 13e siècle (aujourd’hui institut St François-de-Sales) aujourd’hui et hier

Ancienne église hier

Mgr Marilley

Mgr Etienne Marilley (1804-1889) évêque de Lausanne et Genève.

Remerciés soient pour leur chaleureux accueil:
Edith Bochud, présidente de paroisse, dicastère administration et finance
Dominique Nanchen, dicastère du culte et groupements, responsable du conseil de communauté et organiste
Léon Roche, dicastère des bâtiments et forêt.

Un immense merci  pour son aide lors de cette nouvelle présentation vidéo à mon excellent ami campanaire Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice. Visitez son site https://cloches74.com/

http://www.upstdenis.ch/chatel-st-denis/lieux-de-culte-de-la-paroisse/
http://www.chatel-st-denis.ch/
http://www.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1752-11-6-1/

Autres sources:
« Le Patrimoine campanaire fribourgeois », aux éditions Pro Fribourg