Cloches – Turckheim (F-68) église Sainte-Anne

Un bourdon offert par les fidèles et le Conseil de fabrique

-Cloche 1, dédiée au Christ-Roi, note la2, diamètre 174cm, poids 3’330kg, coulée en 2017 par Cornille Havard à Villedieu-les-Poêles.
-Cloche 2,  dédiée à Sainte-Anne, note ré3, diamètre 144cm, poids 1’900kg, coulée en 1958 par Causard à Colmar.
-Cloche 3, dédiée à la Bienheureuse Vierge Marie, note mi3, diamètre 127cm, poids 1’300kg, coulée en 1948 par Causard à Colmar. Subit un accordage chez Cornille Havard en 2017.
-Cloche 4,  dédiée à Sainte-Odile, note fa#3, diamètre 112cm, poids 875kg, coulée en 1948 par Causard à Colmar.
-Cloche 5, dédiée à Saint-Joseph, note la3, diamètre 95cm, poids 530kg, coulée en 1920 par Causard à Colmar. Subit un accordage chez Cornille Havard en 2017.

Turckheim, ville libre de l’Empire – Le temps était peut-être à la pluie quand nous étions de passage dans le Haut-Rhin, cela ne nous a pas empêchés, mes amis et moi, de trouver l’Alsace merveilleusement pittoresque.  Les façades peintes et les colombages de Turckheim se sont offerts à nous sous leurs meilleurs atours, malgré le gris du ciel. Certaines maisons remontent à la Renaissance. Elles sont les témoins de la prospérité due au commerce de vin et à l’autorisation de l’Empereur Maximilien de prélever un droit d’entrée. Le Moyen-Age, lui, nous a fait parvenir trois portes. Ces restes d’enceinte sont le symbole de l’accession de Turckheim au rang de ville libre de l’Empire en 1312. Chacune possède sa symbolique : échanges avec la Suisse pour la Porte de France, ouverture vers le vignoble pour la Porte du Brand, chasse aux sorcières pour la Porte de Munster. Cette dernière offre heureusement de nos jours une image plus sereine avec ses fenêtres ornées de coquillages : le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Cette porte est la seule à disposer d’une cloche, jadis chargée d’éloigner les orages.

La Porte de Munster (crédit photo http://www.turckheim.fr/)

Un clocher roman et une église néoclassique – L’imposant clocher à cinq niveaux possède encore sa base romane du XIIe siècle, reconvertie en chapelle. On peut y admirer de nombreuses statues de différentes époques dont une effigie de la sainte patronne de la paroisse. La nef et le chœur, édifiés entre 1834 et 1839, sont de style néoclassique. Les statues de saint Matern et saint Arbogast, évêques de Strasbourg, les tableaux peints par Michel Oster, les vitraux dessinés par Robert Gall et réalisés par Léon Kempf, composent un mobilier liturgique d’une belle homogénéité. S’y ajoutent les stations sculptées par Valentin Jaeg en 1955 et une Pieta du XVIe siècle. L’incendie de 1978 nécessite une importante rénovation de l’église et de son orgue Silbermann construit en 1755. L’instrument, vendu comme bien national à la Révolution, provient de l’ancienne abbaye cistercienne de Pairis. L’orgue est agrandi une première fois par Callinet lors de son transfert. Le facteur d’orgues alsacien Alfred Kern procède aux dernières modifications en 1983.

 

Des cloches maintes fois descendues – On peut regretter qu’un clocher aussi ancien ne contienne aucune cloche historique. L’histoire de la sonnerie – vous allez le voir – est particulièrement tourmentée. En 1676, la ville est en faillite suite aux ravages de la Guerre de Trente Ans. Les trois plus grandes cloches sont descendues pour être envoyées en gage à Bâle, avant d’être récupérées quelques mois plus tard. Ces mêmes cloches sont à nouveau descendues en 1793, cette fois de manière définitive. Il faut attendre 1813 pour que François Robert d’Urville (le grand-père de Jules Robert, établi à Nancy et Porrentruy) réalise une nouvelle sonnerie pour l’église Sainte-Anne. Trois de ces cloches sont remplacées par Causard en 1882. Elles sont confisquées par les Allemands en 1917. Causard refond trois nouvelles cloches en 1920. Seule la plus petite existe encore, les trois grandes sont en effet descendues en 1944. La même fonderie réalise à nouveau trois cloches en 1948. La plus grande, fêlée, doit être refondue en 1958. En 2017, la deuxième et la quatrième cloche sont envoyées chez Cornille Havard pour être accordées avec le nouveau bourdon.

 

Un bourdon offert par les fidèles et le Conseil de fabrique – Son poids communiqué est de 3’330 kilos pour un diamètre de 174cm. Dédiée au Christ-Roi, cette grande et belle cloche a été coulée en octobre 2017 par Cornille Havard à Villedieu-les-Poêles. Elle est arrivée à l’église Sainte-Anne le 22 novembre pour être bénie le 26 novembre 2017 par le vicaire général Jean-Luc Liénard. Les anses traditionnelles à tête de lions, typiques de Cornille Havard, tranchent agréablement avec les décors  modernes du vase de la cloche. On peut lire sur le col EGLISE SAINTE-ANNE DE TURCKHEIM – MMXVII.  La  robe est ornée d’une grande effigie du Christ-Roi réalisée par l’artiste Johannes Hohmann. Dessous, on peut lire O REX GLORIAE CHRISTE VENI CUM PACE. De l’autre côté figurent l’Alpha et l’Omega entourant une croix dont les branches sont surlignées et soulignées par QUE TOUS SOIENT UN. Sur la panse : TOUTE GLOIRE A TOI O JESUS – QUI GOUVERNES TOUT PAR L’AMOUR – MEME GLOIRE AU PERE, A L’ESPRIT – A TRAVERS LES SIECLES SANS FIN. Sur la pince figurent les autorités paroissiales et ecclésiastiques de même que les principaux donateurs.

 

Une horloge strasbourgeoise – Sous la chambre du bourdon se trouve l’ancienne horloge mécanique signée J&A. Ungerer en 1907. Cet atelier strasbourgeois d’horlogerie a été fondée en 1858 par Albert et Auguste-Théodore Ungerer, successeurs de Jean-Baptiste et Charles Schwilgué. Jules et Alfred Ungerer, qui ont construit l’horloge de Turckheim, représentent la deuxième génération. Dans les années 1880, Ungerer a acquis les restes de l’entreprise d’Urbain Adam, un horloger de Colmar très inventif, maintes fois primé, et qui fabriquait aussi des machines à coudre. L’inventivité et l’ingéniosité sont aussi l’apanage de la maison Ungerer, à qui on doit la plus grande horloge astronomique du monde à Messine. Trois générations successives d’Ungerer ont par ailleurs soigneusement entretenu l’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg. L’entreprise a été rachetée en 1989 par Bodet. Vous pouvez admirer dans la galerie ci-dessous l’horloge de Turckheim ainsi que des photos et une publicité d’époque de la maison Ungerer.

 

Quasimodo remercie chaleureusement :
-Son nom figure à juste titre sur le bourdon, car elle s’est battue durant de longues années pour concrétiser ce magnifique projet : Marie-Thérèse Link, présidente du Conseil de fabrique. Merci pour son chaleureux accueil et sa disponibilité.
-Pascal Krafft, expert-campanologue à Ferrette, pour l’organisation, la documentation fournie et les sympathiques échanges.
-Daniel Fonlupt, fondateur et conservateur de la Maison des Horloges à Charroux pour les archives de la maison Ungerer
Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Aurélien Surugues. Merci pour votre aide à tous les niveaux, y compris – surtout – les inoubliables moments d’amitié

Le bourdon lors de sa bénédiction (crédit photo : Pascal Krafft)

Sources :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/nouvelle-cloche-eglise-turckheim-1416287.html
https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/photos-deux-cloches-descendues-de-l-eglise-de-turckheim-en-attendant-le-nouveau-bourdon-1508962316
http://www.turckheim.fr/decouvrir-turckheim/monuments-historiques.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Trente_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Pairis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Horlogerie_Ungerer
https://gw.geneanet.org/mieme?lang=fr&n=robert&oc=0&p=jules

Crédit photos :
Clichés personnels sauf mentionnés et sauf photos extérieures de l’église : https://de.wikipedia.org/wiki/Turckheim

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