Cloches – Bulle (CH-FR) église Saint-Pierre-aux-Liens

Imposant ensemble de onze cloches en si bémol 2 disponibles à la volée et au carillon

Bulle a récemment fêté les 200 ans de la consécration de son église paroissiale. Le clocher à bulbe renferme onze cloches (neuf à la volée, deux fixes) coulées en plusieurs étapes après le terrible incendie qui ravagea le chef-lieu gruérien en 1805.

Une église qui renaît de ses cendres – Les plus anciennes références connues à l’église de Bulle remontent aux années 850, mais sa fondation est probablement antérieure (VIe siècle). Jusqu’au XIIIe siècle, le patron était Saint Eusèbe. L’édifice est reconstruit ou transformé à plusieurs reprises, notamment en 1750-1751. Il n’est pas épargné par l’incendie de 1805 : seuls quelques murs restent debout. Les travaux vont durer de nombreuses années. Les pierres de taille utilisées pour la reconstruction du clocher sont préparées pendant l’hiver 1806 dans la région, à la carrière de Grandvillard. Quinze loteries sont organisées pour compléter le financement des travaux. Des sommes considérables sont investies dans la reconstruction de l’église qui, en plus de sa vocation religieuse, devient le symbole de la résurrection et du dynamisme de la ville. Le nouvel édifice est consacré le 22 septembre 1816. L’église Saint-Pierre-aux-Liens connaît d’importantes transformations au XXe siècle. A l’occasion de travaux en 1932, le chœur est élargi, le décor néoclassique d’origine est supprimé. De nouveaux aménagements en 1973 et 2007 donnent à l’édifice son apparence actuelle. A l’intérieur du bâtiment se trouve l’orgue remarquable construit entre 1814 et 1816 par le Fribourgeois Aloys Mooser. C’est un monument historique d’intérêt national depuis 1973. On peut en outre admirer de nombreuses œuvres d’art : dans le bas-côté, une Vierge à l’Enfant du sculpteur Claude Glasson (1679). Dans la nef, une Adoration des bergers et une Vierge du Rosaire peints par Joseph Reichlen en 1879 et 1890. Dans le chœur, le mobilier liturgique moderne en bronze du sculpteur Antoine Claraz. N’oublions pas les vitraux d’Alexandre Cingria, Emilio Beretta et Bernard Schorderet, ou encore le chemin de croix en mosaïque et décor peint de la voûte d’Emilio Beretta (1931-1932).

Une sonnerie à la volée et au carillon – Commencée en septembre 1808, la construction du clocher dure deux ans. Son bulbe est recouvert de 8’850 feuilles de fer blanc. Deux canons achetés à l’État de Fribourg sont fondus pour réaliser un premier ensemble de sept cloches. La coulée, réalisée en deux étapes, est confiée à Pierre Dreffet et son neveu Marc Treboux de Vevey, qui avaient livré quelques années plus tôt deux petites cloches (toujours existantes) pour la chapelle Notre-Dame de Compassion toute proche. De cette sonnerie ne subsistent aujourd’hui que quatre pièces : les cloches nos 2 et 3, la cloche de l’Agonie dans le lanternon, et une cloche fêlée (ancienne cloche no7, aujourd’hui exposée sur le parvis, remplacée par Ruetschi en 1964). En 1905, Georges et Francisque Paccard coulent cinq nouvelles cloches, dont le somptueux bourdon en si bémol 2. Les héritiers de la fonderie d’Annecy, déplacée depuis à Sévrier, complètent le carillon en 2005 avec deux cloches fixes. C’est aujourd’hui un des derniers instruments de type « manche de brouette » en Suisse. Les cloches de volée, initialement équipées en rétro-lancé, sonnent en lancé franc depuis leur motorisation. Les heures et les quarts d’heure sont tintés par un mouvement mécanique réalisé – probablement vers 1905 – par Louis-Delphin Odobey de Morez et installé par Léon Crot de Granges-Marnand. Le mouvement précédent, fabriqué entre 1813 et 1815, était l’oeuvre plusieurs artisans de la région dont le nom figure encore sur le cabanon abritant la mécanique : Henri Ansermoud, Michel Savary et Joseph Ardieu. Quelques informations enfin au sujet des cloches présentes avant l’incendie de 1804 : huit cloches sont bénies à Bulle le 4 juin 1766 par Mgr l’Evêque. Alors que quatre d’entre elles restent à Bulle, les autres prennent le chemin de paroisses voisines. Deux partent pour Albeuve, une troisième prend la direction de Vuadens, et la quatrième (la seule qui nous soit parvenue) sonne aujourd’hui encore dans le clocher de Riaz. Cette cloche baroque portant la signature d’Antoine Livremont de Pontarlier, on peut raisonnablement penser que les huit cloches bénies ce jour-là furent confectionnées par le même artisan franc-comtois, très prisé par chez nous.

-Cloche 1, note si bémol 2, diamètre 169cm, poids 3’130kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 2, note do3, diamètre 151cm, poids 2’050kg, coulée en 1813 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 3, note ré3, diamètre 134 cm, poids 1’500kg, coulée en 1809 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 4, note mi bémol 3, diamètre 126cm, poids 1’267kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 5, note fa3, diamètre 112cm, poids 912kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 6, note sol3, diamètre 105cm, poids 650kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 7, note la3, diamètre 92cm, poids environ 400kg, coulée en 1964 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 8, note si bémol 3, diamètre 85cm, poids 393kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy.
[Dans le lanternon : cloche 9 , cloche de l’Agonie, note si3, coulée par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey. A entendre dans le générique de début de la vidéo]
Au carillon seulement : deux cloches fixes (la bémol 3, do4) coulées par Paccard en 2005.

Je remercie
-La paroisse de Bulle : M. Jean-Bernard Repond, président ; Mme Monique Ruffieux, secrétaire : M. Jean-Luc Uldry, sacristain.
-Mes amis campanaires qui m’ont accompagné ce samedi 8 avril 2017 : Matthias Walter, expert-campanologue à Berne ; Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et à Taninges ; Guilhem Lavignotte, organiste-titulaire d’Yverdon-les-Bains et carillonneur à Saint-Maurice ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de la commune de Val-de-Travers ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Philippe Simonnet, membre de la SFC et président de chorale ; John Brechbühl, membre de la GCCS ; Anthony, jeune passionné de cloches de la région et son papa Didier.
-Daniel Fonlupt, fondateur et conservateur de la Maison des Horloges à Charroux.

Sources :
« Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg » de Apollinaire Deillon, imprimerie du chroniqueur suisse, 1884.
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
https://www.la-gruyere.ch/fr/P8245/4-eglise-saint-pierre-aux-liens-1816

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