Cloches – Le Pâquier (CH-FR) église Saint-Théodule

La première cloche normande coulée pour la Suisse

-Cloche 1, dédiée au Sacré-Coeur de Jésus, note fa#3 -32/100, coulée en 1910 par Jules Robert à Porrentruy.
-Cloche 2, dédiée à Marie-Immaculée, note la#3 +6/100, coulée en 1910 par Jules Robert à Porrentruy
-Cloche 3, dédiée à saint Joseph et saint Théodule , note do#4 -27/100, coulée en 1910 par Jules Robert à Porrentruy
-Cloche 4, dédiée à sainte Marguerite Bays, note ré#4 -27/100, coulée en 2018 par Cornille Havard à Villedieu-les-Poêles

[ancienne cloche 4 actuellement déposée, note fa4 +9/100, coulée en 1805 par Pierre Dreffet de Vevey]

Le diable peinant sous le fardeau de la cloche de Saint Théodule, détail de l’ancien retable du maître-autel de l’église de Gruyères, musée d’art et d’histoire de Fribourg. Extrait de « Le patrimoine campanaire fribourgeois »

La légende raconte que Saint Théodule a berné le diable pour que celui-ci accepte de transporter jusqu’à Valère une cloche offerte par le pape à Rome. C’est ainsi que le premier évêque de Sion est souvent représenté avec comme portefaix un diablotin croulant sous le poids d’une lourde cloche. Cette cloche aurait tant sonné en la basilique sédunoise qu’elle se serait fendue. Ses fragments furent alors conservés au même titre que des saintes reliques, puis distribués à la demande de certaines paroisses. Dans le canton de Fribourg, Sâles, Estavayer-le-Gibloux et Villarimboud ont coulé des sonneries avec des reliques de la fameuse cloche de Saint Théodule. Ironie du sort, aucune de ces  cloches ne nous sont parvenues. Le saint patron n’a pas non plus réussi à protéger l’église de Gruyères de la colère divine. Le clocher fut foudroyé à trois reprises entre 1679 et 1750. Il s’embrasa même complètement en 1856, victime des mortiers de la Fête-Dieu. Ce dernier sinistre causa la destruction de la sonnerie de Gruyères. L’église du Pâquier est elle aussi dédiée à Saint Théodule. D’abord chapelle de la Sainte-Trinité, l’édifice bâti au début du XVIIe siècle est reconstruit en 1843. Il devient église paroissiale en 1919.  Les archives font mention d’une ancienne cloche bénie en 1613 et prénommée Etiennette, du nom de sa marraine Etiennette Dupaquier. Cette cloche ne nous est pas parvenue. L’église subit des transformations tout au long du XXe siècle : adjonction en 1954 d’un escalier pour accéder à la tribune et d’un baptistère devenu chapelle de la Vierge ; pose de deux séries de vitraux de Yoki Aebischer en 1955 et 1975. L’orgue Kuhn de 1917 est remplacé en 1972 par la manufacture Armani Mingot. Mgr Genoud consacre le nouveau mobilier liturgique le 16 août 2009, jour de la fête patronale.

La première cloche normande pour la Suisse – La petite cloche du Pâquier est sortie de la fonderie Cornille Havard à l’automne 2018. Elle a été bénie le 16 mars 2019 par l’Abbé Claude Deschenaux, curé modérateur de l’Unité pastorale de Notre-Dame de l’Evi. S’en est suivie la montée festive par les enfants de la paroisse. Ces moments empreints d’émotion sont à retrouver dans la présentation audio-vidéo en tête d’article. Si la cloche arbore un Christ en croix avec l’inscription PAROISSE LE PAQUIER MMXVIII, elle a été consacrée lors de sa bénédiction à sainte Marguerite Bays, quelque mois avant la canonisation  de la couturière fribourgeoise. Il s’agit de la première cloche de Villedieu-les-Poêles à rejoindre la Suisse. Deux autres cloches de la fonderie normande vont prochainement arriver au pays, elles feront l’objet de publications ici-même ainsi que sur les réseaux sociaux. La commande de cette nouvelle cloche a été décidée par une partie du Conseil de paroisse du Pâquier dans le but d’obtenir une sonnerie plus conforme aux règles harmoniques. Mais si on tend l’oreille, on se rend compte que la cloche no2 est clairement trop haute, ce que confirme une analyse sonore. Le Salve Regina recherché (fa#3 la#3 do#4 ré#4) a donc tendance à lorgner vers le Westminster. Je ne saurais trop recommander à la paroisse de remettre en service la petite cloche historique en fa4, actuellement déposée. Non, cette cloche n’est pas fêlée, contrairement à ce qui a été avancé… non cette cloche n’est pas laide non plus. Coulée par Pierre Dreffet de Vevey en 1805, elle possède tout simplement les caractéristiques sonores de son époque : une octave inférieure basse et une prime haute comme nombre de cloches d’influence baroque française présentes dans la région. Mention aux Biens culturels fribourgeois qui ont exigé que cette pièce historique demeure dans le clocher. Mention aussi à l’entreprise Mecatal qui a eu la clairvoyance de doter la nouvelle cloche d’un joug décentré, ce qui offre la possibilité de rapatrier par la suite la cloche historique dans la même travée. Munie d’un bon battant – ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent – cette petite cloche saura ajouter encore un peu plus de caractère à cette sonnerie déjà très particulière. Démonstration avec cette simulation de plénum à cinq cloches.

 

Ci-dessous quelques photos de la sonnerie du Pâquier telle qu’elle se présentait avec la cloche de 1805.

Dans la galerie ci-dessous , vous trouverez des clichés de la nouvelle cloche fraîchement démoulée, puis à l’atelier Mecatal, et enfin à l’église du Pâquier pour sa bénédiction.

Toujours en ligne, la présentation audio-vidéo de l’ancienne sonnerie

Quasimodo adresse ses remerciements les plus sincères à :
-Paul Ottoz, président de la paroisse du Pâquier
-Lucien Pharisa, ancien organiste, carillonneur et secrétaire
-Jean-Paul Schorderet, campaniste, directeur de Mecatal
Fonderie Cornille Havard
Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice
Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers

Sources :
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 7, Père Apollinaire Deillon, 1893

4 réflexions au sujet de « Cloches – Le Pâquier (CH-FR) église Saint-Théodule »

  1. Danielle

    Les cloches rythment nos vies, de la plus petite à la plus profonde, joyeuses pour annoncer l’union de deux êtres ou l’arrivée d’un tout petit dans la communauté, une solitaire et avec de la douceur dans la tristesse pour annoncer que quelqu’un vient de prendre congé, puis toutes ensemble et pleines d’espérance pour accompagner l’âme qui s’envole. Chacune a quelque chose à nous confier si l’on veut bien lui prêter une oreille, comme la petite pimpante de l’angélus qui salue le jour nouveau, marque la mi-journée et apaisante pour nous inviter au repos le soir venu. Elles traversent le temps et marquent le temps. Merci de partager cette très belle passion.

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    1. Quasimodo Auteur de l’article

      Merci de votre visite, merci pour ce gentil message ! Au plaisir de vous rencontrer à l’occasion de la cérémonie de montée de la nouvelle cloche 😉

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  2. Vonlanthen Danielle

    C’est un beau cadeau de Pâques ! Merci pour cette présentation si complète. Effectivement, il faut juste un battant pour la petite cloche abandonnée là-haut et il va falloir seulement convaincre les personnes qui décident de cela. Elle a toute sa place la petite.

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    1. Quasimodo Auteur de l’article

      Il faut davantage qu’un simple battant : la cloche a aussi besoin d’un nouveau joug et d’un moteur. Quelqu’un d’influent dans le village pourrait peut-être lancer un financement participatif ? 😉

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