Cloches – Sonceboz-Sombeval (CH-BE) temple

Le clocher de 1866 héberge quatre cloches de trois fondeurs différents

-Cloche no1, note mi bémol 3 +7/16, poids 992 kg, coulée en 1866 par François Joseph Bournez cadet.
-Cloche no2, note la bémol 3 +-0/16, poids 406 kg, coulée en 1866 par François Joseph Bournez cadet.
-Cloche no3, note si bémol 3  +-0/16, poids environ 350 kg, coulée en 1954 par Ruetschi d’Aarau.
-Cloche no4, note do 4 +8/16, coulée en 1824 par Franz Ludwig Kaiser et son fils Anton de Soleure.
[Cloche déposée depuis 1954 : note mi 4 +6/16, coulée en 1824 par Franz Ludwig Kaiser et son fils Anton de Soleure.]

Sonceboz-Sombeval… Comme son nom le laisse supposer, la commune qui est le théâtre de notre présentation du jour est le fruit de l’union de deux villages, séparés jadis par un marais qui aurait été creusé par la chute d’une météorite. Sans remonter jusqu’à 10’000 ans avant notre ère, date à laquelle le phénomène s’est produit, il me semble intéressant de poser quelques jalons historiques et géographiques. En contemplant une carte routière, on constate que Sonceboz-Sombeval se situe au carrefour de deux axes importants : la route vers Tavannes, Moutier et Delémont depuis le Plateau suisse (doublée depuis quelques années par l’autoroute A16) et un accès à La Chaux-de-Fonds et au Locle par le vallon de Saint-Imier. Cette position stratégique a conduit à l’établissement d’une place forte dès l’Antiquité et à la construction d’un château fort au Moyen-Age. À l’époque des diligences, Sonceboz-Sombeval était un relais important à mi-chemin entre Berne et Bâle. Mais c’est évidemment l’arrivée du chemin de fer dans les années 1870 qui contribua à l’essor industriel et économique de la région.

La première mention authentique de Sombeval remonte à 866. Il s’agit d’un document par lequel Lothaire II, roi de Lotharingie, confirme à l’abbaye de Moutier-Grandval ses possessions situées en divers lieux. Sombeval y est considéré comme une ferme ou une exploitation agricole possédant une chapelle. Un acte de 1315 fait mention d’un moulin à Sonceboz et précise que l’église de Sombeval est dédiée à Sainte-Agathe. L’édifice, très ancien, semble avoir été bâti sous Charlemagne. 1530 voit arriver la Réforme, adoptée non sans résistances. Exit l’autel, les statues et les images saintes, place à une chaire et à une table de communion dans la plus pure tradition protestante. Mais ce n’est qu’en 1732 que l’édifice subit ses premières grosses transformations avec l’élargissement de la nef par le nord. Nouvel agrandissement – par l’ouest cette fois – en 1866 avec l’édification du clocher que nous connaissons aujourd’hui. Son couronnement (flèche octogonale sur quatre pignons) représente un style qu’on retrouve souvent dans la région (La Ferrière, Renan, Tramelan, La Chaux-de-Fonds temple de l’Abeille + temple allemand) La plupart de ces clochers ont été édifiés durant la seconde moitié du XIXe siècle.

Avant l’édification de la tour actuelle, le temple de Sonceboz-Sombeval possédait déjà un clocheton, comme on peut le voir sur le plan ci-dessus daté de 1537. Deux petites cloches ont été commandées à la fonderie Kaiser de Soleure en 1824. Ces deux cloches ont trouvé place dans l’actuel clocher, où sont venues se joindre à elles deux nouvelles venues réalisées en 1866 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau. On avait alors une sonnerie égrenant les notes mi bémol 3 – la bémol 3 – do 4 – mi 4. En 1954, on a jugé que la plus petite des quatre cloches était dissonante. Plutôt que de l’accorder en mi bémol, on préféra passer commande à la fonderie Ruetschi d’une nouvelle cloche en sib3. Ainsi est donc né le motif Westminster que nous connaissons aujourd’hui. La petite cloche en mi4 a par bonheur été conservée. Exposé dans le parc au sud de l’église, elle permet d’admirer la superbe qualité des décors du fondeur Franz Ludwig Kaiser. Le poids relativement modeste de cette petite cloche nous a permis de la soulever quelques instants pour la faire tinter et déterminer sa note. Nos excuses aux fourmis et nombreux autres insectes qui ont élu domicile sous cloche depuis des générations et que nous avons malencontreusement sortis de leur torpeur par cette manœuvre impromptue !

Cloche 1 (mi bémol 3) La cloche est équipée de son joug d’origine et d’un battant piriforme datant vraisemblablement de la motorisation en 1954. Elle a été tournée d’un quart de tour. Inscriptions FOI ESPERANCE CHARITE // GLOIRE A DIEU DANS LES CIEUX / PAIX SUR LA TERRE / BONNE VOLONTE ENVERS LES HOMMES LUC II V. 14 // HOSANNA / BENI SOIT CELUI QUI VIENT AU NOM DU SEIGNEUR / JEAN 12 V. 13. Sur l’autre face : DON FAIT / PAR LA COMMUNE / BOURGEOISE / DE SONCEBOZ / SOMBEVAL / 1866 // FRANCOIS JOSEPH BOURNEZ FONDEUR A MORTEAU.

Cloche 2 (la bémol 3) La cloche est équipée de son joug en chêne d’origine et d’un battant à boule de facture assez récente. Elle a été tournée d’un quart de tour. Inscriptions VENEZ ET MONTONS A LA MAISON DE L’ETERNEL / IL NOUS INSTRUIRA DE SES VOIES / ET NOUS MARCHERONS DANS SES SENTIERS / ISAIE II V. 3 // LA JUSTICE LEVE UNE NATION / MAIS LE PECHE EST L’OPPROBE DES PEUPLES /PROVERBES V 73. Sur l’autre face : LE TEMPS S’ENFUIT / L’ETERNITE S’AVANCE / GLOIRE A DIEU // FRANCOIS JOSEPH BOURNEZ FONDEUR A MORTEAU.

Cloche 3 (si bémol 3) La cloche est équipée d’origine d’un joug en acier et d’un battant piriforme. Cette cloche est moins bavarde que ses aînées puisqu’elle arbore comme seule inscription QUE TON REGNE VIENNE et les armoiries de la commune – trois sapins surmontés de deux étoiles – et la date de 1954. La signature se trouve sur la panse : GLOCKENGIESSEREI H. RUETSCHI AG AARAU.

Cloche 4 (do 4) La cloche est équipée d’un joug en acier et d’un battant piriforme identiques à ceux de la cloche no3 (équipement de 1954). Elle a été tournée d’un quart de tour et ses inscriptions sont hélas difficilement déchiffrables car en bonne partie masquées par le beffroi. Voici les fragments que nous avons pu relever : sur le col : … DANS LE PALAIS DE LA SAINTE… MORTEL CELEBRE L’ETERNEL… Sur la faussure : … VOX CLAMANS IN DESERTO… DEO IN EXCELSISSIMIS… PAROISSE DE SOMBEVAL MDCCCXXIIII.

Cloche déposée (mi 4) Elle trône sur un socle de pierre dans le jardin en contrebas du temple. Inscriptions sur le col GLOIRE SOIT A DIEU DANS TES LIEUX TRES HAUTS / SI VOUS N’AVEZ LA CHARITE VOUS RESSEMBLEZ A L’AIRAIN QUI RESONNE ET A LA CYMBALE QUI RETENTIT – CO CH 13 V 1. Sur la faussure : IP MONNIER MAIRE / 1824. Sur l’autre face : F. LUDWIG KAISER BURGER / VON SOLOTHURN. AUCH / ANTON KAISER SEIN SOHN / HABEN MICH GEGOSSEN ANNO 1824 [F. (Franz, ndlr) Ludwig Kaiser, bourgeois de Soleure et son fils Anton Kaiser m’ont coulée en l’an 1824]

Bon à savoir
-Dans les archives de la maison Bournez, les cloches nos 1 et 2 sont mentionnées comme donnant les notes mi et la.
-Bournez a également réalisé en 1885 une cloche de 318 kg pour l’école de Sonceboz-Sombeval.
-L’arrivée en 1954 de la cloche no3 a coïncidé avec la motorisation de la sonnerie et l’installation d’une horloge mécanique de la maison Baer de Sumiswald. Ce mouvement est toujours présent dans le clocher mais il est aujourd’hui désaffecté.
-Le clocher ne dispose pas de cadran sur sa façade nord. Au XIXe siècle, le village ne s’étendait en effet pas au-delà du temple.

Quasimodo remercie
Bernard Messerli, président de la paroisse de Sonceboz-Sombeval
Florence Ramoni, catéchète professionnelle auprès des paroisses réformées de l’Erguël
Mes amis Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Loïc Tercier, horloger à Bienne.

Sources
Archives compilées par Bernard Messerli, président de paroisse
La paroisse de Sonceboz-Sombeval par Hermann Ecuyer, pasteur, 1929
Archives de la maison Bournez
https://www.sonceboz.ch/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonceboz-Sombeval

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