Les Livremont, une famille de fondeurs

Petite cloche de Vers-l’Eglise (CH-VD) signée I C Livremont (Jean-Claude) en 1760

Les Livremont (variantes : Lievremont, Livremond) sont une famille originaire de Franche-Comté recensant dans ses rangs un grand nombre de fondeurs. Tous ont laissé de beaux exemples de leur savoir-faire aux XVIIe et XVIIIe siècles, que ce soit en Suisse, en Savoie ou en Franche-Comté. Le degré de parenté exact entre les différents membres de cette dynastie qui portent parfois le même prénom n’est pas toujours clair.

Pascal Krafft, expert campanologue à Ferrette (F-68) a attiré mon attention sur les travaux de Louis Boiteux. Dans son étude réalisée vers 1920 au sujet des cloches historiques du Doubs, le chanoine Boiteux mentionne au XVIIe siècle Guillaume fondeur à Pontarlier et son frère Jean-Baptiste actif à Dole. Ce même Jean-Baptiste est également cité par A. Cahorn (Les cloches du canton de Genève, 1925) dans des travaux de réparation à l’une des cloches de la cathédrale Saint-Pierre de Genève en 1668. La Revue Savoisienne de 1896 nous apprend que Guillaume et Antoine originaires de Pontarlier et qualifiés de bourgeois d’Evian ont coulé en 1687 deux cloches pour Evian et une pour l’ancienne paroisse voisine de La Thouvière. La grande cloche de la Chapelle d’Abondance (F-74) datée de 1687 porte la signature de Guillaume, Claude et Antoine bourgeois d’Evian, de Pontarlier et citoyens de Besançon, comme le fait remarquer sur son site internet Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice.

Les frères Livremont semblent avoir ensuite repris la direction de la Franche-Comté non sans avoir fait halte dans le Nord-Vaudois, comme l’indique la griffe apposée sur le bourdon d’Orbe (CH-VD) GUILLAVME ET ANTOINE LIVREMOND FRERES BOVRGEOIS DE PONTARLIER ET CITOYENS DE BESANCON MONT FONDVE ET REMISE EN L’ESTAT OV JE SVIS LE 16 OCBRE 1688. Au XVIIIe siècle, Antoine le jeune – le plus prolifique de la famille – a coulé un grand nombre de cloches pour les cantons de Fribourg et de Neuchâtel (comme ici à Treyvaux). Il semble avoir eu au moins deux fils, eux aussi fondeurs. Le patrimoine campanaire fribourgeois mentionne les prénoms de Jean et surtout de Claude pour des cloches à Onnens (1786) et aux Sciernes d’Albeuve (1780). Le musée neuchâtelois évoque un certain Joseph pour deux cloches à Buttes en 1772.

Claude et Joseph pourraient n’avoir été qu’une seule et même personne : Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, signale que la cloche no2 de la collégiale de Neuchâtel coulée en 1786 est signée C I LIVREMON. Les archives de la commune d’Amagney (F-25) nous apprennent qu’il a été passé commande en 1775 d’une cloche à un fondeur du nom de Claude-Joseph Lièvremont. Toujours au XVIIIe siècle, les prénoms de Jean-François puis de Jean-Claude apparaissent dans certains clochers de la région du Léman. Une cloche à Saint-Jean-d’Aulps (F-74) datée de 1747 porte la signature de ces deux frères, tout en mentionnant leur bourgeoisie de Pontarlier. Selon la Revue Savoisienne de 1896, Jean-François natif de Pontarlier fut appelé pour remplacer les cloches de Pers (F-74) en 1754. Il serait décédé à Annecy le 27 mai 1764 à l’âge de 52 ans laissant plusieurs enfants dont aucun ne paraît avoir exercé l’industrie paternelle. Sur la petite cloche de Vers-l’Eglise (CH-VD) coulée en 1760, Jean-Claude – vraisemblablement le plus jeune de la fratrie – apparaît seul et Thonon remplace alors Pontarlier comme lieu de résidence du fondeur.

4 réflexions au sujet de « Les Livremont, une famille de fondeurs »

  1. Beretti

    Bonjour
    Je suis contente de trouver votre article fort intéressant pour moi car je me suis passionnée pour une pierre tombale découverte au sol de l’église Saint François de Bonifacio, celle de « Maria Magdalena Claudii LIVERMONI filia » etc…(je peux vous en envoyer la photo) j’ai recherché tous les actes de ce nom et le plus ancien est le mariage en 1702 à Bonifacio de Jean Claude LIVERMONT militaire bourguignon « fils de feu ? Claude à Pontarlier en Bourgogne » : Jean Claude LIVERMONI militaire au Régiment du Capitaine Pippi (?) est décédé en 1707 âgé de 35 ans, donc il serait né vers 1672.
    Peut-il être le fils de Claude que vous citez avec ses deux frères Guillaume et Antoine tous fondeurs de cloches ? Peut-on trouver une généalogie de ces familles ?
    Bien cordialement
    Mme Dominique Beretti

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    1. Quasimodo Auteur de l’article

      Bonjour,
      Merci pour ces intéressantes informations ! Je n’ai pas réussi à trouver à ce jour d’arbre généalogique de la lignée Livremont qui nous intéresse ici. Par contre, il y a eu beaucoup de Livremont (souvent orthographiés Lievremont) dans la région franc-comtoise, et les prénoms de Claude et de Jean-Claude apparaissent souvent. Pas certain qu’il s’agisse donc de la même lignée…

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  2. Steiger

    Bonjour,
    Voici la description de la cloche qui se situe actuellement dans le clocher de l’église de Compesières, commune de Bardonnex, Canton de Genève, Suisse.
    En 1783 nous étions dans le Royaume de Sardaigne, donc en Savoie.

    Anses à têtes humaines. Dans le haut, 8 feuilles d’acanthe. Au-dessous sur une ligne : SR ANCELLON TISSOT ET DLLE MARIE FRANCOISE MARIN SON EPOUSE SONT MES PARREIN ET MARRAINE ; au-dessous, face principale, Christ en croix. Plus bas : LEVES VOVS O MORTELS L’AURORE VA PAROITRE POUR CHANTER LES BIENFAITS DE VOTRE DIVIN MAITRE. Face postérieure, Vierge et enfant, couronnés. Au-dessous, un sceau octogone avec une cloche au centre. En légende : A LIVREMONT DE PONTARLI MA FAIT. d’un côté du sceau 17, de l’autre 83.

    Je ne sais qui est « A » Livremont

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    1. Quasimodo Auteur de l’article

      Bonjour,
      Je vois que vous avez mis la main sur le remarquable inventaire d’Auguste Cahorn ! Ce « A. Livremont » est sans nul doute Antoine le jeune qui a beaucoup travaillé à Fribourg et à Neuchâtel
      Bien cordialement

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