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« A toute volée » les cloches de Bienne s’exposent

Découvrez les cloches de la ville de Bienne au travers d’une exposition à l’église du Pasquart avec de nombreuses conférences et visites guidées

Du 24 février au 31 mars, l’exposition « A toute volée » vous présentera en détail les cloches de la ville de Bienne et le patrimoine campanaire en général. Conférences par des professionnels et des passionnés, objets exposés, panneaux multimédia et visites guidées des clochers de la ville.

Jeudi 22 février : visite de la fonderie Ruetschi, Aarau (prix 25.- avec transport collectif, inscription au 079 945 11 34‬)

 

Samedi 24 février 17h : vernissage. Conférence de Claude-Michaël Mevs (aka « Quasimodo Sonneur de Cloches ») animateur de radio, consultant campanaire et guide du patrimoine. Avec la participation d’Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice (le plus grand carillon de Suisse) Jean-Paul Schorderet (Mecatal) campaniste et Dominique Fatton responsable technique des clochers de Val-de-Travers.  Exposition des cloches du carillon de l’arc jurassien et de plusieurs horloges monumentales. Panneaux multimédia pour découvrir les cloches de Bienne au travers de vidéos et de textes explicatifs. Après la conférence, visite guidée du clocher du Pasquart.

Mercredi 28 février : visite des carillons de Pully et de Montheron par Daniel Thomas, carillonneur (inscription 079 689 68 47 jusqu’au 26 février)

 

Samedi 3 mars 10h : conférence de René Spielmann, directeur de la fonderie Ruetschi. Lieu : les vignes du Pasquart à côté de l’église.

 

Vendredi 9 mars 19h : concert de handbells par le duo GoldenBells

 

Samedi 31 mars 17h : conférence de Bernard Heiniger sur son projet de carillon de l’Arc jurassien.

 

Les samedis du mois de mars de 10h à 14h : visites guidées (par « Quasimodo ») des clochers de Bienne. 3 mars Saint-Benoit – 10 mars Sainte-Marie – 17 mars Saint-Paul – 24 mars Pasquart.

L’accès à ces événements est gratuit, sauf mentionné. http://www.presences.ch

Cloches – Broc (CH-FR) église Saint-Othmar

Une vénérable cloche de 1599 et ses quatre jeunes sœurs du XIXe siècle

-Cloche 1, note ré 3 -29/100, poids 1832 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 2, note mi 3 +32/100, poids estimé à 1100 kg, attribuée à Pierre Guillet de Romont
-Cloche 3, note fa# 3 +10/100, poids 955 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 4, note la# 3 +17/100, poids 597 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 5, note ré# 4 -26/100, poids 250 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
Diapason : la3 = 435 Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

L’ancienne église de Broc en 1877

Broc semble avoir disposé d’une église paroissiale avant même la fondation de son prieuré vers le XIe siècle. Dans son dictionnaire historique, Deillon estime que la paroisse a dû voir le jour vers l’an 850. Elle englobait jadis la rive droite de la Sarine de Corbières au nord à Lessoc au sud en passant par Bellegarde à l’est. Cette grande entité comptait alors près de 10 églises, dont celle de Broc, située sur les hauts du village. Cette église fut incendiée à une date indéterminée. Dès lors, les Brocois durent se rendre à l’église prieurale, devenue paroissiale après la fin du prieuré au début du XVIe siècle. On sait de cette église, déjà dédiée à Saint-Othmar, qu’elle fut transformée ou reconstruite en 1432 et en 1610. Le clocher – le seul élément architectural à nous être parvenu – date du début du XVIIe siècle. Mgr Marilley consacra l’actuelle église paroissiale le 29 juillet 1876. Bâti sur les plans de l’architecte cantonal Adolphe Fraisse, le nouveau sanctuaire échappa de peu au terrible incendie  qui ravagea un tiers de la localité en 1890. Fernand Dumas mena d’importantes transformations entre 1935 et 1936. Deux chapelles latérales furent créées dans le prolongement du transept en lieu et place des sacristies. L’architecte fit appel à ses amis du Groupe Saint Luc pour la décoration. François Baud sculpta la Vierge en bois doré disposée devant la fresque de Paul Landry, représentant les mystères du rosaire dans la chapelle du transept gauche. Le même peintre, associé à François Baud, décora le chœur de tonalités chaudes. Alexandre Cingria réalisa les vitraux du sanctuaire, alors que Yoki s’occupa de ceux du transept et de la nef. La croix, le tabernacle et les chandeliers sont dûs à l’orfèvre Feuillat. Le chemin de croix – série de tableaux émaillés – a été réalisé par Francis Ribas.

L’ancienne église de Broc disposait de trois cloches. Deux dataient de 1599, une troisième fut ajoutée en 1813. Cette sonnerie ne trouva pas grâce aux yeux des paroissiens de cette fin de XIXe siècle. L’abbé Badoud raconte que la deuxième cloche, dédiée à Sainte-Thérèse, donnait un son si lugubre qu’elle avait été surnommée « le Bernard de Broc ». La voix de cette cloche rappelait en effet étrangement les aboiements du brave chien secouriste, selon le curé de l’époque. Pour la nouvelle église, la paroisse choisit de passer commande à Hermann Ruetschi de 4 nouvelles cloches. Elles furent bénies le 10 avril 1878. Il fut également décidé d’ajouter à l’ensemble la plus grande des vieilles cloches. Compte tenu de la configuration du beffroi, je présume que l’ajout de cette cloche de 1599 – qui ne figure pas sur les archives de la maison Ruetschi – a été décidé sur le tard. Cette pièce historique, que j’attribue à Pierre Guillet de Romont, souffre de nombreux défauts de coulée qui masquent la plupart de ses décors. Sa sonorité n’en est pas bonheur nullement altérée.

Inscriptions sur les cloches
-Cloche 1 : A Saint Othmar. J’ai été bénite ainsi que mes trois sœurs par Mgr Marilley évêque de Lausanne dans la 33e année de son épiscopat et la 1e année du règne glorieux de Léon XIII. C’est moi qui donne le signal de la joie de la douleur et de la prière. Parrain : M. Sudan de Broc, Rd. curé de Sorens. Marraine : Mme Hyacinthe Mossu née Gremaud femme de M. le Syndic Anselme Mossu. Anecdote : quand il fut passé commande des cloches, le pape était Pie IX. Le souverain pontife décéda quelques heures avant la coulée. On retarda alors l’événement de plusieurs jours pour permettre de mettre les inscriptions à jour.
-Cloche 2 : Comme indiqué plus haut, cette cloche historique souffre de nombreux défauts de coulée. On peut toutefois distinguer les effigies de Saint Othmar, patron de la paroisse, et de Saint Nicolas, patron du chapitre de la collégiale de Fribourg dont dépendait la paroisse de Broc. On peut aussi distinguer une tête d’angelot et une frise aux motifs floraux sous la panse. Ce sont ces motifs qui m’ont poussé à attribuer cette cloche à Pierre Guillet. Figure enfin la date de 1599, une période durant laquelle le fondeur romontois fut actif en Gruyère. Les ferrures (d’origine) portent les intiales FMG et la date de 1600.
-Cloche 3 : Je chante sur vos berceaux, je marque tous vos pas dans la vie, j’annonce tous les événements de votre famille. Parrain : Monsieur Badoud révérend-prieur de Broc. Marraine : Mademoiselle Thérèse Andrey fille de Jean du Château d’En Bas. Note : il s’agit de la cloche chargée de sonner les baptêmes.
-Cloche 4 : Je suis la voix du Ciel qui vous appelle aux autels de Dieu. Délivrez-nous, Seigneur, de la foudre et de la tempête. Parrain : Monsieur François Sudan, fils de Jean Joseph dit au Syndic de Broc. Marraine : Mademoiselle Agnès Jacquenoud fille de Jean-Louis de Broc. Note : C’est la cloche que l’on sonnait jadis pour éloigner la foudre.
-Cloche 5 : Je crie dans vos dangers, je gémis quand vous allez mourir. Parrain : Monsieur Pierre Ruffieux fils de Antoine dit au Conrad de Broc. Marraine : Marie née Barras veuve de Joseph Barras Juge de Paix de Broc. Note : il s’agit évidemment de la Cloche de l’Agonie.

Signature de Pierre Guillet (parfaitement lisible ici) sur la grande cloche déposée de Saint-Aubin (NE) coulée en 1603, fêlée dans l’incendie de 2012

Comme indiqué plus haut, la sonnerie égrène les notes ré – mi – fa# – la# – ré# aigu. Le résultat est donc très différent de ce que la fonderie Ruetschi devait livrer. Les nouvelles cloches étaient en effet censées donner un accord parfait (ré fa# la ré). La cloche 5 est réservée à l’annonce des décès. Les cloches 1 à 4 sonnent à la volée pour les messes, elles peuvent également carillonner au moyen d’un ingénieux système de marteaux amovibles  qui se lèvent lors du carillon et s’abaissent après usage pour ne pas interférer avec les volées. Les quarts d’heure se tintent sur les cloches 4 et 3, l’heure se donne sur la cloche 1. Les cadrans et les tintements horaires sont gérés par une horloge-mère BTE 6 de Bodet. Le beffroi et les jougs des cinq cloches sont de 1878. Les ferrures de la cloche 2 portent la date de 1600.

Quasimodo remercie :
Le conseil de paroisse de Broc pour son aimable autorisation.
-Jean-Paul Schorderet, campaniste, directeur de Mécatal, pour m’avoir accueilli lors de ma première visite.
-Alexandra Pinget, conseillère paroissiale en charge des constructions, et Francis Aebischer, sacristain et carillonneur, pour leur chaleureux accueil lors de ma seconde visite et la riche documentation fournie.
Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice et à Taninges, pour son indispensable collaboration et les moments d’amitié.
-Matthias Walter, expert-campanologue à berne, pour ses précieux conseils.

 Sources :
-Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 2, Père Apollinaire Deillon, imprimerie du chroniqueur suisse, 1884.
-Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
-La vie brocoise, plusieurs éditions de l’année 2003, écrits de Michel Jordan.
Note sur l’église de Broc, auteur non mentionné, documentation fournie par la paroisse
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F19448.php
http://www.broc.ch/histoire.html

Comparaison des décors entre la cloche 2 de Broc (à gauche) et la grande cloche déposée de St Aubin)

Cloches – Baulmes (CH-VD) temple

Une cloche baroque genevoise et un bourdon champenois dans ce clocher vaudois

Site clunisien, le temple vaudois de Baulmes dispose d’une sonnerie monumentale de quatre cloches en si bémol 2. Le bourdon, coulé par une fonderie champenoise au XIXe siècle, côtoie une cloche gothique du XVe siècle et une cloche baroque genevoise de fort belle facture.

Une église fortement remaniée – Le temple de Baulmes – ancienne église paroissiale dédiée Saint-Pierre – fait partie des nombreux sites clunisiens recensés dans le canton de Vaud et dans toute l’Europe. Certaines parties de l’édifice, profondément remanié au fil des époques, semblent remonter au XIIIe siècle. L’église faisait alors partie d’un complexe monastique fondé en 627, dédié à Marie et allié dès 1294 au prieuré de Payerne. Malgré cette filiation, les bâtiments se dégradent au XVe siècle. C’est donc un prieuré très diminué qui est supprimé par les Bernois lors de la Réforme de 1536. Disparaît à ce moment la chapelle consacrée à Marie-Madeleine. Il ne reste plus de traces non plus de l’église prieurale dédiée à la Vierge Marie. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les inscriptions du bourdon, l’église paroissiale n’a pas remplacé l’église du prieuré : l’une et l’autre ont coexisté, vraisemblablement jusqu’à la Réforme. Les siècles suivants ont vu la disparition des voûtes et du chœur, puis un agrandissement côté ouest pour l’ajout de l’orgue. Cet instrument, construit par Walcker en 1871, est le quatrième du canton par ordre d’ancienneté. Un relevage a été effectué par Kuhn en 1981. La base du clocher, dont les murs sont épais de plusieurs mètres, de même que les imposants contreforts, donnent à penser que la tour fut jadis beaucoup plus élevée. Une fonction défensive n’est pas exclue, aux vues de sa situation stratégique. L’imposante sonnerie – une des plus lourdes du canton – est riche d’histoire.

-Cloche 1 « bourdon », note si  bémol 2 -30/100, diamètre 175cm, poids 3’037kg, coulée en 1891 par Paintandre frères à Vitry-le-François (F-51)
-Cloche 2 « Crétaz » ou jadis « Grosse Cloche », note ré3 +1/100, diamètre 140cm, poids 1’209kg, coulée en 1784 par Jean-Daniel Dreffet de Genève
-Cloche 3, cloche de midi et du couvre-feu (22h), note fa3 -42/100, diamètre 115cm, poids 869kg, coulée en 1891 par Paintandre frères à Vitry-le-François (F-51)
-Cloche 4, dédiée à Saint Pierre, note sol3 +35/100, diamètre 110cm, poids 560kg, datée de 1494

La plus petite cloche (no4) porte sur son col les inscriptions suivantes (en latin) Christ vainc, Christ règne, Christ gouverne, Christ nous défend de tout mal. Jésus. Marie. 1494. Saint-Pierre, priez pour nous. Au-dessous se trouvent quatre médaillons rectangulaires, dont deux représentent la Vierge à l’Enfant, et les deux autres l’Ecce Homo, c’est-à-dire le Christ accompagné des instruments de la Passion. Enfin, sur deux des faces de la cloche figure un crucifix posé sur deux degrés, le tout formé de branches de rosier. Des décors très soignés pour cette cloche gothique fortement burinée en 1891 afin de l’harmoniser avec la nouvelle sonnerie : de 611kg, son poids a en effet été ramené à 560kg. Cette petite cloche devait initialement être refondue. Son âge vénérable lui a par bonheur permis d’être conservée, même si son caractère historique n’est plus tout à fait le même.

L’actuelle cloche no2 portait jusqu’en 1891 le nom de « Grosse Cloche ». On la surnomme aussi « Crétaz » comme la forêt toute proche. C’est elle qui donne aujourd’hui de la voix pour les cérémonies funèbres. Ses inscriptions sont les suivantes : Je suis un instrument qui t’appelle au chemin de la Vie Eternelle. Que donc mon son te fasse souvenir que les morts entendront à l’avenir, le grand son de la trompette de Dieu qui sonnera haut et clair en tous lieux, pour nous assembler au Jugement du Fils de Dieu à son avènement. J’appartiens à la communauté de Baulmes, qui avons pour nos armes l’étendard de Jésus-Christ, le Redempteur, le Rio (sic) des Rois et des Croyants, le Sauveur. Abraham-Francois Jaccaud, lieutenant et Juge. Francois-David Eternod, secrétaire, Louis Perusset, gouverneur en 1784. Vient alors une ligne burinée, puis ces derniers mots :  bourgeois de Baulmes, ci-devant bourgeois de Genève présentement domicilié. Des ornements soignés complètent ces inscriptions : La Vierge à l’Enfant sur un trophée d’armes et de drapeaux, un étendard, une corbeille fleurie, un lézard (plus vrai que nature, il s’agit certainement de l’empreinte d’un authentique animal). On note enfin le cartouche du fondeur, réalisé dans le style Louis XV, soutenu par trois têtes d’anges ailés. La signature est rédigée en ces termes : Faite par Jean-Daniel Dreffet Maître-fondeur à Genève, 1784. Il s’agirait de la plus grande cloche toujours existante de cet artisan originaire de Coppet.

Les cloches no1 et 3 furent coulées en 1891 par les frères Paintandre de Vitry-le-François (France, département de la Marne). Leur réalisation marque le point de départ d’une fructueuse collaboration entre la fonderie champenoise et un certain Auguste Thybaud, auto-proclamé accordeur de cloches. Les archives communales de cette année nous apprennent que la fonderie Treboux de Vevey était également en lice pour compléter la sonnerie. Le bourdon, l’une des plus grosses cloches du canton de Vaud, porte les inscriptions suivantes : Venez, montons à la maison de l’Eternel, à la maison du Dieu Vivant, afin qu’il nous instruise de ses voies, et que nous marchions dans ses sentiers (Ésaïe, ch. II, v. 3). La voix des envoyés de Dieu est scellée par toute la terre, et leurs paroles, jusqu’aux extrémités du monde (Rom., ch. X, v. 18). Puis cette notice qui se veut historique : Je rappelle pour les générations futures que l’église paroissiale actuelle a été fondée au XIe siècle et dédiée à St-Pierre. Elle a remplacé celle de Sainte Marie, qui avait été construite en bois vers 667. L’église a dû être restaurée à diverses époques. En 1404 fut fondue une cloche qui existe encore. La Réformation fut introduite par un édit de Berne en 1537. En 1821, l’église fut réparée, et la partie principale, soit le chœur, démolie. Enfin, en 1870, elle a été agrandie et restaurée. II y a été placé des orgues. On se rend bien compte de la véracité plus que douteuse de cette notice (date de la petite cloche, le soi-disant remplacement de l’église prieurale par l’église paroissiale…) Les inscriptions de la cloche no3 (cloche de midi et du couvre-feu) sont moins sujettes à controverse : J’ai été fondue de même que ma grande sœur, dite bourdon, le 10 juin 1891, à Vitry-le-Fcois en France, par décision du Conseil Communal du 31 Xbre 1890, sonnée pour la premiere fois le 24 juillet 1891. Nous avons concouru, ainsi que mes deux sœurs ainées, à la célébration du 6me centenaire de la Confédération suisse le 1er août 1891. Dieu veuille conserver à notre chère patrie les faveurs dont elle jouit jusqu’à présent. Cette inscription biblique encore : Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous donnerai du repos. Ces deux cloches portent pour seuls ornements les armoiries de la commune, du canton et de la Confédération.

Avant 1891, la sonnerie se composait de trois cloches donnant les notes ré – sol – la bémol. Nous avions donc – en plus de l’actuelle cloche en ré à laquelle on n’a pas touché – la petite cloche dont la tonalité a été abaissée d’un demi-ton, et une cloche moyenne en sol coulée en 1824 par Borle, Borel et Cavin à Couvet. Cette dernière cloche a failli un temps prendre le chemin de la Tour de l’Horloge pour remplacer la cloche fêlée, mais elle était trop grosse pour entrer dans le clocheton. Une nouvelle cloche civile fut finalement commandée à Samuel Treboux en 1863. L’agrandissement de la sonnerie du temple prévoyait d’abord de conserver uniquement la cloche en ré et de couler deux cloches neuves de 2’000 et de 1’000kg en réutilisant le métal des deux petites cloches du XVe et du XIXe siècle. Finalement, il a été choisi de conserver la cloche de 1494 pour sa valeur historique et d’étendre la sonnerie à quatre voix avec l’ajout d’un bourdon.

Mes plus vifs remerciements – pour son aimable autorisation et sa disponibilité – à M. Jacques-Yves Deriaz, Municipal en charge des bâtiments, de la police des constructions et des écoles de Baulmes. Merci également, pour leur aide précieuse, à mes excellents camarades campanaires Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et à Taninges ; et Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers.

Sources :
Les cloches de Baulmes, Franz-Raoul Campiche, extrait de la Revue Historique Vaudoise vol 30 (1922)
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F2529.php
http://www.baulmes.ch/fr/46/eglise-paroissiale
https://fr.wikipedia.org/wiki/Baulmes#L.27.C3.A9glise_paroissiale
http://www.orgelbau.ch/site/index.cfm?fuseaction=orgelbau.orgelportrait&laufnummer=800570&id_art=4438&vsprache=FR

A consulter aussi :
http://baulmesrances.eerv.ch/

Je dédie cet article à mon papa, qui fut le premier à m’accompagner dans le clocher de Baulmes (mon tout premier clocher) alors que j’avais 7 ans, et qui continue aujourd’hui encore à m’encourager dans mes activités campanaires.

Cloches – Bretonnières (CH-VD) église réformée

Deux clochers pour cette charmante petite église vaudoise

L’antique église réformée de Bretonnières dispose de deux clochers. Le bulbe baroque, une rareté pour la région, héberge une cloche historique du XVIIe siècle

Ce qui interpelle depuis la grand’ route et depuis la voie de chemin de fer Lausanne-Paris, c’est avant tout son bulbe baroque, si peu commun dans la région. Cette curiosité n’est pourtant pas le principal atout de l’église de Bretonnières. Ce serait plutôt son âge ! La nef romane fut édifiée au XIIè siècle. La construction semble avoir été agrandie au XIVe s. Le chœur gothique, éclairé par une large fenêtre en arc brisé, fut ajouté au XVe siècle après incendie. Le clocher-mur original à une seule baie fut transformé en 1760 avant de retrouver son aspect primitif entre 1905 et 1907. C’est alors que l’architecte de Veytaux Otto Schmid eut l’idée du clocheton-bulbe, afin de donner plus d’ampleur à cet édifice modeste mais si charmant. Je vous invite à vous rendre sur le remarquable blog de Charles-Louis Morel (consulté le 10 novembre 2017) et de prendre connaissance de l’article complet consacré aux clochers de l’église de Bretonnières, richement agrémenté de documents d’archives.

L’église de Bretonnières avant la restauration de 1905-1907

Qui dit deux clochers dit forcément deux cloches ! La plus ancienne n’est pas visible de l’extérieur (sa visite fera l’objet d’un reportage ultérieur). Cette cloche a été coulée en 1624 par Abraham Zender (merci à Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, président de la GCCS). Rappelons que c’est même le fondeur bernois qui réalisa – en collaboration avec Peter Füssli de Zurich – le grand bourdon de la cathédrale de Berne, la plus lourde cloche de Suisse (près de 10 tonnes, note mi2, année 1611). On doit aussi à Zender le bourdon de l’église Saint-Martin de Vevey (note si bémol 2, année 1603). Au clocher-mur (reconstitué, pour rappel, au début du XXe siècle) est accrochée la plus grande des deux cloches. Des photos prises au téléobjectif permettent d’y lire les inscriptions suivantes : au recto DON DE LA SOCIETE DE COUTURE DE BRETHONNIERES (ancienne orthographe, ndlr) 1906. Au verso : AUJOURD’HUI SI VOUS ENTENDEZ MA VOIX N’ENDURCISSEZ PAS VOS COEURS. Puis vient le nom de la cloche ESPERANCE et enfin sa signature GEORGES ET FRANCISQUE PACCARD FONDEURS A ANNECY-LE-VIEUX FRANCE HTE-SAVOIE.

-Cloche 1, note mi bémol 4 + 41/100, coulée en 1624 par Abraham Zender de Berne
-Cloche 2, « Espérance », note  sol 4 – 7/100, coulée en 1906 par Georges et Francisque Paccard à Annecy-le-Vieux
(diapason la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)
Enregistrement effectué le 20 octobre 2017 à l’occasion du culte dominical.

Sources (autres que déjà mentionnées)
http://www.bretonnieres.ch/
http://www.davel.vd.ch/detail.aspx?ID=195897

A consulter également :
http://vaulionromainmotier.eerv.ch/lieux-culte/
http://www.paccard.com/

Cloches – Sâles (CH-FR) église Saint-Etienne

Nouvelle présentation de cette imposante sonnerie de quatre cloches avec son bourdon en si bémol 2

L’église Saint-Etienne de Sâles, c’est un clocher et un choeur édifiés en 1640, mais aussi une nef et un mobilier liturgique modernes. Et ce sont quatre cloches monumentales coulées au XVIIe et au XIXe siècles

De l’Hospice du Saint-Bernard à l’Etat de Fribourg – Sâles, Sallaz, Salette… l’étymologie de ces lieux, parfois devenus des patronymes, semble commune. Elle proviendrait du latin cella ou cellula (l’habitation proche de l’endroit où on rangeait le matériel nécessaire à la culture). Cette racine a également donné le terme cellier, toujours employé en français. C’est à partir du XIIIe siècle que nous commençons à trouver des renseignements sur l’histoire de Sâles, propriété alors des seigneurs de Blonay, avant d’être cédée à la seigneurie de Vaulruz, puis à l’Etat de Fribourg en 1538. La paroisse, quant à elle, appartint un temps au Saint-Bernard. L’influence de la maison hospitalière s’éroda toutefois au fil des siècles. Le coup de grâce fut en l’occurrence la conquête du Pays-de-Vaud par les Bernois (1536). Les premiers renseignements fiables au sujet de l’église de Sâles remontent à 1453, date de la visite des délégués de Mgr Georges de Saluces, alors évêque de Lausanne. Il est question dans leur rapport d’un édifice de modestes dimensions et en piteux état : un sol nu et inégal, des fenêtres dépourvues de vitrage, un toit laissant entr’apercevoir la lumière du jour… Sâles construisit une nouvelle église qui servit au culte jusqu’en 1640, date à laquelle fut édifié un sanctuaire de style gothique tardif dont le chœur et le clocher nous sont parvenus. La nef – elle – fut entièrement reconstruite au XXe siècle et dotée d’un nouveau mobilier liturgique. Les vitraux de Raymond Meuwly (1962) sont particulièrement remarquables.

Des fondeurs renommés – La sonnerie de l’église Saint-Etienne de Sâles compte parmi les plus imposantes de la région. On y trouve en effet l’un des 21 bourdons (cloches en octave 2) recensés dans le canton de Fribourg. Les trois plus grandes cloches (1841) portent la signature d’un artisan vaudois souvent cité dans ces pages : le Vaudois Samuel Treboux (1814-1888) établi à Corsier-sur-Vevey. La plus petite cloche (1696) est l’œuvre de Hans Wilhelm Klely, le fondeur qui semble avoir été le plus actif parmi tous ses homologues fribourgeois au bénéfice du monopole accordé par les autorités.  Une bonne trentaine de ses cloches nous sont en tout cas parvenues dans le canton. Bien que de dimensions souvent modestes (les plus grandes sont le mi3 du Crêt et le fa3 de Semsales), les productions de HWK sont remarquables par leurs finitions soignées. Les quatre cloches sont accrochés à des jougs en acier et reposent sur un beffroi de chêne. Deux types de motorisation sont représentés ici : système Bochud (monobloc) pour les deux petites cloches, système Muff (inverseur séparé) pour les deux plus grandes. Les tintements sont donnés par électro-marteaux reliés à une horloge électronique BTE6 de Bodet. Une horloge mécanique estampillée Crot est encore présente dans le clocher mais partiellement démontée.

-Cloche 1, « Saint Etienne », note si bémol 2 + 23/100, poids environ  2’775 kg, coulée en 1841par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
-Cloche 2, « Sainte Magdelaine », note ré bémol 3 -48/100, poids environ 1’950 kg, coulée en 1841par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
-Cloche 3, « Sainte Marie mère chérie », note mi bémol 3 +8/100, poids environ 1’400 kg, coulée en 1841par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
-Cloche 4, note sol 3 -32/100, poids environ 450 kg, coulée en 1696 par Hans Wilhelm Klely à Fribourg
Diapason : la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

Quasimodo remercie :
-Mathieu Seydoux, sacristain, pour son chaleureux accueil et les contacts avec le conseil de paroisse, représenté par son président Marc Descloux et sa secrétaire Carole Goillard. Cette belle rencontre s’est poursuivie dans le clocher de Vaulruz (présentation à découvrir sous peu) puis autour d’une succulente fondue préparée et offerte par les familles Roch et Seydoux. Merci pour cet accueil royal ! Merci aussi à Didier et Anthony Cotting pour l’apéro improvisé.
-Mes excellents camarades campanaires Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et Taninges ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Guilhem Lavignotte, organiste titulaire d’Yverdon-les-Bains ; Philippe Simonnet, membre de la SFC ; John Brechbuhl, membre de la GCCS.

Sources :
-Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 11, abbé François Porchel, 1901.
-Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Meuwly
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_de_Saluces

A consulter :
http://www.upcompassion.ch/index.php/site-map-3/cpsorens
http://www.sales.ch/
http://www.cath-fr.ch/

Cloches – Cressier (CH-NE) église Saint-Martin

L’église néogothique a hérité des cloches de l’ancien édifice

L’église Saint-Martin de Cressier dispose d’une imposante sonnerie de six cloches. Les trois plus anciennes ont été récupérées dans la chapelle aujourd’hui démolie et dans l’ancienne église. Une pièce de la sonnerie pourrait bien avoir émigré dans un clocher voisin (enquête en cours)

Une église néogothique sur une ancienne chapelle – Entourée de maisons vigneronnes ancestrales en pierre jaune de Neuchâtel, l’église Saint-Martin de Cressier dresse sa fière silhouette blanche coiffée d’ardoise à l’emplacement d’une chapelle du début du XVIIe siècle. Ce bel édifice néogothique est devenu en 1875 le principal lieu de culte de la paroisse, en remplacement d’une église médiévale toujours existante mais désaffectée. Ce sanctuaire désacralisé, vidé de son mobilier, est situé sur une propriété privée en pleine forêt. Il fait l’objet régulier de fouilles archéologiques (voir le très bel article à ce sujet sur le site de l’université de Lausanne). Le mobilier de l’actuelle église Saint-Martin est relativement moderne. On pense notamment aux vitraux de Yoki (1969 et 1978) et au chemin de croix d’Emile Angéloz (1978). Ont toutefois été conservées : diverses pierres tombales et les stalles (1674) de la chapelle démolie. Le grand crucifix du XIIIe siècle semble avoir appartenu à l’église désaffectée.

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Une sonnerie aux origines multiples – Trois des cloches sont antérieures à la nouvelle église. La plus petite, de facture gothique, n’est pas signée. On doit les deux autres à de fondeurs réputés comme Nicolas Kottelat de Delémont (1552)  et Hans-Wilhelm Klely de Fribourg (1674). Des cloches Kottelat sonnent encore dans de nombreux clochers jurassiens (Delémont, Saint-Ursanne…) de même qu’à La Neuveville, non loin de là (une cloche à la Tour Carrée et l’autre – fêlée – déposée au cimetière). Si la dynastie Klely a bénéficié d’un monopole sur la fonte des cloches à Fribourg, elle a aussi pu, dans de rares occasions comme ici, s’illustrer hors du canton. Ces cloches ancestrales se trouvaient certainement réparties entre l’ancienne église et la chapelle. La configuration tout en hauteur du beffroi (sur quatre niveaux) rend le déchiffrage des inscriptions difficile, voire périlleux. On apprend toutefois – au travers d’une mention sur une des cloches neuves – que François Humbert de Morteau a coulé en 1846 une cloche refondue par Ruetschi en 1948. Plus intéressant encore : l’article de 1917 « Les fondeurs de nos cloches » d’Alfred Chapuis et Léon Montandon fait mention de trois cloches réalisées par Franz-Ludwig Kaiser de Soleure en 1831 : deux pour l’église Saint-Maurice du Landeron et une pour Cressier. Le Landeron disposant aujourd’hui de TROIS cloches Kaiser, on peut supposer que la cloche de Cressier est allée rejoindre ses sœurs après transformation de la sonnerie en 1948 (je compte investiguer à ce sujet ces prochaines semaines).

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-Cloche 1, note do#3, poids environ 2’100kg, coulée en 1947 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 2, note mi3, coulée en 1552 par Nicolas Kottelat de Delémont
-Cloche 3, note fa#3, coulée en 1674 par Hans-Wilhelm Klely de Fribourg
-Cloche 4, note sol#3, coulée en 1947 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 5, note si3, coulée en 1947 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 6, note ré4, vraisemblablement du XVe siècle, non signée

Mes plus vifs remerciements à M. Jean-Marie Egger, historien des paroisses de Cressier et du Landeron, pour son chaleureux accueil et les savoureux échanges. Merci aussi à M. André Dubail, sacristain, pour sa gentillesse et sa disponibilité. Merci enfin à mes excellents camarades campanaires pour leur indispensable collaboration : Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et Taninges ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Guilhem Lavignotte, organiste titulaire d’Yverdon-les-Bains

Sources (autres que déjà mentionnées)
http://www.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1197-11-6-1/
Inventaire des cloches fourni par Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, président de la GCCS.

A consulter aussi :
http://www.cressier-ne.ch/
http://www.cath-ne.ch/paroisses-de-cressier-et-du-landeron

Cloches – Cergnat (CH-VD) temple et ancienne église Saint-Maurice

Trois cloches gothiques à la saveur incomparable

Le temple de Cergnat – ancienne église Saint-Maurice – se dresse sur le territoire de la commune vaudoise d’Ormont-Dessous, non loin de Leysin. Cet édifice du XIIIe siècle renferme d’intéressants éléments architecturaux de différentes époques. Dans son antique clocher à la flèche de pierre sont accrochées trois belles cloches gothiques aux caractéristiques sonores typiques de leur époque.

De l’église Saint-Maurice au temple – La commune montagnarde d’Ormont-Dessous occupe la partie aval de la vallée des Ormonts. Ellle regroupe cinq villages et hameaux, à savoir : Le Sépey, La Forclaz, Cergnat, La Comballaz-Les Voëttes et le Col des Mosses. Sa superficie de 6’402 hectares en fait la quatrième sur le plan cantonal vaudois. L’église Saint-Maurice de Cergnat est attestée depuis 1279. Malgré son vocable, elle ne semble pas avoir été sous domination de la vénérable abbaye toute proche. L’église fut – en dépit sa situation excentrée – le premier lieu de la culte de la Vallée des Ormonts. De l’édifice original du XIIIe siècle, seul le chœur nous est parvenu. La nef prit l’aspect que nous lui connaissons durant la seconde moitié du XIXe siècle. De fort belle facture, la galerie, typique des temples réformés vaudois, date de 1660 environ. La chaire, également en bois sculpté, est l’œuvre de Jean Borloz, qui travailla également dans l’église voisine de Leysin. Plus récents, les vitraux du choeur portent la griffe du peintre Jean Prahin et la date de 1975.

Une sonnerie gothique – Le clocher-porche nous rappelle, avec sa flèche de pierre octogonale, que la Vallée du Rhône n’est pas loin. Il renferme trois intéressantes cloches gothiques antérieures à la Réforme. La plus petite, non signée, porte la date de 1516. Elle est ornée de quatre beaux médaillons représentant l’Annonciation, la Vierge à l’Enfant, la Crucifixion et le Christ de Pitié. Les deux plus grandes ont été coulées par Jean Follare de Fribourg en 1472. Fils de Pierre et frère de Hensli, fondeurs de cloches mais aussi horlogers et armuriers, Jean Follare semble avoir été avant tout potier d’étain. La dynastie Follare compte parmi les premiers fondeurs de cloches attestés en ville de Fribourg après Anton Grangier. La motorisation de la sonnerie dans les années 1960 a conduit au remplacement de deux jougs de chêne par des rails métalliques.

-Cloche 1, note ré#3 +19/100, coulée en 1472 par Jean Follare de Fribourg
-Cloche 2, note fa#3 +25/100, coulée en 1472 par Jean Follare de Fribourg
-Cloche 3, note si3 +69/100, coulée en 1516

Octave inf Prime Tierce min Quinte Octave sup
ré#3 ré#2 -213/100 ré#3 +263/100 fa#3 +351/100 la#3 +216/100 ré#4 +19/100
fa#3 fa#2 -264/100 fa#3 +235/100 la3 +361/100 do#4 +122/100 fa#4 +24/100
si3 si2 -196/100 si3 +89/100 ré4 +45/100 fa#4 +100/100 si4 +69/100

L’ancienne horloge mécanique est aujourd’hui déposée à la maison de commune. Datée de 1763, elle porte – gravée sur son châssis – la signature de son artisan, un certain Abraham Dupertuis.  L’homme réalisa également une horloge pour Aigle. Revendue en 1893 à l’église anglaise de Vers-L’Eglise – devenue depuis église réformée – cette mécanique a malheureusement disparu en 1964. Tragique destinée que celle de cet horloger et armurier qui périt en 1798, en pleine révolution vaudoise, non pas sous les tirs ennemis, mais suite à l’explosion du canon de son propre fusil.

Sources :
« Ormont-Dessus, Ormont-Dessous », ouvrage de divers auteurs publié en 1994.
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.ormont-dessus.ch/Editeur/stw~19/php/19.php

Mes plus vifs remerciements à M. Jean-Paul Schorderet, campaniste, directeur de la maison Mecatal, qui m’a très aimablement convié à l’accompagner dans le clocher à l’occasion de travaux de maintenance. Merci également au Greffe municipal pour le sympathique accueil et la mise à disposition d’une intéressante documentation.

A consulter :
http://www.ormont-dessus.ch/
http://ormontsleysin.eerv.ch/

Journées des clochers les 16 et 17 septembre

Journée des Clochers, un riche enseignement

Les 16 et 17 septembre derniers m’était donné le plaisir d’organiser les Journées des Clochers dans la belle région sud-fribourgeoise de la Veveyse. S’il fallait dégager des mots-clés de cette belle opération, je commencerais par « enthousiasme ». Enthousiasme de la part des paroisses de Châtel-St-Denis, Attalens et Remaufens dont les responsables se sont mis en quatre pour que tout fonctionne au mieux. J’ajouterais également « curiosité » en repensant à ces familles avec leurs enfants en bas âge, mais aussi à ces vaillants aînés qui non pas hésité à se hisser sur les hauteurs pour découvrir, le souffle coupé, ces nobles dames de bronze dont la voix berce leur quotidien. J’oserais enfin le mot « amitié » en repensant aux savoureux instants de partage autour d’une succulente assiette du terroir arrosée d’un bon vin du pays. Conseillers paroissiaux, curés, organistes, sacristains, camarades campanaires ou simples visiteurs, merci du fond du cœur pour votre confiance, votre générosité et votre intérêt si joliment marqué pour mes laïus. Je dédie ces Journées des Clochers et leur succès à un ami carillonneur (il se reconnaîtra) qui a si bien su me donner la force d’y croire

Cloches – Riom (F-63) basilique Saint-Amable

La plus grosse sonnerie du diocèse de Clermont n’est pas à la cathédrale !

Ancienne église abbatiale, aujourd’hui basilique, l’église Saint-Amable de Riom possède une imposante sonnerie de quatre cloches. Le bourdon, dédié au saint patron de la paroisse, a nécessité un attelage de 36 chevaux pour rejoindre le fier clocher octogonal. Ce serait l’argenterie jetée au creuset par les Riomois qui serait à l’origine de la belle voix de cette magnifique cloche, la plus lourde du diocèse.

Du XIIe au XIXe siècle – La Basilique Saint-Amable de Riom est le plus vaste édifice clérical d’Auvergne après la Cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Clermont-Ferrand. D’abord église abbatiale puis paroissiale dès le XVe siècle, Saint-Amable est devenue basilique mineure en 1912. De style roman tardif, la nef fut élevée durant le troisième quart du XIIe siècle. Sa hauteur dépasse les 16 mètres. Le chœur, gothique, date de 1230. Le déambulatoire et les trois chapelles rayonnantes le complètent. Le tremblement de terre de 1490 cause d’importants dommages aux parties les plus anciennes de l’église. La façade occidentale date de 1750, ses décorations sont de style Louis XV. Le transept et le clocher sont rebâtis au XIXe siècle dans un souci d’historicisme avec des décorations et des mosaïques polychromes qui sans doute n’existaient pas. Les nombreuses chapelles latérales nous ramènent à différentes époques. Edifiée en 1860, l’actuelle sacristie abrite de magnifiques boiseries réalisées du XVIIe siècle.

Le plus gros bourdon du diocèse – Les archives rapportent que la volée des lourdes cloches de Saint-Amable ébranlaient à tel point l’ancien clocher que le charpentier et le serrurier avaient l’ordre de se tenir prêts à intervenir ! La flèche est abattue par les révolutionnaires, un clocher de fortune accueille deux petites cloches en 1813. Le clocher octogonal actuel ne date que de 1859. Œuvre de l’architecte départemental Emile Mallay, il combine habilement les styles roman (baies du premier niveau) et gothique (fenêtres du second étage). On y accède par un petit escalier métallique entièrement extérieur à la rampe branlante, mais aux marches néanmoins solides (la preuve, votre serviteur à panse rebondie a pu y accéder). Le bourdon – Amable de son petit nom – fut coulé une première fois en 1684, puis refondu à plusieurs reprises. La version actuelle de la cloche est l’œuvre du fondeur local Pierre Baudoin, basé rue de la Petite Provence. On raconte que ce sont les pièces d’argenterie jetées par de nombreux Riomois dans le métal en fusion qui donnent à ce beau bourdon sa sonorité si particulière. Hissée par l’oculus au dessus du chœur, la plus grosse cloche du diocèse nécessita 36 chevaux pour rejoindre ses sœurs. Outre les noms de ses parrains et marraines, outre les effigies et blasons de plusieurs personnalités religieuses et politiques de l’époque (le pape Pie IX, l’empereur Napoléon III), Amable arbore fièrement une devise en latin qu’on peut traduire ainsi : Amable c’est moi-même et je sonne mes vœux à mon Riom que j’aime en rendant grâce à Dieu. Bénigne, la troisième cloche fut sauvée des Révolutionnaires en prenant le chemin de l’église Notre-Dame du Marthuret. Ses inscriptions sont limées, seul subsiste le nom de son fondeur. La version précédente de  la cloche no2 fut enterrée pour ne pas être saisie à la Révolution. Jacques, la deuxième clocher actuelle, porte la griffe de Jean-Baptiste Decharme. Riom doit à ce fondeur du Bassigny cinq autres cloches, toutes coulées en 1818 : la cloche de la tour de l’horloge (diamètre 132cm) trois cloches à Notre-Dame du Marthuret et une cloche à la chapelle de Sœurs Rédemptoristes.

-Cloche 1, « Amable », note la2 -4/100, diamètre 184cm, poids 4’080kg, coulée en 1865 par Pierre Baudoin.
-Cloche 2, « Jacques », note si2 -44/100, diamètre 163cm, poids 2’737kg, coulée en 1816 par Jean-Baptiste Decharme de Breuvannes-en-Bassigny.
-Cloche 3, « Bénigne », note do3 -31/100, diamètre 151cm, poids 2’056kg, coulée en 1783 par Jean-Baptiste Barrard, saintier lorrain.
-Cloche 4, « Marie », note sol3 -7/100, diamètre 100cm, poids environ 500kg, coulée en 1882 par Emile Vauthier à Saint-Émilion.
(la3 = 435Hz)

Quasimodo remercie chaleureusement :
Le père Jacques Vignancour et la mairie de Riom pour leur aimable autorisation.
M. Nicolas Laurans, responsable du patrimoine à la ville de Riom et M. Aimé Nivet, tapissier, pour leur chaleureux accueil et leur disponibilité.
M. Daniel Fonlupt, conservateur de la Maison des Horloges à Charroux pour la documentation
Dominique « Valdom68 » Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers, pour son aide précieuse pour le tournage vidéo

Sources :
Les nombreux panneaux d’informations installés dans la basilique. Ils sont tirés de divers ouvrages.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Saint-Amable_de_Riom
http://www.culture.gouv.fr/
http://gw.geneanet.org/
Les cloches du Puy-de-Dôme, de Bernard Craplet et Pierre-François Aleil
Riom, de François Werner
Les thermes romantiques: bains et villégiatures en France de 1800 à 1850 de Dominique Jarrassé
Les cloches du canton de Fère-en-Tardenois, de L-B. Riomet
Enquêtes Campanaires, de Joseph Berthelé
Auvergne et Bourbonnais gothiques: Tome 1, Les débuts, de Anne Courtillé

A consulter :
https://notredamedessources.com/
https://www.ville-riom.fr/
http://www.tourisme-riomlimagne.fr/
http://clermont.catholique.fr/
http://www.archipicture.free.fr/france/auvergne/puy_dome/riom19.html

Cloches – Bulle (CH-FR) église Saint-Pierre-aux-Liens

Imposant ensemble de onze cloches en si bémol 2 disponibles à la volée et au carillon

Bulle a récemment fêté les 200 ans de la consécration de son église paroissiale. Le clocher à bulbe renferme onze cloches (neuf à la volée, deux fixes) coulées en plusieurs étapes après le terrible incendie qui ravagea le chef-lieu gruérien en 1805.

Une église qui renaît de ses cendres – Les plus anciennes références connues à l’église de Bulle remontent aux années 850, mais sa fondation est probablement antérieure (VIe siècle). Jusqu’au XIIIe siècle, le patron était Saint Eusèbe. L’édifice est reconstruit ou transformé à plusieurs reprises, notamment en 1750-1751. Il n’est pas épargné par l’incendie de 1805 : seuls quelques murs restent debout. Les travaux vont durer de nombreuses années. Les pierres de taille utilisées pour la reconstruction du clocher sont préparées pendant l’hiver 1806 dans la région, à la carrière de Grandvillard. Quinze loteries sont organisées pour compléter le financement des travaux. Des sommes considérables sont investies dans la reconstruction de l’église qui, en plus de sa vocation religieuse, devient le symbole de la résurrection et du dynamisme de la ville. Le nouvel édifice est consacré le 22 septembre 1816. L’église Saint-Pierre-aux-Liens connaît d’importantes transformations au XXe siècle. A l’occasion de travaux en 1932, le chœur est élargi, le décor néoclassique d’origine est supprimé. De nouveaux aménagements en 1973 et 2007 donnent à l’édifice son apparence actuelle. A l’intérieur du bâtiment se trouve l’orgue remarquable construit entre 1814 et 1816 par le Fribourgeois Aloys Mooser. C’est un monument historique d’intérêt national depuis 1973. On peut en outre admirer de nombreuses œuvres d’art : dans le bas-côté, une Vierge à l’Enfant du sculpteur Claude Glasson (1679). Dans la nef, une Adoration des bergers et une Vierge du Rosaire peints par Joseph Reichlen en 1879 et 1890. Dans le chœur, le mobilier liturgique moderne en bronze du sculpteur Antoine Claraz. N’oublions pas les vitraux d’Alexandre Cingria, Emilio Beretta et Bernard Schorderet, ou encore le chemin de croix en mosaïque et décor peint de la voûte d’Emilio Beretta (1931-1932).

Une sonnerie à la volée et au carillon – Commencée en septembre 1808, la construction du clocher dure deux ans. Son bulbe est recouvert de 8’850 feuilles de fer blanc. Deux canons achetés à l’État de Fribourg sont fondus pour réaliser un premier ensemble de sept cloches. La coulée, réalisée en deux étapes, est confiée à Pierre Dreffet et son neveu Marc Treboux de Vevey, qui avaient livré quelques années plus tôt deux petites cloches (toujours existantes) pour la chapelle Notre-Dame de Compassion toute proche. De cette sonnerie ne subsistent aujourd’hui que quatre pièces : les cloches nos 2 et 3, la cloche de l’Agonie dans le lanternon, et une cloche fêlée (ancienne cloche no7, aujourd’hui exposée sur le parvis, remplacée par Ruetschi en 1964). En 1905, Georges et Francisque Paccard coulent cinq nouvelles cloches, dont le somptueux bourdon en si bémol 2. Les héritiers de la fonderie d’Annecy, déplacée depuis à Sévrier, complètent le carillon en 2005 avec deux cloches fixes. C’est aujourd’hui un des derniers instruments de type « manche de brouette » en Suisse. Les cloches de volée, initialement équipées en rétro-lancé, sonnent en lancé franc depuis leur motorisation. Les heures et les quarts d’heure sont tintés par un mouvement mécanique réalisé – probablement vers 1905 – par Louis-Delphin Odobey de Morez et installé par Léon Crot de Granges-Marnand. Le mouvement précédent, fabriqué entre 1813 et 1815, était l’oeuvre plusieurs artisans de la région dont le nom figure encore sur le cabanon abritant la mécanique : Henri Ansermoud, Michel Savary et Joseph Ardieu. Quelques informations enfin au sujet des cloches présentes avant l’incendie de 1804 : huit cloches sont bénies à Bulle le 4 juin 1766 par Mgr l’Evêque. Alors que quatre d’entre elles restent à Bulle, les autres prennent le chemin de paroisses voisines. Deux partent pour Albeuve, une troisième prend la direction de Vuadens, et la quatrième (la seule qui nous soit parvenue) sonne aujourd’hui encore dans le clocher de Riaz. Cette cloche baroque portant la signature d’Antoine Livremont de Pontarlier, on peut raisonnablement penser que les huit cloches bénies ce jour-là furent confectionnées par le même artisan franc-comtois, très prisé par chez nous.

-Cloche 1, note si bémol 2, diamètre 169cm, poids 3’130kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 2, note do3, diamètre 151cm, poids 2’050kg, coulée en 1813 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 3, note ré3, diamètre 134 cm, poids 1’500kg, coulée en 1809 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 4, note mi bémol 3, diamètre 126cm, poids 1’267kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 5, note fa3, diamètre 112cm, poids 912kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 6, note sol3, diamètre 105cm, poids 650kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 7, note la3, diamètre 92cm, poids environ 400kg, coulée en 1964 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 8, note si bémol 3, diamètre 85cm, poids 393kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy.
[Dans le lanternon : cloche 9 , cloche de l’Agonie, note si3, coulée par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey. A entendre dans le générique de début de la vidéo]
Au carillon seulement : deux cloches fixes (la bémol 3, do4) coulées par Paccard en 2005.

Je remercie
-La paroisse de Bulle : M. Jean-Bernard Repond, président ; Mme Monique Ruffieux, secrétaire : M. Jean-Luc Uldry, sacristain.
-Mes amis campanaires qui m’ont accompagné ce samedi 8 avril 2017 : Matthias Walter, expert-campanologue à Berne ; Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et à Taninges ; Guilhem Lavignotte, organiste-titulaire d’Yverdon-les-Bains et carillonneur à Saint-Maurice ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de la commune de Val-de-Travers ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Philippe Simonnet, membre de la SFC et président de chorale ; John Brechbühl, membre de la GCCS ; Anthony, jeune passionné de cloches de la région et son papa Didier.
-Daniel Fonlupt, fondateur et conservateur de la Maison des Horloges à Charroux.

Sources :
« Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg » de Apollinaire Deillon, imprimerie du chroniqueur suisse, 1884.
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
https://www.la-gruyere.ch/fr/P8245/4-eglise-saint-pierre-aux-liens-1816