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Cloches – Zurich-Albisrieden (CH-ZH) nouvelle église réformée

Cinq cloches en si bémol 2, motif pentatonique mineur ; savourez l’une des plus belles sonneries monumentales de la fonderie Ruetschi pour la ville aux quarante bourdons

Troisième et dernier volet de la découverte des sonneries du quartier zurichois (et ancienne commune indépendante) d’Albisrieden, après l’ensemble monumental de l’église catholique Saint-Konrad et les cloches historiques de l’ancienne église réformée, les dernières du genre de la cité de Zwingli.

Un projet fonctionnel – La démographie galopante de l’agglomération zurichoise aidant, nombre de nouveaux lieux de culte voient le jour dans les quartiers périphériques jusque dans les années 1970. Parmi eux, l’église réformée d’Albisrieden. Le projet se présente comme un ensemble fonctionnel comprenant – outre la salle de cultes – deux foyers et des appartements de fonction pour le pasteur et le sacristain. Entre le moment où il fut décidé de bâtir la nouvelle église et l’inauguration de cette dernière, pas moins de 7 années s’écoulent. Le projet retenu, celui de l’architecte Hans Martin von Meyenburg, est soumis à d’âpres discussions. Oui à un centre paroissial, mais est-il nécessaire de construire une nouvelle église, alors que l’ancien édifice offre déjà 300 places ? A-t-on besoin d’un clocher ? La tour proposée n’est-elle pas ridiculement petite ? C’est finalement au mois de mai 1951 que sera inaugurée la nouvelle église réformée d’Albisrieden sur une parcelle arborisée de 4’000 m2.

Une sonnerie monumentale qui résonne au loin, telle est l’une des ambitions clairement affichées par la paroisse réformée d’Albisrieden. On reconnaît bien là le gigantisme campanaire zurichois pleinement assumé qui conduisit au fil des XIXe et XXe siècles à la coulée de pas moins de 40 bourdons pour cette seule ville de 370’000 âmes. A titre comparatif, l’agglomération genevoise tout entière avec ses 900’000 habitants ne compte qu’une seule cloche en octave 2. Le clocher de notre église ne mesure peut-être que vingt mètres, ses cinq cloches en si bémol 2 au motif pentatonique mineur sont perceptibles dans tout le quartier, et même au delà. Outre la taille et le volume sonore de l’ensemble, on peut signaler son excellente facture sonore. Il s’agit sans nul doute d’une des plus belles sonneries réalisées par la fonderie Ruetschi pour la ville de Zurich. Les cloches furent coulées en 1950 et hissées dans le clocher en septembre de la même année.

Sib2 réb3 mib3 fa3 lab3

Mes plus vifs remerciements à la paroisse réformée de Zurich-Albisrieden : M. Walter Lang, président, et M. Rolf Iten, sacristain. Un tout grand merci à Stefan Mittl, expert campanologue à Zurich, pour l’organisation de cette belle étape campanaire. Amitiés enfin John Brechbühl, membre de la GCCS, et à Dominique « Valdom 68 », responsable technique des clochers de Val-de-Travers.

Sources
http://www.kirchgemeinde-albisrieden.ch/geschichte/
https://de.wikipedia.org/wiki/Neue_Kirche_Albisrieden

Cloches – Mézières (CH-FR) église Saint-Pierre-aux-Liens

Nouvel équipement pour la sonnerie de Mézières (6 cloches en ré#3 par Paccard, Treboux et fondeur gothique)

-Cloche 1, note ré#3, poids 1’287 kg, coulée en 1937 par les fils de G. Paccard à Annecy-le-Vieux
-Cloche 2, note fa#3, coulée en 1853 par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
-Cloche 3, note sol#3, coulée en 1937 par les fils de G. Paccard à Annecy-le-Vieux
-Cloche 4, note la#3, poids 520kg, coulée en 1939 par les fils de G. Paccard à Annecy-le-Vieux
-Cloche 5, note do#4, coulée en 1853 par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
[Cloche 6, cloche de l’Agonie, note fa#4, coulée en 1517 (?) gothique]

Sur la vidéo de présentation, le plénum des cinq plus grandes cloches, suivi du tintement (40 coups) et de la volée de la cloche de l’Agonie

Une église construite en des temps difficiles – Consacrée le 1er août 1939, l’église Saint-Pierre-aux-Liens de Mézières est l’une des réalisations les plus emblématique de Fernand Dumas. Quatre ans plus tôt, l’architecte romontois avait été approché pour de simples travaux d’agrandissement, du type de ceux menés à Sâles et à Léchelles. En pleine période de crise économique, on envisageait en effet mal de se lancer dans le chantier pharaonique inhérent à toute nouvelle église. Mais suite à l’octroi de généreux subsides de l’Etat, il fut décidé de remplacer l’ancienne église, pourtant reconstruite presque entièrement en 1817 (seul le choeur de style gothique tardif avait été conservé). Fernand Dumas fit une nouvelle fois appel pour la décoration au collectif Saint-Luc, ce groupe d’artistes fondé en 1919 par Alexandre Cingria, François Beaud, Marcel Feuillat et Marcel Poncet.

De la récup’ et de nouvelles cloches – L’ancienne église ayant été dotée d’une nouvelle sonnerie par Samuel Treboux en 1853, il fut décidé de récupérer ces trois cloches et de créer un motif pentatonique mineur, très en vogue à l’époque, avec l’ajout de deux nouvelles cloches Paccard façonnées en 1937. Vraisemblablement endommagée lors de son déménagement, une des cloches du XIXe siècle dut être remplacée en 1939. Elle conserve toutefois le joug en bois de son aînée. Egalement accrochée dans le massif clocher habillé de pierres de taille, une petite cloche gothique, coulée en 1517, utilisée aujourd’hui comme cloche de l’Agonie (annonce des défunts de la paroisse), et ne donnant de la voix qu’en solo au tintement et à la volée. La sonnerie, déjà présentée sur ces pages en 2010, est dotée depuis peu d’un nouvel équipement. La maison Mécatal proposa dans un premier temps de remplacer le beffroi en acier, rouillé, par une structure en bois protégée des intempéries par des abat-son. Cette suggestion fut toutefois rejetée, car portant atteinte au style ajouré du clocher voulu par l’architecte de ce monument historique

 

Mes plus vifs remerciements à la maison Mécatal, Jean-Paul Schorderet et son équipe.

Sources
Publication du Service des Biens Culturels du canton de Fribourg, placardé dans l’église.

A consulter
http://upglane.ch/?paroisse=Berlens-Mezieres&page=eglise
http://www.mezieres-fr.ch/

Cloches – Douai (F-59) le beffroi

Patrimoine mondial de l’UNESCO, le beffroi de Douai dévoile son bourdon et son carillon

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Un beffroi cher à Victor Hugo – De passage à Douai en 1837, Hugo écrivait : Il y a là le plus joli beffroi que j’aie encore vu. Figure-toi une tour gothique coiffée d’un toit d’ardoise, qui se compose d’une multitude de petites fenêtres coniques superposées ; sur chaque fenêtre une girouette, aux quatre coins, une tourelle ; sur la pointe du beffroi, un lion qui tourne avec un drapeau entre les pattes ; et de tout cet ensemble si amusant, si fou, si vivant, il sort un carillon. Dans chaque petite lucarne, on voit se démener une petite cloche qui fait rage comme une langue dans une gueule. J’ai dessiné cette tour, et quand je regarde mon dessin, il me semble encore entendre ce joyeux carillon qui s’en échappait comme la vapeur naturelle de cet amas de clochetons.

La construction de l’hôtel de ville de Douai a commencé en 1380. Interrompue plusieurs fois par des incendies, elle ne s’est achevée réellement qu’au XIXe siècle. L’édifice comprend deux salles magnifiques : l’une gothique, la salle des Gardes, sert aux réunions du Conseil municipal ; l’autre en style XVIIIe, le Salon blanc, sert de salle de mariages. Le beffroi attenant a été achevé en 1410. Il culmine à 64m de hauteur. Son couronnement, flanqué de tourelles, de pinacles et de girouettes, est l’un des plus originaux de la région. L’ensemble des beffrois du nord de la France, mais aussi de Belgique et des Pays-Bas, est classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO

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Un premier carillon fut réalisé en 1390 déjà. Le bourdon « Joyeuse » fut coulé en 1471 par un fondeur allemand établi aux Pays-Bas, Gobelinus Moer. Cette grosse cloche, d’un poids de 5’500kg, fut refaite en 1924 par Charles Wauthy. L’artisan de Douai réalisa la même année un carillon en remplacement de l’ancien instrument fondu par l’occupant allemand durant la Première Guerre. Ce carillon fut toutefois remplacé en 1953 par Paccard d’Annecy, à l’exception des deux plus grosses cloches, « Joyeuse » (la2)  et « Disnée » (do3). L’ensemble fut  complété en 1974, à l’occasion du congrès mondial des carillonneurs. Il comporte aujourd’hui 62 cloches s’étendant sur 5 octaves. En plus des concerts régulièrement donnés par le titulaire Stefano Colletti, l’instrument égrène chaque heure – de manière automatique – l’air des « Puritains d’Ecosse » de Bellini. A l’occasion des Fêtes du Gayant 2016, « Joyeuse » s’est mise en branle lors d’une visite guidée ouverte à tous. J’en ai profité pour l’immortaliser sur le vif. La vidéo permet également d’entendre la ritournelle horaire sur fond d’explications du guide.

Un tout grand merci à l’équipe de guides et de gardiens du beffroi de Douai pour leur aimable accueil et leur précieuse collaboration. Il s’agissait en effet ce fameux jour de coordonner notre passage dans la chambre des cloches avec la volée de « Joyeuse » prévue pour 11h05.

Sources :
http://www.ville-douai.fr/index.php/Carillon?idpage=14007&idmetacontenu=3805&iddossiercontenu=236
https://fr.wikipedia.org/wiki/Beffroi_de_Douai
http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Douai/Douai-Hotel-de-Ville-Beffroi.htm
http://www.clocherobecourt.com/Robecourt/Images/Marques/WAUTHY.pdf
http://tchorski.morkitu.org/13/dfc.pdf
http://asso.nordnet.fr/arpac/douai/ecouter.htm

Cloches – Bienne (CH-BE) église St Benoît

L’église réformée alémanique de Bienne dispose d’une sonnerie de cinq cloches en si2, réalisée en trois étapes par la même fonderie

-Cloche 1, “Ehre sei Gott in der Höhe”, note si2, poids 2’850kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau
-Cloche 2, “Dein Reich komme. Dein Wille geschehe auf Erden wie
im Himmel“, note do#3, poids 2’050kg, coulée en 1955 par Ruetschi SA à Aarau

-Cloche 3, “O Land, Land, Land, höre des Herrn Wort”, note ré#3, poids 1’450kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau
-Cloche 4, “Darum ist noch eine Ruhe vorhanden dem Volke
Gottes”, note fa#3, poids 860kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau

-Cloche 5, “Wo der Herr nicht die Stadt behütet, so wachet der
Wächter umsonst”, note sol#3, poids 540kg, coulée en 1947 par Ruetschi SA à Aarau

St Benoît n’est peut-être pas l’église la plus ancienne de Bienne (St Etienne est en effet mentionnée en l’an 600 déjà), il n’empêche nous sommes tout de même en présence d’un vénérable édifice consacré en 1228 et rebâti dans le style gothique tardif de 1451 à 1470. La base du clocher est encore celle de la première tour romane, quoique percée aujourd’hui de baies ogivales. On entreprit de surélever le clocher après édification de la nouvelle nef, afin de porter plus loin le son des cloches. Manque de chance, alors que les travaux étaient sur le point de s’achever, le couronnement du clocher s’écroula, entraînant dans sa chute un ouvrier, de même que les cloches. Si mes sources ne me renseignent pas sur l’état de santé du pauvre homme, elles nous apprennent en revanche que les cloches ne subirent miraculeusement aucun dommage ! Le clocher prit la forme que nous lui connaissons aujourd’hui en 1551.

De très belles fresques antérieures à la Réforme (proclamée en 1527) ornent l’intérieur de l’église St Benoît. Les rénovations successives menées au XXe siècle ont en effet permis de mettre au jour une représentation de St Benoît, le voile de Ste Véronique, le Jugement Dernier et le martyr de St Sébastien. On note aussi la présence de vitraux du XVe siècle dans le chœur, d’une très belle chaire néogothique et de deux orgues remarquables : un grand orgue en tribune, et un petit orgue en nid d’hirondelle. Ces instruments ont été réalisés respectivement en 2011 et en 1994 par la manufacture Metzler de Dietikon (CH-ZH).

Pour une église à l’histoire aussi riche, on peut évidemment regretter que la sonnerie se compose uniquement de cloches des XIXe et XXe siècle, toutes issues de la même fonderie. D’intéressantes anecdotes sont toutefois à relater. A commencer par le fait que le bourdon arbore des inscriptions selon lesquelles il serait la refonte d’une cloche de 1423. Il faut également savoir que Ruetschi d’Aarau coula en 1882 cinq cloches, ornées de motifs néogothiques soignés, et égrenant les notes si2 ré#3 fa#3 sol#3 si3. Après la Seconde Guerre Mondiale, les deux petites cloches furent envoyées en cadeau à des paroisses alsaciennes sinistrées. On refit alors un nouveau sol#3 en 1947, et on passa commande en 1955 – non pas d’un si3 – mais d’un do#3. Cette nouvelle disposition de la sonnerie entraîna l’agrandissement du beffroi en hauteur pour y loger la nouvelle cloche 2. Le beffroi – parlons-en – est nettement antérieur à la sonnerie. Sa construction massive donne à penser que la plus grande partie de sa structure date de la surélévation du clocher au XVIe siècle. A l’étage inférieur se trouve un magnifique mouvement horloger Prêtre et fils de la fin du XIXe siècle, modifié pour le remontage électrique des poids et le réglage horaire par électro-aimant sur le balancier. Dans l’église, enfin, se trouve exposée une petite cloche gothique avec son joug et ses ferrures d’origine. Elle arbore entre autres motifs le Christ en Croix

Mes plus vifs remerciements à Luc Ramoni, pasteur à la paroisse réformée évangélique générale de Bienne, pour l’accès au clocher de cette belle église St Benoît, aujourd’hui église réformée alémanique. Remerciements également à Pierre « Pierrot708 » pour son indispensable collaboration.

Sources :
http://altstadt-biel.ch/sehenswuerdigkeiten-und-geschichte/reformierte-stadtkirche-biel-ring-2/reformierte-stadtkirche-biel-ring/
http://www.ref-bienne.ch/accueil/portrait/
https://de.wikipedia.org/wiki/Stadtkirche_Biel
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1936-11-6-1/
http://www.srf.ch/radio-srf-musikwelle/glocken-der-heimat/biel-stadtkirche

Cloches – Bex (CH-VD) temple réformé

Ce clocher typique de la vallée du Rhône héberge 4 cloches, toutes historiques, dont un ré# 3 de près de 3 tonnes

Bex clocher vignes

Une petite église catholique dédiée à Saint Clément, telles sont les premières mentions d’une église à Bex en 1193. Un temple protestant est bâti au même emplacement en 1528, suite à l’invasion bernoise et à l’instauration de la Réforme. Après l’incendie de 1813, ce temple est reconstruit sur des plans d’Henri Perregaux, architecte lausannois à qui on doit la touche néoclassique de l’édifice. Le chœur semi-circulaire, une rareté pour la région et pour l’époque, était le souhait des autorités municipales depuis la fin du XVIIIe siècle. Ne subsiste donc du premier temple que le clocher. Inscrite comme bien culturel suisse d’importance nationale, cette robuste tour à la flèche octogonale en pierre semble avoir été dessinée par Jean Vaulet-Dunoyer, auteur de tout une série d’ouvrages semblables dans la région du Vieux-Chablais et du Bas-Valais. Le clocher a connu plusieurs restaurations, dont l’une en 1947 à la suite d’un tremblement de terre qui a nécessité le remplacement du porche et de la porte, de même que la mise à jour des enduits de la voûte. Depuis la fin du XVIIe siècle, la tour abrite les archives communales, comme c’est le cas dans plusieurs communes de la région.

La sonnerie du temple de Bex est intéressante à plus d’un titre. D’abord, nous avons affaire à 4 cloches, toutes historiques et toutes représentatives de l’art campanaire de leur époque. Deux d’entre elles sont même antérieures à la Réforme. La plus grande de ces demoiselles de bronze est en profil inhabituellement lourd. Pensez donc : un ré# 3 de près de 3 tonnes ! Des inscriptions latines nous apprennent que son nom est Claire et qu’elle est dédiée à La Vierge Marie et à St Clément, autrefois patron de l’église. Comme beaucoup de cloches de l’époque gothique et même gothique tardive, les cloches no 1 (1513) et 3 (XVe siècle) ne sont pas signées. Leurs sœurs baroques sont plus bavardes sur leurs origines : la cloche no 2 porte un tampon avec les initiales ME pour Martin Emery (plus d’infos au sujet de cette famille de fondeurs dans cet article au sujet de la sonnerie de Ballens). Quant à la cloche no4, elle est l’œuvre de Louis Léonard. Ce saintier mortuacien de la seconde moitié du XVIIIe qui ne s’est pas contenté de travailler dans sa seule région comtoise. Outre les cloches toujours existantes à Valoreille, Vauclusotte et Vuillecin, des cloches de Léonard se trouvent actuellement à Manigod et à Taninges en Haute-Savoie. L’ancien bourdon « Salésienne » de l’église Notre-Dame de Liesse à Annecy aurait également été coulé par notre saintier en 1768. D’un poids de 11’380 livres, cette cloche a été refondue en 1878 par Georges et Francisque Paccard. Louis Léonard est également mentionné en Valais avec 2 cloches à Nax. La légende raconte qu’une des cloches de Bex serait partie pour Gryon après la séparation des deux paroisses vers 1540.

– Cloche 1, « Claire », note ré#3, coulée en 1513
– Cloche 2, note fa# 3, coulée en 1641 par Martin Emery aîné de Genève
– Cloche 3, note la#3, coulée au XVe siècle
– Cloche 4, note do#4, coulée en 1775 par Léonard Louis de Morteau

(la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)

Octave inf Prime Tierce min Quinte Octave sup
Cl1 ré#3 13.50 -107.94 24.48 99.04 52.16
Cl2 fa#3 -27.62 -27.62 3.98 -3.37 10.43
Cl3 la#3 -72.36 -52.89 9.24 -3.81 30.29
Cl4 do#4 6.10 213.50 32.20 98.01 -27.27

Mes plus vifs remerciements à la commune de Bex pour son aimable autorisation. Merci également aux sympathiques agents de police qui nous ont accueillis et remis les clés à l’occasion de notre visite. Etaient présents lors de cette intéressante étape campanaire : Antoine « Les Cloches Savoyardes », carillonneur à Taninges et à Saint-Maurice ; Dominique « Valdom 68 », responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Guilhem Lavignotte, organiste titulaire d’Yverdon-les-Bains ; Pascal Krafft, expert-campanologue à Saint-Louis. Merci à tous pour leur précieuse collaboration et les sympathiques échanges.

Sources :
Inventaire réalisé par Matthias Walter, président de la GCCS et expert-campanologue à Berne
Relevé des inscriptions de la grande cloche placardé dans le temple
https://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_de_Bex
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame-de-Liesse_d’Annecy
https://cloches74.com/
http://www.gryon.ch/xml_1/internet/fr/application/d401/d404/f476.cfm

Crédit photos (autres que les sources mentionnées plus haut)
www.rapazfreres.ch
www.mandementdebex.ch

A consulter
http://www.bex.ch/
http://lesavancons.eerv.ch/
https://www.youtube.com/user/valdom68

Cloches – Zurich-Albisrieden (CH-ZH) ancienne église réformée

Ce clocher contient la dernière sonnerie 100% historique de la ville de Zurich !

ZH Albisrieden alte Kirche

Zurich, la ville aux 40 bourdons… mais qu’en est-il du patrimoine historique ?

Plus c’est gros, plus c’est beau, pense-t-on souvent chez les amis des cloches, spécialement les plus jeunes. J’ai un temps été de ceux qui se rendaient chaque fin de semaine dans l’est de la Suisse dans le seul but d’immortaliser moult bourdasses dans leurs clochers rassasiés de bronze. Il aura fallu toute la pédagogie de campanologues avertis (merci Matthias, merci Pascal, merci Stefan) pour me faire comprendre que quand c’est petit, ça peut être aussi très joli, surtout quand ça ne date pas d’aujourd’hui.

Le patrimoine campanaire de la ville de Zurich a cela d’enivrant qu’il compte 40 bourdons (cloches en octave 2) pour environ 400’000 habitants. Ce chiffre vertigineux s’explique d’abord par le fait que les communautés réformées et catholiques, au coude à coude sur le plan statistique, ont longtemps voulu que leur clocher chante plus fort que celui du « concurrent ». A cela s’ajoute la rivalité entre quartiers – anciennement communes indépendantes pour la plupart – désireux d’en mettre plein la vue avec l’église la plus somptueuse qui soit. Cette course effrénée a certes rendu le paysage campanaire zurichois imposant comme nul autre. Mais – effet pervers – elle a aussi contribué à sacrifier d’intéressantes petites sonneries historiques sur l’autel du gigantisme. Les églises historiques du centre ville (Grossmünster, Fraumünster, St Peter) ont vu leurs cloches refondues à la Belle-Epoque, essentiellement par le dernier fondeur local Keller. Les quartiers périphériques, quant à eux, se sont essentiellement développés dès la fin du XIXe siècle. Devenues trop petites, leurs anciennes églises ont été – dans le meilleur des cas – désaffectées, mais hélas trop souvent rasées. Les antiques clochers qui ont réussi à subsister ont reçu de nouvelles cloches. Je m’étais penché il y a quelques années sur le cas d’Altstetten, ce quartier tout à l’ouest de Zurich, qui avait eu la bonne idée de conserver son ancienne église réformée à deux pas du nouvel édifice. Partiellement historique, la sonnerie du vénérable clocher fut malheureusement amputé d’une de ses voix. On a effectivement cru au XXe siècle que ce serait une bonne idée de faire cadeau de la plus petite cloche à une paroisse du Liechtenstein (sic).

L’ancienne église réformée d’Albisrieden est donc le seul édifice religieux de la ville de Zurich qui possède encore sa sonnerie historique intacte. Achevé en 1818, ce charmant temple au fronton néoclassique succède à une petite église de 1678, elle-même construite sur les fondations d’une chapelle consacrée en 1270. Le nouvel édifice reçut une grande cloche qui vint compléter la petite  sonnerie patiemment élaborée au fil des ans par la dynastie Füssli.

-Cloche 1, note mi3, coulée en 1818 par Wilhelm Füssli
-Cloche 2, note la3, coulée en 1722 par Johann Füssli II
-Cloche 3, note do4, coulée en 1695 par Moritz Füssli I
-Cloche 4, note fa4, coulée en 1659 par Hans Füssli III

Les Füssli, fondeurs de cloches, mais pas seulement – Le dictionnaire historique de la Suisse (DHS) nous apprend que le premier Füssli recensé à Zurich en 1357 est Conrad, valet d’un fondeur de Feldkirch (A). Mais c’est le fils de Conrad, Peter, qui est le premier ancêtre véritablement documenté de la lignée. Les Füssli coulèrent des cloches jusqu’au décès – en 1843 – de Wilhelm, artisan de la grande cloche d’Albisrieden. Durant ces cinq siècles, cette dynastie se montra très active au creuset. Rappelons que le bourdon de la cathédrale de Berne, la plus grande cloche de Suisse, fut coulé en 1611 par Peter VII associé au bernois Abraham Zender, successeur de Franz Sermund. A cela s’ajoutèrent des activités métallurgiques annexes comme la fonte de canons. Les Füssli œuvrèrent également comme mercenaires durant les guerres d’Italie et occupèrent les plus hautes fonctions dans l’Etat (membre du Grand Conseil, balli…). Une branche cousine se consacra dès le XVIIIe siècle à l’imprimerie. L’entreprise Orell Füssli, spécialisée dans la confection de billets de banque et de papiers sécurisés, en est la descendante actuelle.

Un grand merci à Stefan Mittl, expert campanologue à Zurich, pour l’organisation de cette belle étape campanaire. Remerciements à la paroisse réformée de Zurich-Albisrieden pour son aimable autorisation.

Sources :
Dictionnaire historique de la Suisse
https://de.wikipedia.org/wiki/Alte_Kirche_Albisrieden
http://www.kirchgemeinde-albisrieden.ch/

Cloches – Bienne (CH-BE) église Ste Marie

La plus imposante sonnerie biennoise est catholique

-Cloche 1, cloche du Christ-Roi, si bémol 2, diamètre 1m80, poids 3’300kg
-Cloche 2, dédiée à la Vierge Marie, ré bémol 3, diamètre 1m50, poids 2’100kg
-Cloche 3, cloche des Apôtres, mi bémol 3, diamètre 1m36, poids 1’400kg
-Cloche 4, dédiée à St Nicolas de Flue, fa3, diamètre 1m20, poids 1’000kg
-Cloche 5, cloche des âmes du Purgatoire, la bémol 3, diamètre 1m, poids 820kg
-Cloche 6, dédiée à Ste Cécile, si bémol 3, diamètre 90cm, poids 440kg

Si l’étude d’une sonnerie est toujours l’occasion pour le vrai passionné de se plonger dans l’histoire du lieu qui l’héberge, la présentation du somptueux ensemble campanaire de l’église Ste Marie nous amène à nous intéresser à l’histoire tourmentée du catholicisme dans cette région particulière du canton de Berne. La Réforme y est adoptée en 1528 déjà. Bienne devient française en 1798, avant de gagner le giron bernois en 1815. Le canton promet de reconnaître la liberté de conscience en établissant l’Acte de réunion, par lequel l’ancien Evêché de Bâle devient bernois. Il reconnaît la liberté de religion dans sa Constitution libérale. Mais avec l’éclatement du Kulturkampf en Europe, Berne cherche à mettre l’Eglise catholique au pas. En cause – entre autres – la promulgation par Pie IX en 1870 du dogme de l’infaillibilité pontificale dans une société qui se veut de plus en plus laïque. S’ensuit le schisme donnant naissance à l’Eglise Vieille Catholique (aujourd’hui Catholique Chrétienne en Suisse). Cette dernière s’approprie le sanctuaire tout neuf de la Route du Jura (il avait été consacré en 1869) et le revend à l’Etat pour une somme symbolique. Les curés qui avaient voué serment d’allégeance au pape sont démis de leurs fonctions. Leur chef de file, le père Jecker, est même emprisonné. Il faudra attendre 1898 pour voir la situation se décanter et le culte catholique romain à nouveau reconnu.

La galerie photo d’archives ci-dessus nous montre – outre la montée des cloches – l’église Ste Marie telle qu’elle se présentait de 1869 à 1903, puis son aspect après amputation de son petit clocher. On remarque tout de suite que le bâtiment était nettement moins haut qu’il ne l’est aujourd’hui. D’importants travaux sont en effet menés à partir de 1926 pour consolider et surélever cette église primitive, sur les recommandation du fribourgeois Fernand Dumas, et sur des plans d’Adolphe Gaudy, architecte de Rorschach. Le sanctuaire se voit doté d’un clocher – beaucoup plus imposant, cette fois – destiné à recevoir une grosse sonnerie. Celle-ci n’arrivera qu’en 1947, quelques mois après le décès du curé Loscher, qui avait tant œuvré pour la réussite du projet. La décoration des six cloches est l’œuvre du sculpteur argovien Büchs. Le choix des notes est confié à un fribourgeois, le célèbre abbé musicien Joseph Bovet, auteur du non moins fameux « Vieux Chalet ». Un petit insigne souvenir en céramique est mis en vente auprès du public pour la somme d’un franc.

Chronologie
-12 juillet 1947 : coulée des 6 cloches, d’un poids total de 8’500kg, dans les ateliers argoviens de la maison Ruetschi.
-15 août : transport des cloches par train jusqu’à Bienne. Elles sont ensuite acheminées à travers la ville au son de leurs aînées.
-17 août : baptême des cloches par Mgr François Von Streng, évêque de Bâle.
-20 août : montée festive des cloches par les enfants de la ville.
-21 septembre (Jeûne Fédéral) : première sonnerie officielle.

L’église Ste Marie de Bienne a cela de particulier qu’elle dispose de deux étages. Certes, on rencontre souvent des sanctuaires dont la vaste crypte peut héberger plusieurs dizaines de fidèles. Mais ici, on a vraiment à faire à deux salles de culte à la surface quasiment équivalente. Pour rappel, Bienne fait partie des villes de Suisse qui ont la particularité d’être bilingues (allemand-français).

Mes plus vifs remerciements à mon ami Luc N. Ramoni, pasteur à la paroisse générale réformée de Bienne, pour les démarches auprès de ses homologues catholiques et les bons moments de partage. Merci à Mme Dominique Bähler, sacristine, pour son aimable accueil et sa disponibilité. Amitiés enfin à mes excellents camarades campanaires Dominique « Valdom68 », Pierre « Pierrot708 » et Mimine pour leur précieuse collaboration. Une pensée émue enfin pour M. Jacky Anquetil, ancien sacristain de l’église Ste Marie, aujourd’hui décédé, qui avait été le premier à m’accueillir en ces lieux en 2003, et qui m’a régulièrement encouragé dans ma passion pour les cloches.

Sources :
125 ans de vie catholique à Bienne, par le curé Pierre Salvadé, 1984
http://www.journaldujura.ch/150-ans/le-kulturkampf-une-plaie-vif-dans-les-memoires-du-jura
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_vieille-catholique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bienne

A consulter :
https://www.biel-bienne.ch/
http://www.jurapastoral.ch/jura-pastoral/Orientations-pastorales/Unites-pastorales/Bienne-francophone/Bienne-francophone.html
http://www.ref-bienne.ch/accueil/

Cloches – Remaufens (CH-FR) église St Maurice

Sonnerie partiellement historique de 5 cloches en ré#3

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C’est par une belle journée automnale que mes camarades campanaires et moi sommes partis  vadrouiller dans le beau district fribourgeois de la Veveyse, moins souvent cité des touristes que la verte Gruyère, mais tout aussi pittoresque et tout autant riche d’histoire. Saviez-vous par exemple que Remaufens, de même que Châtel-St-Denis et Semsales, dépendaient au Moyen-Age de la seigneurie de Fruence, aujourd’hui disparue ? De cette imposante place forte ne restent aujourd’hui que de modestes vestiges, alors que la famille est elle-même éteinte depuis le XVe siècle. Erigée en paroisse depuis 1835, Remaufens luttait depuis des années pour obtenir son indépendance. Le projet d’Attalens de bâtir une nouvelle église, à laquelle sa voisine aurait dû évidemment participer financièrement, dopa encore davantage ce projet d’autonomie, finalement mené à bien après avoir été dûment motivé par des arguments tels que « l’éloignement de l’église paroissiale », que « les enfants nouveau-nés restaient souvent pendant plusieurs jours sans recevoir le baptême, à cause du mauvais état des chemins » (source: Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg). Une fois la paroisse érigée, c’est très rapidement que furent entrepris les travaux de construction de l’actuelle église paroissiale, qui vint remplacer la chapelle construite en 1416 et transformée à la fin du XVIe siècle. Dédiée elle aussi à St Maurice, cette belle et spacieuse église au clocher coiffé d’un élégant bulbe fut consacrée le 24 septembre 1843.

De la modeste chapelle citée plus haut – et c’est ici que le passionné de cloches historiques que je suis se réjouit une nouvelle fois d’habiter le canton de Fribourg et non la Suisse allemande (!) – ont été conservées les anciennes cloches. Accrochée tout là-haut dans son lanternon, avec pour dure mais néanmoins noble mission d’annoncer les décès dans la paroisse (cloche de l’Agonie), la plus petite et la plus ancienne de ces vénérables dames de bronze, de style gothique tardif, porte les inscriptions latines « s maurici ora pro nobis et s theoduli ano d[o]m[ini] mcccccvi », autrement dit « saint maurice prie pour nous et saint théodule, [fondue] l’année du seigneur 1506 ». Plus bas, dans la chambre des cloches principale se trouve une remarquable cloche baroque de 1768 signée Jean-Antoine et Alexis Damez de Morteau, bourgeois d’Estavayer-le-Lac. La construction de l’église paroissiale donna lieu à la fonte de trois autres cloches dans les ateliers de Samuel Treboux : les actuelles cloches no 2 et 3, toujours existantes, et la plus grande cloche, fêlée en 1854 et 1878, qui dut être refaite par Gustave Treboux, le neveu de Samuel. Les trois plus grandes cloches possèdent encore leurs jougs et ferrures d’origine, alors que les deux plus petites sont accrochées à des axes en acier.

-Cloche 1, note ré# 3 -17/100, coulée en 1879 par Gustave Treboux à Vevey
-Cloche 2, note fa# 3 +6/100, coulée en 1843 par Samuel Treboux à Corsier-s/Vevey
-Cloche 3, note la 3 + 16/100, coulée en 1843 par Samuel Treboux à Corsier-s/Vevey
-Cloche 4, note do# 4 -10/100, coulée en 1768 par Jean-Antoine et Alexis Damez de Morteau
-Cloche 5, note sol# 4 -23/100, coulée en 1506.
(la3 = 435Hz)

Octave inf Prime Tierce min Quinte Octave sup
Cl1 ré#3 -8.98 -26.04 -13.26 4.25 -17.49
Cl2 fa#3 -18.03 -3.74 3.98 6.10 5.72
Cl3 la3 19.79 -11.98 15.64 24.36 15.85
Cl4 do#4 115.86 118.81 26.98 299.04 -9.71
Cl5 sol#4 67.86 -288.80 -17.00 -28.90 22.68

Mes plus vifs remerciements à M. Michel Genoud, président de paroisse, pour son aimable autorisation, ainsi qu’à M. Jean-Marie Michel, vice-président, pour son chaleureux accueil. Amitiés à mes valeureux camarades campanaires qui se sont rendus utiles de mille et une manières pour rendre ce reportage possible : Antoine, carillonneur à St Maurice et à Taninges ; Dominique, responsable technique de clochers de Val-de-Travers ; Guilhem Lavignotte, organiste titulaire d’Yverdon-les-Bains ; John Brechbühl, membre de la GCCS ; Stefan Mittl, expert-campanologue à Zurich.

Sources :
-Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg, volume 10, par le Père Apollinaire Deillon, éditions St Paul, 1899
-Rapport rédigé par M. Aloys Lauper, chef de service adjoint au Service des Biens Culturels de l’Etat de Fribourg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Fruence

A consulter :
http://www.upstdenis.ch/
http://www.remaufens.ch/

La sonnerie de la cathédrale de Rouen exposée à la fonderie Paccard

Volée de démonstration du bourdon Cécile (si bémol 2, 3’500kg), exposition des nouvelles cloches et des anciennes cloches rénovées

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Pour tout savoir de l’agrandissement de la sonnerie de la cathédrale de Rouen
http://www.paccard.com/fonderie/fr/actus.php?eid=267

Cloches – Staufen (CH-AG) église réformée du Staufberg

Sonnerie historique de 4 cloches en mi bémol 3 pour un site idyllique

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UN LIEU MAGIQUE – D’une expédition campanaire, on ne ramène pas que des photos et des enregistrements. Chaque sortie comporte également son lot d’anecdotes et suscite un état d’esprit qu’il n’est pas toujours aisé de décrire. Je pourrais coucher ici une foule de souvenirs parfois comiques, à commencer par l’oubli d’un enregistreur dans le cimetière à la tombée de la nuit sous une pluie fine et froide, ou encore l’angle de volée un peu trop élevé d’une des cloches venue mordiller les mollets (heureusement bien rembourrés) de votre serviteur. Mais si je devais relater un souvenir fort du Staufberg, c’est avant tout celui d’un site magique comme on en rencontre peu, entre ciel et terre. Une bucolique colline à la vue plongeante sur la campagne environnante, des bâtiments aux murs inégaux blanchis à la chaux émergeant avec une douce torpeur des vertes frondaisons.

UN MILLENAIRE D’HISTOIRE – La première mention d’une grande paroisse, dont l’église du Staufberg était jadis le noyau, remonte à 1101. Une première église semble avoir été érigée en ces lieux autour de l’an 1000. Divers travaux d’agrandissement furent menés, jusqu’à ce que l’incendie de 1417 anéantisse ce sanctuaire roman. Les murs qui se relevèrent de ces cendres correspondent en grande partie à ceux qui nous sont parvenus. Les transformations postérieures consistèrent en effet à l’ajout d’un porche et à la transformation d’une chapelle à la Réforme. Le mobilier s’enrichit à l’époque baroque de la magnifique chaire en bois richement sculpté et des actuels fonts baptismaux. Le plafond peint original, remplacé à la Belle-Epoque par une couverture néogothique, retrouva son aspect initial en 1995. Les vitraux du XVe siècle sont restés imperturbables face à ces changements. Outre l’église, d’autres bâtiments de valeur s’élèvent sur la colline du Staufberg : la cure (1645), la maison du sacristain (1513), la grange (1760) et le lavoir (XVII-XVIII siècles) d’où l’eau était pompée à bras jusqu’en 1912 !

UN EXIL CAMPANAIRE DE 511 ANS – Toutes les sonneries historiques de Suisse alémanique n’ont pas bonheur pas toutes été anéanties à l’ère industrielle. Le clocher de l’église du Staufberg renferme un véritable trésor campanaire : trois cloches de facture gothique et une baroque. Les deux plus grandes (cl 1 et 2), réalisées vraisemblablement par le même fondeur, furent coulées suite à l’incendie de 1417. En 1491, la cloche 2 fut descendue à Lenzbourg en remplacement de la sonnerie anéantie – elle aussi – par un incendie. Elle ne revint de son exil qu’en 2002. La cloche 3, non datée, semble remonter à l’an 1500 environ. Seule habitante du clocher à arborer le nom de son fondeur, la cloche 4 est aussi la benjamine, elle qui fut coulée en 1786 par Friedrich Jakob Bär d’Aarau.

– Cloche 1, note mi bémol 3 +25/100, diamètre 135cm, poids 1450 kg, coulée en 1420
– Cloche 2, note sol 3 +67/100, diamètre 103cm, poids 950kg, coulée en 1420
– Cloche 3, note si bémol 3 +39/100, diamètre 95 cm, poids 500kg, coulée vers 1500
– Cloche 4, note do bémol 4 -28/100, diamètre 75cm, poids 300kg, coulée en 1786 par Friedrich Jakob Bär d’Aarau

Remerciements à Madame Ruth Furer-Senn, présidente du Conseil de Paroisse, pour son aimable autorisation. Un tout grand merci à M. Patrick Wüst, sacristain dévoué, pour son chaleureux accueil et sa disponibilité (et pour avoir remis la main sur l’enregistreur oublié). Remerciements à John Brechbühl, membre de la GCCS, pour la mise sur pied de cette exceptionnelle étape campanaire. Amitiés enfin à Stefan Mittl, expert-campanologue à Zurich, co-organisateur de cet agréable week-end, (et qui participé activement à la recherche de l’enregistreur en pleine nuit).

Sources :
http://www.ref-kirchen-ag.ch/

A consulter :
http://www.staufen.ch
https://www.lenzburg.ch/