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Cloches – Romont (CH-FR) collégiale Notre-Dame de l’Assomption

Dotées d’un nouvel équipement, les cloches de la collégiale de Romont sont désormais dix, et non plus neuf, à donner de la voix pour les grandes fêtes.

C’est une des sonneries les plus imposantes de Suisse romande, mais aussi une des plus riches sur le plan historique, qui se cache sur les hauteurs de la colline de Romont. Alors qu’elles n’étaient jusqu’en 2016 que neuf, elles sont aujourd’hui dix cloches à résonner pour les solennités. La cloche no 10, désaffectée depuis les années 1930, a enfin retrouvé du service. Et contrairement à ce qu’on jugeait au XXe siècle, elle s’accorde parfaitement avec ses sœurs !

Une collégiale de style gothique rayonnant – C’est vers l’an 1240 que débuta la construction de la collégiale Notre-Dame de l’Assomption de Romont. Si l’incendie de 1270 ralentit les travaux, ceux-ci eurent vite fait de reprendre, de sorte que la bénédiction put se dérouler en 1296. Mais en 1434, un nouvel incendie, plus important celui-là, ravagea la cité et détruisit une bonne partie du sanctuaire. C’est finalement en 1456 que la collégiale prit plus ou moins la forme que nous lui connaissons actuellement, dans le style gothique rayonnant. Le Calvaire qui surmonte la grille du chœur montre le Christ en croix (XVe siècle) encadré par la Vierge et Saint-Jean (fin du XVIIe). Les stalles ont été sculptées en 1464.  La chapelle du Portail abrite une sculpture de la Vierge à l’Enfant de la fin du XIIIe siècle. Et comment oublier les vitraux ! Les superbes œuvres médiévales côtoient une verrière consacrée à la Vierge de la fin du XIXe siècle au chœur, les douze apôtres d’Alexandre Cingria (1938) dans les fenêtres hautes de la nef, le cycle marial de Yoki (1968) dans la chapelle du Portail, et les prophètes de Sergio de Castro (1981). Notons enfin le décor peint des voûtes imaginé par Cingria et réalisé par Yoki.

Evidemment que les cloches antérieures à l’incendie de 1434 ne nous sont pas parvenues. En 1476, les Fribourgeois emportèrent plusieurs cloches comme butin de guerre suite à la bataille de Morat. La cloche 6 échappa miraculeusement à ce pillage. Tourmentée est également l’histoire du grand bourdon, coulé une première fois en 1520 par Nicolas Balliet. Jugé de qualité trop médiocre, il fut renvoyé au four en 1577. Mais c’est une cloche déjà fêlée qui fut présentée au Conseil par Jacques Guillet et Jean Barge. C’est finalement Franz Sermund, le fondeur bernois bien connu (on lui doit le bourdon de la cathédrale de Lausanne et la cloche de midi de la cathédrale de Berne), qui coula le magnifique si bémol2. Ce bourdon en profil ultra-lourd, avec ses 5’700 kg, se trouve être la 2e plus grosse cloche du canton, après le sol2 de la cathédrale de Fribourg (7’000kg). Quatre nouvelles cloches sont arrivées de la fonderie Ruetschi en 1931. Leurs décorations sont l’œuvre de Gino Severini, grand ami de Picasso. Elles semblent remplacer plusieurs cloches gothiques, dont la cloche de midi, datée de 1507. Cette cloche avait déjà dû être refaite successivement par Jacolet de Payerne en 1836 (très vite fêlée) et François Bulliod de Carouge en 1838. On admirera les décors particulièrement soignés des cloches 8 et 9. Leur métal fut fourni gratuitement par Fribourg, à la condition expresse de voir figurer les noms de Leurs Excellences, de même que les armes du Saint-Empire et celles de la ville. La cloche 9, amputée de ses anses vraisemblablement au XIXe siècle, s’est vu offrir – à l’occasion de ces travaux de rénovation – de nouvelles « oreilles » dans l’esprit de sa contemporaine.

(>> voir l’ancien équipement de la sonnerie)

-Cloche 1, bourdon, sib2, Franz Sermund, Berne, 1579, diamètre 200cm, poids environ 5’700kg
-Cloche 2, ré3, Claude de Genève, 1510, diamètre 157cm
-Cloche 3, cloche de midi, mib3, Ruetschi, 1931
-Cloche 4, cloche du Clergé, fa3, Ruetschi, 1931
-Cloche 5, cloche de Ste Thérèse, sol3, Ruetschi, 1931
-Cloche 6, la3, Guillaume Chaufornier, 1434
-Cloche 7, cloche de St Pierre Canisius, sib3, Ruetschi, 1931
-Cloche 8, do4, 1495
-Cloche 9, fa4, 1495
-Cloche 10, lab4, début du XVIe siècle
[Dans le clocheton occidental: cloche de l’Agonie, lab4, Joseph Klely, 1736]

La grande rénovation de la sonnerie, effectuée entre l’été et l’hiver 2016 par la maison Mecatal de Broc, a consisté à :
-Rendre ses anses à la cloche 9.
-Remettre en service la cloche 10, muette depuis 1931.
-Confectionner un joug en chêne pour la cloche 2, accrochée depuis sa motorisation à un rail en acier de type « Bochud ».
-Rénover, voire refaire certains des jougs en bois vétustes et leurs ferrures dans l’esprit historique.
-Equiper toutes les cloches de nouveaux battants en acier doux à chasse courte et d’une nouvelle motorisation (sur la vidéo, le bourdon dispose encore de son ancienne motorisation, changée depuis).
-Munir les cloches 1, 3, 4, 5 et 7 de nouveaux marteaux de tintement de type « frappe lâchée »
A noter que les cloches de 1931 gardent leurs jougs en acier qui ont été restaurés. Le beffroi sur trois niveaux n’est en effet pas conçu pour les surmonter de moutons en chêne.

On peut saluer ici le savoir-faire d’une petite entreprise de la région hautement spécialisée dans l’installation, la maintenance et la mise en valeur historique du patrimoine campanaire.

Je remercie chaleureusement :
-M. Benoît Chobaz, président de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption.
-M. l’abbé Martial Python, doyen de l’Unité Pastorale Bienheureuse Marguerite Bays
-M. Matthias Walter, expert-campanologue
-M. François Guex, collaborateur scientifique aux biens culturels de l’Etat de Fribourg
-La maison MECATAL, ses campanistes et tout spécialement son directeur, M. Jean-Paul Schorderet.
-Mes amis campanophiles Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et Taninges ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Guilhem Lavignotte, organiste titulaire à Yverdon-les-Bains ; Philippe Simonnet, membre de la SFC ; John Brechbühl et Romeo dell’Era, membres de la GCCS ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers

Sources :
« La Collégiale de Romont », par Aloys Lauper, éditions Pro Fribourg 1996
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », divers auteurs, éditions Pro Fribourg, 2012
https://www.romontregion.ch/fr/P5828/collegiale-notre-dame-de-l-assomption

A consulter :
http://www.romont.ch/
Mon article de 2013 avec l’ancien équipement

Cloches – Montbovon (CH-FR) église Saint-Grat

Une fonderie de la Marne s’invite en terres fribourgeoises

Une chapelle, puis deux églises… de chacun ces lieux de cultes successifs, Montbovon a conservé à chaque fois au moins une cloche. Présentation de cet intéressant ensemble constitué entre le XVIe et le XIXe qui résonne dans clocher de ce bel édifice néoroman.

C’est à Adolphe Fraisse (1835-1900) qu’on doit l’actuelle église Saint-Grat de Montbovon. Le brillant architecte naquit à Ferney-Voltaire, étudia à Fribourg puis fit de fréquents séjours à l’étranger avant de revenir en en terres fribourgeoises où il fut adjoint à la direction cantonale des bâtiments et conseiller communal. Sa réalisation la plus importante est bien sûr l’église de Châtel-Saint-Denis, sorte de mini-cathédrale néogothique édifiée dès 1872. A Montbovon, Fraisse opta pour le néoroman, comme il l’avait déjà fait 20 ans plus tôt pour la proche paroisse d’Albeuve. Consacrée le 24 mai 1898, l’église Saint-Grat succède à une chapelle achevée en 1515, dont il reste la cloche (petite cloche de l’Agonie), puis à une première église consacrée vers 1625. De cet édifice richement orné nous est parvenu une partie du mobilier, réparti aujourd’hui entre le Musée Gruérien, le Musée d’Art et d’Histoire de Fribourg, l’Université ainsi que des collections privées. La deuxième plus grande cloche de la sonnerie actuelle a elle aussi été coulée pour le clocher précédent. L’église Saint-Grat est remarquable par ses proportions équilibrées, son mobilier d’époque soigné et ses peintures polychromes un temps recouvertes, mais heureusement remises au jour à la toute fin du XXe siècle.

Le sonnerie de l’ancienne église semble avoir été composée de trois voix : les actuelles cloches 2 et 5, de même qu’une cloche reprise au prix du bronze par les frères Paintandre chargés en 1897 de compléter l’ensemble. Il s’agit de la seule sonnerie complète livrée pour le canton de Fribourg par la fonderie de la Marne, représentée en Suisse par le vaudois Auguste Thybaud, le fameux « accordeur de cloches ». On se rendit compte dans les années 1990 que le clocher avait subi les affres du temps. On lui refit alors une nouvelle flèche. On se rendit compte également que la maçonnerie s’était lézardée de l’ébranlement de la sonnerie. On ceintura donc la tour à l’extérieur et on installa deux rails d’acier à l’intérieur sous la chambre des cloches. Lors de la dépose des cloches, on s’aperçut que le beffroi de bois était vermoulu. La maison Ecoffey de Broc le remplaça par l’actuelle charpente en acier. La même entreprise se chargea également de modifier l’horloge mécanique (Odobey, 1897) pour remontage automatique des poids et pilotage par horloge-mère radio-pilotée.

-Cloche 1, note ré3, diamètre 139cm, poids 1’624kg, coulée en 1897 par les frères Paintandre à Vitry-le-François. Inscription : DE L’ETERNEL AU LOIN CHANTEZ LA GLOIRE,
-Cloche 2, note fa#3, diamètre 108cm, poids environ 750kg, coulée en 1795 par Pierre Dreffet de Vevey. Inscription : RECOIS SEIGNEUR LA CLOCHE QUI SERVIRA D’APPEL POUR CELEBRER TA GLOIRE
-Cloche 3, note la3, diamètre 93cm, poids 420kg, coulée en 1897 par les frères Paintandre à Vitry-le-François. Inscription : A LOUER LE SEIGNEUR QUAND MA VOIX VOUS APPELLE AVEC UN SAINT TRANSPORT, VENEZ PEUPLE FIDELE.
-Cloche 4, cloche de l’école, note ré4, diamètre 69cm, poids 203kg, coulée en 1897 par les frères Paintandre à Vitry-le-François. Inscription : AUX LECONS DES VERTUS, J’INVITE LA JEUNESSE. ENFANTS, MA VOIX EST DOUCEUR ET CHANTE L’ALLEGRESSE.
-Cloche 5, cloche de l’Agonie, note mi4, diamètre 60cm, poids environ 200kg, coulée en 1596 par Pierre Guillet de Romont. Inscription : IN CYMBALIS BENESONANTIBUS, LAUDATE DOMINUM (louez le seigneur sur les cymbales retentissantes)

Mes plus vifs remerciements à la paroisse de Montbovon et à son président, M. Pierre Robadey. Merci à mes camarades campanaires pour leur indispensable collaboration et les échanges amicaux : John Brechbühl, membre de la GCCS ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers : Guilhem Lavignotte, organiste titulaire à Yverdon-les-Bains ; Stefan Mittl, expert-campanologue à Zurich. Remerciements enfin à M. Jean-Paul Schorderet, campaniste, directeur de l’entreprise Mécatal.

Sources :
« 2 églises, 4 chapelles, 5 siècles » ouvrage réédité en 1998, imprimerie Perroud, Bulle
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F19448.php

A consulter
http://www.haut-intyamon.ch/la-commune/montbovon.html
http://www.la-gruyere.ch/fr/Z3283/vallee-de-l-intyamon

Cloches – Lessoc (CH-FR) église Saint-Martin

Sonnerie insolite et historique à six voix avec une cloche du XIVe siècle

La sonnerie de l’église Saint-Martin de Lessoc est composée de six cloches, toutes historiques, dont deux se manient encore à la corde. « Martenetta », la doyenne, fait partie du cercle restreint des cloches antérieures au XVe siècle.

Un parfum authenticité – Je vous emmène aujourd’hui dans la vallée de l’Intyamon, une des régions les plus pittoresques du canton de Fribourg. C’est un parfum d’authenticité qui flotte dans l’air ici : rares sont en effet les industries et les résidences secondaires à s’être implantées dans ce coin de pays. On ne s’en plaindra pas ! Si les églises voisines d’Albeuve et de Neirivue ont dû être reconstruites suite aux terribles incendies de 1876 et de 1904, si les habitants de Grandvillard ont choisi de reconstruire leur ancien sanctuaire du début du XVIIe siècle en 1936, les autres villages de la vallée ont pu (et ont voulu) préserver leurs églises et chapelles ancestrales. L’église Saint-Martin de Lessoc fut consacrée en 1635, quelques années après l’érection de la paroisse. Comme beaucoup de ses contemporains, l’édifice a subi des transformations plus ou moins heureuses au fil des ans. Le plafond de bois s’est vu recouvert de plâtre, les murs ont été crépis, les retables de bois ont été remplacés par du marbre, les vitraux originaux avec leurs carreaux minuscules ont cédé leur place à des œuvres du XIXe siècle. La restauration menée à la fin du XXe siècle a rendu à cette charmante église une bonne partie de son caractère historique.

Une cloche du XIVe siècle – Inconditionnels du diapason, je vous invite à passer votre chemin ! Nous nous trouvons ici en présence d’une sonnerie hétérogène dont la doyenne pourrait bien être une des cloches les plus anciennes du canton de Fribourg ! « Martenetta » semble en effet dater de la seconde moitié du XIVe siècle. Elle devait être jadis accrochée de le clocher d’une chapelle détruite en 1627. Cette petite cloche est actionnée aujourd’hui encore à la corde pour chasser la grêle. Datée de 1746, non signée, la cloche de l’Agonie annonce – manuellement elle aussi – les décès dans la paroisse. Les quatre plus grandes cloches sont motorisées depuis 1959. Leurs jougs de chêne ont pour l’occasion été remplacés par des montures en acier de type « Bochud », très courant dans la région. Les cloches no1 et 3 sont les seules à être signées. Elles portent toutes deux la signature « Treboux fils » (Samuel, ndlr) et la date de 1837. Les cloches no2 et 4 datent de 1640 et ne donnent aucune indication quant à leur fondeur. Désaffecté lors de la motorisation de 1959, le mécanisme du carillon a été remis à neuf en 2008 et inauguré le 15 novembre pour la fête patronale. Félicitations à M. Célestin Fragnière pour cette heureuse initiative ! Signalons encore que l’unique cadran et les tintements sont actionnés par une horloge mécanique Baer de 1959 avec remontage automatique des poids. L’heure est frappée sur la grande cloche avec rappel après 2 minutes et demie. La demi-heure se tinte sur la cloche no4.

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-Cloche 1, note mi3 -13/100, diamètre 124cm, poids environ 1200kg, coulée en 1837 par Samuel Treboux de Vevey. DAIGNEZ SEIGNEUR AGREER DES FIDELES DE CETTE PAROISSE LA CLOCHE QUI SERVIRA D’APPEL POUR CELEBRER VOTRE GLOIRE.
-Cloche 2, note sol#3 -2/100, diamètre 96cm, poids environ 600kg, coulée en 1640. IHS MAR AD DIVINAS POPVLVM CONGREGO DEFVNCTOS PLORO TEMPESTATES FVGO TERROR SVM DOEMONIORUM. Traduction : Jésus, Marie. Je rassemble le peuple pour les louanges divines, je pleure les défunts, je fais fuir les tempêtes, je suis la terreur des démons.
-Cloche 3, note la3 +26/100, diamètre 89cm, poids environ 420kg, coulée en 1837 par Samuel Treboux de Vevey.  A LA GLOIRE DE DIEU ET A L’HONNEUR DE LA B.V.M ET DE ST MARTIN PATRON DE LA PAROISSE DE LESSOC.
-Cloche 4, dite « cloche de l’école », note do4 +26/100, diamètre 75cm, poids environ 260kg, coulée en 1640. IHS MRA NVMINIS AD LAVDEM SEMPER PVLSATA SONABO. Traduction : Jésus, Marie. Je sonnerai pour la louange de Dieu à chaque fois que je serai frappée.
-Cloche 5, dite « Martenetta », note si4 +25/100, diamètre 46cm, poids environ 50kg, coulée vraisemblablement durant la seconde moitié du XIVe siècle. SANCTA VIRGO MARIA R ORATE PRO NOBIS AMEN. Traduction : Sainte Vierge Marie priez pour nous Amen.
-Cloche 6, cloche de l’Agonie, note ré5 +11/100, diamètre 35cm, poids environ 25kg, coulée en 1746. CLAMANTIS PRO DEO VOX. Traduction : Voix de celui qui appelle au nom de Dieu.

Analyse musicale

Octave inf Prime Tierce min Quinte Octave sup
mi3 mi2 +1/100 mi3+16/100 sol3 -7/100 si3 +51/100 mi4 -13/100
sol#3 sol#2 -45/100 sol#3 +43/100 si3 -1/100 ré#4 -49/100 sol#4 -2/100
la3 la2 -53/100 la3 +160/100 do4 +42/100 mi4 +13/100 la4 +26/100
do4 do3 +87/100 do4 +45/100 ré#4 +66/100 sol4 +85/100 do5 +26/100
si4 si3 -184/100 si4 -88/100 ré5 -423/100 fa#4 -168/100 si5 +25/100
ré5 ré4 +97/100 ré5 -280/100 fa5 -23/100 la5 -58/100 ré6 +11/100

(diapason : la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)

Mes plus vifs remerciements à la paroisse de Lessoc, et tout spécialement à M. Célestin Fragnière pour sa gentillesse et sa disponibilité. Merci également à mes camarades Dominique, John et Stefan pour leur aide précieuse.

Sources :
« L’église Saint-Martin de Lessoc de 1627 à nos jours », par Célestin Fragnière, juillet 2009.
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012

A consulter :
http://www.haut-intyamon.ch/accueil.html

Cloches – Ursy (CH-FR) église Saint-Maurice

Quatre cloches en do#3… pas si étroit, le clocher !

Le canton de Fribourg compte de nombreuses églises néogothiques aux dimensions imposantes. Il recense aussi un certain nombre de sonneries à l’accord insolite. Voici l’église Saint-Maurice d’Ursy, grand vaisseau de molasse dont le mince clocher héberge quatre cloches au motif particulier.

Saint-Maurice et Saint-Martin – L’église Saint-Maurice d’Ursy fut consacrée le 12 octobre 1869 par Mgr Etienne Marilley, évêque de Lausanne et Genève. Elle remplaça, comme église paroissiale, celle de Morlens, autrefois dépendante de l’Abbaye de Saint-Maurice. La nouvelle église reçut le même vocable et on y transféra les reliques du martyr thébain. On reprit le plan à peine modifié de l’église néogothique de Saint-Martin, non loin de Châtel-Saint-Denis. Plusieurs fois restaurée, en particulier en 1933 et 1979, l’église d’Ursy possède un riche mobilier religieux: le maître-autel en marbre de Carrare, œuvre de Pierre-Alexandre Christinaz, artisan marbrier de Fribourg, de même qu’un ensemble de 19 vitraux dessinés entre 1980 et 1983 par le fribourgeois Charles Cottet (1924-1987). Le vitrail de Saint-Maurice, au centre de l’abside, domine l’autel. Installé en 1999, l’orgue fut construit par la manufacture Jean-Daniel Ayer de Vauderens. C’est le premier orgue au monde à traction numérique, fonctionnant selon le système Org-Syncordia (source http://www.abbaye1500.ch/index.php/le-jubile/lieux-dedies/lieux-dedies-suisse/eglise-saint-maurice-ursy-ursy)

Do ou ré bémol – Le clocher, d’apparence plutôt étroite, est plus spacieux qu’il n’y paraît, puisqu’il parvient à contenir un ensemble de quatre cloches en do#3. Les 3 plus petites ont été coulées en 1868 par François-Joseph Bournez de Morteau, quelques années avant que le fondeur comtois n’ouvre sa succursale à Estavayer-le-Lac. La grande cloche porte la date de 1902 et la signature de Charles Arnoux. Originaire lui aussi de Morteau, Arnoux fut – rappelons-le – le contremaître de Bournez avant de reprendre à son compte l’atelier staviacois. Une entreprise florissante qui perdura jusqu’à la mort de son patron en 1925. On peut s’étonner de la note égrenée par la grande cloche. Bournez avait-il coulé une première grande cloche en 1868, endommagée par la suite ? Cette cloche ne chantait-elle pas plutôt le do ? Arnoux a-t-il été simplement chargé de (re)faire une cloche d’un certain gabarit ? Mystère !

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-Cloche 1, « Maurice Marie Joseph », note réb3 -16/100, coulée en 1902 par Charles Arnoux à Estavayer-le-Lac
-Cloche 2, « Marie », note mib3 +27/100, coulée en 1868 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau
-Cloche 3, note sol3 +15/100, coulée en 1868 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau
-Cloche 4, note do4 -6/100, coulée en 1868 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau

Un immense merci à M. Jean-Paul Schorderet, directeur de la maison Mécatal à Broc, de m’avoir convié à la remise en service de la sonnerie d’Ursy après d’importants travaux (nouveaux jougs, battants, paliers, motorisation). Une visite de clocher avec son campaniste est toujours source de riches enseignements pour un passionné. Merci également à la paroisse d’Ursy.

A consulter
http://www.upierroches.ch/
http://www.ursy.ch/

Cloches – Neyruz (CH-FR) église de l’Assomption

Rustique mais charmante, cette sonnerie fribourgeoise de quatre cloches !

Alors que leurs concurrents étaient capables de réaliser des cloches avec une grande justesse de ton et avec des décors finement ciselés, les derniers fondeurs fribourgeois étaient à la peine !

De la chapelle à l’église – Le premier lieu de culte à Neyruz fut une chapelle édifiée en 1432. La petite cloche gothique déposée devant de la cure en est la relique. Agrandie au début du XVIIIe siècle, cette chapelle fut remplacée par une église quand Neyruz obtint le droit de se séparer de Matran et de s’ériger en paroisse. Les travaux de terrassement de l’église débutèrent en 1845 et le chantier s’acheva trois ans plus tard. Ce n’est toutefois que le 20 septembre 1857 que le sanctuaire fut consacré. Coût des travaux : 53’000 francs de l’époque, dont 8’327 pour les cloches, nous apprend Deillon dans son Dictionnaire des paroisses du canton. Pour l’anecdote, en 1880, un ouragan souffla la flèche du clocher et causa des dégâts considérables.

Une sonnerie rustique mais charmante – La sonnerie se compose de quatre cloches. Trois sont l’oeuvre de Louis-Alexis Roelly de Fribourg en 1848, alors que la plus récente fut coulée par Ruetschi d’Aarau en 1959. Cette dernière remplace très certainement une cloche de 1848 fêlée ou brisée : Deillon mentionne en effet clairement que quatre cloches furent coulées par le fondeur fribourgeois. Les jougs en chêne ont laissé la place à des montures en acier de la maison Bochud, qui motorisa la sonnerie. A noter que la cloche la plus récente ne possède pas le même type de joug. La sonnerie n’est équipée que pour la volée, il n’y a ni mécanisme de tintement horaire, ni cadran. La présence d’un clavier de type « manche de brouette », désaffecté, nous apprend que jadis, les cloches pouvaient être carillonnées pour les fêtes. La cloche de l’ancienne chapelle, aujourd’hui déposée, est attribuée à Hensli Follare de Fribourg. Non datée, mais de belle facture, elle aurait été coulée durant la seconde moitié du XVe siècle. Les cloches de 1848, elles, présentent de nombreux défauts de coulée. Leur justesse de ton est également plus qu’approximative. Si l’aspect rustique de cette sonnerie nous apparaît aujourd’hui comme tout à fait charmant, on comprend mieux pourquoi les dernières générations de fondeurs fribourgeois eurent beaucoup de mal à lutter contre la concurrence des artisans de régions voisines.

-Cloche 1, note mi3 -50/100, coulée en 1848 par Louis-Alexis Roelly de Fribourg
-Cloche 2, note fa#3 -18/100, coulée en 1848 par Louis-Alexis Roelly de Fribourg
-Cloche 3, note la3 +6/100, coulée en 1959 par Rueschi d’Aarau
-Cloche 4, note si3 -59/100, coulée en 1848 par Louis-Alexis Roelly de Fribourg
[Cloche déposée, note si4 +11/100, coulée durant la seconde moitié du XVe siècle par Hensli Follare de Fribourg]

Mes plus vifs remerciements à la paroisse de Neyruz, et tout spécialement à M. Maurice Vionnet, responsable des bâtiments. Amitiés à mes camarades campanaires du jour : Anthony, Dominique, Guilhem, John et Stefan.

Sources :
Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 9, par le Père Apollinaire Deillon, imprimerie Saint-Paul, 1896
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012.

Cloches – Lutry (VD) temple

La sonnerie historique et insolite d’une pittoresque bourgade viticole vaudoise

Rarement il m’a été donné d’observer sonnerie plus insolite et plus charmante que celle de Lutry ! A commencer par la disposition peu commune des cloches (2 en façade, 2 à l’intérieur). Les deux plus petites cloches donnent la même note au coup. Très particulière est également la sonorité de la grande cloche, dont il manque un important morceau. Si on y ajoute l’âge canonique de ces nobles dames de bronze (XIVe-XVIe siècle), on peut sans hésitation affirmer que nous sommes ici en présence d’une des sonneries les plus rares et les plus précieuses de Suisse romande.

Lutry hébergea dès le XIe siècle et jusqu’à la Réforme, un des plus importants prieurés du canton. Le terrible incendie de 1344 obligea à la construction d’une nouvelle église, non plus de style roman, mais gothique. Cinq chapelles furent ajoutées à sa nef. Quelques traces de l’église romane primitives restent visibles dans l’architecture actuelle, comme la porte sous la galerie des orgues, la voûte du porche d’entrée, les étages inférieurs de la tour carrée et deux colonnes encastrées au nord de l’abside. Le chœur, propriété du cloître, avait pour patron Saint-Martin. La nef, à disposition de la paroisse, était consacrée à Saint-Clément. Suite à la Réforme, l’année 1569 vit les Bernois procéder à la démolition des anciennes chapelles et élever l’actuel clocher. Y fut placé une grosse cloche en complément des petites déjà existantes, dont deux cloches accrochées dans le Clocher des Moines. Ce dernier, situé au sud du sanctuaire, fut démoli en 1820. Les cloches furent alors montées dans le clocher actuel, où – faute de place – elles furent accrochées aux baies orientales. Les façades de l’église, entièrement décrépies au début du XXe siècle, ont bénéficié d’une restauration de 1986 à 1988. Le recrépissage et le rétablissement des décors peints (encadrements et chaînes d’angles) lui ont rendu son apparence du XVIIIe siècle. Dignes d’observation à l’intérieur : les voûtes gothiques et leurs magnifiques peintures du XVIe siècle, œuvres du peintre flamand Umbert Mareschet ; l’orgue Zimmer daté de 1791 restauré en 1975 par la manufacture Fuglister ; le stalles et la chaire. A l’extérieur, on note – au-dessus du portail – une grande fenêtre flanquée de deux petits singes de style Renaissance. Ces animaux ont probablement été taillés par le maître principal de la reconstruction de l’église, Uli II Bodmer, qui faisait partie entre 1556 et 1562 de l’importante corporation bernoise des métiers de la pierre Zum Affen (littéralement au singe). Voilà pourquoi au XVIe siècle, le singe est devenu l’animal emblème de la ville.

La grande cloche est datée de 1552. Elle est l’œuvre conjointe du fribourgeois Jakob Burdi et d’Amey Thiot d’Evian. On raconte qu’un sonneur un peu trop vigoureux l’a fait voler trop haut le soir de la St Sylvestre 1865, faisant éclater un morceau de la pince. Cela explique sa sonorité si particulière. La pièce de bronze manquante a été conservée, elle est exposée au musée local. Espérons qu’une réparation sera un jour envisagée. Guillaume Fribor-dit-Mercier, fondeur vraisemblablement originaire de la Tarentaise et établi à Genève, réalisa la cloche 2 en 1459. Les riches motifs d’inspiration allemande de cette belle cloche antérieure à la Réforme, contrastent avec la sobriété de la grande cloche, coulée sous domination bernoise. Accrochées à l’origine dans le Clocher des Moines, démoli en 1820, les cloches 3 (1ère moitié XVe) et 4 (1510) ont la particularité de donner la même note au coup. Elles se balancent côte à côte dans les baies orientales du clocher.

-Cloche 1, note do#3 -13/100, diamètre 155cm, poids environ 2’400kg, coulée en 1552 par Jakob Burdi de Fribourg et Amey Tyot d’Evian
-Cloche 2, note la3 -16/100, diamètre 112cm, poids environ 950kg, coulée en 1459 par Guillaume Fribor-dit-Mercier établi à Genève.
-Cloche 3, note do#4 -37/100, diamètre 81cm, poids environ 340kg, coulée vraisemblablement durant la 1e moitié du XVe siècle.
-Cloche 4, note do#4 -40/100, diamètre 71cm, poids environ 220kg, coulée en 1510.

Remerciements à la Municipalité de Lutry et à M. Eric Ceppi, administrateur des bâtiments. Merci surtout à M. Robert Cornuz, ancien huissier, et aujourd’hui responsable des cloches et de l’horloge du temple de Lutry, pour sa gentillesse et sa disponibilité. Un tout grand merci à Antoine, carillonneur à Saint-Maurice et à Taninges, pour son indispensable collaboration.

Sources :
Les cloches de l’église de Lutry, par Georges Kasser, extrait de la revue historique vaudoise, Vol.70 (1962)
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F18366.php
https://www.lutry.ch/vivre-a-lutry/espaces-publics-et-infrastructures/patrimoine-historique/temple-de-lutry/
http://orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1956-11-6-1/

Cloches – Savigny (CH-VD) église réformée

Quatre cloches en fa3 pour une des rares sonneries en fenêtre du canton de Vaud

Paroisse catholique jusqu’à la réforme, Savigny possède une ravissante petite église idéalement située sur les hauteurs, et dont la sonnerie se compose de quatre cloches en fenêtre

Les premières mentions de la paroisse de Savigny remontent à 1228. En témoignent le défrichement du hameau central où se dresse aujourd’hui encore l’église, devenue réformée au  XVIe siècle. Ce lieu de culte était jusque là desservi par des religieux du tiers ordre de Saint-François, alors qu’était également mentionné sur place un petit couvent de franciscains. Menacé de destruction par les habitants en 1536, le couvent vit sa cloche dépendue et mise à l’abri à Lutry, à quelques kilomètres de là.

L’église actuelle date de 1554. Elle se dresse au même emplacement qu’un ancien édifice en bois détruit par le feu en 1538. Savigny possédait autrefois deux cloches : la plus grande, pesant 880 kg et donnant le fa, fut installée en 1659 dans ce qui était alors un simple clocher-mur. En 1820, quand fut réalisé le clocher que nous connaissons aujourd’hui, y prit place une petite cloche supplémentaire. Ces deux cloches prirent le chemin d’Aarau au XXe siècle. Ruetschi les refondit pour en faire la sonnerie actuelle de quatre cloches en fenêtre, une configuration rare dans cette région.

-Cloche 1, note fa3, poids environ 720kg, coulée par Ruetschi d’Aarau en 1955
-Cloche 2, note lab3, poids environ 410kg, coulée par Ruetschi d’Aarau en 1955
-Cloche 3, note sib3, poids environ 290kg, coulée par Ruetschi d’Aarau en 1955
-Cloche 4, note do4, poids environ 210kg, coulée par Ruetschi d’Aarau en 1955

Sources :
Dictionnaire historique, géographique et statistique du Canton de Vaud (1867)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Savigny_(Vaud)

Cloches – Aigle (CH-VD) église réformée du cloître

Cette intéressante sonnerie à la ligne nominale chancelante possède une cloche gothique de 1430 remarquablement ornée

Anciennement église Saint-Maurice, l’église du cloître d’Aigle est aujourd’hui le lieu de culte des protestants francophones de la ville. Son clocher typique de la vallée du Rhône héberge quatre cloches de différentes époques : gothique, baroque et moderne

L’église au milieu du village – Si le centre urbain d’Aigle se trouve actuellement dans le quartier du Bourg, non loin de la gare, c’est dans le quartier décentré du Cloître que se dresse l’église réformée. L’explication est à chercher dans les méandres de l’histoire : L’ancienne église Saint-Maurice desservait à l’origine un important prieuré établi à l’écart de la ville. On trouve par contre dans le centre-ville l’actuelle église catholique, dédiée à Saint-Maurice et à Saint-Nicolas-de-Flue, de même que l’église Saint-Jacques, aujourd’hui église réformée allemande, où le réformateur Guillaume Farel prêcha pour la première fois en 1526. Il faut savoir qu’Aigle fut la première terre francophone à faire partie de l’ancienne Confédération suisse et à devenir officiellement protestante sous le joug des Bernois. Le prieuré d’Aigle a peut-être été fondé par les moines de Saint-Maurice, mais le couvent de Saint-Martin d’Ainay en a également réclamé la propriété aux XIIe et XIIIe siècles. Il fut supprimé en 1528. L’église du cloître, d’abord de style roman (XIIe siècle), fut reconstruite avec de belles voûtes gothiques au XVe siècle. Des fouilles archéologiques menées en 1899 ont mis au jour une ancienne nef rectangulaire et une abside semi-circulaire. Le clocher, caractéristique de la région avec sa flèche de pierre, semble dater de la fin du XVe siècle. Notons encore les stalles du XVIe et du XVIIIe siècles, la chaire de 1901, les vitraux de la Belle-Epoque et l’orgue Metzler de 1945 réinstallé à Aigle en 1963.

Une cloche gothique richement ornée – La pièce maîtresse de la sonnerie est une magnifique cloche gothique datée de 1430. Dans son article intitulé « De l’importance du patrimoine campanaire : étude de trois motifs iconographiques ornant les cloches médiévales » publié en 2007, la campanologue vaudoise Fabienne Hoffmann l’attribue à Fribor de Genève (ndlr : Jean, père de Guillaume Fribor-dit-Mercier). Les riches ornements représentent – entre autres – la Vierge à l’Enfant, le Christ de Pitié, le Christ en Croix, Saint-Pierre, Saint-Martin et Saint-Louis. Une cloche baroque, malheureusement inaccessible, arbore la date de 1689. Ses traces d’alésage indiquent qu’elle a été accordée, vraisemblablement en 1926, date de fonte de deux nouvelles cloches par Ruetschi d’Aarau. Selon ses inscriptions, la grande cloche remplacerait une pièce gothique utilisée de 1435 à 1908. Les archives de la maison Ruetschi indiquent que la sonnerie égrène les notes mi fa# la si, sans doute le motif recherché, mais qui ne correspond de loin pas au résultat obtenu. Le vénérable beffroi arbore la date de 1606 et les intiales P.O et I.B. Le clocher contient également une horloge mécanique Léon Crot de Granges-Marnand, toujours partiellement en service.

-Cloche 1, note mi3 -21/100, coulée en 1926 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 2, note fa3 – 42/100, coulée en 1430, attribuée à Jean Fribor de Genève
-Cloche 3, note la3 -34/100, coulée en 1926 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 4, note si3 -57/100, coulée en 1689, non signée

Déposée dans la cour du château voisin se trouve une cloche déposée (car fêlée) coulée en 1779 par Gaspard Deonna de Genève

Mes plus vifs remerciements à M. le Pasteur et à l’aimable sacristine pour leur charmant accueil lors de ma visite improvisée du 4 septembre 2016 à l’occasion du culte dominical.

Sources (autres que déjà mentionnées)
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F18549.php
http://www.123chablais.com/
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1882-11-6-1/
http://aigle.old.eerv.ch/2008/11/06/eglise-st-jacques/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aigle_(Vaud)
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Maurice_d’Aigle

Cloches – Vendôme (F-41) église de la Madeleine

Une sonnerie en rétro-équilibré en pleine région Centre-Val de Loire

Muette durant quelques années, cette belle sonnerie a subi deux restaurations successives. La première lui a permis de retrouver sa voix, alors que la dernière en date a fait passer les trois cloches du lancer franc au mode rétro-équilibré pour des raisons de statique

C’est le 2 juin 1474 que Jean VIII, comte de Vendôme, fonde l’église Sainte-Marie-Madeleine avec le soutien des habitants et notamment des confréries de vignerons et jardiniers. Quelques années plus tard naît la paroisse de la Madeleine. Le XVe siècle voit la création d’un collatéral au Nord. S’ensuit, au XVIe siècle, la construction d’une sacristie et l’aménagement de quatre chapelles au Sud. D’importantes transformations sont menées au XIX siècle : nouvelles statues (dont celle de Saint Fiacre, patron des jardiniers), un décor peint et un ensemble de vitraux des ateliers Lobin de Tours. La chute de gravats en 1995 oblige la Ville de Vendôme à mettre en place une collerette de protection sous le clocher et à suspendre les sonneries à la volée. Celles-ci ne reprendront qu’en 2009 après restauration.

Le clocher de l’église de la Madeleine, haut de 65 mètres, héberge trois cloches réalisées par deux lignées de fondeurs et issues de trois coulées différentes. La plus petite est aussi la plus ancienne, elle fut coulée en 1814 par Nicolas Peigney et fils. Œuvre des mêmes fondeurs lorrains, la cloche no2 porte la date de 1826. La plus grande, enfin, sortit des ateliers de Bollée à Orléans en 1896. Voir ici la présentation complète de la sonnerie (source http://paroisse.trinite-madeleine.com/ consulté le 11 novembre 2016). Les cloches ont subi deux restaurations successives : la première, menée par Bodet en 2009, a permis à la sonnerie de se balancer à nouveau après 14 ans d’immobilité. La seconde transformation, menée il y a peu, a vu les cloches passer du lancer franc au mode rétro-équilibré pour des raisons de statiques. Vous pouvez visionner ici une vidéo réalisée par la paroisse en 2009 à l’occasion de la remise en service de la sonnerie, alors encore en lancer franc.

– Cloche 1, « Renée-Emilie », note ré bémol 3 -8/100, diamètre 155cm, poids 1’448kg, coulée en 1896 par Bollée d’Orléans
– Cloche 2, « Honorine-Raymonde-Sauzine », note mi bémol 3 +27/100, diamètre 120cm, poids 1’014kg, coulée en 1826 par Nicolas Peigney et fils (François)
– Cloche 3, « Renée-Emilie », note fa3 -16/100, diamètre 108cm, poids 737kg, coulée en 1814 par Nicolas Peigney

J’adresse mes plus vifs remerciements au Père François Brossier pour son aimable autorisation et son chaleureux accueil. Merci également à Dominique « Valdom68″, responsable technique des clochers de Val-de-Travers (CH-NE), pour sa précieuse collaboration.

Sources :
http://paroisse.trinite-madeleine.com/
https://fr.geneawiki.com/index.php/88123_-_Damblain_-_Fondeurs_de_cloches_damblinois
« Enquêtes campanaires. Notes, études et documents sur les cloches et les fondeurs de cloches du VIIIe au XXe siècle » de Joseph Berthelé, bibliothèque de l’école des chartes

Cloches – Monthey (CH-VS) église Notre-Dame de l’Immaculée-Conception

Le clocher de l’église paroissiale de Monthey renferme l’une des plus imposantes sonneries valaisannes 

A un jet de pierre de la vénérable abbaye de Saint-Maurice, l’église Notre-Dame de l’Immaculée-Conception de Monthey dispose elle aussi d’une imposante sonnerie : sept cloches en do3 coulées par Ruetschi d’Aarau en 1895

Une église néoclassique sarde flanquée d’un clocher plus ancien – Une première église paroissiale fut édifiée à ce même endroit en 1707. Elle était alors entourée de son cimetière. En mauvais état et devenue trop petite, elle fut démolie vers 1850. L’élégant clocher a heureusement été conservé. L’église actuelle a été consacrée en 1855, sous le vocable de Notre-Dame de l’Immaculée-Conception, dont le dogme avait été proclamé par Pie IX en 1854. C’est Emile Vuilloud, architecte à Monthey, qui a dessiné les plans de cet édifice de type basilical à croisée, dont l’ensemble s’inscrit dans un rectangle. Nous sommes en présence d’une église de style néoclassique sarde, un courant très prisé en Valais et en Savoie avant l’apparition de styles néo-médiévaux tels que le néogothique et le néoroman. L’aspect austère de l’extérieur tranche avec la richesse intérieure : colonnes en faux marbre, chapiteaux corinthiens, décor peint, voûtes à caissons ainsi 5 coupoles en trompe-l’oeil. On y admire également un riche mobilier liturgique, tels que le maître autel en marbre blanc, noir et rouge de Gustave Doret et le tabernacle couronné d’un tempietto. A noter que les élégants fonts baptismaux, de style baroque primitif, proviennent de la première église de 1707.

Une sonnerie reconstituée après incendie – On ne sait pas grand chose des cloches qui donnèrent de la voix avant 1895. Il est seulement mentionné que cet hiver-là, le clocher fut ravagé par le feu. La paroisse n’attendit pas pour faire couler une nouvelle sonnerie, puisque cette dernière fut réalisée la même année. Les sept cloches sont toutes ornées d’élégantes décorations baroques. La justesse plus qu’approximative de la ligne nominale (cloche no6 un peu trop haute, no5 beaucoup trop basse) n’enlève rien au charme de l’ensemble. L’ancien clavier, toujours présent sous la chambre des cloches, nous apprend qu’on carillonnait ici jadis, comme dans beaucoup de paroisses valaisannes. Une curiosité est à noter quant à l’équipement : la partie centrale du beffroi de fer (soutènement des cloches no1 et 2) est conçue pour glisser sur les solives pendant la volée, grâce à un dispositif semblable à un patin. On peut considérer qu’il s’agit d’une version modernisée des vieux beffrois roulants en bois qu’on peut encore observer dans de rares clochers.

– Cloche 1 « Maria Immaculata », note do3 -18/100, poids environ 2’450kg
– Cloche 2 « Maria Magdalena », note mi3 -37/100, poids environ 1’200kg
– Cloche 3, note sol3 -7/100, poids environ 730kg
– Cloche 4, note la3 -14/100, poids environ 520kg
– Cloche 5, note si3 -44/100, poids environ 350kg
– Cloche 6, note do4 +29/100, poids environ 300kg
– Cloche 7, note ré4 +19/100, poids environ 200kg
(la3 = 435 Hz)

Mes plus vifs remerciements à la paroisse catholique de Monthey pour son aimable autorisation et à Mme Maria Païano, sacristine, pour son accueil et sa disponibilité. Remerciés soient également mes vaillants camarades campanaires pour leur indispensable collaboration : Antoine, carillonneur à Saint-Maurice et à Taninges (photos et plans vidéos additionnels, ainsi que mise en volée des cloches) et John Brechbühl, membre de la GCCS (prise de son)

Sources
http://www.paroisse-monthey.ch/paroisse/eglises-et-chappelles/eglise-de-monthey.html
Archives de la maison Ruetschi