Cloches – Vaulion (CH-VD) temple réformé

Le temple de Vaulion fut édifié de 1755 à 1756 sur les plans de Gabriel Delagrange (1715-1794). Architecte officiel de Leurs Excellences de Berne, ce Lausannois s’illustra notamment en bâtissant les temps de Corcelles-s/Chavornay et Prilly, et en restaurant la cathédrale de sa ville. Avant le temple actuel se dressèrent à Vaulion plusieurs lieux de cultes successifs, dont une chapelle édifiée en 1436. C’est pour cet édifice que semble avoir été coulée la plus ancienne des 4 cloches.

Comme dans nombre de temples vaudois, nous retrouvons ici une sonnerie certes modeste par sa taille, mais riche d’histoire. Les cloches 1 et 3 furent ajoutées en 1899 à l’instigation de l’infatigable accordeur de cloches Auguste Thybaud. Leurs inscriptions mentionnent la commémoration du centenaire de l’indépendance vaudoise, célébrée un an plus tôt. Jusque là, l’imposant clocher ne renfermait que 2 cloches, très anciennes, par bonheur conservées. La plus petite – non datée, mentionnée plus haut – possède la forme caractéristique des cloches médiévales. Elle porte des traces d’accordage intérieur, sa note a donc été abaissée. Quant à la cloche 2, dont la pince a été raccourcie pour monter sa note, son origine est entourée de mystère. Coulée en 1544 – autrement dit 8 ans après la proclamation de la Réforme en Pays-de-Vaud – son iconographie des plus soignées indique clairement qu’elle a été coulée pour un édifice catholique. On peut dès lors supposer qu’elle provient d’une église de France voisine. La cloche pourrait avoir été revendue comme butin de guerre par les Suédois lors de la Guerre de Trente Ans (hypothèse de F-Raoul Campiche dans le « Conteur Vaudois » en 1927). Il se pourrait aussi qu’elle ait été réquisitionnée par les Révolutionnaires après 1789 et revendue à l’étranger. Ce cas de figure se retrouve d’ailleurs dans 2 autres temples de la région, Cossonay et La Chaux-s/Cossonay, avec 2 belles cloches en provenance de l’abbaye de Saulieu. Les noms actuels des 4 cloches (Espérance, Foi, Charité, Justice) leur ont été attribués en 1899

– Cloche 1, nom « Espérance », note fa#3 -6, diamètre 109cm x hauteur 89cm, poids environ 900kg, coulée par Jules Robert de Nancy en 1899
– Cloche 2, « Foi », la3 +2, 89.3 x 68cm, environ 420kg,  fondeur inconnu, 1544
– Cloche 3, « Charité », do#4 -2, 70 x 57cm, environ 200kg, Jules Robert, Nancy, 1899
– Cloche 4, « Justice », fa#4 -1, 64.9 x 46cm, environ 150kg, fondeur inconnu, vraisemblablement 1446

La3 = 435Hz, déviation en 1/16e de 1/2 ton, analyse par logiciel (Audacity)

Octave inf. Prime Tierce min. Quinte Octave sup.
Cloche 1 fa#2 -6 fa#3 -14 la3 -6 do#4 -9 fa#4 -6
Cloche 2 la2 +13 la3 +3 do4 +6 mi4 +7 la4 +2
Cloche 3 do#3 -15 do#4 -9 mi4 -4 sol#4 -24 do#5 -2
Cloche 4 fa#3 -1 fa#4 -13 la4 +2 do#5 -27 fa#5 -1

La grande cloche

La cloche 2 à l’iconographie étonnamment soignée pour l’époque. Les médaillons représentent le Christ en croix, la Vierge à l’enfant, St Nicolas, St Michel et St Martin.

La cloche 3, qui commémore le centenaire de l’indépendance vaudoise

La cloche 4, doyenne de la sonnerie, au profil typiquement médiéval

Mes plus vifs remerciements à :
– Madeleine Guyon, conseillère municipale responsable des bâtiments, pour son aimable autorisation
– Didier Decrausaz, concierge, pour son chaleureux accueil
– Antoine « Les Cloches Savoyardes », carillonneur à Taninges (F-74), pour les prises de mesures des cloches
– Guilhem Lavignotte, organiste à Yverdon-les-Bains, pour s’être improvisé sonneur de la petite cloche
– John Brechbühl, membre de la GCCS, pour la prise de son.

A consulter:
« L’histoire perdue d’une chapelle vagabonde », de Guy Le Comte
« Nos vieilles cloches », article paru dans « Le Conteur Vaudois » du 15 octobre 1927
http://www.vaulion.ch/
http://vaulionromainmotier.eerv.ch/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Delagrange
http://quasimodosonneurdecloches.ch/lharmonisation-des-sonneries-au-19e-siecle/
http://cloches74.com/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.