Archives de l’auteur : Quasimodo

Cloches – Bienne (CH-BE) église réformée St Paul

-Cloche 1, « Madretsch », note mib3, diamètre environ 136cm, poids environ 1450kg
-Cloche 2, « Mett », note fa3, diamètre environ 120cm, poids environ 1000kg
-Cloche 3, « Schweiz », note sol3, diamètre environ 108cm, poids environ 730kg
-Cloche 4, « Bern », note sib3, diamètre environ 89cm, poids environ 420kg
-Cloche 5, « Biel », note do4, diamètre environ 80cm, poids environ 300kg

Histoire récente, mais malgré tout mouvementée, que celle de l’église St Paul. Tout commence dans les années 1920, avec l’englobement des communes de Mâche (Mett en allemand) et Madretsch dans un Bienne alors en plein développement économique et démographique. On pense d’abord à édifier un simple centre paroissial. Mais l’idée d’une vraie église réussit finalement à s’imposer. L’éclatement de la Seconde Guerre retarde à peine le projet dessiné par l’architecte Leuenberger. Le 30 mars 1941 est inauguré l’édifice, dont les cloches ont été hissées quelques mois auparavant. Mais très vite, de grosses fissures apparaissent : sans doute en raison du contexte particulier de la guerre, les murs de la nef ont été conçus trop minces pour supporter la toiture, qui s’affaisse d’une bonne dizaine de centimètres. Malgré une réparation rapide, de nombreux fidèles, choqués, désertent le lieu de culte. C’est en 1956 que l’église St Paul prend l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui, avec l’agrandissement des locaux paroissiaux sur des plans de Werner Schindler.

Si les 5 cloches arborent chacune un verset de la Bible, ce sont avant tout les écussons sur leurs robes qui attirent le regard. On y reconnaît le drapeau suisse, les armoiries du canton de Berne et de la ville de Bienne, ainsi que les blasons des anciennes communes de Mâche et de Madretsch. L’ensemble, coulé par Ruetschi d’Aarau en 1940, égrène un motif Salve Regina complété en mi bémol 3.

Un immense merci à Luc Ramoni, pasteur, pour son aimable autorisation et son chaleureux accueil, ainsi qu’à M. Christoph Bläsi, sacristain. Remerciements également à mes excellents camarades campanaires Pierrot, Mimine et Valdom pour leur indispensable collaboration et les savoureux échanges.

Crédit photos :
Eglise : http://www.panoramio.com/user/4683941
Cloches : Quasimodo

Sources :
« Der künstlerische Schmuck in Pauluskirche und Kirchgemeindehaus », édité par la paroisse
Archives de la fonderie Ruetschi
https://de.wikipedia.org/wiki/Biel/Bienne

A consulter :
https://www.biel-bienne.ch/
http://www.ref-bienne.ch/

Cloches – Yverdon-les-Bains (CH-VD) temple Pestalozzi

P1010963

Jadis « Temple National » ou plus simplement « Temple d’Yverdon », le temple Pestalozzi fut rebaptisé ainsi il y a quelques années en hommage célèbre pédagogue et humaniste suisse, qui ouvrit dans la cité thermale une école pour enfants pauvres de 1804 à 1824. L’impressionnante façade néoclassique en pierres jaunes de Neuchâtel arbore sur son fronton les tables de la loi, mais aussi et surtout l’Oeil de Dieu, motif qu’on retrouve sur d’autres édifices réformés contemporains de Suisse, à savoir le temple de Morges, l’église St Laurent de Lausanne, ou encore l’église du Christ-Roi de Berne. Construit entre 1753 et 1757 sur les plans de l’architecte genevois Jean-Michel Billion, le temple Pestalozzi remplace une ancienne église médiévale dont subsiste le clocher ainsi que les magnifiques stalles gothiques. Remarquable est également l’orgue Potier, construit en 1766, dont certains jeux d’origine ont été conservés.

Dans la Revue Historique Vaudoise no68, éditée en 1960, Georges Kasser s’est fendu d’une étude relativement complète de la sonnerie du temple Pestalozzi . On y apprend tout d’abord que l’imposant clocher – mentionné dès le XIVe siècle – remplissait également au Moyen-Age le rôle d’ouvrage défensif. Le couronnement actuel (chambre du guetteur, cadrans à pignons, flèche en tuf) date de 1609. Les 6 cloches, toutes antérieures au temple du XVIIIe siècle, forment un des ensembles campanaires historiques les plus remarquables de Suisse. La plus grande, œuvre des Soleurois Urs Scherer et Gabriel Murer, ne fut pas coulée sur place, mais amenée par barque depuis Soleure en 1646. Les 5 autres cloches, toutes fondues au XVe siècle, ont été réalisées par différents fondeurs. Guillaume Chaufourne, d’Orbe (et non Guillaume Fribor, comme supposé par Kasser) fondit les cloches 3 et 4 en 1422 (merci à Matthias Walter, expert-campanologue à Berne). Nicod Buaron, de St Prex, et Jean Olivey, originaire de Bavois, coulèrent la cloche 2 en 1463. Les registres communaux de 1491 ayant malheureusement été égarés, le doute plane sur la provenance des 2 plus petites cloches datées de cette fameuse année, et vraisemblablement réalisées par le même fondeur. Détail intéressant: la cloche no6 semble avoir sonné à l’origine dans le clocheton de l’ancien hôpital. Les cloches nos 1-2-4-5 sont situées dans la tour, les nos 3 et 6 sont accrochées dans la flèche. Il y a fort à parier que ces deux dernières cloches, aux vues de leur situation et de leurs notes musicales, remplissaient jadis uniquement le rôle de cloches civiles (tintement et tocsin) avant l’électrification de la sonnerie.

-Cloche 1, « Cloche du Feu » (sonne quotidiennement à midi), note ré3 +39/100, diamètre 144cm, poids environ 1’660kg, coulée en 1646 par Urs Scherer et Gabriel Murer à Soleure
-Cloche 2, « Cloche du Conseil » (sonne aujourd’hui encore pour les élections), note fa3 +41/100, diamètre 118cm,  poids 920kg, coulée en 1463 par Nicod Buaron de St Prex, et Jean Olivey de Bavois
-Cloche 3, note sol3 +104/100, diamètre 98cm, poids environ 490kg, coulée en 1422 par Guillaume Chaufourne d’Orbe.
-Cloche 4, « La Pleureuse » (ancien glas, aujourd’hui cloche du couvre-feu), note la3 +39/100, diamètre 92cm, poids environ 420kg, coulée en 1422 par Guillaume Chaufourne d’Orbe.
-Cloche 5, note do4 +74/100, diamètre 76cm, poids environ 266kg, coulée en 1491
-Cloche 6, note ré4 +25/100, diamètre 68cm, coulée en 1491

La3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

Octave inf. Prime Tierce min. Quinte Octave sup.
Cloche 1 ré2 -75 ré3 -57 fa3 -16 la3 -77 ré4 +39
Cloche 2 fa2 +72 fa3 -47 lab3 +43 do4 +87 fa4 +41
Cloche 3 sol2 +46 sol3 +81 sib3 +103 ré4 -29 sol4 +104
Cloche 4 la2 +12 la3 -86 do4 +16 mi4 -18 la4 +39
Cloche 5 do3 -38 do4 -188 mib4 +19 sol4 -140 do5 +74
Cloche 6 ré3 -75 ré4 -201 fa4 -37 la4 -150 ré5 +25

La grande cloche

La cloche 2

La cloche 3

La cloche 4

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La cloche 5

La petite cloche

Mes plus vifs remerciements à M. Guilhem Lavignotte, organiste titulaire, pour l’accès au clocher. Merci également à mes excellents camarades campanaires Antoine, carillonneur à Taninges, et John Brechbühl, membre de la GCCS, pour leur indispensable collaboration et les sympathiques échanges. C’est avec plaisir et émotion qu’il m’a été donné et de revoir et réentendre les cloches qui ont bercé toute mon enfance, celles de ma ville natale.

Sources:
« Les cloches de l’église paroissiale d’Yverdon », par Georges Kasser, article paru dans le numéro 68 de la Revue Historique vaudoise (1960)
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1944-11-6-1/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_d%27Yverdon-les-Bains
https://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Heinrich_Pestalozzi

A consulter:
http://www.yverdon-les-bains.ch/
http://www.yverdonlesbainsregion.ch/
http://yverdontemple.eerv.ch/

Cloches – Zurich (CH-ZH) église réformée de Wiedikon

P1070020

Construite de 1895 à 1896, l’église réformée de Wiedikon est un des édifices religieux néogothiques les plus majestueux et intéressants du pays. Le choix de la brique n’est de loin pas aléatoire: la présence de briqueteries sur le territoire de cette ancienne commune – rattachée à Zurich en 1893 – a rendu le coût de ce matériau bien plus accessible que s’il avait été question de pierres de tailles, comme l’architecte Paul Reber l’avait pourtant préconisé initialement. Victime – comme l’ont été nombre d’autres monuments issus du courant historiciste – de transformations malheureuses tout au long du XXe siècle, cette magnifique église a retrouvé son aspect original lors d’une ultime rénovation supervisée entre 1983 et 1984 par les Biens Culturels zurichois. L’impressionnant orgue Goll de 1897 a lui aussi subi de profondes modifications au fil des décennies. A l’origine pneumatique, l’instrument est aujourd’hui à traction mécanique depuis le relevage effectué en 1985 par la maison Kuhn. L’excellence de l’orgue, associée à la beauté et à la remarquable acoustique du lieu, font de l’église réformée de Wiedikon un lieu privilégié pour de nombreux concerts.

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La sonnerie ne comportait initialement que 4 cloches formant un accord majeur parfait en si bémol 2. Un défaut de construction provoqua la chute de la cloche no2 en 1949. C’est en 1950 que l’actuelle cloche no4 fut hissée dans un emplacement déjà pensé lors de la construction du premier beffroi. Son aspect épuré tranche avec les riches motifs néogothiques de ses sœurs aînées.

-Cloche 1, « Cloche des Heures », note sib2 -26/100, poids 3’311kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 2, « Cloche de Midi, note ré3 -41/100, poids 1’639kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 3, « Cloche du Matin et du Soir », note fa3 -17/100, poids 1’009kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 4, note sol3 -27/100, poids 770kg, coulée en 1950 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 5, note sib3 +15/100, poids 421kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau

La3 = 435Hz, déviation en 1/16 de 1/2 ton

Dans le clocher se trouve une partie du vieux cadran, installé ici par l’ancien sacristain. Le mouvement  d’horloge mécanique, construit par la maison Maeder à Andelfingen, est toujours en fonction. Remarquez enfin l’intéressante « machine à tocsin » manuelle, conçue pour lancer l’alarme sur 2 cloches tintées

Mes plus vifs remerciements à M. Hans-Ulrich Spitzli, sacristain de longue date, pour sa gentillesse et sa disponibilité. Un tout grand merci également à mes excellents camarades Stefan Mittl, expert-campanologue à Zurich, et John Brechbühl, membre de la GCCS, pour l’organisation de cet intéressant week-end campanaire entre Zurich et Argovie les 18 et 19 juillet 2015.

Sources :
« Die reformierte Kirche Bühl in Zürich-Wiedikon », par Wilhelm Gut, © Evang-ref Kirchgemeinde Zürich-Wiedikon 2011
Archives de la maison Ruetschi
https://de.wikipedia.org/wiki/Wiedikon

A consulter :
http://www.kirche-wiedikon.ch/
http://www.buehlkirche.ch/
http://www.kirche-zh.ch/

Cloches – Daillens (CH-VD) temple

Daillens temple ext

Source : http://penthalaz.eerv.ch/cultes/

Les premières mentions de l’église de Daillens remontent à la fin du XIIe siècle. Le clocher – probablement une ancienne tour de défense – date du siècle suivant. Suite à l’invasion bernoise et à l’introduction de la Réforme en terre vaudoise, la nef médiévale est élargie et l’ancien chœur abandonné. L’église subit à nouveau plusieurs modifications au fil des ans : pose d’une horloge en 1818, création d’un local pour les pompiers en 1874, pose de vitraux en 1893 , création de peintures décoratives par Ernest Correvon de 1923 à 1925, puis restauration complète entre 1967 et 1968. Au début des années 2000, suite à un problème d’humidité, est mis au jour un important décor peint dans le chœur sous le clocher. Ces fresques, qui remontent au début du XIVe siècle, ont été préservées du temps par la couche de chaux appliquée à la Réforme pour les dissimuler. En janvier 2015, enfin, 3 tombes datant de la fin du XVIIe siècle, sont découvertes dans le chœur, lors de travaux de rénovation.

« A Daillens, les cloches ne sont pas celles qu’on croit ». Ainsi titrait, le 22 octobre 1994, le journal vaudois « 24 heures ». On pouvait lire à l’époque la stupeur et le dégoût des habitants du village suite à un soi-disant acte délibéré de vandalisme sur 2 des 3 cloches. Des vilaines rumeurs avaient même insinué la culpabilité de certains habitants, empoisonnant ainsi la vie de la communauté. Ce n’est que tout récemment, lors de l’attribution de la rénovation de la sonnerie à la maison Mécatal, que fut découvert le pot aux roses : la plus grande cloche, victime d’un moteur mal réglé, est simplement venue heurter sa voisine du dessus, causant ainsi de sévères dommages aux 2 pièces maîtresses de la sonnerie. La présence dans le clocher de nombreux débris ornés de différentes couches de patine atteste même du fait que les 2 dames de bronze sont entrées en collision plus d’une fois ! Bilan : de nombreuses ébréchures sur la pince des 2 grandes cloches, et même une fêlure dans la robe de la plus grande. Le savoir-faire de Jean-Paul Schorderet n’est pas seulement venu à bout d’une vilaine rumeur villageoise persistante : le campaniste fribourgeois a également redonné vie – et de fort belle manière – aux 3 cloches si chères au poète vaudois Jean Villard-Gilles dans son lieu d’origine.

La sonnerie du temple de Daillens se compose donc de 3 cloches de différentes époques. La plus petite, ornée d’inscriptions gothiques, mentionne la date de 1497. La cloche moyenne, coulée en 1826, porte la signature du Morgien Jean-Louis Golay. La plus grande, enfin, fut ajoutée en 1980 par la maison argovienne Ruetschi. Ces 3 voix à l’unisson égrènent un motif « te deum » un peu faussé, mais charmant, dont la légèreté de ton contraste avec l’aspect massif du vénérable clocher.

-Cloche 1, note si3 -19/100, diamètre 83cm, poids 338kg, coulée en 1980 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 2, note ré4 -50/100, diamètre 71cm, poids 229kg, coulée en 1826 par Jean-Louis Golay de Morges
-Cloche 3, note mi4 +11/100, diamètre 67cm, poids environ 190kg, coulée en 1494

La3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

Octave inf Prime Tierce min Quinte Octave sup
Cloche 1 si2 -22 si3 -8 ré 4 +7 fa#4 -1 si4 -19
Cloche 2 ré3 -20 ré4 -142 fa4 -60 la4 +78 ré5 -50
Cloche 3 mi3 +11 mi4 -226 sol4 -23 si4 -66 mi5 +11

La grande cloche

La cloche 2

La petite cloche

Mes plus vifs remerciements à M. Jean-Paul Schorderet, campaniste, directeur de la maison Mécatal, de m’avoir convié aux différentes étapes de la réparation des cloches et à leur remise en service.

Daillens JPS

Le campaniste Jean-Paul Schorderet et les 3 cloches de Daillens prêtes à reprendre du service (photo Vanessa Cardoso, journal « 24 heures » du 11 juillet 2015)

Sources :
http://www.24heures.ch/vaud-regions/lausanne-region/vingt-ans-cloches-vandalisees/story/11305848
https://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_de_Daillens

A consulter :
http://www.mecatal.ch/
http://www.daillens.ch/
http://penthalaz.eerv.ch/

Cloches – Fribourg (CH-FR) basilique Notre-Dame

photo

La basilique Notre-Dame est le plus ancien édifice religieux toujours existant à Fribourg. Avant 1157, date de la fondation de la ville par les Zaehringen, était mentionnée au même emplacement une chapelle desservie par le monastère de Payerne. Une église de style roman semble avoir succédé à cette première chapelle dès 1201. D’importantes transformations sont menées de 1467 à 1525 : pose de la flèche sur le clocher, construction du chevet pentagonal en remplacement d’une abside semi-circulaire, rehaussement du toit du chœur, transformation des baies romanes des collatéraux en fenêtres gothiques, et enfin construction de la chapelle Saint-André, détruite en 1785. Cette fin de XVIIIe siècle est également marquée par une restauration complète de l’édifice : reconstruction et rehaussement du haut du vaisseau central, construction d’une façade de style classique, reconstruction de la partie supérieure du clocher, qui reçoit une nouvelle flèche, et revêtement de l’intérieur de l’église en staff dans le style Louis XVI. Dénommée collégiale en 1728 après que les membres du clergé de Notre-Dame eussent pris le titre de chanoine, l’édifice est élevée au rang de basilique mineure par le pape Pie XI en 1932. Depuis 2012, la charge pastorale de la Basilique – fraîchement rénovée – est confiée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.

Les 4 cloches de la basilique forment un ensemble peu commun, de par leur âge et la curieuse disposition des notes égrenées. Il est important de savoir qu’avant la motorisation de la sonnerie en 1931, les 2 plus petites cloches, propriétés de la Confrérie du Rosaire, ne mêlaient jamais leur voix aux 2 plus grandes. C’est également en 1931 que sont accrochés les battants actuels. Les cloches no1 et 3 sont les seules à mentionner leur date de coulée. La cloche no3 – la plus récente de l’ensemble – est la seule à arborer la signature de son fondeur. Elle est aussi la seule à disposer encore de son joug et de ses ferrures d’origine. Matthias Walter, expert campanologue à Berne, attribue les cloches no1 et 4 à Hensli Follare de Fribourg. L’actuel beffroi date de 1842. En 1909, la cloche no4, voit ses anses – vraisemblablement en mauvais état – remplacées par l’actuel plateau de fixation.

-Cloche 1, note fa#3 -23/100, diamètre 125.5cm, coulée en 1456, attribuée à Hensli Follare de Fribourg
-Cloche 2, note si3 +1/100, diamètre 93cm, gothique (XIVe siècle)
-Cloche 3, note la#4 +46/100, diamètre 43.5cm,  coulée en 1706 par Hans Wilhelm Klely de Fribourg
-Cloche 4, note do5 +8/100, diamètre 41 cm, gothique tardif (XVe siècle), attribuée à Hensli Follare de Fribourg

La3 = 435hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

Octave inf. Prime Tierce min. Quinte Octave sup.
Cloche 1 fa#2 +111 fa#3 -309 la3 -44. do#4 +28 fa#4 -23
Cloche 2 si2 +122 si3 -244 ré 4 +1 fa#4 +93 si4 +1
Cloche 3 la#3 +106 la#4 +206 do#5 +103 fa5 +108 la#5 +46
Cloche 4 do4 +90 do5 -80 ré#5 +34 sol5 +30 do6 +8

La grande cloche

La cloche 2

La cloche 3

La petite cloche

Mes plus vifs remerciements au Père Arnaud Evrat, recteur, pour son aimable autorisation et son chaleureux accueil lors de ma visite de reconnaissance le 20 mars 2015. Remercié soit également le Père Arnaud Moura, qui nous a accueillis tout aussi aimablement le 16 avril 2015 lors du tournage vidéo. Amitiés enfin à mes excellents camarades campanaires : Antoine, carillonneur à Taninges; Matthias Walter, expert-campanologue à Berne; Pascal Krafft, expert-campanologue en Alsace.

Sources
Recensement du patrimoine religieux du canton de Fribourg (fiches no 314 à 317)
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
http://basilique-fribourg.ch/

Cloches – Paris (F-75) église St Sulpice

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120m de longueur, 57m de largeur, 30m de hauteur sous la voûte centrale, 70m de hauteur avec ses tours; St Sulpice n’est autre que la deuxième plus grande église parisienne après la cathédrale Notre-Dame. Édifié à l’emplacement d’un ancien sanctuaire gothique, lui-même remplaçant une antique chapelle, ce vaste édifice néo-classique, dont la construction s’étala sur de longues années, vit sa première pierre posée par la reine Anne d’Autriche en 1655. Si le chœur fut achevé et béni en 1673, ce n’est qu’en 1777 que les tours prirent leur aspect actuel. Les travaux se terminèrent véritablement en 1870, mais un an plus tard, des obus prussiens endommagèrent la tour nord. Quant au fronton original, il fut détruit par la foudre. Loin de ce passé tourmenté, l’église St Sulpice est aujourd’hui principalement renommée pour son magnifique orgue Cavaillé-Coll, le plus grand instrument jamais réalisé par le facteur français (102 jeux).

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Seule la tour nord renferme des cloches… mais quelles cloches ! La 3e plus grande sonnerie de Paris, après Notre-Dame et le Sacré-Coeur, se compose de 4 bourdons et d’une cloche en octave 3 décrite comme non accordée avec le reste de l’ensemble. La sonnerie a été réalisées en 2 coulées successives. Les cloches 3 et 4, datées de 1828, sont l’œuvre de la maison parisienne Osmond, jadis située au 187 de la rue St Martin. Elles portent la signature « Osmond fondeur du roi m’a faite à Paris ». Les cloches 1, 2 et 5, réalisées 4 ans plus tôt, sont le fruit du travail conjoint d’Osmond, Dubois, Barrard, originaire de Champigneulles (54) et Morlet de Vesly-en-Vexin (27). Les notes faussées du motif ont donné lieu à différentes interprétations. On peut toutefois se risquer à affirmer qu’Osmond a voulu, avec ses 4 grandes cloches, réaliser un motif de type Regina Caeli, très répandu à Paris.

-Cloche 1, Thérèse, note fa#2 +38/100, diamètre 208cm, poids environ 6’000kg, coulée en 1824 par Osmond, Dubois, Barrard et Morlet
-Cloche 2, Caroline, note sol#2 -15/100, diamètre 188cm, poids environ 3’900kg, coulée en 1824 par Osmond, Dubois, Barrard et Morlet
-Cloche 3, Louise, note la#2 +70/100, diamètre 168cm, poids environ 2’780kg, coulée en 1828 par Osmond
-Cloche 4, Marie, note si2 +69/100, diamètre 158cm, poids environ 2’300kg, coulée en 1828 par Osmond
-Cloche 5, Henriette-Louise, note mi3 +40/100, diamètre 116cm, poids environ 900kg, coulée en 1824 par Osmond, Dubois, Barrard et Morlet

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Impressionnant est également le magnifique beffroi de bois, entièrement chevillé, sur 3 niveaux. Des encoches au niveau supérieur témoignent du fait que la sonnerie était bien plus imposante avant la Révolution. Il est d’ailleurs fait mention, dans la documentation officielle de l’église, que Louis et Charles Gaudiveau coulèrent 8 cloches en 1781. 5 furent cassées en 1791, alors que les 3 autres furent disséminées dans différents endroits de Paris. Si on remonte plus loin encore dans le temps, on apprend que le clocher de l’ancienne église hébergeait des cloches de Jean-Jacques Delaistre, coulées en 1601, et de Florentin Le Gay, datées de 1692. Ces cloches ne nous sont évidemment pas parvenues.

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Grâce à l’aimable autorisation du Père Jean-Loup Lacroix, j’ai eu le privilège de me rendre 2 fois dans les tours de St Sulpice. Mes plus vifs remerciements vont d’abord – pour ma visite de 2013 – à M. Olivier Comby, secrétaire, et à M. Dominique Vu, sacristain depuis plus de 20 ans. Le 15 mai 2015, j’ai été accueilli tout aussi chaleureusement par Mme Lucile Villey, Mme Danielle Randria et M. Marc Berté, tous guides bénévoles, ainsi que M. Didier Mahieux, sacristain.

Sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Sulpice_de_Paris
http://tchorski.morkitu.org/
http://www.anazarian.net/saintiers.html
« Les cloches de Saint-Sulpice », document remis par la Paroisse
Diverses notices et collections privées

Liens
http://www.paroisse-saint-sulpice-paris.org/
http://www.paris.catholique.fr/
http://www.parisinfo.com/
http://www.paris.fr/

Merci également de visiter les pages de mes amis campanaires qui ont rendu ce reportage possible
-Antoine, carillonneur à Taninges http://cloches74.com/
-Dominique, responsable technique des clochers de Val-de-Travers https://www.youtube.com/user/valdom68
-Mehdi, passionné comtois http://clochescomtoises.com/
-Philippe, grand connaisseur des cloches de la cathédrale de Sens https://www.youtube.com/user/senonais

Cloches – Fribourg (CH-FR) cathédrale St Nicolas

cathédrale depuis la sarineLa première église St Nicolas de Fribourg fut consacrée le 6 juin 1182. Elle resta pendant près de 400 ans le seul sanctuaire paroissial de la ville, en marge de l’établissement de plusieurs ordres religieux dans les environs. Le chapitre collégial de St Nicolas fut constitué en 1512. L’indépendance vis-à-vis de l’évêque de Lausanne se vit encore renforcé par la Réforme en 1536. L’évêque finit par recevoir l’autorisation de résider à Fribourg en 1601, mais dut renoncer à toute prétention temporelle, le chapitre collégial assurant cette prérogative. Changement de donne en 1798 avec la proclamation de la République helvétique. Ce n’est qu’en 1924 que la collégiale devint cathédrale du diocèse nouvellement créé de Lausanne, Genève et Fribourg.

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L’actuel édifice semble avoir été bâti entre XIIIe et le XVe siècle. Le 1er clocher fut édifié à cheval sur le chœur vers 1300. En 1370, on entama la construction d’un imposant clocher-porche, achevé en 1490. Haut de 76 mètres, il ne fut jamais destiné à être couronné d’une flèche, contrairement à ce qu’affirme aujourd’hui encore la légende.

La sonnerie de la cathédrale St Nicolas de Fribourg compte parmi les riches d’Europe sur le plan historique. Pas moins de 13 cloches, coulées entre le XIV et le XVIIIe siècle, la composent. Leurs profils et leurs décorations dénotent différentes influences, allemande et française essentiellement. Elles nous montrent surtout, de manière vivante, l’évolution de l’art campanaire durant 400 ans. La plus célèbre de l’ensemble est sans nul doute la cloche de Ste Barbe, coulée en 1367 par Walter Reber d’Aarau. Elle est la plus ancienne cloche encore existante issue de l’industrie campanaire argovienne, perpétuée jusqu’à nos jours par la maison Ruetschi. Remarquables sont aussi les 2 bourdons, coulés en 1505 par Pierre de Montureux et Robert de Besançon. La petite cloche de Plasselb, datée de la même année, est un autre témoignage du remarquable savoir-faire de ces 2 saintiers bisontins. Equipée de jougs en acier lors de leur motorisation dans les années 1950, les cloches de la cathédrale St Nicolas ont retrouvé il y a peu un équipement digne de leur rang. Les cloches de la flèche, muettes depuis 60 ans, redonnent également depuis peu de la voix.

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Vue sur les cloches 3, 4 et 5

Dans le clocher
-Cloche 1, dédiée à la Vierge, note sol2 -5/16, diamètre 220 cm, poids environ 7’000kg, coulée en 1505 par Pierre de Montureux et Robert de Besançon.
-Cloche 2, dédiée à Ste Catherine, note si2 -2/16, diamètre 174cm, poids environ 3’550kg, coulée en 1505 par Pierre de Montureux et Robert de Besançon.
-Cloche 3, dédiée à Ste Barbe, note mib3 +1/16, diamètre 146cm, poids environ 2’080kg, coulée en 1367 par Walter Reber d’Aarau
-Cloche 4, « Cloche des Heures », note fa3 -1/16, diamètre 130cm, poids environ 1’600kg, coulée en 1416 par Antoine Grangier de Fribourg
-Cloche 5, « Cloche de Prime », note lab3 +7/16, diamètre 110cm, poids environ 980kg, coulée en 1437 par Pierre Follare de Fribourg
-Cloche 6, « Cloche de Gambach », note sib3 +8/16, diamètre 95cm, poids environ 600kg, coulée en 1562 par Hans Burdi de Fribourg
-Cloche 7, « Premère Cloche du Sacristain », note mib4 +5/16, diamètre 68cm, poids environ 210kg, coulée en 1569 par Jakob Kegler de Fribourg
-Cloche 8, « Deuxième Cloche du Sacristain », note solb4 -1/16, diamètre 65cm, poids environ 230kg, coulée au XIVe siècle (sans doute la plus ancienne de la sonnerie)
-Cloche 9, « Cloche de l’Agonie », note solb4 +-0/16, diamètre 56cm, poids environ 110kg, coulée en 1734 par Jakob Klely de Fribourg

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Cloches des Choralistes

Désaffectées
-Première Cloche des Choralistes, note environ sol5, diamètre 29.1cm, poids environ 20kg, coulée en 1567 par Jakob Kegler de Fribourg
-Deuxième Cloche des Choralistes, note environ sol5, diamètre 28.9cm, poids environ 18kg, coulée en 1554 par Jakob Burdi de Fribourg

Fribourg cathédrale cloches flèche

Les cloches de la flèche

Dans la flèche (bonus à la fin de la vidéo)
-Cloche 10, « Cloche de Messe », note si4 +3/16, diamètre 41.5cm, poids environ 50kg, coulée en 1737 par Joseph Klely de Fribourg
-Cloche 11, « Cloche du St Sacrement, note fa5 +8/16, diamètre 31.6cm, poids environ 23kg, coulée en 1656 par François-Barthélémy Reyff de Fribourg.

« de 2 »

Mes plus vifs remerciements à Mme Valentine Murith, Présidente du Conseil de paroisse; M. Pierre Féraut, sacristain titulaire; M. Daniel Macherel, sacristain remplaçant. Merci également à mes excellents camarades campanaires qui ont rendu ce reportage possible : Antoine, carillonneur à Taninges; Matthias Walter, expert-campanologue à Berne; Guilhem Lavignotte, organiste à Yverdon-les-Bains; Pascal Krafft, expert-campanologue en Alsace.

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A consulter
« Les cloches de la cathédrale St Nicolas de Fribourg », de Matthias Walter, traduit de l’allemand par Pascal Krafft, éditions de la cathédrale de Fribourg, 2008
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.stnicolas.ch/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Nicolas_de_Fribourg

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Cloches – Fribourg (CH-FR) église et collège St Michel

Fribourg St Michel église

http://www.csmfr.ch/

Ancien établissement jésuite, le collège St Michel de Fribourg fut fondé en 1582, sous l’impulsion du pape Grégoire XIII, mais aussi et surtout de St Pierre Canisius, dans le but d’offrir un enseignement catholique de qualité, et enrayer par là même la fuite des futures élites vers les cantons réformés. Ce n’est qu’en 1660 que les premiers bâtiments furent achevés sur le site actuel. L’église, à l’origine  de style gothique tardif, fut édifiée de 1606 à 1613. Sa transformation dans le style rococo remonte au XVIIIe siècle. De cette époque datent les magnifiques fresques représentant la lutte entre le Bien et le Mal. L’Ordre des jésuites est supprimé en 1773, les prêtres diocésains leur succèdent à la tête de l’établissement. Face à l’augmentation du nombre d’élèves est décidée la construction du lycée de 1829 à 1838. Surnommé « Aquarium » en raison de son architecture contemporaine vitrée, un nouveau bâtiment voit le jour dans les années 1960. En 1972, c’est autour du complexe sportif, situé en contrebas, d’être inauguré. Actuellement, le Collège St-Michel est un établissement cantonal laïc et mixte, assurant l’accès à tous les types de maturités reconnus par la Confédération. De nombreuses personnalités y ont étudié, comme l’ancien président de la Confédération Joseph Deiss, l’évêque Pierre Mamie (1920-2008) , l’écrivain Jacques Chessex (1934-2009), ou encore l’actuel président de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne Patrick Aebischer. L’actuelle vocation de l’église St Michel est essentiellement celle d’une salle de concert. Trône sur sa tribune occidentale un magnifique orgue né de la fusion de 2 instruments historiques: celui de St Michel (orgue Bihler) et celui de l’abbaye d’Hauterive (orgue Mooser).

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L’élégant clocher à bulbe renferme une sonnerie historique de grande valeur. Les 2 plus grandes cloches furent coulées en 1646 par Urs Scherer, Gabriel Murer et Martin Keiser. Ces fondeurs soleurois réalisèrent la même année la grande cloche en ré du temple Pestalozzi d’Yverdon-les-Bains. Les 2 plus petites cloches de St Michel sont l’oeuvre de fondeurs fribourgeois : Jakob Klely pour la plus petite en 1716, et Jakob Kegler pour la cloche no3 (1578). Cette dernière cloche semble ne pas avoir été coulée pour ce clocher. Elle y aurait été ajoutée ultérieurement.

Kegler

Signature de Jakob Kegler l’ancien sur la cloche no4 de l’église St Pierre-et-Paul de Marly

Jakob Kegler, originaire de Romont, est admis bourgeois de la ville de Fribourg en 1561. Il choisit alors de germaniser son nom « Jacques Guillet » (orthographié parfois « Quillet ») en « Jakob Kegler ». J.K. est le cousin germain d’un autre fondeur, Pierre Guillet, établi à Payerne, et qui coula la grande cloche (toujours existante) de l’abbatiale de sa ville en 1603. L’orthographe « Kegler » évoluera par la suite en « Kugler » avec Claude et Jakob le jeune, eux aussi fondeurs. Fait rarissime dans nos contrées pour une sonnerie de ce gabarit, les 4 cloches de St Michel se sonnent aujourd’hui encore à la corde. Le plaisir de mes camarades et de moi-même s’en est ainsi trouvé décuplé lors de notre visite en cette belle journée d’avril 2015.


-Cloche no1, note mi3 -13/100, diamètre 1’234mm, coulée en 1646 par Urs Scherer, Gabriel Murer et Martin Keiser de Soleure
-Cloche no2, note sol3 -39/100, diamètre 1’043mm, coulée en 1646 par Urs Scherer, Gabriel Murer et Martin Keiser de Soleure
-Cloche no3, note si3 -42/100, diamètre 905mm, coulée en 1578 par Jacob Kegler de Fribourg
-Cloche no4, note do4 -30/100, diamètre 760mm, coulée en 1716 par Jacob Klely de Fribourg

Analyse (la3=435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)

Octave inf Prime Tierce min Quinte Octave sup
Cloche 1 mi2 -10/100 mi3 -103/100 sol3 -39/100 si3 +48/100 mi4 -13/100
Cloche 2 sol2 -71/100 sol3 -113/100 sib3 -65/100 ré 4+1/100 sol4 -39/100
Cloche 3 si2 -22/100 si3 -153/100 ré4 -50/100 solb4 -74/100 si4 -42/100
Cloche 4 do3 -18/100 do4 -94/100 mib4 +2/100 sol4 -147/100 do5 -30/100

Les 2 grandes cloches

La cloche no3

La petite cloche

L’église St Michel

Mes plus vifs remerciements à M. Axel Loup, administrateur du collège St Michel, pour son aimable autorisation, et à M. Roland Baechler, concierge, pour son chaleureux accueil et ses talents de sonneur. Merci également à mes excellents camarades campanaires Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, et Antoine, carillonneur à Taninges, pour leur indispensable collaboration et ces moments d’amitié.

Sources
http://www.csmfr.ch/Notre-college/L-Historique
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-2639-11-6-1/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_Saint-Michel_%28Fribourg%29
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012

Cloches – Ependes (CH-FR) église St Etienne

Ependes église 3-4

C’est à l’architecte romontois Fernand Dumas que nous devons l’actuelle église St Etienne d’Ependes. Consacrée en 1935, elle remplace un ancien édifice détruit par un incendie dans la nuit du 28 au 29 janvier 1933. Cette église est mentionnée pour la première fois en 1453, mais elle devait être beaucoup plus ancienne, car dépeinte après la visite pastorale de Saluces comme « dans un état déplorable » ; murs noircis, fenêtres sans vitrage, sol sans pavage, absence de porte. La nef semble avoir été rebâtie autour de 1580, alors que l’ancien chœur, décrit comme « solidement voûté » par Apollinaire Deillon dans son Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg, fut reconstruit en 1635 et conservé jusqu’en 1873.

Ependes église incendiée

Ependes, ancienne église après l’incendie de 1933 © Bibliothèque cantonale et universitaire, Fribourg. Collection de cartes postales

L’église n’était au départ couronnée que d’un modeste clocheton. Renversé par un ouragan le 29 janvier 1645 (2 cloches tombèrent, la 3e resta en place), il fut immédiatement remplacé par une tour en hors d’oeuvre. En 1855, Samuel Treboux coule 2 cloches, « la grande d’un poids de 30 quintaux, la petite de 1’265 livres ». Seule la seconde (actuelle cloche no2) nous est parvenue. Les 3 autres cloches furent coulée à Staad (SG) en 1934.

Ependes cloche 1 1934

Fondée en 1873 par Jakob Egger, la fonderie de St Gall passe d’abord brièvement entre les mains de son fils en 1921, avant d’être cédée à Fritz Hamm en 1927. Ce dernier connaît alors une période de prospérité avant de faire faillite en 1940. Les cloches coulées dès 1934 portent simplement la mention « Fonderie de St Gall, usine de Staad ». Parmi les réalisations les plus importantes de cette fonderie, citons les sonneries de Berneck (5 cloches en fa2, 1938) et de Hochdorf (6 cloches en solb2, 1940). Ancien collaborateur de la fonderie de St Gall, Emil Eschmann établit son atelier à Rickenbach (TG) où il coula un grand nombre de cloches dans les années 1960. Dans la région fribourgeoise, les sonneries de l’église Ste Thérèse de Fribourg et de la chapelle de Schwarzsee portent la signature d’Eschmann.

– Cloche 1, dédiée au Christ-Roi, note do#3 -29/100, coulée en 1934 par la fonderie de St Gall
– Cloche 2, note mi3 +27/100, coulée en 1855 par Samuel Treboux à Corsier-s/Vevey
– Cloche 3, note fa3 -37/100, coulée en 1934 par la fonderie de St Gall
– Cloche 4, note la3 -32/100, coulée en 1934 par la fonderie de St Gall
(la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)

Les 4 cloches sont sonnées à la volée pour chaque office. Régulièrement, de vaillants carillonneurs montent au clocher, souvent suivis par une foule de curieux de tous âges. Nous avons ici une intéressant exemple de ce qu’on pourrait appeler un « quadrillon traditionnel », coutume hélas de plus en plus rare.

La grande cloche, dédiée au Christ-Roi

La cloche 2 est la plus ancienne de la sonnerie. Outre le cartouche de Samuel Treboux, elle est ornée des effigies du Christ en croix, de St Pierre et d’une sainte qui semble arborer un lys et un livre, et qui pourrait bien être Ste Anne, mais cela reste à confirmer

Diverses autres vues de la sonnerie

L’église St Etienne d’Ependes, consacrée en 1935

Mes plus vifs remerciements à M. Jean-Marc Clément, conseiller paroissial, et à son équipe de vaillants carillonneurs François Clément, Charly Cotting et Jean-Marc Santax, pour leur sympathique invitation. Merci également à M. Alexandre Lopez, sacristain, pour son aimable accueil. Remerciements enfin à Guilhem Lavignotte, organiste à Yverdon-les-Bains, pour ses connaissances théologiques.

Sources
– Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg, volume 5, par Apollinaire Deillon, imprimeur du chroniqueur suisse, Fribourg, 1886
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
Ependes et Sales, l’histoire de deux villages de leur origine à nos jours, par Michel Riedo, Pierre-Joseph Clément et Gérard Tornare, Ependes 1993

A consulter
http://www.ependes.ch/fileadmin/PDF/Fichier/Histoire%20Ependes-1.pdf
http://www.paroisse.ch/

Ependes avant 1904

Ependes avant 1904, par Prosper Mache© Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg. Collection de cartes postales

Cloches – Vallorbe (CH-VD) temple

Temple Vallorbe archives

Le temple de Vallorbe entre 1915 et 1938, Bibliothèque Nationale Suisse

29 mètres de longueur sur 16 mètres de largueur… le temple de Vallorbe fait partie des grands temples de campagne vaudois. L’ancienne église, dédiée à St Pancrace, citée en 1139 déjà, faisait partie d’un prieuré clunisien appartenant à la puissante abbatiale de Romainmôtier, distante d’une dizaine de kilomètres. Affectée au culte protestant dès la Réforme en 1536, l’église, se délabrant peu à peu, fut reconstruite de 1711 à 1712 sur les plans de Jean-Gaspard Martin, architecte bernois établi à Yverdon, à qui ont doit également le temple du village voisin de Ballaigues, édifié simultanément. Ce sont Leurs Excellences de Berne qui ont assuré une bonne partie du financement. Construit plus près du centre de la localité, ce nouveau temple au chevet à 5 pans se dresse à l’emplacement de l’ancienne tour de l’horloge communale, reconstruite en clocher-porche. Si la silhouette extérieure de l’édifice n’a guère évolué depuis le XVIIIe siècle, l’intérieur fut profondément remanié au fil des siècles, notamment en 1937.

Si riche soit la documentation au sujet du temple et de son histoire, l’élaboration de la sonnerie n’occupe – elle – qu’un petit paragraphe du remarquable rapport rédigé par Catherine Schmutz-Nicod, historienne des monuments. On y apprend toutefois que la seule cloche historique encore existante date de 1666. Dans le Conteur Vaudois du 24 septembre 1927, F-Raoul Campiche écrit que cette cloche, richement décorée, est l’œuvre de Jean-Baptiste Livremont de Pontarlier. Sa note (do4) ne s’harmonisant pas avec les 3 autres cloches (accord majeur de ré), il fut décidé en 1915 de placer cette petite cloche dans le clocheton du nouveau collège, tout juste inauguré. La sonnerie actuelle du temple est composée de 3 cloches du XIXe siècle. La plus grande porte le sceau de Borle-Borel. Cette famille de fondeurs neuchâtelois a œuvré durant la première moitié du XIXe siècle de part et d’autre de l’actuelle frontière franco-suisse. Si la plupart de leurs cloches ont été coulées à Couvet (c’est le cas de la grande cloche de Vallorbe) certaines – comme la cloche de l’Hôtel de Ville de Boudry – furent élaborées à Pontarlier. Les 2 plus petites cloches du temple de Vallorbe sont signées Gustave Treboux de Vevey. La sonnerie porte des traces d’accordage. L’emplacement de la petite cloche en bout de travée s’explique par le fait que la cloche historique de 1666 sonnait jadis face à elle. Les archives font mention de 2 horloges mécaniques successives, la première réalisée par Jean-Pierre Brocard de Vallorbe en 1719, la seconde construite par Prost de Morez et installée par Jaquet et Maillefer de Vallorbe en 1888. Ces mouvements ont aujourd’hui disparu du clocher, l’heure est actuellement gérée par une horloge-mère BTE6 de Bodet et tintée au moyen d’électro-marteaux. Les cloches 2 et 3 possèdent encore leurs moutons en chêne d’origine, alors que la grande cloche est accrochée à un joug en acier.

– Cloche 1, « Conseillère », note ré3 +17/100, coulée en 1830 par Borle-Borel à Couvet
– Cloche 2, note fa#3 -16/100, coulée en 1876 par Gustave Treboux Vevey
– Cloche 3, note la3 +14/100, coulée en 1876 par Gustave Treboux Vevey

Analyse (la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)

Octave inf Prime Tierce min Quinte Octave sup
Cloche 1 ré2 -100/100 ré3 -81/100 fa3 +9/100 la3 +16/100 ré4 +16/100
Cloche 2 fa#2 +48/100 fa#3 +75/100 la3 +12/100 do#4 +-0/100 fa#4 -156/100
Cloche 3 la2 +967/100 la3 +74/100 do4 +39/100 mi4 +148/100 la4 +14/100

Remerciements à l’équipe pastorale présente lors de ma visite pour l’autorisation d’accès au clocher à l’occasion de la sonnerie dominicale. Amitiés à mon camarade campanaire John Brechbühl, membre de la GCCS, pour la prise de son extérieure.

Sources :
Le temple de  Vallorbe – 300 ans d’histoire architecturale, rapport rédigé parCatherine Schmutz-Nicod, avec la collaboration de Tamara Robbiani.
Le Conteur vaudois, édition du 27 septembre 1927
Histoire de la pendulerie neuchâteloise, par Alfred Chapuis, éditions Paris et Neuchâtel, 1917

A consulter :
http://www.vallorbe.ch/
http://vallorbe.eerv.ch/
www.swissisland.ch/