Cloches – Bienne (CH-BE) église Ste Marie

La plus imposante sonnerie biennoise est catholique

-Cloche 1, cloche du Christ-Roi, si bémol 2, diamètre 1m80, poids 3’300kg
-Cloche 2, dédiée à la Vierge Marie, ré bémol 3, diamètre 1m50, poids 2’100kg
-Cloche 3, cloche des Apôtres, mi bémol 3, diamètre 1m36, poids 1’400kg
-Cloche 4, dédiée à St Nicolas de Flue, fa3, diamètre 1m20, poids 1’000kg
-Cloche 5, cloche des âmes du Purgatoire, la bémol 3, diamètre 1m, poids 820kg
-Cloche 6, dédiée à Ste Cécile, si bémol 3, diamètre 90cm, poids 440kg

Si l’étude d’une sonnerie est toujours l’occasion pour le vrai passionné de se plonger dans l’histoire du lieu qui l’héberge, la présentation du somptueux ensemble campanaire de l’église Ste Marie nous amène à nous intéresser à l’histoire tourmentée du catholicisme dans cette région particulière du canton de Berne. La Réforme y est adoptée en 1528 déjà. Bienne devient française en 1798, avant de gagner le giron bernois en 1815. Le canton promet de reconnaître la liberté de conscience en établissant l’Acte de réunion, par lequel l’ancien Evêché de Bâle devient bernois. Il reconnaît la liberté de religion dans sa Constitution libérale. Mais avec l’éclatement du Kulturkampf en Europe, Berne cherche à mettre l’Eglise catholique au pas. En cause – entre autres – la promulgation par Pie IX en 1870 du dogme de l’infaillibilité pontificale dans une société qui se veut de plus en plus laïque. S’ensuit le schisme donnant naissance à l’Eglise Vieille Catholique (aujourd’hui Catholique Chrétienne en Suisse). Cette dernière s’approprie le sanctuaire tout neuf de la Route du Jura (il avait été consacré en 1869) et le revend à l’Etat pour une somme symbolique. Les curés qui avaient voué serment d’allégeance au pape sont démis de leurs fonctions. Leur chef de file, le père Jecker, est même emprisonné. Il faudra attendre 1898 pour voir la situation se décanter et le culte catholique romain à nouveau reconnu.

La galerie photo d’archives ci-dessus nous montre – outre la montée des cloches – l’église Ste Marie telle qu’elle se présentait de 1869 à 1903, puis son aspect après amputation de son petit clocher. On remarque tout de suite que le bâtiment était nettement moins haut qu’il ne l’est aujourd’hui. D’importants travaux sont en effet menés à partir de 1926 pour consolider et surélever cette église primitive, sur les recommandation du fribourgeois Fernand Dumas, et sur des plans d’Adolphe Gaudy, architecte de Rorschach. Le sanctuaire se voit doté d’un clocher – beaucoup plus imposant, cette fois – destiné à recevoir une grosse sonnerie. Celle-ci n’arrivera qu’en 1947, quelques mois après le décès du curé Loscher, qui avait tant œuvré pour la réussite du projet. La décoration des six cloches est l’œuvre du sculpteur argovien Büchs. Le choix des notes est confié à un fribourgeois, le célèbre abbé musicien Joseph Bovet, auteur du non moins fameux « Vieux Chalet ». Un petit insigne souvenir en céramique est mis en vente auprès du public pour la somme d’un franc.

Chronologie
-12 juillet 1947 : coulée des 6 cloches, d’un poids total de 8’500kg, dans les ateliers argoviens de la maison Ruetschi.
-15 août : transport des cloches par train jusqu’à Bienne. Elles sont ensuite acheminées à travers la ville au son de leurs aînées.
-17 août : baptême des cloches par Mgr François Von Streng, évêque de Bâle.
-20 août : montée festive des cloches par les enfants de la ville.
-21 septembre (Jeûne Fédéral) : première sonnerie officielle.

L’église Ste Marie de Bienne a cela de particulier qu’elle dispose de deux étages. Certes, on rencontre souvent des sanctuaires dont la vaste crypte peut héberger plusieurs dizaines de fidèles. Mais ici, on a vraiment à faire à deux salles de culte à la surface quasiment équivalente. Pour rappel, Bienne fait partie des villes de Suisse qui ont la particularité d’être bilingues (allemand-français).

Mes plus vifs remerciements à mon ami Luc N. Ramoni, pasteur à la paroisse générale réformée de Bienne, pour les démarches auprès de ses homologues catholiques et les bons moments de partage. Merci à Mme Dominique Bähler, sacristine, pour son aimable accueil et sa disponibilité. Amitiés enfin à mes excellents camarades campanaires Dominique « Valdom68 », Pierre « Pierrot708 » et Mimine pour leur précieuse collaboration. Une pensée émue enfin pour M. Jacky Anquetil, ancien sacristain de l’église Ste Marie, aujourd’hui décédé, qui avait été le premier à m’accueillir en ces lieux en 2003, et qui m’a régulièrement encouragé dans ma passion pour les cloches.

Sources :
125 ans de vie catholique à Bienne, par le curé Pierre Salvadé, 1984
http://www.journaldujura.ch/150-ans/le-kulturkampf-une-plaie-vif-dans-les-memoires-du-jura
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_vieille-catholique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bienne

A consulter :
https://www.biel-bienne.ch/
http://www.jurapastoral.ch/jura-pastoral/Orientations-pastorales/Unites-pastorales/Bienne-francophone/Bienne-francophone.html
http://www.ref-bienne.ch/accueil/

4 réflexions au sujet de « Cloches – Bienne (CH-BE) église Ste Marie »

    1. Quasimodo Auteur de l’article

      Merci, mon Père, pour ces encouragements qui me vont droit au coeur ! Ce fut un plaisir de me plonger dans la riche histoire de votre paroisse

      Meilleures salutations !

      Répondre

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