Carillon de l’Expo 64, 60 ans déjà !

Une certaine génération s’en souvient : en 1964 se tenait l’Exposition nationale suisse sur les bords du Lac Léman à Lausanne. A l’occasion de ses 60 ans, il me paraissait intéressant de rappeler que l’Expo 64 a possédé un ensemble de 26 cloches, cinq à la volée, les autres au carillon. Une fois la manifestation terminée, ces cloches ont été vendues et disséminées… certaines dans des clochers de la région lausannoise, d’autres à des centaines de kilomètres de leur destination d’origine.

Le carillon de l’Expo 64 (photo Marius Rey)

Tout d’abord, j’aimerais rendre hommage à deux membres de la Guilde des Carillonneurs et Campanologues suisse pour leur très beau travail de recherche. En 2002, Andreas Friedrich, alors président de la GCCS, rappelait dans le magazine « Camapanae Helveticae » que les cloches ont appelé les visiteurs des foires nationales qui se sont tenues au XIXe et au XXe siècle. Et puis en 2016, dans un article intitulé « Sur les traces des cloches de l’Expo 64 » ont été mises en évidence les travaux d’Erika St-Peters, résidant dans l’agglomération lausannoise où se trouvent un certain nombre de cloches ayant fait partie du carillon de l’Expo. Erika a eu la gentillesse de me conduire dans différents lieux où se trouvent aujourd’hui quelques unes de ces cloches. En plus des parutions mentionnées ci-dessus, vous trouverez dans cet article des clichés personnels et des vidéos de certaines de ces cloches.

Journal et feuille d’avis du Valais du 7 avril 1964

L’Exposition nationale suisse de 1964 se tient du du 30 avril au 25 octobre 1964 à Lausanne. L’Expo 64 met en valeur la Suisse des années 1960 au travers de huit pavillons. Au-dessus de l’accès conduisant au pavillon « Place de la joie de vivre » est installé un imposant beffroi en acier renfermant 26 cloches coulées et mises gracieusement à disposition de l’Expo par la fonderie Ruetschi d’Aarau. Cinq de ces cloches sont équipées pour sonner à la volée. Il s’agit des cloches no1 (do3), no2 (mib3), no3 (fa3,) no4 (sol3) et no7 (sib3). Elles sont équipées de moteurs fournis par l’entreprise Muff de Triengen. En plus de ces cinq cloches à la volée sont installées 21 cloches fixes pouvant être carillonnées de deux manières différentes : avec un clavier à traction électromécanique (système Bochud de Bulle installé par Jean Ecoffey de Broc) et via un système de pédales, de cordages et de poulies (« banc du sonneur » ou carillon valaisan).

Les cloches à la volée sont mises en branle le samedi à 18h pour l’annonce du week-end. Elles sonnent aussi le dimanche à 9h10 10h10 et 11h10 avant les offices religieux des trois églises chrétiennes. Les cloches du carillon électromécanique retentissent du lundi au vendredi durant vingt minutes grâce à la Confrérie des carillonneurs de Pully-Rosiaz : le pasteur et campanologue Marc Vernet (1896-1984) initiateur du carillon de l’Expo, Pierre Boulenaz, Jean-François Cavin (ancien carillonneur de Pully) et Jacques Viret (devenu par la suite professeur de musicologie à l’université de Strasbourg). L’étendue de ce carillon électromécanique : chromatique de fa3 à fa5 sans fa#3

Henri Marin,de Vercorin, l’un des nombreux carillonneurs valaisans invités à venir faire résonner le carillon valaisan de l’Expo 64. (Crédit photo : Campanae Helveticae no20)

Le carillon valaisan joue chaque samedi à 9h15, 11h40 et 15h00. Se relaient devant un parterre de 1’500 personnes les carillonneurs suivants : Robert Terrettaz (Martigny), Freddy Launaz (Vionnaz), Hyacinthe et Elie Clivaz (Saint-Léonard), Fabien Salamin, Lucien Epiney, Robert Rouvinez et Michel Salamin (Grimentz), Jérémie Bonvin (Arbaz), Henri Marin (Vercorin), Martial Perruchoud (Chalais), Bernard Andres et Meinrad Schaller (Zeneggen), Heinrich Kalbermatten, Werner Kalbermatten et Gottfried Kalbermatten (Törbel), André Balet (Nax), Gerbert Marty (Chalais), Joseph et Armin Kiechler (Morel) et Zacharias Bittel (Blitzingen). L’étendue de ce carillon valaisan : chromatique de fa3 à sol4, sans fa#3 ni fa#4

Ci-dessous, vous pouvez visionner un reportage réalisé en 1964 par la Télévision Suisse Romande sur le carillonneur de Martigny Robert Terrettaz (1919-1968).

Si aujourd’hui nombre de carillonneurs prennent plaisir à partir en tournée et à donner des concerts aux quatre coins de la planète, l’état d’esprit est tout autre dans le Valais des années 1960. Le pasteur Vernet fait d’ailleurs part de ses préoccupations dans ses mémoires : inviter des carillonneurs valaisans à jouer leurs sonneries à Lausanne constituait une véritable gageure. On les arracherait à leur isolement, à leur tranquillité. On les installerait sur une plate-forme suspendue dans le beffroi, au-dessus de l’escalier montant de la Place de la Joie de vivre et au-dessous des vingt-six cloches accrochées sur un seul plan, au même niveau. Devant et derrière eux, et passant sans cesse presque à leurs pieds, circuleraient des masses de visiteurs qui ne se contenteraient pas de les écouter, mais les regarderaient, braqueraient sur eux des dizaines d’objectifs et de microphones, et pour finir les applaudiraient vigoureusement.

Il y a 60 ans, la Télévision Suisse Romande proposait un reportage vidéo de l’Expo 64 et de ses différents secteurs.


L’emplacement des 26 cloches après l’Expo 64

Après la fermeture le 25 octobre 1964, la plupart des infrastructures de l’Expo sont démontées. Les cloches sont récupérées par la fonderie qui les avait prêtées. La maison Ruetschi réussit à trouver de nouveaux acquéreurs pour la plupart d’entre elles. Les cloches sont aujourd’hui disséminées dans toute la Suisse, même si une importante partie se trouve dans la région lausannoise. Grâce à d’intenses recherches, Erika St-Peters, historienne amateure de Pully, a réussi à retrouver le nouvel emplacement de 23 des 26 cloches de l’Expo 64.

La plus petite des 26 cloches de l’Expo 64, note fa5, diamètre 288 mm, poids 14 kg. Propriété de Daniel Ecoffey, campaniste à Broc.

Toutes les cloches coulées pour le carillon de l’Expo portent sur le col la devise UT OMNES UNUM SINT (Afin que tous soient un). Sur la panse figure sur une face la destination initiale des cloches : EXPO 1964 LAUSANNE. Sur l’autre face se trouve la signature du fondeur : H. RUETSCHI AG AARAU.

**********

Les cloches no1 (do3), no2 (mib3), no3 (fa3,) no4 (sol3) et no7 (sib3), autrement dit les cinq cloches équipées à la volée lors de l’Expo sont aujourd’hui dans le clocher de l’église réformée d’Untersiggenthal (CH-AG). Ces cloches ont la particularité d’être destinées dès le départ à la paroisse argovienne. Outre les inscriptions génériques mentionnées plus haut, elles arborent chacune un verset biblique en allemand.

Le « Berner Tagwacht » du 10 juillet 1965 mentionne l’installation des anciennes cloches de l’Expo 64 dans le clocher de l’église réformée d’Untersiggenthal.

-Do3 : Der Herr ist gütig, ewig ist seine Gnade (Trad : Car l’Eternel est bon; sa bonté dure toujours) (Ps. 100, V. 5)
-Mib3 : Danket dem Herrn, preiset seinen Namen (Trad : Remerciez l’Eternel, bénissez son nom) (Ps. 100, V. 4)
-Fa3 : Erkennt, dass der Herr allein Gott ist (Trad : Sachez que l’Eternel est le seul Dieu) (Ps. 100, V. 3)
-Sol3 : Dient dem Herrn mit Freuden (Trad : Servez l’Eternel, avec joie) (Ps. 100, V. 2)
-Sib3 : Jauchzet dem Herrn, alle Lande (Trad : Acclame l’Eternel, ô terre tout entière) (Ps. 100, V. 11)

Ci-dessus un enregistrement audio de la sonnerie de l’église réformée d’Untersiggenthal figurant sur la chaîne « Taufglocke » (consultée le 3 mars 2024)

**********

Les cloches no5 (lab3), no9 (do4), no12 (mib4), no14 (fa4) no17, (lab4), no19 (sib4) et no21 (do5) sont aujourd’hui accrochées dans le clocher de l’église Saint-Jacques de Lausanne. Sur recommandation du pasteur Vernet, le pasteur Bonjour commande sept cloches auprès de la fonderie Ruetschi par lettre du 24 juin 1964 déjà, alors que l’Expo est toujours en cours. Les notes choisies sont les mêmes que celles de la cathédrale de Lausanne, augmentées d’une octave. Les travaux pour la construction de la nouvelle église ne commenceront qu’en 1970. Les sept cloches sont acheminées le 3 juin 1972, saluées par leurs aînées de la cathédrale, de l’église Saint-François et de l’église de la Croix-d’Ouchy. L’église Saint-Jacques est inaugurée le 19 novembre 1972.

Les cloches de l'Expo 64 à l'église Saint-Jacques de Lausanne : revue de presse
24 Heures du 31 mai 1972
« de 3 »

**********

Les cloches no6 (la3), 11 (ré4) et 25 (mi5) ont disparu des écrans radar.

**********

La cloche no8 « Gisèle » (si3) se trouve dans le quartier de la Bourdonnette à Lausanne. Rachetée par des particuliers, elle a été offerte à la ville de Lausanne et installée en 1973 dans un clocher-mur en béton où elle sonnait jadis à la volée, non loin du site de l’Expo 64. Mais aujourd’hui, la cloche est désaffectée et ne possède même plus de battant. Sur un panneau, on peut lire Cloche Gisèle – Expo 1964 Lausanne – Don de Bruno et Gisèle Maestri-Flück – Lausanne/Aarau 1979.

La cloche Gisèle, désaffectée, dans son clocher-mur à Lausanne, quartier de la Bourdonnette
« de 5 »

**********

Les cloches no10 (réb4), no13 (mi4) et no15 (solb4) se trouvent dans le clocher de l’église évangélique libre de Pully, inaugurée le 2 novembre 1962. En juin 1964, Le pasteur Ducommun passe commande de trois cloches pour un prix de 7’510 francs, transport compris. Sur conseil du pasteur Vernet, leurs notes sont harmonisées avec les sonneries principales de Pully (Eglise du Prieuré et église de Chantemerle). Les cloches sont hissées le 11 novembre 1964 par une cinquantaine d’enfants. Après la fusion de l’Eglise évangélique libre avec l’Eglise réformée du canton de Vaud, l’affectataire de ce lieu de culte est aujourd’hui la Communauté évangélique africaine. A notre connaissance, ces cloches ne sonnent plus.

Les trois cloches de l'église évangélique libre de Pully ne sonnent plus guère aujourd'hui
« de 5 »

**********

Le cas de la cloche no16 (sol4) est doublement particulier. Déjà, il faut savoir que cette cloche a été coulée deux fois.

Une première cloche (16.1) jugé insatisfaisante pour le carillon, est revendue à la paroisse réformée de Bettingen (BS) pour un lieu de culte provisoire : une chapelle cédée par l’Eglise méthodiste. L’utilisation de ce modeste édifice en bois (photo) va durer plus longtemps que prévu : ce n’est qu’en 2021 que la communauté réformée de Bettingen fait construire son église.

A gauche, l’ancienne chapelle réformée de Bettingen (aujourd’hui démolie) avec la cloche en sol4 refusée par l’Expo 64. A droite, l’actuelle église réformée de Bettingen (crédit photos : https://www.kath.ch/newsd/gegen-den-trend-bettingen-bei-basel-baut-reformierte-kirche/ + https://www.erk-bs.ch/kg/riehen-bettingen/neubaubettingen)

Pour la sonnerie de sa nouvelle église, la paroisse réformée de Bettingen opte de nouveau pour l’achat de cloches d’occasion. Le clocher-campanile de béton contient trois des quatre cloches de l’église réformée Saint-Marc de Bâle, inaugurée en 1932 et condamnée pour pour laisser place à des logements.

Bâle, église Saint-Jacques. A gauche, le clocher avant sa démolition. A droite, les cloches descendues, toutes signées Ruetschi d’Aarau. Les trois plus petites ( ré#4 fa#4 sol#4, coulées en 1932) ont été cédées à la paroisse réformée de Bettingen. La plus grande (si3, année 1952) est destinée à être exposée dans le quartier où se trouvait l’église. Crédit photos https://erkbs.rpz-basel.ch/fotos-der-reformierten-kirchen-bs/kirchgemeindehaus-st-markus-basel + https://www.bazonline.ch/die-glocken-klingen-nicht-mehr-514493604745

Souvenir de la sonnerie de l’église réformée Saint-Marc de Bâle. Vidéo réalisée en 2009 par Neuenschwande (chaîne consultée le 12 avril 2024)

La cloche 16.1 destinée à l’Expo n’a pas été reprise dans la nouvelle sonnerie de Bettingen. Elle se trouve aujourd’hui à la Maison mère des diaconesses de Saint-Chrischona. Accrochée à un petit clocher de béton haut d’environ trois mètres, elle est équipée d’un électro-tinteur et d’un moteur linéaire pour la volée en rétrograde. La cloche sonne à la volée tous les soirs pendant deux minutes pour l’appel à la prière de 19h. Vous pouvez la voir et l’entendre dans la vidéo ci-dessous.

La cloche 16.2 – celle qui fut donc retenue pour le carillon de l’Expo 64 – se trouve aujourd’hui au Tessin, dans le clocher-mur de la chapelle Saint-Bernardin de Ronco. La cloche est aujourd’hui encore sonnée à la corde.

Crédit photo : Campanae Helveticae no20

**********

Les cloches no18 (la4) et 22 (réb5) se trouvent à l’église catholique du Saint-Esprit de Lausanne, consacrée le 26 juin 1966. Accrochées dans un clocher ouvert de faible hauteur, les deux cloches sont aujourd’hui encore sonnées à la main.

Erika St-Peters, auteure de minutieuses recherches sur le devenir des cloches de l’Expo 64, pose devant le clocher de l’église du Saint-Esprit de Lausanne.

**********

La cloche no20 (si4) a connu – tout comme la cloche no 16 – un destin particulier. Après l’Expo 64, elle est rachetée par l’aéroport de Zurich-Kloten et installée sur un petit beffroi métallique au village des ouvriers travaillant à l’agrandissement de l’aérogare (1966-1971). La cloche, motorisée, a pour mission d’annoncer les offices religieux. Une fois le chantier achevé, elle est oubliée durant plus de 30 ans. En 1998, on se souvient d’elle, on l’installe brièvement dans la nouvelle aumônerie avant de la remiser à nouveau. Il est alors question de céder la cloche à qui voudrait bien venir la récupérer. Heureusement, en novembre 2016, un nouveau centre multiconfessionnel est officiellement inauguré à l’aéroport de Zurich. Ce lieu comprend une aumônerie, des salles de médiation et de dialogue pastoral. Lors de la visite d’Erika St-Peters en 2019, la cloche se trouvait sur un support provisoire. Elle devrait être prochainement installée sur un support mobile pour être amenée dans la chapelle sur demande. Affaire à suivre, donc.

En haut : la chapelle du village des ouvriers en 1965. En bas à gauche, la cloche en 2012. En bas à droite, la cloche en 2019). (Crédit photos : Die Tat 28 juin 1965 + https://www.tagesanzeiger.ch/weihnachten-bei-der-swissair-familie-721259526477 + Erika St-Peters)

**********

La cloche no23 (ré5) a pris la direction d’Hergiswil (LU) sur la route du Col du Rengg. Elle est accrochée au-dessus d’une ravissante chapelle de pèlerinage dédiée à la Vierge Marie. Ses fondations remontent à 1768. A l’occasion de sa restauration en 1968, l’édifice reçoit un petit clocher. Tout comme les cinq cloches d’Untersiggenthal, la cloche de la chapelle de Rengg possède une inscription personnalisée : Ave Maria Rengg 1965. Elle est le fruit d’un don d’hôteliers de la région.

Crédit photo : https://www.pfarrei-hergiswil.ch/project/renggkapelle/

**********

La cloche no24 (mib5) a été vendue a un particulier, Mme Hedwig Minger à Schüpfen (BE).

**********

La cloche no26 (fa5) a été acquise par Jean Ecoffey, campaniste chargé de l’installation du carillon. Elle est aujourd’hui en possession de son fils Daniel (photo) actuel directeur de l’entreprise Ecoffey.


**********

Voici un tableau récapitulatif des 26 cloches de l’Expo 64 avec leurs notes, diamètres, poids et emplacements actuels

No Note Diamètre (mm) Poids (kg) Emplacement
1 do3 1500 2108 Untersiggenthal AG, église réformée
2 mib3 1300 1218 Untersiggenthal AG, église réformée
3 fa3 1160 880 Untersiggenthal AG, église réformée
4 sol3 1030 630 Untersiggenthal AG, église réformée
5 lab3 965 485 Lausanne VD, église réformée Saint-Jacques
6 la3 910 450 Emplacement inconnu
7 sib3 870 380 Untersiggenthal AG, église réformée
8 si3 820 292 Lausanne VD, quartier de la Bourdonnette
9 do4 765 245 Lausanne VD, église réformée Saint-Jacques
10 réb4 750 240 Pully VD, église évangélique libre
11 ré4 705 210 Emplacement inconnu
12 mib4 660 160 Lausanne VD, église réformée Saint-Jacques
13 mi4 620 131 Pully VD, église évangélique libre
14 fa4 580 111 Lausanne VD, église réformée Saint-Jacques
15 solb4 550 92 Pully VD, église évangélique libre
16.1 sol4 ~510 ~85 D’abord Bettingen BS, ancienne chapelle réformée. Aujourd’hui : Maison mère des diaconesses de Saint-Chrischona BS.
16.2 sol4 510 85 Ronco TI, chapelle Saint-Bernardin
17 lab4 490 77 Lausanne VD, église réformée Saint-Jacques
18 la4 460 60 Lausanne VD, église catholique du Saint-Esprit
19 sib4 430 48 Lausanne VD, église réformée Saint-Jacques
20 si4 410 40 Kloten ZH, aéroport
21 do5 380 36 Lausanne VD, église réformée Saint-Jacques
22 réb5 360 30 Lausanne VD, église catholique du Saint-Esprit
23 ré5 340 28 Hergiswil NW, chapelle Sainte-Marie
24 mib5 320 24 En mains privées, Hedwig Minger à Schüpfen BE
25 mi5 305 20 Emplacement inconnu
26 fa5 288 14 En mains privées, Daniel Ecoffey, campaniste à Broc FR

L’arrivée des cloches sur le site de l’Expo 64 (Crédit : NZZ 6 avril 1964)


Expositions nationales suisses… une histoire rythmée par les cloches

Outre l’Expo 64, les expositions nationales suisse ont presque toutes comporté des cloches, comme le signalait Andreas Friedrich dans « Campanae helveticae » en 2002.

Zurich, 1883 : Cinq cloches – la plus lourde d’un poids de 1’650 kg – étaient installées sur un beffroi de fer. Elles sonnaient tous les jours à midi pendant dix minutes. Ces cloches ont ensuite été cédées à l’ancienne église catholique d’Aarau, démolie en 1942 pour faire place à l’actuelle église Saints-Pierre-et-Paul, connue pour sa splendide sonnerie monumentale de six cloches en fa#2. Les cloches de 1883 se trouvent depuis 1960 dans le clocher de l’église du Saint-Esprit de Suhr (AG).

A gauche, l’Exposition nationale suisse de 1883 à Zurich. A droite, l’ancienne église catholique d’Aarau (1882-1942) dont le clocher a contenu les cloches de l’Exposition

**********

Genève, 1896 : Un ensemble à la volée 3 cloches sol3-si3-ré4 et un carillon diatonique de cinq cloches en do4. Comme pour l’Expo 64, c’est un carillonneur valaisan – de Vissoie – qui fut embauché pour faire chanter le carillon. Particularité : ces cloches provenaient de différentes communes vaudoises qui ont accepté de les prêter à Auguste Thybaud, l’accordeur de cloches vaudois mandaté pour confectionner un carillon pour l’Expo 1896.

Le village suisse et son église (Collection particulière de D. Zbinden, Bernex)

Les communes qui acceptent de céder leurs cloches l’espace de quelques mois sont : Lausanne (église Saint-François), Champvent, Mézières et Maracon avec une cloche chacune ; La Praz (le village d’origine de Thybaud,) Mont-la-Ville et Sainte-Croix (hameau des Granges) avec deux cloches chacune. Il est intéressant de noter que toutes ces cloches n’ont pas pris le chemin de Genève. La cloche de Champvent a été prêtée à La Praz dont le clocher se retrouvait vide. Une des deux cloches de Sainte-Croix (fondeur François Humbert, Morteau, 1852) est partie définitivement pour le temple de Boulens dont la vieille cloche avait été rachetée à vil prix par Thybaud quelques temps auparavant. Cette vénérable cloche du XVe siècle s’est elle aussi retrouvée à l’Exposition avant de disparaître. L’autre cloche de Sainte-Croix a provisoirement remplacé à Lausanne la cloche des quarts que l’église Saint-François avait elle-même prêtée à Genève.

**********

Berne, 1914 : organisée sur le site de Neufeld, cette exposition présentait une église, mais nous ne possédons aucune information sur les cloches.

**********

Zurich, 1939 : Cette exposition nationale surnommée « Landi » est de loin la plus chère aux amateurs d’art campanaire, puisqu’elle a comporté pas moins de 42 cloches réparties en trois ensembles distincts. Ces cloches ont toutes été coulées par Ruetschi.

Le « Dörfli » (village typique, photo ci-dessus) possédait une petite sonnerie de trois cloches en volée (mi4 sol#4 si4)

Crédit photo : ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv

A côté du pavillon dédié à l’horlogerie se trouvait une structure métallique haute de 34 mètres (photo ci-dessus) avec à son sommet quatre cadrans de 4 mètres de diamètre. Cette tour de l’horloge renfermait un carillon de 34 cloches (do#4 – si6 chromatique) actionné par un clavier et un pédalier électro-mécaniques. L’équipement était l’œuvre de la maison Baer à Sumiswald.

Le beffroi et ses imposantes cloches en volée dans le secteur de la musique

Dans le secteur dédié à la musique, on trouvait un imposant beffroi de bois (photo ci-dessus) doté de 5 grosses cloches en volée (si2 ré3 mi3 fa#3 la3, poids total 8’019 kg). Ces cloches se trouvent aujourd’hui dans le clocher de l’église réformée de Wettingen (AG). Vous pouvez les entendre dans la vidéo ci-dessous tirée de la chaîne Youtube « Robin Marti KirchenGlocken » (consultée le 11 mai 2024).

**********

Dernière exposition nationale suisse en date, l’Expo 02 n’a offert le spectacle d’aucune cloche. Le projet d’une nouvelle foire est actuellement en gestation. Peut-être saura-t-elle renouer avec les traditions.

Sources (autres que mentionnées)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Exposition_nationale_suisse_de_1964.
Nouvelliste vaudois du 19.07.1879 et du 25.04.1896.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.