Quasimodo, sonneur de cloches

Si des fouilles effectuées dans les années 1970 ont permis de mettre au jour des vestiges du 8e et du 9e siècle, le Temple de Cossonay fut édifié entre le 11e et le 12e siècle. L'imposant clocher, dont la légende raconte que sa construction fut entamée un beau jour de Pâques 1407, renferme une intéressante sonnerie historique de 4 cloches.

La plus grande porte la signature de Franz Sermund de Berne, et la date de 1583. L'histoire de la 2e cloche est peu commune : coulée en 1682 par Thomas Picard et son neveu pour la paroisse de Saulieu en Bourgogne, elle échappa miraculeusement au funeste destin que lui réservait la Révolution française, pour finalement se retrouver en terre helvétique ! Antoine Livremont de Pontarlier coula la cloche 3 en 1769. La plus petite, enfin, est aussi la benjamine, elle qui fut fondue en 1811 par le morgien Louis Golay.

La grande cloche

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^ ^ le mécanisme d'horlogerie, fabriqué par Prête & fils en 1878 ^ ^

Je vous présentais il y a quelques semaines les 2 cloches historiques de la Tour de Peney... il est temps pour vous de découvrir le Temple de Vuiteboeuf, qui en 1904, devint le lieu de culte officiel des 2 villages. Décrié lors de sa construction, ce charmant édifice de style Art Nouveau est aujourd'hui très apprécié et accueille de nombreux jeunes mariés.

Le grand Jules Robert oeuvrait encore à Nancy lorsqu'il coula ces 3 belles petites cloches sur un joyeux accord parfait (mi3 lab3 si3), très en vogue à l'époque.

^^ la grande cloche ^^

vv le mouvement horloger mécanique, fabriqué par Maillefer à Ballaigues vv

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1770... telle est la date inscrite sur la cloche de l'école primaire de Vuiteboeuf. Coulée par Livremont de Pontarlier, cette belle pièce en ré4 est venue remplacer la cloche précédente qui avait fondu lors de l'incendie de l'établissement au 18e siècle.

Si des générations d'élèves du village se sont levés tous les matins à l'appel de cette cloche, cette dernière ne sonne hélas plus, ni au tintement, ni à la volée, et ce depuis 1995, date de la mise hors service de l'horloge mécanique. Je vous laisse aisément imaginer la fierté de mon camarade Valdom68 (l'équilibriste au caméscope) et de moi-même (le sonneur accroché à la corde), d'avoir pu sortir cette très belle cloche de son mutisme prolongé !

^^ "A. Livremont de Pontarlier m'a fait - 1770" ^^

vv l'ancien mouvement d'horloge vv

Un immense merci à Gilbert Krebs, employé communal, de nous avoir aimablement offert l'accès aux bâtiments emblématiques de son village

L’église réformée St-Jean-Baptiste de Grandson, dont la construction remonte au 12e siècle, est avec la cathédrale de Lausanne et l’abbatiale de Romainmôtier, l’un des très rares édifices placés sous la responsabilité directe de l’Etat. Complètement restauré durant 7 ans, ce chef-d'oeuvre de l'art roman est à nouveau accessible aux visiteurs et aux fidèles depuis 2006.

La sonnerie que nous avons ici est au moins aussi digne d'intérêt que le sanctuaire qui l'héberge. La plus grande cloche est aussi la plus ancienne : 1477. Coulée en 1520, la deuxième cloche par sa taille - et c'est une des particularités de cette sonnerie - est celle qui donne la note la plus grave. La plus petite cloche enfin, munie de 2 marteaux pour la frappe des quarts d'heure, est datée de 1514. Les connaisseurs auront remarqué, en observant la vidéo, qu'au moins 2 des 3 cloches ont été burinées afin d'ajuster leur ton, opération réalisée à la fin du 19e siècle par Auguste Thybaud, responsable - entre autres - de l'harmonisation des cloches de Lausanne.. manoeuvre aujourd'hui décriée par les campanologues.

La grande cloche, datée de 1477

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La cloche moyenne, coulée en 1520, qui - insolite - donne la note la plus grave.

Le temps semble s'être arrêté dans le hameau de Peney, qui s'étend paisiblement au pied  sa vénérable Tour de l'Horloge. Comme on peut le voir ici, l'huile de coude est toujours de mise pour mettre en branle les 2 cloches historiques, coulées en 1477, à partir de canons de la bataille de Grandson qui opposait les Suisses aux Bourguignons de Charles le Téméraire un an plus tôt.

Si des cultes sont encore célébrés en plein air au pied de la Tour, on en oublie pas l'ancienne église romane adjacente, hélas démolie en 1907 suite à la construction d'un nouveau sanctuaire dans le village voisin de Vuiteboeuf.

Si j'ai eu un plaisir fou à immortaliser ces 2 petites cloches, c'est parce que j'ai eu l'occasion de m'accrocher moi-même à ces cordes alors que je n'étais âgé que d'une dizaine d'années. A l'époque, l'heure était rythmée par un ancestral mouvement mécanique (non signé, mais probablement de marque Prost, selon mon excellent camarade Valdom68) qui se remontait toutes les semaines.

^^ la grande cloche ^^

vv la petite cloche vv

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^^ détails de la grand cloche ^^

vv battant probablement d'origine vv

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^^ ancien mouvement d'horloge, aujourd'hui désaffecté ^^

vv fenêtre gothique qui jadis éclairait le choeur de l'ancienne église vv

Remerciements à M. le Pasteur Valdo Richard, ainsi qu'à M. Gilbert Krebs, concierge, à pied d'oeuvre ici dans le rôle du sonneur (à droite). Un grand merci aussi à M. Albin Berruex pour la mise à disposition ci-dessous de cette très belle gravure de l'ancienne église de Peney

Magnifique édifice réformé de style gothique, construit entre le 13e et le 16e siècle, le Temple St Martin, situé à flanc de coteau, offre depuis son esplanade une vue imprenable sur Vevey, le Lac Léman et les Alpes. Le haut clocher à l'architecture paramilitaire renferme une sonnerie de 4 cloches.

On peut admirer ci-dessus le plénum, composé de 3 cloches Ruetschi (1887), et du beau bourdon en SIB2 , signé Abraham Zender de Berne (1603), seul rescapé de l'ancienne sonnerie. Ci-dessous, le bourdon solo

vv enregistrement extérieur vv

Le bourdon

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^^ cloche 4 ^^

vv moule à cloche dans les fondations de l'ancienne église sous l'actuel sanctuaire vv

Pourquoi des cloches Ruetschi à Vevey, et non des Tréboux ?

Nul n'est prophète en son pays... une maxime dont la fonderie veveysanne Tréboux a fait l'expérience à la fin du 19e siècle, en voyant la commande d'une nouvelle sonnerie dans sa propre ville lui échapper. En explorant les archives communales avec l'aide bienveillante de Mme Marjolaine Guisan (merci à elle), j'ai pu trouver quelques explications à cela. En 1886, à la demande de la ville, Gustave Tréboux coula une nouvelle petite cloche et tourna d'un quart de tour la cloche de midi (cloche 2, Pierre Guillet de Romont, 1602) qui donnait des signes de fatigue. 1887: cette même cloche 2 ayant fêlé, il fut demandé une offre à la maison Ruetschi pour la remplacer. On peut dès lors supposer que les autorités veveysannes avaient été mécontentes du travail effectué par le fondeur local sur la cloche de midi. Jugeant la note de la cloche Tréboux incompatible avec la nouvelle sonnerie, la maison d'Aarau procéda ainsi au remplacement des 3 plus petites cloches pour laa somme de... 3'250 francs de l'époque. Ironie du sort : la nouvelle cloche 2 donne une note plus proche du réb3 que du ré3 !

Remerciements à la Paroisse St Martin de Vevey, et plus particulièrement à M. Cardis.