A Abbeville, l’église Saint-Jacques vit ses dernières heures. Le bâtiment doit être détruit. Le clocher, qui culmine à 65 mètres, menace de s’effondrer à tout moment. Voilà ce que dit le rapport de l’expert, présenté hier soir en séance extraordinaire du conseil municipal. Aucun chantier de sauvetage n’est possible. L’église a été construite au XIXe siècle en partie sur pilotis sur un sol meuble. Les fondations bougent et les murs craquent de toutes parts. Les élus ont voté à l’unanimité une demande de désaffectation au préfet. C’est-à-dire que l’église ne doit plus être considérée comme lieu de culte. Les travaux de démolition doivent démarrer dès le début de la semaine prochaine. Il y a 10 000 tonnes de pierres à évacuer ! Pour protéger les maisons alentours, les murs de l’église ne vont pas être abattus mais démontés pierre par pierre. Les fonts baptismaux et le Christ en croix ont déjà été transférés au musée Boucher-de-Perthes. Il reste à sauver l’orgue (source: France Bleu Picardie, 8 février 2013)
L’église Saint-Jacques d’Abbeville est située dans un quartier épargné par les bombardements qui ont détruit la ville à 80% en 1940. Elle fut construite dans le style néo-gothique par l’architecte Victor Deleforterie, émule de Viollet-le-Duc, à la place de l’ancienne église médiévale détruite parce que son état était jugé inquiétant (déjà !), et consacrée en 1878. Ses qualités architecturales sont évidentes comme le montrent nos photos. Elle aurait largement mérité une inscription, sinon un classement, mais les municipalités successives ne l’ont jamais demandé. Depuis quelques années, particulièrement depuis 2005 lorsqu’une tempête fit chuter un élément du clocher qui perça la toiture de la nef, l’état de l’église s’est fortement détérioré (source : La Tribune de l’Art, 18 mai 2010.
Le samedi 13 juillet 1737 fut coulée, dans le cimetière Saint Nicolas,la grosse cloche de l’église Saint Jacques ( qui était cassée depuis environ 30 ans mais elle a sonné jusqu’au jour où elle fut descendue) mais le métal coula par le bas , elle se trouva sans ancre.On l’a refondu une seconde fois. Elle a été coulé le jeudi 19 septembre 1737 qui ,cette fois ,a bien réussi.Le lendemain de la dernière fonte, les paroissiens ayant vu tirer la cloche de son moule, lui attachèrent plusieurs branches de lauriers et la transportèrent eux mêmes vers la paroisse. Elle fut bénie en l’église Saint Jacques le 22 septembre 1737. La cloche Jacqueline fondue en 1737 pour l’ancien clocher ,échappe aux fontes de la Révolution, est réinstallée dans le clocher actuel, à nouveau elle échappe aux destrutions de 1940.Elle est la doyenne des cloches d’Abbeville (source : http://saintjacques-l-oubliee.over-blog.com/)
Le coup de gueule de Quasimodo: Je me demande ce qui va bien pouvoir sortir de terre à la place de cette splendeur. Des parcmètres, des pompes à essence, des caisses enregistreuses ? Certainement un bâtiment flambant neuf dont les politiques en manque de voix et les pseudo-urbanistes loueront la fonctionnalité et la rentabilité. Fonctionnalité, rentabilité… ces termes abominables au nom desquels les boiseries et les dentelles de pierre a trop souvent cédé la place au béton et à l’acier. Des mots qui n’ont pas plus d’âme que les nihilistes incultes qui crachent sur ces magnifiques témoins de notre passé.