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Les Livremont, une famille de fondeurs

Petite cloche de Vers-l’Eglise (CH-VD) signée I C Livremont (Jean-Claude) en 1760

Les Livremont (variantes : Lievremont, Livremond) sont une famille originaire de Franche-Comté recensant dans ses rangs un grand nombre de fondeurs. Tous ont laissé de beaux exemples de leur savoir-faire aux XVIIe et XVIIIe siècles, que ce soit en Suisse, en Savoie ou en Franche-Comté. Le degré de parenté exact entre les différents membres de cette dynastie qui portent parfois le même prénom n’est pas toujours clair.

Pascal Krafft, expert campanologue à Ferrette (F-68) a attiré mon attention sur les travaux de Louis Boiteux. Dans son étude réalisée vers 1920 au sujet des cloches historiques du Doubs, le chanoine Boiteux mentionne au XVIIe siècle Guillaume fondeur à Pontarlier et son frère Jean-Baptiste actif à Dole. Ce même Jean-Baptiste est également cité par A. Cahorn (Les cloches du canton de Genève, 1925) dans des travaux de réparation à l’une des cloches de la cathédrale Saint-Pierre de Genève en 1668. La Revue Savoisienne de 1896 nous apprend que Guillaume et Antoine originaires de Pontarlier et qualifiés de bourgeois d’Evian ont coulé en 1687 deux cloches pour Evian et une pour l’ancienne paroisse voisine de La Thouvière. La grande cloche de la Chapelle d’Abondance (F-74) datée de 1687 porte la signature de Guillaume, Claude et Antoine bourgeois d’Evian, de Pontarlier et citoyens de Besançon, comme le fait remarquer sur son site internet Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice.

Les frères Livremont semblent avoir ensuite repris la direction de la Franche-Comté non sans avoir fait halte dans le Nord-Vaudois, comme l’indique la griffe apposée sur le bourdon d’Orbe (CH-VD) GUILLAVME ET ANTOINE LIVREMOND FRERES BOVRGEOIS DE PONTARLIER ET CITOYENS DE BESANCON MONT FONDVE ET REMISE EN L’ESTAT OV JE SVIS LE 16 OCBRE 1688. Au XVIIIe siècle, Antoine le jeune – le plus prolifique de la famille – a coulé un grand nombre de cloches pour les cantons de Fribourg et de Neuchâtel (comme ici à Treyvaux). Il semble avoir eu au moins deux fils, eux aussi fondeurs. Le patrimoine campanaire fribourgeois mentionne les prénoms de Jean et surtout de Claude pour des cloches à Onnens (1786) et aux Sciernes d’Albeuve (1780). Le musée neuchâtelois évoque un certain Joseph pour deux cloches à Buttes en 1772.

Claude et Joseph pourraient n’avoir été qu’une seule et même personne : Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, signale que la cloche no2 de la collégiale de Neuchâtel coulée en 1786 est signée C I LIVREMON. Les archives de la commune d’Amagney (F-25) nous apprennent qu’il a été passé commande en 1775 d’une cloche à un fondeur du nom de Claude-Joseph Lièvremont. Toujours au XVIIIe siècle, les prénoms de Jean-François puis de Jean-Claude apparaissent dans certains clochers de la région du Léman. Une cloche à Saint-Jean-d’Aulps (F-74) datée de 1747 porte la signature de ces deux frères, tout en mentionnant leur bourgeoisie de Pontarlier. Selon la Revue Savoisienne de 1896, Jean-François natif de Pontarlier fut appelé pour remplacer les cloches de Pers (F-74) en 1754. Il serait décédé à Annecy le 27 mai 1764 à l’âge de 52 ans laissant plusieurs enfants dont aucun ne paraît avoir exercé l’industrie paternelle. Sur la petite cloche de Vers-l’Eglise (CH-VD) coulée en 1760, Jean-Claude – vraisemblablement le plus jeune de la fratrie – apparaît seul et Thonon remplace alors Pontarlier comme lieu de résidence du fondeur.

Cloches – Unterkulm (CH-AG) église réformée

Une cloche gothique et une horloge du XVIème siècle

-Cloche 1, note ré bémol 3, diamètre 144cm, poids 1’831kg, coulée en 1861 par Ruetschi (Emmanuel, 2e génération) à Aarau.
-Cloche 2, note fa 3, diamètre 121 cm, poids 1’122kg, attribuée à Hans Füssli de Zurich.
-Cloche 3, note la bémol 3, diamètre 97cm, poids 552kg, coulée en 1861 par Ruetschi (Emmanuel, 2e génération) à Aarau.
-Cloche 4, note si bémol 3, diamètre 88cm, poids 382kg, coulée en 1974 par Ruetschi (société anonyme) à Aarau.
-Cloche 5, note ré bémol 4, diamètre 70cm, poids 225kg, coulée en 1861 par Ruetschi (Emmanuel, 2e génération) à Aarau.

C’est à une très belle fin de semaine riche en découvertes que m’a convié un ami zurichois les 30 juin et 1er juillet 2018. Ce fut l’occasion d’immortaliser les sonneries de Hägglingen et de Urdorf, mais aussi de visiter une passionnante exposition sur les églises médiévales disparues de la ville de Zurich dans le magnifique bâtiment historique Haus zum Rech. Il me restait encore une dernière étape campanaire de ce beau week-end à vous présenter : la localité argovienne d’Unterkulm, son paysage vallonné et son église réformée riche d’histoire. Nous retrouvons ici avec bonheur un clocher à bâtière, un style très prisé dans la région. Vénérable est cette tour, élevée au XIIIème siècle et surélevée vers 1500. Les triples baies romanes à mi-hauteur témoignent de la hauteur initiale de l’ouvrage. L’église est édifiée à partir du XIIème siècle sur un ancien site romain. Les murs de la nef sont d’époque romane, même si le percement des fenêtres a été revu en 1859 par souci de symétrie. Le chœur fut ajouté au XIVème siècle. Il est orné de magnifiques fresques de style gothique primitif qui furent recouvertes à la Réforme. Paradoxalement, c’est cette couche d’enduit qui a permis à ces superbes peintures d’apparaître en aussi bon état lors de leur mise au jour en 1967. C’est plutôt l’agrandissement en 1869 de deux des fenêtres du chœur qui causa des dommages irrémédiables à ce chef-d’œuvre pictural. On peut par bonheur toujours admirer, en levant la tête, la superbe représentation du second avènement du Christ sur les voûtes.

 

Deux cloches de l’ancienne sonnerie nous sont parvenues. Une cloche coulée en 1596 par Abraham Zender de Berne fut cédée en 1603 à la paroisse de Brittnau dans le but de financer la construction de l’école. Cette cloche est aujourd’hui déposée devant l’église réformée de Brittnau. Décorée avec soin, elle porte – outre la signature de son fondeur – le nom de son commanditaire, le bailli Junker Anthoni, dont les armoiries figurent sur le portail du château de Lenzbourg.

 

L’autre cloche historique sonne aujourd’hui encore dans le clocher d’Unterkulm. Attribuée au Zurichois Hans Füssli (1477-1538), elle porte sur son col cette inscription latine : O REX GLORIE CRISTE VENI NOBIS CUM PACE ANNO DOMINI MCCCCC UND II JAR (ô Christ roi glorieux, apporte-nous la paix, en l’an du Seigneur 1502). La cloche arbore également 4 bas-reliefs extrêmement saillants représentant le Christ-Roi, la Vierge à l’Enfant, saint Théodule, de même que saint Martin, alors patron de l’église. Cette belle pièce historique porte de sévères marques d’accordage, probablement datées du dernier agrandissement de la sonnerie en 1974. Même si on peut déplorer ce qui s’apparente à une mutilation, on peut louer le fait que cette cloche médiévale ait été intégrée à la sonnerie moderne, et non renvoyée au creuset, comme ce fut trop souvent le cas en Suisse alémanique.

 

Les quatre autres cloches sortent toutes de la fonderie d’Aarau, distante d’une dizaine de kilomètres. Les cloches nos 1, 3 et 5 furent coulées en 1861 par Emmanuel Ruetschi. Généreusement ornées de frises florales néo-baroques, elles portent les inscriptions suivantes en lettres gothiques, dans la plus pure tradition germanique : Cl1 Das Volk zur Predigt wir mahnen, wann immer wir stimmen zusammen (nous recommandons au peuple de prier à chaque fois que nous donnons de la voix ensemble). Cl3 Selig die Todten, die im Herrn sterben (bénis soient les morts qui partent dans l’esprit du Seigneur). Cl5 Gott allein die Ehr‘! (Gloire au seul Seigneur). Ces trois cloches portent toutes la mention de l’Ascension 1860 et la date de 1861 pour leur coulée C’est vraisemblablement en 1974 que furent accordées les cl 2, 3 et 5, afin de mieux intégrer la cloche no4. Cette dernière mentionne l’entreprise locale KWC (fournitures sanitaires) qui l’offrit à l’occasion de son centième anniversaire.

 

Le clocher renferme une des plus anciennes horloges mécaniques du monde encore en fonction. Figurent sur le mouvement à cage la date de 1530 et – faits rare pour l’époque – la signature de l’artisan : Laurentius Liechti (1489-1545). Cet horloger de Winterthour est réputé pour avoir réalisé de nombreuses horloges d’édifice et même des horloges astronomiques. Certaines de ses créations, comme l’horloge astronomique de Soleure, sont toujours en service. L’horloge d’Unterkulm possédait à l’origine un échappement à foliot et tintait seulement les heures. L’actuel balancier, long de plusieurs mètres, fut installé en 1717. Le tintement des quarts fut ajouté en 1770. Les dernières modifications sont intervenues il y a peu : remontage électrique des poids, installation d’un dispositif électronique de régulation. Ce système consiste en un poids mobile fixé sur la tige du balancier dont le déplacement vertical est contrôlé par ordinateur. Une conception de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich. Le fils aîné de Laurentius Liechti reprit l’atelier d’horlogerie d’édifice son père après la mort de ce dernier, alors que le cadet se spécialisa dans l’horlogerie de salon. Leurs descendants perpétuèrent ce savoir-faire sur douze générations. Certaines de leurs créations sont visibles au musée d’horlogerie de Winterhour. Parallèlement, les membres famille Liechti occupèrent des sièges au législatif et à l’exécutif de de la ville.

 

Quasimodo remercie :
Mme Susanna Hirt, présidente du Conseil de paroisse d’Unterkulm, pour son aimable autorisation
Herbert Gloor, conseiller paroissial responsable des bâtiments, pour son chaleureux accueil.
Mon ami John Brechbühl, membre de la GCCS, pour l’organisation et les contacts.

Sources :
Die Kirche Unterkulm und ihre Chorausmalung, Edith Hunziker, éditions Schweizerische Kunstführer
http://www.ref-kirchen-ag.ch/kirchen/unterkulm/glocken.php
https://de.wikipedia.org/wiki/Reformierte_Kirche_Kulm
https://de.wikipedia.org/wiki/Laurentius_Liechti
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F18342.php
https://blog.nationalmuseum.ch/2018/03/1415-statt-1291-ein-historischer-kick/

Cloches – Bienne (CH-BE) église réformée Saint-Etienne

La plus ancienne église de Bienne dévoile sa sonnerie

-Cloche 1, note la bémol 3, diamètre 97cm, poids 520kg, coulée en 1872 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 2, note do4, diamètre 78cm, poids 270kg, coulée en 1871 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 3, note mi bémol 4, diamètre 65cm, poids 160kg, coulée en 1871 par Ruetschi à Aarau

L’église – C’est le plus ancien sanctuaire de la ville de Bienne et l’un des plus vénérables monuments de la région. L’histoire du site débute au IVe siècle par la construction d’un mausolée à plan rectangulaire situé le long d’une voie très fréquentée. Ce mausolée est transformé au VIIe siècle, puis remplacé par une première église un siècle plus tard. Une seconde église – romane – est édifiée à sa place entre le XI et le XIIe siècle. Détruite par un incendie, l’abside romane est reconstruite dans le style gothique entre les XIII et XIVe siècles. Certaines traces de ce riche passé sont encore bien visibles : sur la façade sud, deux petites fenêtres à arc en plein cintre témoignent de la nef romane toujours existante. Dans le chœur gothique légèrement désaxé se trouvent les restes d’une peinture murale remontant à la première moitié du XIVe siècle. On aperçoit également une niche à tabernacle et des fonds baptismaux remontant au début du XVIe siècle. Signalons enfin un cycle de quatre vitraux datés de 1688 représentant les armoiries des villes de Bienne et de Berne, du bourgmestre biennois Abraham Scholl et du trésorier du Pays allemand Johann Rudolf Tillier. Le clocher néogothique fut élevé en 1871 en remplacement d’un clocheton attesté dès le XIIIe siècle.

Les cloches – L’église Saint-Etienne possède le plus petit ensemble campanaire de la ville, mais aussi un des plus charmants. Les trois cloches portent des ornements très soignés semblables à ceux des cloches de Saint-Benoît coulées en 1882. Le col arbore une frise florale, alors que le haut de la robe laisse apparaître une guirlande de gâbles néogothiques. La panse est ornée d’une double rangée de cordons boutonnés ponctuellement par des fleurs. Les inscriptions des cloches résument en allemand, et de manière poétique, la longue histoire de la vénérable église Saint-Etienne. On apprend aussi qu’en 1871, Mâche comptait 722 âmes et Madretsch 868. A noter que ces anciennes communes font partie intégrante de Bienne depuis 1920. Il est enfin indiqué sur la grande cloche qu’elle est arrivée dans le clocher en 1872, un an après ses petites sœurs. Les voix cristallines de ces trois jolies demoiselles de bronze égrènent les notes la bémol 3, do 4 et mi bémol 4 (accord majeur). Le beffroi, les jougs et les ferrures sont contemporains des cloches. La demie est tintée sur la cloche 2, l’heure est frappée sur la grande cloche. Il n’y a pas de frappe des quarts. Le poids total des trois cloches est de 1’228kg. Elles ont toutes trois été coulées à Aarau par Ruetschi (Emanuel, deuxième génération).

Quasimodo remercie :
-Luc Ramoni, pasteur à l’église réformée de Bienne, pour les contacts
-Doris Horisberger, sacristine, pour son aimable accueil
Antoine Cordoba, carillonneur à Taninges, et Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers, pour leur indispensable collaboration et les moments d’amitié

Sources
https://www.erz.be.ch/erz/de/index/kultur/archaeologie/publikationen/informationsflyer.assetref/dam/documents/ERZ/AK/de/Archaeologie/ADB_Flyer_Biel-Mett_fr_2017.pdf
Archives de la maison Ruetschi

« A toute volée » les cloches de Bienne s’exposent

Découvrez les cloches de la ville de Bienne au travers d’une exposition à l’église du Pasquart avec de nombreuses conférences et visites guidées

Du 24 février au 31 mars, l’exposition « A toute volée » vous présentera en détail les cloches de la ville de Bienne et le patrimoine campanaire en général. Conférences par des professionnels et des passionnés, objets exposés, panneaux multimédia et visites guidées des clochers de la ville.

Jeudi 22 février : visite de la fonderie Ruetschi, Aarau (prix 25.- avec transport collectif, inscription au 079 945 11 34‬)

 

Samedi 24 février 17h : vernissage. Conférence de Claude-Michaël Mevs (aka « Quasimodo Sonneur de Cloches ») animateur de radio, consultant campanaire et guide du patrimoine. Avec la participation d’Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice (le plus grand carillon de Suisse) Jean-Paul Schorderet (Mecatal) campaniste et Dominique Fatton responsable technique des clochers de Val-de-Travers.  Exposition des cloches du carillon de l’arc jurassien et de plusieurs horloges monumentales. Panneaux multimédia pour découvrir les cloches de Bienne au travers de vidéos et de textes explicatifs. Après la conférence, visite guidée du clocher du Pasquart.

Mercredi 28 février : visite des carillons de Pully et de Montheron par Daniel Thomas, carillonneur (inscription 079 689 68 47 jusqu’au 26 février)

 

Samedi 3 mars 10h : conférence de René Spielmann, directeur de la fonderie Ruetschi. Lieu : les vignes du Pasquart à côté de l’église.

 

Vendredi 9 mars 19h : concert de handbells par le duo GoldenBells

 

Samedi 31 mars 17h : conférence de Bernard Heiniger sur son projet de carillon de l’Arc jurassien.

 

Les samedis du mois de mars de 10h à 14h : visites guidées (par « Quasimodo ») des clochers de Bienne. 3 mars Saint-Benoit – 10 mars Sainte-Marie – 17 mars Saint-Paul – 24 mars Pasquart.

L’accès à ces événements est gratuit, sauf mentionné. http://www.presences.ch

Journées des clochers les 16 et 17 septembre

Journée des Clochers, un riche enseignement

Les 16 et 17 septembre derniers m’était donné le plaisir d’organiser les Journées des Clochers dans la belle région sud-fribourgeoise de la Veveyse. S’il fallait dégager des mots-clés de cette belle opération, je commencerais par « enthousiasme ». Enthousiasme de la part des paroisses de Châtel-St-Denis, Attalens et Remaufens dont les responsables se sont mis en quatre pour que tout fonctionne au mieux. J’ajouterais également « curiosité » en repensant à ces familles avec leurs enfants en bas âge, mais aussi à ces vaillants aînés qui non pas hésité à se hisser sur les hauteurs pour découvrir, le souffle coupé, ces nobles dames de bronze dont la voix berce leur quotidien. J’oserais enfin le mot « amitié » en repensant aux savoureux instants de partage autour d’une succulente assiette du terroir arrosée d’un bon vin du pays. Conseillers paroissiaux, curés, organistes, sacristains, camarades campanaires ou simples visiteurs, merci du fond du cœur pour votre confiance, votre générosité et votre intérêt si joliment marqué pour mes laïus. Je dédie ces Journées des Clochers et leur succès à un ami carillonneur (il se reconnaîtra) qui a si bien su me donner la force d’y croire

Cloches – Ursy (CH-FR) église Saint-Maurice

Quatre cloches en do#3… pas si étroit, le clocher !

Le canton de Fribourg compte de nombreuses églises néogothiques aux dimensions imposantes. Il recense aussi un certain nombre de sonneries à l’accord insolite. Voici l’église Saint-Maurice d’Ursy, grand vaisseau de molasse dont le mince clocher héberge quatre cloches au motif particulier.

Saint-Maurice et Saint-Martin – L’église Saint-Maurice d’Ursy fut consacrée le 12 octobre 1869 par Mgr Etienne Marilley, évêque de Lausanne et Genève. Elle remplaça, comme église paroissiale, celle de Morlens, autrefois dépendante de l’Abbaye de Saint-Maurice. La nouvelle église reçut le même vocable et on y transféra les reliques du martyr thébain. On reprit le plan à peine modifié de l’église néogothique de Saint-Martin, non loin de Châtel-Saint-Denis. Plusieurs fois restaurée, en particulier en 1933 et 1979, l’église d’Ursy possède un riche mobilier religieux: le maître-autel en marbre de Carrare, œuvre de Pierre-Alexandre Christinaz, artisan marbrier de Fribourg, de même qu’un ensemble de 19 vitraux dessinés entre 1980 et 1983 par le fribourgeois Charles Cottet (1924-1987). Le vitrail de Saint-Maurice, au centre de l’abside, domine l’autel. Installé en 1999, l’orgue fut construit par la manufacture Jean-Daniel Ayer de Vauderens. C’est le premier orgue au monde à traction numérique, fonctionnant selon le système Org-Syncordia (source http://www.abbaye1500.ch/index.php/le-jubile/lieux-dedies/lieux-dedies-suisse/eglise-saint-maurice-ursy-ursy)

Do ou ré bémol – Le clocher, d’apparence plutôt étroite, est plus spacieux qu’il n’y paraît, puisqu’il parvient à contenir un ensemble de quatre cloches en do#3. Les 3 plus petites ont été coulées en 1868 par François-Joseph Bournez de Morteau, quelques années avant que le fondeur comtois n’ouvre sa succursale à Estavayer-le-Lac. La grande cloche porte la date de 1902 et la signature de Charles Arnoux. Originaire lui aussi de Morteau, Arnoux fut – rappelons-le – le contremaître de Bournez avant de reprendre à son compte l’atelier staviacois. Une entreprise florissante qui perdura jusqu’à la mort de son patron en 1925. On peut s’étonner de la note égrenée par la grande cloche. Bournez avait-il coulé une première grande cloche en 1868, endommagée par la suite ? Cette cloche ne chantait-elle pas plutôt le do ? Arnoux a-t-il été simplement chargé de (re)faire une cloche d’un certain gabarit ? Mystère !

-Cloche 1, « Maurice Marie Joseph », note réb3 -16/100, coulée en 1902 par Charles Arnoux à Estavayer-le-Lac
-Cloche 2, « Marie », note mib3 +27/100, coulée en 1868 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau
-Cloche 3, note sol3 +15/100, coulée en 1868 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau
-Cloche 4, note do4 -6/100, coulée en 1868 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau

Un immense merci à M. Jean-Paul Schorderet, directeur de la maison Mécatal à Broc, de m’avoir convié à la remise en service de la sonnerie d’Ursy après d’importants travaux (nouveaux jougs, battants, paliers, motorisation). Une visite de clocher avec son campaniste est toujours source de riches enseignements pour un passionné. Merci également à la paroisse d’Ursy.

A consulter
http://www.upierroches.ch/
http://www.ursy.ch/

Cloches – Neyruz (CH-FR) église de l’Assomption

Rustique mais charmante, cette sonnerie fribourgeoise de quatre cloches !

Alors que leurs concurrents étaient capables de réaliser des cloches avec une grande justesse de ton et avec des décors finement ciselés, les derniers fondeurs fribourgeois étaient à la peine !

De la chapelle à l’église – Le premier lieu de culte à Neyruz fut une chapelle édifiée en 1432. La petite cloche gothique déposée devant de la cure en est la relique. Agrandie au début du XVIIIe siècle, cette chapelle fut remplacée par une église quand Neyruz obtint le droit de se séparer de Matran et de s’ériger en paroisse. Les travaux de terrassement de l’église débutèrent en 1845 et le chantier s’acheva trois ans plus tard. Ce n’est toutefois que le 20 septembre 1857 que le sanctuaire fut consacré. Coût des travaux : 53’000 francs de l’époque, dont 8’327 pour les cloches, nous apprend Deillon dans son Dictionnaire des paroisses du canton. Pour l’anecdote, en 1880, un ouragan souffla la flèche du clocher et causa des dégâts considérables.

Une sonnerie rustique mais charmante – La sonnerie se compose de quatre cloches. Trois sont l’oeuvre de Louis-Alexis Roelly de Fribourg en 1848, alors que la plus récente fut coulée par Ruetschi d’Aarau en 1959. Cette dernière remplace très certainement une cloche de 1848 fêlée ou brisée : Deillon mentionne en effet clairement que quatre cloches furent coulées par le fondeur fribourgeois. Les jougs en chêne ont laissé la place à des montures en acier de la maison Bochud, qui motorisa la sonnerie. A noter que la cloche la plus récente ne possède pas le même type de joug. La sonnerie n’est équipée que pour la volée, il n’y a ni mécanisme de tintement horaire, ni cadran. La présence d’un clavier de type « manche de brouette », désaffecté, nous apprend que jadis, les cloches pouvaient être carillonnées pour les fêtes. La cloche de l’ancienne chapelle, aujourd’hui déposée, est attribuée à Hensli Follare de Fribourg. Non datée, mais de belle facture, elle aurait été coulée durant la seconde moitié du XVe siècle. Les cloches de 1848, elles, présentent de nombreux défauts de coulée. Leur justesse de ton est également plus qu’approximative. Si l’aspect rustique de cette sonnerie nous apparaît aujourd’hui comme tout à fait charmant, on comprend mieux pourquoi les dernières générations de fondeurs fribourgeois eurent beaucoup de mal à lutter contre la concurrence des artisans de régions voisines.

-Cloche 1, note mi3 -50/100, coulée en 1848 par Louis-Alexis Roelly de Fribourg
-Cloche 2, note fa#3 -18/100, coulée en 1848 par Louis-Alexis Roelly de Fribourg
-Cloche 3, note la3 +6/100, coulée en 1959 par Rueschi d’Aarau
-Cloche 4, note si3 -59/100, coulée en 1848 par Louis-Alexis Roelly de Fribourg
[Cloche déposée, note si4 +11/100, coulée durant la seconde moitié du XVe siècle par Hensli Follare de Fribourg]

Mes plus vifs remerciements à la paroisse de Neyruz, et tout spécialement à M. Maurice Vionnet, responsable des bâtiments. Amitiés à mes camarades campanaires du jour : Anthony, Dominique, Guilhem, John et Stefan.

Sources :
Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 9, par le Père Apollinaire Deillon, imprimerie Saint-Paul, 1896
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012.

Cloches – Douai (F-59) le beffroi

Patrimoine mondial de l’UNESCO, le beffroi de Douai dévoile son bourdon et son carillon

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Un beffroi cher à Victor Hugo – De passage à Douai en 1837, Hugo écrivait : Il y a là le plus joli beffroi que j’aie encore vu. Figure-toi une tour gothique coiffée d’un toit d’ardoise, qui se compose d’une multitude de petites fenêtres coniques superposées ; sur chaque fenêtre une girouette, aux quatre coins, une tourelle ; sur la pointe du beffroi, un lion qui tourne avec un drapeau entre les pattes ; et de tout cet ensemble si amusant, si fou, si vivant, il sort un carillon. Dans chaque petite lucarne, on voit se démener une petite cloche qui fait rage comme une langue dans une gueule. J’ai dessiné cette tour, et quand je regarde mon dessin, il me semble encore entendre ce joyeux carillon qui s’en échappait comme la vapeur naturelle de cet amas de clochetons.

La construction de l’hôtel de ville de Douai a commencé en 1380. Interrompue plusieurs fois par des incendies, elle ne s’est achevée réellement qu’au XIXe siècle. L’édifice comprend deux salles magnifiques : l’une gothique, la salle des Gardes, sert aux réunions du Conseil municipal ; l’autre en style XVIIIe, le Salon blanc, sert de salle de mariages. Le beffroi attenant a été achevé en 1410. Il culmine à 64m de hauteur. Son couronnement, flanqué de tourelles, de pinacles et de girouettes, est l’un des plus originaux de la région. L’ensemble des beffrois du nord de la France, mais aussi de Belgique et des Pays-Bas, est classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO

Un premier carillon fut réalisé en 1390 déjà. Le bourdon « Joyeuse » fut coulé en 1471 par un fondeur allemand établi aux Pays-Bas, Gobelinus Moer. Cette grosse cloche, d’un poids de 5’500kg, fut refaite en 1924 par Charles Wauthy. L’artisan de Douai réalisa la même année un carillon en remplacement de l’ancien instrument fondu par l’occupant allemand durant la Première Guerre. Ce carillon fut toutefois remplacé en 1953 par Paccard d’Annecy, à l’exception des deux plus grosses cloches, « Joyeuse » (la2)  et « Disnée » (do3). L’ensemble fut  complété en 1974, à l’occasion du congrès mondial des carillonneurs. Il comporte aujourd’hui 62 cloches s’étendant sur 5 octaves. En plus des concerts régulièrement donnés par le titulaire Stefano Colletti, l’instrument égrène chaque heure – de manière automatique – l’air des « Puritains d’Ecosse » de Bellini. A l’occasion des Fêtes du Gayant 2016, « Joyeuse » s’est mise en branle lors d’une visite guidée ouverte à tous. J’en ai profité pour l’immortaliser sur le vif. La vidéo permet également d’entendre la ritournelle horaire sur fond d’explications du guide.

Un tout grand merci à l’équipe de guides et de gardiens du beffroi de Douai pour leur aimable accueil et leur précieuse collaboration. Il s’agissait en effet ce fameux jour de coordonner notre passage dans la chambre des cloches avec la volée de « Joyeuse » prévue pour 11h05.

Sources :
http://www.ville-douai.fr/index.php/Carillon?idpage=14007&idmetacontenu=3805&iddossiercontenu=236
https://fr.wikipedia.org/wiki/Beffroi_de_Douai
http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Douai/Douai-Hotel-de-Ville-Beffroi.htm
http://www.clocherobecourt.com/Robecourt/Images/Marques/WAUTHY.pdf
http://tchorski.morkitu.org/13/dfc.pdf
http://asso.nordnet.fr/arpac/douai/ecouter.htm

Cloches – Bienne (CH-BE) église St Benoît

L’église réformée alémanique de Bienne dispose d’une sonnerie de cinq cloches en si2, réalisée en trois étapes par la même fonderie

-Cloche 1, “Ehre sei Gott in der Höhe”, note si2, poids 2’850kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau
-Cloche 2, “Dein Reich komme. Dein Wille geschehe auf Erden wie
im Himmel“, note do#3, poids 2’050kg, coulée en 1955 par Ruetschi SA à Aarau

-Cloche 3, “O Land, Land, Land, höre des Herrn Wort”, note ré#3, poids 1’450kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau
-Cloche 4, “Darum ist noch eine Ruhe vorhanden dem Volke
Gottes”, note fa#3, poids 860kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau

-Cloche 5, “Wo der Herr nicht die Stadt behütet, so wachet der
Wächter umsonst”, note sol#3, poids 540kg, coulée en 1947 par Ruetschi SA à Aarau

St Benoît n’est peut-être pas l’église la plus ancienne de Bienne (St Etienne est en effet mentionnée en l’an 600 déjà), il n’empêche nous sommes tout de même en présence d’un vénérable édifice consacré en 1228 et rebâti dans le style gothique tardif de 1451 à 1470. La base du clocher est encore celle de la première tour romane, quoique percée aujourd’hui de baies ogivales. On entreprit de surélever le clocher après édification de la nouvelle nef, afin de porter plus loin le son des cloches. Manque de chance, alors que les travaux étaient sur le point de s’achever, le couronnement du clocher s’écroula, entraînant dans sa chute un ouvrier, de même que les cloches. Si mes sources ne me renseignent pas sur l’état de santé du pauvre homme, elles nous apprennent en revanche que les cloches ne subirent miraculeusement aucun dommage ! Le clocher prit la forme que nous lui connaissons aujourd’hui en 1551.

De très belles fresques antérieures à la Réforme (proclamée en 1527) ornent l’intérieur de l’église St Benoît. Les rénovations successives menées au XXe siècle ont en effet permis de mettre au jour une représentation de St Benoît, le voile de Ste Véronique, le Jugement Dernier et le martyr de St Sébastien. On note aussi la présence de vitraux du XVe siècle dans le chœur, d’une très belle chaire néogothique et de deux orgues remarquables : un grand orgue en tribune, et un petit orgue en nid d’hirondelle. Ces instruments ont été réalisés respectivement en 2011 et en 1994 par la manufacture Metzler de Dietikon (CH-ZH).

Pour une église à l’histoire aussi riche, on peut évidemment regretter que la sonnerie se compose uniquement de cloches des XIXe et XXe siècle, toutes issues de la même fonderie. D’intéressantes anecdotes sont toutefois à relater. A commencer par le fait que le bourdon arbore des inscriptions selon lesquelles il serait la refonte d’une cloche de 1423. Il faut également savoir que Ruetschi d’Aarau coula en 1882 cinq cloches, ornées de motifs néogothiques soignés, et égrenant les notes si2 ré#3 fa#3 sol#3 si3. Après la Seconde Guerre Mondiale, les deux petites cloches furent envoyées en cadeau à des paroisses alsaciennes sinistrées. On refit alors un nouveau sol#3 en 1947, et on passa commande en 1955 – non pas d’un si3 – mais d’un do#3. Cette nouvelle disposition de la sonnerie entraîna l’agrandissement du beffroi en hauteur pour y loger la nouvelle cloche 2. Le beffroi – parlons-en – est nettement antérieur à la sonnerie. Sa construction massive donne à penser que la plus grande partie de sa structure date de la surélévation du clocher au XVIe siècle. A l’étage inférieur se trouve un magnifique mouvement horloger Prêtre et fils de la fin du XIXe siècle, modifié pour le remontage électrique des poids et le réglage horaire par électro-aimant sur le balancier. Dans l’église, enfin, se trouve exposée une petite cloche gothique avec son joug et ses ferrures d’origine. Elle arbore entre autres motifs le Christ en Croix

Mes plus vifs remerciements à Luc Ramoni, pasteur à la paroisse réformée évangélique générale de Bienne, pour l’accès au clocher de cette belle église St Benoît, aujourd’hui église réformée alémanique. Remerciements également à Pierre « Pierrot708 » pour son indispensable collaboration.

Sources :
http://altstadt-biel.ch/sehenswuerdigkeiten-und-geschichte/reformierte-stadtkirche-biel-ring-2/reformierte-stadtkirche-biel-ring/
http://www.ref-bienne.ch/accueil/portrait/
https://de.wikipedia.org/wiki/Stadtkirche_Biel
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1936-11-6-1/
http://www.srf.ch/radio-srf-musikwelle/glocken-der-heimat/biel-stadtkirche

Cloches – Zurich-Albisrieden (CH-ZH) ancienne église réformée

Ce clocher contient la dernière sonnerie 100% historique de la ville de Zurich !

ZH Albisrieden alte Kirche

Zurich, la ville aux 40 bourdons… mais qu’en est-il du patrimoine historique ?

Plus c’est gros, plus c’est beau, pense-t-on souvent chez les amis des cloches, spécialement les plus jeunes. J’ai un temps été de ceux qui se rendaient chaque fin de semaine dans l’est de la Suisse dans le seul but d’immortaliser moult bourdasses dans leurs clochers rassasiés de bronze. Il aura fallu toute la pédagogie de campanologues avertis (merci Matthias, merci Pascal, merci Stefan) pour me faire comprendre que quand c’est petit, ça peut être aussi très joli, surtout quand ça ne date pas d’aujourd’hui.

Le patrimoine campanaire de la ville de Zurich a cela d’enivrant qu’il compte 40 bourdons (cloches en octave 2) pour environ 400’000 habitants. Ce chiffre vertigineux s’explique d’abord par le fait que les communautés réformées et catholiques, au coude à coude sur le plan statistique, ont longtemps voulu que leur clocher chante plus fort que celui du « concurrent ». A cela s’ajoute la rivalité entre quartiers – anciennement communes indépendantes pour la plupart – désireux d’en mettre plein la vue avec l’église la plus somptueuse qui soit. Cette course effrénée a certes rendu le paysage campanaire zurichois imposant comme nul autre. Mais – effet pervers – elle a aussi contribué à sacrifier d’intéressantes petites sonneries historiques sur l’autel du gigantisme. Les églises historiques du centre ville (Grossmünster, Fraumünster, St Peter) ont vu leurs cloches refondues à la Belle-Epoque, essentiellement par le dernier fondeur local Keller. Les quartiers périphériques, quant à eux, se sont essentiellement développés dès la fin du XIXe siècle. Devenues trop petites, leurs anciennes églises ont été – dans le meilleur des cas – désaffectées, mais hélas trop souvent rasées. Les antiques clochers qui ont réussi à subsister ont reçu de nouvelles cloches. Je m’étais penché il y a quelques années sur le cas d’Altstetten, ce quartier tout à l’ouest de Zurich, qui avait eu la bonne idée de conserver son ancienne église réformée à deux pas du nouvel édifice. Partiellement historique, la sonnerie du vénérable clocher fut malheureusement amputé d’une de ses voix. On a effectivement cru au XXe siècle que ce serait une bonne idée de faire cadeau de la plus petite cloche à une paroisse du Liechtenstein (sic).

L’ancienne église réformée d’Albisrieden est donc le seul édifice religieux de la ville de Zurich qui possède encore sa sonnerie historique intacte. Achevé en 1818, ce charmant temple au fronton néoclassique succède à une petite église de 1678, elle-même construite sur les fondations d’une chapelle consacrée en 1270. Le nouvel édifice reçut une grande cloche qui vint compléter la petite  sonnerie patiemment élaborée au fil des ans par la dynastie Füssli.

-Cloche 1, note mi3, coulée en 1818 par Wilhelm Füssli
-Cloche 2, note la3, coulée en 1722 par Johann Füssli II
-Cloche 3, note do4, coulée en 1695 par Moritz Füssli I
-Cloche 4, note fa4, coulée en 1659 par Hans Füssli III

Les Füssli, fondeurs de cloches, mais pas seulement – Le dictionnaire historique de la Suisse (DHS) nous apprend que le premier Füssli recensé à Zurich en 1357 est Conrad, valet d’un fondeur de Feldkirch (A). Mais c’est le fils de Conrad, Peter, qui est le premier ancêtre véritablement documenté de la lignée. Les Füssli coulèrent des cloches jusqu’au décès – en 1843 – de Wilhelm, artisan de la grande cloche d’Albisrieden. Durant ces cinq siècles, cette dynastie se montra très active au creuset. Rappelons que le bourdon de la cathédrale de Berne, la plus grande cloche de Suisse, fut coulé en 1611 par Peter VII associé au bernois Abraham Zender, successeur de Franz Sermund. A cela s’ajoutèrent des activités métallurgiques annexes comme la fonte de canons. Les Füssli œuvrèrent également comme mercenaires durant les guerres d’Italie et occupèrent les plus hautes fonctions dans l’Etat (membre du Grand Conseil, balli…). Une branche cousine se consacra dès le XVIIIe siècle à l’imprimerie. L’entreprise Orell Füssli, spécialisée dans la confection de billets de banque et de papiers sécurisés, en est la descendante actuelle.

Un grand merci à Stefan Mittl, expert campanologue à Zurich, pour l’organisation de cette belle étape campanaire. Remerciements à la paroisse réformée de Zurich-Albisrieden pour son aimable autorisation.

Sources :
Dictionnaire historique de la Suisse
https://de.wikipedia.org/wiki/Alte_Kirche_Albisrieden
http://www.kirchgemeinde-albisrieden.ch/