Archives de catégorie : CH-Zurich

Cloches – Dietlikon (CH-ZH) église Saint-Michel

Pour ses 50 ans, l’église s’offre un clocher et 4 cloches

-Cloche 1, «Weltkirche» (Eglise universelle) note mib3 -3/16, diamètre 121 cm, poids 1’177 kg, coulée par Ruetschi à Aarau le 28 mai 2020.
-Cloche 2, «Schöpfung» (Création) note sol3 -4/16, diamètre 100 cm, poids 573 kg, coulée par Ruetschi à Aarau le 13 mai 2020.
-Cloche 3, «Glaubwürdigkeit» (Foi) note sib3 -3/16, diamètre 85 cm, poids 340 kg, coulée par Ruetschi à Aarau le 7 mai 2020.
-Cloche 4, «Friede» (Paix) note do4 -2/16, diamètre 75 cm, poids 233 kg, coulée par Ruetschi à Aarau le 7 mai 2020.


S’il est excitant pour moi de vous présenter des cloches vieilles de plusieurs siècles cachées derrière d’antiques murs de pierre, je ressens également de l’enthousiasme quand je peux vous faire découvrir des sonneries sorties du creuset il y a peu. Certes, la démarche est différente : aujourd’hui, il n’y aura pas d’airain patiné, il n’y aura pas non plus d’archives jaunies par les ans. Mais quelle émotion de contempler des images en couleur d’une coulée de cloches à l’ancienne ! Quel bonheur de voir qu’en 2020, on peut encore construire un clocher et y monter des cloches rutilantes à la force des bras. Bienvenue à Dietlikon près de Zurich, où le dynamisme d’une paroisse jeune de 50 ans a permis de ressusciter les traditions et d’y associer les nouvelles générations.

Le clocher de type campanile, séparé de l’église

L’église Saint-Michel de Dietlikon fut édifiée de 1969 et 1970 sur des plans de Josef Marti. L’architecte prévoyait un clocher haut de 28 mètres destiné à accueillir à quatre cloches. Mais à l’époque, les habitants de ce quartier aisé se montrèrent inquiets pour leurs douillettes oreilles. Craignant de voir les oppositions retarder la construction de l’église, la paroisse renonça à son projet de sonnerie, la mort dans l’âme. « Une église sans clocher, c’est comme une prière sans Amen », avait alors lancé Josef Hürlimann, le pasteur de la paroisse réformée, solidaire avec ses frères catholiques. Il aura donc fallu attendre le cinquantième anniversaire de l’église Saint-Michel pour que ses fidèles puissent enfin se rassembler au son de leurs cloches.

Les plans initiaux de l’église prévoyaient déjà un clocher

Comment l’église Saint-Michel a-t-elle réussi à obtenir son clocher en 2020, alors que plus que jamais, les cloches sont sources de crispation chez les riverains ? Grâce à la politique du compromis. Après tout, on n’est pas en Suisse pour rien ! La paroisse a d’abord dû fournir les garanties que le volume sonores des cloches ne serait pas trop élevé. C’est ainsi que le clocher de béton, dont la hauteur a été réduite à 18 mètres, a vu ses larges baies dotées d’un vitrage. Les mesures effectuées à proximité immédiate de l’église n’excèdent pas 91dB . Les horaires des sonneries ont également été négociés. Il n’y pas d’angélus le matin. L’angélus de la mi-journée (11h, cloche 2) et celui du soir (19h, cloche 3) ne doivent pas excéder 3 minutes (4 à 5 minutes habituellement dans la région). L’appel à la messe de même que la sonnerie d’annonce du week-end ont une durée de 10 minutes (contre 13 à 14 minutes dans la coutume locale).


La coulée d’une cloche – D’une dimension hautement symbolique, l’événement draine habituellement son nombre de spectateurs, du simple curieux au dignitaire religieux en passant par les officiels. L’émotion est toujours palpable, elle est la même qu’il s’agisse d’une clochette d’école ou d’un bourdon de cathédrale. Or, en 2020, nous subissions de plein fouet le Covid et les restrictions qui en découlaient. Organiser un événement public devenait dès lors délicat. C’est devant une assemblée restreinte que furent coulées chez Ruetschi les quatre cloches de Saint-Michel de Dietlikon. Afin d’éviter une trop grande frustration du public, il y eut non pas une, mais trois coulées successives. Les deux petites cloches furent réalisées le 7 mai 2020. S’ensuivit la cloche 2 le 13 mai, et enfin la grande cloche le 28 mai.

Une coulée de cloches à la fonderie Ruetschi en mai 2019

Matthias Walter, expert-campanologue à Berne, président de la Guilde des Carillonneurs et Campanologues de Suisse (GCCS) a été chargé de superviser le projet. Après le choix de partir sur une sonnerie de quatre cloches de taille moyenne, une douzaine de combinaisons différentes de notes ont été proposées à la commission formée tout spécialement pour l’occasion. C’est le motif Salve Regina qui a finalement été retenu. La décoration des quatre cloches a été confiée au sculpteur Ernesto Ghenzi de Rapperswil. La réalisation de la sonnerie est l’œuvre de Ruetschi, la dernière fonderie de cloches monumentales encore active en Suisse.

Arrivée de l'attelage
« de 9 »

Le 4 juillet 2020 restera à tout jamais dans les mémoires des paroissiens de Dietlikon. Leurs cloches sont arrivées sur deux chars fleuris tirés par des chevaux. Les nouvelles arrivantes ont paradé dans les rues du village, accueillies par leurs aînées de l’église réformée qui tenaient à leur souhaiter la bienvenue. Le curé Luis Capilla a procédé à leur bénédiction, puis les quatre cloches ont été hissées tour à tour à la force des bras, la jeunesse du village ayant été mobilisée pour l’occasion. Ce sont d’abord les cloches 4 et 3 qui ont été soulevées grâce aux efforts conjugués plus petits. Puis ce fut le tour les cloches 2 et 1 d’être emportées dans les airs par les bras vigoureux des adolescents. Le tout sous le regard attentif de pas moins de 500 curieux. Et si – Covid oblige – les visages étaient pour la plupart masqués, la joie et l’émotion se lisait dans les yeux de tous.

La grande cloche
« de 4 »

Les quatre cloches sont toutes porteuses de vertus. Ces vertus sont rapportées sur des panneaux explicatifs apposés au pied du clocher.

-La grande cloche « Eglise universelle » symbolise l’ouverture au monde. Elle souhaite la bienvenue à tout un chacun, qu’importe sa provenance, sa culture ou sa religion.
-La cloche no2 « Création » symbolise le fait que la nature et ses ressources sont à tous. L’homme, aussi bien que les animaux et les végétaux ont droit au respect.
-La cloche no3 « Foi » a été offert par la Fondation Saint-Michel à Wallisellen. Elle est dédiée aux droits de l’homme, de la femme et de l’enfant. Toute forme d’abus est proscrite. L’authenticité et le dialogue sont favorisés.
-La petite cloche « Paix » a été offert par la Fondation Saint-Michel à Wallisellen. La paix doit découler des conflits. Les droits humains, la tolérance, les bonnes structures et le partage équitable des ressources sont mis en avant.

Panneaux explicatifs au pied du clocher
« de 2 »

Ayant eu le plaisir d’assister à un certain nombre de bénédictions de cloches, je ne puis que féliciter la paroisse Saint-Michel de Dietlikon pour la manière avec laquelle elle a su mener à bien son projet de nouvelles cloches. A commencer par les négociations en amont avec le voisinage, comme mentionné plus haut. Chaque étape – pose de la première pierre du clocher, coulée et bénédiction des cloches – a été l’occasion d’associer les paroissiens au travers de diverses festivités. Ce professionnalisme et cette ferveur ont permis de concrétiser de la plus belle des manières un rêve vieux de cinquante ans. Il ne reste plus qu’à souhaiter que d’autres collectivités sauront s’en inspirer.

Un livret commémoratif a été publié pour les festivités du cinquantième anniversaire de l’église. Les photos et les vidéos de la coulée, du transport, de la bénédiction des cloches et de la montée des cloches sont également disponibles sur le site internet de la paroisse (consulté en février 2024).

L'intérieur de l'église Saint-Michel de Dietlikon, dont la première pierre a été posée en 1969
« de 3 »

Quasimodo remercie
La paroisse Saint-Michel de Dietlikon
Matthias Walter, expert-campanologue
La fonderie Ruetschi – René Spielmann, directeur, et son équipe.

Sources
« 1970-2020, 50 Jahre St. Michael », livret-souvenir édité par la paroisse

Les prises de vue ont été effectuées le 4 juillet 2020 lors de la bénédiction des cloches, sous un ciel radieux, et le 8 décembre 2020, dans une grisaille toute hivernale, lors de l’expertise finale par Matthias Walter.

Cloches – Urdorf (CH-ZH) église Saint-Nicolas-de-Flüe

Un bourdon allemand en la2 de 3’100kg

-Cloche 1, dédiée à la Sainte Trinité et à Saint Nicolas de Flüe, note la2, diamètre 175cm, poids 3’182kg
-Cloche 2, dédiée à Marie mère de Dieu, note do#3, diamètre 145cm, poids 1’656kg
-Cloche 3, dédiée à saint Joseph, note mi3, diamètre 127cm, poids 1’063kg
-Cloche 4, dédiée à saint Michel, note fa#3, diamètre 107cm, poids 714kg
-Cloche 5, dédiée à st Nicolas et st Bernard de Clairvaux, note la3, diamètre 91cm, poids 458kg
Fondeur : Karl Czudnochowsky, Erding, 1963

Urdorf, une jeune paroisse créée en 1960 dont les racines ancestrales remontent à 1173, telle est la traduction littérale du sous-titre de l’excellent ouvrage de M. le Curé Maximilian Georg Kroiß qui m’a été aimablement remis lors de ma visite le 1er juillet 2018. Evidemment qu’il serait présomptueux de vouloir condenser plus de 200 pages dans ce modeste article. Je me contenterai donc de vous résumer très succinctement la riche histoire de cette paroisse catholique zurichoise qui remonte à 1173 avec la mention par l’Antipape Calixte III d’une première chapelle dédiée à saint Georges. Cette chapelle se trouvait dans la vallée de la rivière Reppisch, un affluent de la Limmat. Une chapelle dédiée à saint Nicolas, dépendant de l’abbaye bénédictine d’Engelberg, est citée dès 1184 à Oberurdorf. Il faut savoir que jusqu’à la fusion de 1930, l’actuelle commune se composait de deux entités distinctes : Niederurdorf et Oberurdorf. Après l’adhésion de Zurich à  la Réforme en 1529, Urdorf – contrairement à sa voisine Dietikon – choisit d’adhérer aux nouvelles idées de Zwingli. Si la chapelle Saint-Georges se trouve aujourd’hui englobée dans un domaine agricole, la chapelle Saint-Nicolas est toujours un lieu de culte réformé. La célébration catholique fut progressivement  à nouveau autorisée dans le canton de Zurich au XIXe siècle. La paroisse d’Urdorf ne vit toutefois le jour qu’en 1956 sur décision de l’évêque de Coire Mgr Christian Caminada.

A gauche, l’ancienne chapelle Saint-Nicolas. A droite, inscriptions gothiques dans l’ancienne chapelle Saint-Georges

C’est le 23 juin 1963 que  le vicaire général Alfred Teobaldi posa la première pierre de l’église Saint-Nicolas-de-Flüe. Edifiée sur les plans des architectes soleurois Hansjörg et Otto Sperisen, l’église fut consacrée le 30 août 1964. Son retable renferme non seulement une partie des reliques de son saint patron, mais aussi de sainte Marie Goretti et de saint Félix de Rome. Le mobilier liturgique, simple et élégant, est conforme à l’architecture moderne de l’église. On notera les vitraux dessinés par Peter Travaglini et réalisés par Aubert & Pitteloud de Lausanne. Le grand orgue en tribune est l’oeuvre de la maison Späth de Rapperswil (1974), alors que le petit orgue placé dans la chapelle dédiée à sainte Marie fut réalisé en 1977 par la manufacture de Chézard-Saint-Martin. Il est intéressant de noter que la réalisation des supports de bronze du grand retable de marbre fut confiée à Ruetschi d’Aarau, alors que la fonte des cloches fut attribuée à une fonderie allemande.

Galerie archives : pose de la première pierre, bénédiction des cloches, construction du clocher

La sonnerie fut coulée à Erding (Allemagne) le 4 décembre 1963 à 15h. Cette fonderie, active dans la ville bavaroise de  1850 à 1971, connut son heure de gloire après la Seconde Guerre sous l’égide Karl Czudnochowsky (1900-1977). C’est auprès de son oncle Heinrich Ulrich à Apolda que le maître fondeur apprit le métier. Il devint ensuite directeur de la fonderie suisse de Staad près de Rorschach dans le canton de Saint Gall. Czudnochowsky racheta la fonderie d’Erding en 1936. Il y a coula non seulement des cloches de bronze – comme c’est le cas pour Urdorf – mais aussi en alliage cuivre-zinc, moins coûteux. A cela s’ajoutent des profils relativement légers en comparaison d’autres fondeurs germaniques. La plus importante réalisation de Czudnochowsky est le bourdon en fa2 de l’église Saint-Pierre de Munich (7’000kg). Au chapitre des sonneries complètes, citons les huit cloches en fa2 de l’abbaye espagnole de Montserrat (bourdon de 6’400kg). Les activités de fonderie d’Erding furent reprises à sa fermeture par Perner de Passau.

Les cloches d’Urdorf sont réalisées en profil relativement léger : le bourdon en la2 ne pèse en effet que 3’182kg. Le peu d’espace disponible dans l’étroit clocher est rentabilisé au maximum. L’accès à la chambre des cloches s’effectue par une échelle droite sur toute la hauteur. Une configuration suffisamment vertigineuse pour que la paroisse exige la signature d’une décharge avant d’autoriser la montée. Une échelle amovible équipée pour harnais de sécurité permet ensuite au campaniste dûment harnaché de se hisser aux petites cloches. Il n’y pas de beffroi, les paliers des cloches reposent sur des consoles de béton. La rénovation de 2012 coïncida avec le remplacement des battants des cinq cloches par la maison Muff.

Quasimodo remercie chaleureusement :
Père Maximilian Georg Kroiß , curé
M. Robert Eigenmann, président du Conseil de paroisse
M. Nue Cena, membre du Conseil de paroisse
M. Carlo D’Antonio, sacristain
… ainsi que John Brechbühl, membre de la GCCS, pour l’organisation et son aide indispensable à la réalisation de ce reportage.

Sources :
Pfarrei Hl Bruder Klaus Urdorf ZH, Maximilian Georg Kroiss, édité par la paroisse
https://de.wikipedia.org/wiki/Erdinger_Glockengie%C3%9Ferei

Cloches – Zurich-Albisrieden (CH-ZH) nouvelle église réformée

Cinq cloches en si bémol 2, motif pentatonique mineur ; savourez l’une des plus belles sonneries monumentales de la fonderie Ruetschi pour la ville aux quarante bourdons

Troisième et dernier volet de la découverte des sonneries du quartier zurichois (et ancienne commune indépendante) d’Albisrieden, après l’ensemble monumental de l’église catholique Saint-Konrad et les cloches historiques de l’ancienne église réformée, les dernières du genre de la cité de Zwingli.

Un projet fonctionnel – La démographie galopante de l’agglomération zurichoise aidant, nombre de nouveaux lieux de culte voient le jour dans les quartiers périphériques jusque dans les années 1970. Parmi eux, l’église réformée d’Albisrieden. Le projet se présente comme un ensemble fonctionnel comprenant – outre la salle de cultes – deux foyers et des appartements de fonction pour le pasteur et le sacristain. Entre le moment où il fut décidé de bâtir la nouvelle église et l’inauguration de cette dernière, pas moins de 7 années s’écoulent. Le projet retenu, celui de l’architecte Hans Martin von Meyenburg, est soumis à d’âpres discussions. Oui à un centre paroissial, mais est-il nécessaire de construire une nouvelle église, alors que l’ancien édifice offre déjà 300 places ? A-t-on besoin d’un clocher ? La tour proposée n’est-elle pas ridiculement petite ? C’est finalement au mois de mai 1951 que sera inaugurée la nouvelle église réformée d’Albisrieden sur une parcelle arborisée de 4’000 m2.

Une sonnerie monumentale qui résonne au loin, telle est l’une des ambitions clairement affichées par la paroisse réformée d’Albisrieden. On reconnaît bien là le gigantisme campanaire zurichois pleinement assumé qui conduisit au fil des XIXe et XXe siècles à la coulée de pas moins de 40 bourdons pour cette seule ville de 370’000 âmes. A titre comparatif, l’agglomération genevoise tout entière avec ses 900’000 habitants ne compte qu’une seule cloche en octave 2. Le clocher de notre église ne mesure peut-être que vingt mètres, ses cinq cloches en si bémol 2 au motif pentatonique mineur sont perceptibles dans tout le quartier, et même au delà. Outre la taille et le volume sonore de l’ensemble, on peut signaler son excellente facture sonore. Il s’agit sans nul doute d’une des plus belles sonneries réalisées par la fonderie Ruetschi pour la ville de Zurich. Les cloches furent coulées en 1950 et hissées dans le clocher en septembre de la même année.

Sib2 réb3 mib3 fa3 lab3

Mes plus vifs remerciements à la paroisse réformée de Zurich-Albisrieden : M. Walter Lang, président, et M. Rolf Iten, sacristain. Un tout grand merci à Stefan Mittl, expert campanologue à Zurich, pour l’organisation de cette belle étape campanaire. Amitiés enfin John Brechbühl, membre de la GCCS, et à Dominique « Valdom 68 », responsable technique des clochers de Val-de-Travers.

Sources
http://www.kirchgemeinde-albisrieden.ch/geschichte/
https://de.wikipedia.org/wiki/Neue_Kirche_Albisrieden

Cloches – Zurich Altstetten (CH-ZH) nouvelle église réformée

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Nous sommes dans un de ces nombreux quartiers périphériques de Zurich qui furent jadis des communes indépendantes. C’est en 1934 qu’Altstetten rejoignit sa grande voisine. Il forme aujourd’hui, avec le quartier voisin d’Albisrieden, le 9e arrondissement de Zurich. L’urbanisation galopante que connut l’agglomération zurichoise au XXe siècle conduisit un peu partout à la construction de nouvelles églises. Si beaucoup d’anciens édifices furent malheureusement rasés, la paroisse réformée d’Altstetten eut la bonne idée de conserver son ancienne église. Se dressent donc aujourd’hui, dans un mouchoir de poche, deux clochers aux styles diamétralement opposés. La nouvelle église fut construite entre 1939 et 1942 sur les plans de Werner M. Moser. Ce zurichois n’est autre que le fils de Karl Moser, l’un des architectes suisses les plus réputés de la Belle-Epoque. Si le père dessina – entre autres – les plans de l’église St Paul de Berne (Art Nouveau) et de l’église St Antoine de Bâle (la première église en béton de Suisse), le fils se fit remarquer essentiellement par des bâtiments laïcs et administratifs, comme le Kongresshaus et l’hôpital cantonal de Zurich.

L’élégant clocher ajouré supporte une sonnerie d’un poids total de plus de 9 tonnes. Les cloches, à l’origine en lancé franc, furent équipées en rétrolancé dans les années 1980 après que des mesures eurent démontré que la structure avait tendance à trop osciller. Auparavant, on avait tenté – sans trop de succès – de corriger le problème en posant des croisillons en acier dans les embrasures des baies. Nombre de sonneries monumentales installés dans des clochers effilés de la même époque connurent un sort identique, tant il est vrai qu’on présuma un peu trop de la résistance du béton durant la première moitié du XXe siècle. Les 5 cloches égrènent un motif appelé parfois « gamme chinoise ». Cette combinaison, plutôt rare en Suisse romande, est assez répandue outre-Sarine. Le bourdon, baptisé « Friede » (paix), porte sur sa panse cette émouvante inscription: « Gegossen 1940 in schwerer Kriegzeiten » (coulé en 1940 en ces pénibles temps de guerre).

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Ruetschi, Aarau 1940

Mes plus vifs remerciements à M. Franz Grossen, président de la paroisse réformée d’Altstetten, ainsi qu’à MM. Marco Wismer et Manuel Rios, sacristains. Un tout grand merci également à Stefan Mittl, expert-campanologue à Zurich, pour l’organisation.

Sources
http://www.kirchealtstetten.ch/grossekirche
https://fr.wikipedia.org/wiki/Altstetten
https://de.wikipedia.org/wiki/Werner_Max_Moser
https://de.wikipedia.org/wiki/Karl_Coelestin_Moser
Archives de la maison Ruetschi

A consulter
http://www.kirche-zh.ch/
https://www.stadt-zuerich.ch/portal
https://www.zuerich.com/fr#section-01

Cloches – Zurich (CH-ZH) église réformée de Wiedikon

P1070020

Construite de 1895 à 1896, l’église réformée de Wiedikon est un des édifices religieux néogothiques les plus majestueux et intéressants du pays. Le choix de la brique n’est de loin pas aléatoire: la présence de briqueteries sur le territoire de cette ancienne commune – rattachée à Zurich en 1893 – a rendu le coût de ce matériau bien plus accessible que s’il avait été question de pierres de tailles, comme l’architecte Paul Reber l’avait pourtant préconisé initialement. Victime – comme l’ont été nombre d’autres monuments issus du courant historiciste – de transformations malheureuses tout au long du XXe siècle, cette magnifique église a retrouvé son aspect original lors d’une ultime rénovation supervisée entre 1983 et 1984 par les Biens Culturels zurichois. L’impressionnant orgue Goll de 1897 a lui aussi subi de profondes modifications au fil des décennies. A l’origine pneumatique, l’instrument est aujourd’hui à traction mécanique depuis le relevage effectué en 1985 par la maison Kuhn. L’excellence de l’orgue, associée à la beauté et à la remarquable acoustique du lieu, font de l’église réformée de Wiedikon un lieu privilégié pour de nombreux concerts.

La sonnerie ne comportait initialement que 4 cloches formant un accord majeur parfait en si bémol 2. Un défaut de construction provoqua la chute de la cloche no2 en 1949. C’est en 1950 que l’actuelle cloche no4 fut hissée dans un emplacement déjà pensé lors de la construction du premier beffroi. Son aspect épuré tranche avec les riches motifs néogothiques de ses sœurs aînées.

-Cloche 1, « Cloche des Heures », note sib2 -26/100, poids 3’311kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 2, « Cloche de Midi, note ré3 -41/100, poids 1’639kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 3, « Cloche du Matin et du Soir », note fa3 -17/100, poids 1’009kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 4, note sol3 -27/100, poids 770kg, coulée en 1950 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 5, note sib3 +15/100, poids 421kg, coulée en 1896 par Ruetschi à Aarau

La3 = 435Hz, déviation en 1/16 de 1/2 ton

Dans le clocher se trouve une partie du vieux cadran, installé ici par l’ancien sacristain. Le mouvement  d’horloge mécanique, construit par la maison Maeder à Andelfingen, est toujours en fonction. Remarquez enfin l’intéressante « machine à tocsin » manuelle, conçue pour lancer l’alarme sur 2 cloches tintées

Mes plus vifs remerciements à M. Hans-Ulrich Spitzli, sacristain de longue date, pour sa gentillesse et sa disponibilité. Un tout grand merci également à mes excellents camarades Stefan Mittl, expert-campanologue à Zurich, et John Brechbühl, membre de la GCCS, pour l’organisation de cet intéressant week-end campanaire entre Zurich et Argovie les 18 et 19 juillet 2015.

Sources :
« Die reformierte Kirche Bühl in Zürich-Wiedikon », par Wilhelm Gut, © Evang-ref Kirchgemeinde Zürich-Wiedikon 2011
Archives de la maison Ruetschi
https://de.wikipedia.org/wiki/Wiedikon

A consulter :
http://www.kirche-wiedikon.ch/
http://www.buehlkirche.ch/
http://www.kirche-zh.ch/

Cloches / Glocken – Wetzikon (CH-ZH) église réformée

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1330, c’est la date à laquelle fut bâtie la première église de Wetzikon. Agrandi en 1713, l’édifice – dont la reconstruction était déjà évoquée fin 18e siècle – céda sa place à l’élégante église néogothique de 1897 que nous connaissons aujourd’hui. En charge des plans, Paul l’architecte bâlois auteur des plans de la remarquable église réformée de Zurich-Wiedikon.

Œuvre du même fondeur, la sonnerie fut toutefois réalisée en 2 coulées. La cloche 3 sonna en effet un temps dans le clocher de l’ancienne église. Les cloches 4 et 2 forment un triton, apparemment non voulu par la fonderie, puisqu’elle vendit la sonnerie comme un traditionnel Salve Regina. Paradoxalement, c’est ce défaut qui confère aujourd’hui à ces 5 cloches une saveur toute particulière. Les cloches de 1896 sont ornées de magnifiques motifs néogothiques, dont les anses en forme d’angelots, décorations typiques de l’époque. La sonnerie fut hissée le 31 octobre et le 2 novembre par les enfants des écoles. Il y a quelques années, le battant de la grande cloche se détacha, passa par la baie, et traversa le toit du transept. Il est aujourd’hui exposé dans le jardin.

Cloche 1, « Zeichenglocke », note la2, poids 4’460 kg, coulée en 1896 par Ruetschi d’Aarau
Cloche 2, « Elfuhrglocke », note do#3, poids 2’219 kg, coulée en 1896 par Ruetschi d’Aarau
Cloche 3, « Betzeitglocke », note mi3, poids 1’260 kg, coulée en 1896 par Ruetschi d’Aarau
Cloche 4, « Vesperglocke », note sol3, poids 720 kg, coulée en 1884 par Ruetschi d’Aarau
Cloche 5, « Kinderglocke », note la3, poids 545kg, coulée en 1896 par Ruetschi d’Aarau

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ancienne église ancien intérieur
Photos d’archive: à gauche, l’ancienne église. A droite, l’ancien orgue remplacé en 1976.

Remerciements à la paroisse réformée de Wetzikon pour l’aimable autorisation et les volées spéciales. Merci au sacristain pour sa gentillesse et sa disponibilité. Un tout grand merci à Stefan Mittl, campanologue à Zurich, pour l’organisation.

Sources: « 1897-1997 100 Jahre Reformierte Kirche Wetzikon », publication rédigée par Margrit Anderegg, Hans Peter Weinmann et Andreas Zwingli

http://www.wetzikonref.ch/
http://www.wetzikon.ch/

Cloches – Brütten (CH-ZH) église réformée

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C’est le 27 septembre 1908 que fut inaugurée l’église réformée de Brütten. Ce charmant édifice de style art nouveau s’élève sur les fondations d’une ancienne église du 14e siècle, et qui fut progressivement transformée et agrandie en 1568 et en 1774. Le clocheton refermait 3 cloches: la plus ancienne, non datée, était de facture gothique; les 2 autres furent coulées en 1502 et 1777.

C’est le talentueux Jules Robert qui coula les 4 nouvelles cloches dans son atelier de Nancy en 1907, autrement dit peu de temps avant de s’établir à Porrentruy, dans le Jura suisse.

Cloche 1, do#3, 2’120kg
Cloche 2, fa3, 1’115kg
Cloche 3, sol#3, 623kg
Cloche 4, do#4, 264kg

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clochesLe convoi des cloches, en présence de Jules Robert (3e depuis la gauche sur le chariot)
Images d’archives
cadran Coq

Mes plus vifs remerciements à la paroisse de Brütten. Un grand merci à Stefan Mittl, campanologue à Zurich, pour l’organisation de ce magnifique week-end campanaire. Remerciements enfin à Anaïs Barillet pour ses précieuses indications.

http://www.kirchebruetten.ch/
http://www.bruetten.ch/
http://drs.srf.ch/www/de/drsmusikwelle/sendungen/72657.glocken/glocken-der-heimat/72657.81265.zuerich/zuerich/81265.80960.bruetten-ref-kirche.html

Cloches / Glocken – Dietikon (CH-ZH) église catholique St Joseph

L’église catholique St Joseph de Dietikon fut consacrée en 1968. Bâtie sur les plans de l’architecte Julius Senn, elle renferme dans son petit clocher une charmante (et bruyante) sonnerie signée Emil Eschmann. Le volume sonore dégagé est tel que les ouvertures ont été partiellement colmatées avec des planches.

Cloche 1 « St. Josefsglocke », mi3, 1’250kg
Cloche 2 « St. Johannesglocke », sol#3, 630kg
Cloche 3 « Christusglocke », si3, 370kg
Cloche 4 « Schutzengelglocke », do#4, 270kg

Remerciements à mon ami John Brechbühl pour cette intéressante découverte

http://www.kath-dietikon.ch/d/stJosefDietikon

Cloches / Glocken Dietikon (CH-ZH) église réformée

Jusqu’au début du 20e siècle, catholiques et réformés de Dietikon se partageaient la même vieille église. La démographie galopante, initiée par l’industrialisation de la région zurichoise, vit les 2 communautés opter pour la construction de leurs propres lieux de cultes. Ainsi sortit de terre l’église St Agathe en 1921 (catholique, sur les lieux de l’ancienne église de 1628), et l’église réformée en 1925. A noter que les 2 clochers possèdent chacun une sonnerie en La2

La2 do#3 mi3 fa#3, Ruetschi, 1925, poids total 8’903 kg

Cloches – Zurich-Oerlikon (ZH) église réformée

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C’est avec l’avènement du chemin de fer dans la région, dès 1855, qu’Oerlikon passa en quelques décennies du statut de village à celui de quartier industriel de Zurich. Se posa dès lors la question d’une nouvelle église réformée. Après maintes tergiversations, c’est finalement le projet des architectes Adolf Asper et Gustav Gull qui fut retenu. Les travaux débutèrent le 6 mai 1906, pour s’achever le 5 avril 1908. Ce joyau de l’architecture de la Belle-Epoque connut de nombreuses transformations, pas toujours de très bon goût. Fort heureusement, la dernière restauration de 2008-2009 sut redonner à l’église réformée d’Oerlikon son charme d’antan: mariage heureux d’historicisme et d’Art Nouveau.

C’est dans son tout nouvel atelier de Porrentruy (JU) que Jules Robert coula en 1907 la sonnerie de l’église réformée d’Oerlikon. Du talentueux fondeur lorrain, on reconnaît ici non seulement la justesse musicale, mais aussi et surtout la qualité iconographique des cloches. Il est à noter que 70% du bronze utilisé ici provient de la fonte de canons de la guerre franco-prussienne de 1870.

Cloche 1, dite « bourdon », note si2, diamètre 162.5cm, poids 3’050kg
Cloche 2, dite « de midi », note ré#, diamètre 130.1cm, poids 1’555kg
Cloche 3, dite « de la prière », note fa#3, diamètre 108cm, poids 895kg
Cloche 4, dite « des morts », note sol#3, diamètre 96cm, poids 626kg

La sonnerie, qui donna de la voix pour la première fois le 29 octobre 1907, fut conçue pour s’harmoniser avec l’ancienne église de Schwamendingen, mais aussi avec l’ancienne sonnerie de l’église catholique d’Oerlikon, jadis en mib3. En 1963, cette dernière passa commande auprès de Karl Czudnochowsky de l’actuelle sonnerie monumentale en lab2, l’une des plus belles réussites du fondeur allemand.

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^ ^ Le bourdon en si2, de profil lourd (plus de 3 tonnes), rare chez Jules Robert

v v La cloche 2

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La finesse du détail, l’une des marques de fabrique de ce grand fondeur que fut Jules Robert

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^ ^ L’horloge mécanique (Mäder, Andelfingen, 1907), toujours partiellement en fonction (pour la frappe des quarts et des heures)

v v Détail du beffroi. Si Jules Robert a opté pour le métal pour ses beffrois au tournant du 20e siècle, il a continué à équiper ses cloches de jougs en chêne. Contrairement à des fondeurs comme Ruetschi ou Keller, qui vers 1880 déjà, se sont mis à accrocher leurs cloches à des montures en fonte

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Images d’archives : les cloches encore toutes rutilantes à la fonderie, puis à leur arrivée à Oerlikon le 23 octobre 1907

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Je vous laisse finalement admirer quelques détails architecturaux de la splendide église réformée de Zurich-Oerlikon. Ci-dessus, l’orgue construit en 1967 par la Manufacture de Genève. Il s’agit du troisième instrument à occuper successivement la vaste galerie. Ci-dessous les magnifiques vitraux du verrier zurichois Georg Röttinger, dans la plus pure tradition de l’Art Nouveau

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^ ^ Détail de la rampe d’escalier menant au clocher
v v L’un des anciens bancs, malheureusement ôtés lors de la rénovation de 1973-1974
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^^ Les magnifiques fresques du plafond, recouvertes de peinture blanche en 1941, heureusement réhabilitées en 2008-2009
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Un immense merci à Stefan Mittl, campanologue à Zurich, pour l’organisation de la visite du clocher. Remerciements également à la paroisse réformée de Zurich-Oerlikon pour l’aimable autorisation.

Sources :
« Reformierte Kirche Oerlikon », par Matthias Walter, dans la série « Schweizerische Kunstführer »
http://www.kirchgemeindeoerlikonref.ch/alteglockenbilder…. (pour les photos d’archives des cloches)

Liens:
http://www.kircheoerlikon.ch/
http://www.kirche-zh.ch/
http://www.stadt-zuerich.ch/