Archives de catégorie : CH-Fribourg

Cloches – Villaraboud (CH-FR) église Saint-Laurent

Un fondeur issu d’une grande famille patricienne fribourgeoise réalise une petite beauté baroque

-Cloche 1, note fa 3 +31/100, coulée en 1902 par Charles Arnoux à Estavayer-le-Lac
-Cloche 2, note la bémol 3 +35/10, coulée en 1961 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 3, note si bémol 3 +72/100, coulée en 1806 par Pierre Dreffet à Vevey
-Cloche 4, note mi 4 +77/100, coulée en 1660 par Hans-Christoffel Klely et Franz Bartholome Reyff de Fribourg

La paroisse de Villaraboud (à ne pas confondre avec Villarimboud) est déjà mentionnée en 1228. L’église est alors très petite, mais elle suffit à la population de l’époque. Seuls sept foyers sont mentionnés lors de la visite pastorale de 1453, ce qui représente une soixantaine d’âmes. Le Père Apollinaire Deillon rapporte que « le cimetière n’était pas clôturé, les chars petits et grands y avaient libre parcours, tous les animaux de la localité pouvaient y séjourner librement ». En 1647, les paroissiens demandent qu’on restaure leur église. Mais Fribourg, qui s’est emparé du patronage, refuse d’accéder à leur demande. Ce n’est en 1868 qu’est consacrée l’actuelle église Saint-Laurent de Villaraboud. Les travaux de maçonnerie sont confiés à un certain Mauron, qui a la bonne idée d’utiliser les blocs erratiques dispersés dans les champs alentours. Le maître d’ouvrage s’appelle François-Joseph Grimm. Ce maître-maçon et entrepreneur originaire du Bas-Rhin, établi à Romont, est chargé en 1852 de reconstruire l’hôpital du chef-lieu glânois, détruit par un incendie. Et c’est suite à un autre sinistre, en 1863, que le même entrepreneur reçoit le mandat de consolider les voûtes de la collégiale de Notre-Dame de l’Assomption. La paroisse regroupe aujourd’hui Siviriez, Villaraboud, Chavannes-les-Forts, Prez-vers-Siviriez, la Pierraz, Le Saulgy et Villaranon. Ces villages, jadis entités indépendantes, ont rejoint la commune de Siviriez lors de la fusion de 2004. Située quelque peu en retrait des grands axes Romont-Bulle et Romont-Oron, Villaraboud occupe une belle position dominante sur le vallon de la Glâne, la rivière qui a donné son nom au district créé en 1848 après la guerre du Sonderbund.

La grande cloche
PATRINUS ALPHONSUS GOBET-PERRET / MATRINA MARIA DUMAS / ME FECIT CAROLUS ARNOUX EX ESTAVAYER LE LAC / ANNO 1902 / DEUM LAUDO / VIVOS VOCO / MORTUOS PLANGO
Il s’agit – à mon avis – de l’une des plus belles cloches coulées par Charles Arnoux (1843-1925). Ce fondeur originaire de Morteau (F-25) commence à seconder son père, Constant (1806-1877) lui aussi fondeur, alors qu’il est encore adolescent. Père et fils collaborent entre 1857 et 1861 à la sonnerie monumentale de Gruyères où ils prennent un temps domicile. Arnoux père et fils travaillent à tour de rôle comme contremaître pour une autre dynastie de fondeurs de cloches de Morteau : les Bournez. Charles reprend à son compte l’atelier provisoire que François-Joseph Bournez le jeune avait établi à Estavayer-le-Lac en 1871. Il y exploite avec succès jusqu’à sa mort la dernière fonderie de cloches monumentales de Suisse romande.

La cloche no2
SANCTE LAURENTI CONFESSUS ES NOMEN DOMINI JESU CHRISTI ORA PRO NOBIS / PARRAIN FRANCOIS MAURON / MARRAINE ANTONIE DUMAS / JOSEPH CHASSOT CURE / ANDRE MAURON PRESIDENT / 1961 / FONDERIE DE CLOCHES H. RUETSCHI SA AARAU
Cette cloche, très certainement la refonte d’une cloche plus ancienne, a été coulée par Ruetschi d’Aarau, la dernière fonderie suisse de cloches monumentales toujours en activité. La première génération Ruetschi, formée des frères Jakob et Sebastian, rachète en 1824 la fonderie de Johann Heinrich Bär, leur ancien employeur. Le premier fondeur argovien mentionné avec certitude est Jakob Reber qui coula en 1367 la cloche dédiée à Sainte-Barbe de la cathédrale de Fribourg, toujours existante.

La cloche no3
MARIE ANNE ROULLIER MARRAINE  / AUGUSTIN DUMAS PARRAIN / PIERRE DREFFET FONDEUR A VEVEY M’A FAITE 1806.
La cloche porte sur son col les traditionnelles têtes d’angelots qu’on retrouve régulièrement chez Pierre Dreffet (1752-1835). Ce fondeur, originaire de Coppet et établi à Vevey, confectionna de nombreuses cloches pour le canton, la plupart de belle facture. Sa plus importante réalisation est le bourdon de Châtel-Saint-Denis, pesant près de 3 tonnes . Succéderont à Pierre Dreffet à la tête de la fonderie veveysanne, mentionnée dès 1626 : son neveu Marc Treboux (qui fut un temps son associé), puis Samuel Treboux et Gustave Treboux.

La petite cloche
GRATIA PLENA DOMINUS TECUM 1660 / HANS CHRISTOFFEL KLELY UND FRANTZ BARTHOLOME REYFF GOSSEN MICH.
Cette cloche, richement ornée de décors floraux et de festons, arbore un magnifique cartouche avec le nom de ses fondeurs. Y figure le canon et le trèfle des Klely, de même qu’une cloche et les armoiries de la famille Reyff : trois cercles emboîtés. Cette petite cloche est donc l’œuvre conjointe de Jean-Christophe Klely (?-1641) et de François-Barthélémy Reyff (1622-1664). Ce Klely est le premier fondeur de cloches d’une lignée qui essaima de nombreux descendants. Jean-Christophe semble avoir appris le métier avec Jakob Kegler le jeune, son prédécesseur comme fondeur officiel de Fribourg. François-Barthélémy Reyff, lui, est membre de la célèbre famille patricienne fribourgeoise de peintres, de sculpteurs et de magistrats. Celui qui semble être le seul de la lignée à avoir embrassé la carrière de fondeur de cloches occupa également de hautes fonctions politiques : F-B R. fut en effet bailli d’Illens et receveur de l’impôt.

Equipement
Les quatre cloches sont accrochées à des montures en acier : joug d’origine Ruetschi pour la cloche no2, rails en acier réalisés par l’entreprise Bochud vers la moitié du XXe siècle pour les trois autres. Les battants, de même que la motorisation, ont été récemment remplacés par la maison Muff. Le beffroi a été renforcé. Il n’y a ni cadran d’horloge ni dispositif de tintement horaire. Photo : A gauche, les anciens battants des cloches 3 et 4 ; à droite, l’équipement actuel

Sources :
« Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 12 » Père Apollinaire Deillon, imprimerie Saint-Paul 1903
« Romont, cité à découvrir » Aloys Lauper, éditions Pro Fribourg, 1994.
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », divers auteurs, éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.upglane.ch/paroisses/siviriez-villaraboud
https://www.geni.com/people/Constant-Arnoux/6000000010046948656
http://www.bernergeschlechter.ch/humo-gen/family.php?id=F66313&main_person=I200065

Quasimodo remercie
-Laurent Clerc, vice-président de la paroisse de Siviriez-Villaraboud, pour son aimable autorisation
-Mes amis Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice, et Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers, pour leur indispensable collaboration et les moments d’amitié.

Cloches – Châtel-St-Denis (CH-FR) église St Denis

Une sonnerie monumentale pour une mini-cathédrale néo-gothique

-Cloche 1, note sib2 -1/16, diamètre 167cm, poids 2’850kg, coulée en 1832 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 2, note ré3 -2/16, diamètre 134cm, poids 1500kg, coulée en 1811 par François-Joseph Bournez l’Ancien de Morteau
-Cloche 3, note fa3 -3/16, diamètre 112cm, poids 820kg, coulée en 1588, signée FB
-Cloche 4, note lab3 +5/16, diamètre 88cm, poids 390kg, coulée en 1789 par Jean-Georges Paris de Bulle
-Cloche 5, note sib3 +5/16, diamètre 83cm, poids 380kg, coulée en 1876 par Gustave Treboux de Vevey.

(article de 2013, complété le 20 octobre 2018)

C’est une véritable petite cathédrale qui dresse sa fière silhouette néogothique sur les hauteurs de Châtel-Denis. Avec son clocher de 70m, sa neuf haute de 18m et une longueur totale de 60m, l’église St Denis peut se vanter de rivaliser par ses dimensions avec la vénérable cathédrale St Nicolas de Fribourg. Les plans de l’architecte Adolphe Fraisse furent signés le 15 juin 1871 et la première pierre fut bénie le 15 avril 1872. Quant à la consécration, elle fut célébrée en 1876, le 9 octobre, jour de la Fête Patronale. Y procéda Mgr Etienne Marilley, évêque de Lausanne et Genève, bourgeois bienfaiteur de la commune et de sa paroisse d’origine. La physionomie de l’église fut profondément remaniée au fil des ans: suppression des pinacles en façade et des lucarnes sur la nef, remplacement de la flèche en pierre par du béton. Même si ces travaux lui ont fait perdre un peu de son authenticité, l’église St Denis n’en reste pas moins un magnifique témoin de l’architecture néogothique dans la région.

 
vue ext historique

Sur les 5 cloches que compte la sonnerie monumentale, 4 connurent le clocher de l’ancienne église qui se dresse toujours à quelques dizaines de mètres. La cloche en fa3, doyenne de la sonnerie (1588) est aussi la plus mystérieuse. Dotée des seules lettres FB en guise de signature, elle est attribuée à Franz Sermund aux vues de son profil et de son ornementation. 1588 étant l’année du décès du fondeur bernois, il se pourrait toutefois que la cloche soit l’œuvre d’un successeur de Sermund, m’a confié le campanologue bernois Matthias Walter. La cloche 4 (lab3, 1789), de facture typiquement baroque, porte la griffe de Jean-Georges Paris, fondeur du terroir établi à Bulle, et collaborateur ephémère de Pierre Dreffet de Vevey. Et c’est le même Dreffet qui – secondé par son neveu Marc Treboux – coula en 1832 l’imposant bourdon en sib2. En 1876, la fonderie veveysanne, entre temps passée entre les mains de Gustave Tréboux, ajouta la petite cloche en sib3. L’inventaire de la sonnerie ne serait pas complet sans la cloche 2, note ré3, confectionnée en 1811 par le saintier franc-comtois François-Joseph Bournez l’Ancien. Le petit-fils de ce dernier établit en 1871 un atelier provisoire à Estavayer-le-Lac pour y réaliser la sonnerie de la collégiale. La fonderie fut vite reprise par son contremaître Charles Arnoux, qui en fit une entreprise florissante jusqu’à son décès en 1925.

DSC08831

Le bourdon

DSC08839 DSC08834 DSC08837 DSC08836

DSC08829

La cloche 2

Châtel - bournez

DSC08803

la cloche 3

DSC08804 DSC08808 DSC08810

DSC08824

La cloche 4

DSC08825

DSC08815

La cloche 5

DSC08822 DSC08827 DSC08820 DSC08817

DSC08796

L’horloge Prêtre de Rosureux, fabriquée en 1876, modifiée ultérieurement pour le remontage automatique des poids, toujours en fonction

DSC08798

Eglise ajd

L’église St Denis dans son aspect actuel. Ci-dessous, les plans originaux

Eglise sur plans Eglise plans

DSC08842

L’intérieur avec l’orgue Kuhn de 1892, pneumatique, superbement entretenu

DSC08847

Châtel-st-denis - ancienne église ajd

L’ancienne église du 13e siècle (aujourd’hui institut St François-de-Sales) aujourd’hui et hier

Ancienne église hier

Mgr Marilley

Mgr Etienne Marilley (1804-1889) évêque de Lausanne et Genève.

Remerciés soient pour leur chaleureux accueil:
Edith Bochud, présidente de paroisse, dicastère administration et finance
Dominique Nanchen, dicastère du culte et groupements, responsable du conseil de communauté et organiste
Léon Roche, dicastère des bâtiments et forêt.

Un immense merci  pour son aide lors de cette nouvelle présentation vidéo à mon excellent ami campanaire Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice. Visitez son site https://cloches74.com/

http://www.upstdenis.ch/chatel-st-denis/lieux-de-culte-de-la-paroisse/
http://www.chatel-st-denis.ch/
http://www.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1752-11-6-1/

Autres sources:
« Le Patrimoine campanaire fribourgeois », aux éditions Pro Fribourg

Cloches – Marly (CH-FR) église Saints-Pierre-et-Paul

Restauration d’envergure pour cette sonnerie partiellement historique

-Cloche 1, note do#3 +22/100, poids 2’032 kg, coulée en 1645 par Jacob Kugler (Kegler le jeune) de Fribourg
-Cloche 2, note mi3 +6/100, poids 1’062 kg, coulée en 1956 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 3, note fa#3 +27/100, poids 768 kg, coulée en 1956 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 4, note la#3 -9/100, poids 600 kg, coulée en 1574 par Jacob Kegler de Fribourg
-Cloche 5, note do4 +7/00, poids 214 kg, coulée en 1742 par Joseph Klely de Fribourg

La paroisse de Marly figure parmi les plus anciennes du canton de Fribourg. Mentionnée au XIIe siècle, l’église est visitée par Mgr Georges de Saluces en 1453. L’évêque ordonne alors d’agrandir les quatre fenêtres. Dans son dictionnaire des paroisses, le Père Deillon suppose qu’il s’agissait à l’époque encore d’un édifice du Xe au XIe siècle avec des fenêtres très étroites, de 20 à 30 centimètres de largeur. Une reconstruction ou du moins agrandissement important semble avoir été mené en 1540, mais c’est à partir 1785 qu’est édifiée l’actuelle église Saints-Pierre-et-Paul. La sacristie au rez-de-chaussée du clocher correspond au chœur de l’ancien sanctuaire. Consacrée en 1787 par Mgr de François Lenzbourg, évêque de Lausanne, l’église se voit agrandie d’une travée à l’ouest en 1878. Le curé Boschung, arrivé en 1966 de Murist où l’église était neuve, émet l’idée d’un nouveau bâtiment. Certains paroissiens sont d’ailleurs acquis à la cause ! On préfère finalement – et fort heureusement – rafraîchir la vénérable construction. Une série de chantiers sont alors menés tout au long de la dernière moitié du XXe siècle. Les étapes les plus marquantes furent : le rachat du somptueux maître-autel baroque de l’abbaye d’Hauterive en 1973 ; la restauration et la valorisation en 1982 du mobilier liturgique ancien, dont les fonts baptismaux de 1511 ; l’inauguration en 1983 de l’orgue Füglister.

La sonnerie hétérogène est composée de cinq cloches coulées à quatre différentes époques. Nous avons ici une démonstration grandeur nature de l’évolution de l’art campanaire fribourgeois au travers de trois générations successives de fondeurs locaux. La cloche no4 – la plus ancienne – porte sur son col l’inscription suivante : von der hitz bin geflossen / Jacob Kegler hat mich gossen / 1574. Jacob Kegler l’ancien, originaire de Romont, est le cousin germain de Pierre Guillet, lui aussi fondeur de cloches. Venu s’établir à Fribourg, J.K. choisit de germaniser son patronyme afin de se faire admettre dans la bourgeoise privilégiée. Sa plus importante réalisation semble avoir été le bourdon de Romont en 1577, que le Bernois Franz Sermund fut appelé refaire deux ans plus tard. La cloche de Marly porte des traces d’accordage, vraisemblablement datées de 1956, date de l’agrandissement de la sonnerie. La grande cloche, datée de 1645, arbore : Jacob Kugler gosmich in Fribourg anno D. MDCXLV Jésus Maria. Tartara divino sonitu quoque fulgura franco. Ad templum gementes convoco patricos. Kugler variante de Kegler –  semble être le petit-fils de Jacob Kegler précédemment mentionné. Installé Planche-Supérieure en Basse-Ville de Fribourg, Kugler se voit attribuer en 1608 le monopole de la fonderie dans toute la seigneurie de Fribourg. Ceci concerne non seulement la fonte des cloches, mais aussi la fabrication d’armes et de goulots de fontaines. La plus petite cloche porte des ornements typiquement baroques comme une frise florale et des feuilles de laurier. On peut y lire : Collo festa, fulmina frango, defunctos plango. 1742. J. K. G. M. Il s’agit là de la signature de Joseph Klely, l’un des représentants – et même le dernier – de la lignée qui succéda aux Kegler/Kugler aux commandes de la fonderie de Fribourg. Deux cloches furent ajoutées en 1956. Offertes par de généreux paroissiens, elles arborent la signature de Ruetschi d’Aarau, mais aussi les noms de leurs principaux donateurs et de leurs parrains et marraines. Pour la cloche no2 : parrains Germain Blanchard et Pierre Portman, marraines Louise Brugger et Lucie Bays. Pour la cloche no3 : parrain Heinri de Gendre, marraine Lina Biland. Ces noms ayant été gravés après la coulée, on peut supposer que les généreux donateurs ont pris du temps à se faire connaître ! Do# mi fa# la# do… on peut s’étonner de la suite de notes égrenée par les cinq cloches après l’agrandissement de la sonnerie en 1956, et tout spécialement du triton entre les cloches 3 et 5. Les archives de la maison Ruetschi mentionnent les notes do# mi fa# la do. Mon hypothèse est la suivante : aux vues des partiels très hauts de la cloche no4, je suppose que son accordage a quelque peu raté et que la note voulue était effectivement un la. On aurait donc cherché à créer un motif de type Parsifal entre les quatre plus grandes cloches. La cloche 5, comme c’est souvent l’usage dans la région, devait être prévue pour sonner l’Agonie en solo. Mais ceci n’est évidemment qu’une théorie…

La sonnerie de Marly vient de bénéficier d’une importante restauration :
-Restauration du joug de la grande cloche et de ses ferrures.
-Nouveaux jougs pour les quatre autres cloches.
-Nouveaux battants forgés en acier doux pour les cinq cloches.
-Nouvelle centrale électronique de gestion des moteurs de volée, nouveau moteur de volée pour la grande cloche.
-Nouvelles roues de volée, nouveaux paliers.
-Révision du dispositif de tintement mécanique.
-Révision de l’électro-tinteur des angélus sur la cloche 2.
-Consolidation du plancher.
-Exposition dans le clocher des jougs en chêne des cloches 4 et 5, exposition des battants d’origine des cloches 2 et 3.

Comparatif : à gauche, la cloche 2 avec son joug en acier de 1956. A droite, le nouveau joug de chêne et ses ferrures forgées main

Sources :
Marly son histoire au fil de la Gérine, édité par la société de développement de Marly et environs
Dictionnaire historique et statistique des paroisses du canton de Fribourg volume 8, Père Apollinaire Deillon, imprimerie Saint-Paul, 1896
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.diesbach.com/sghcf/l/lenzbourg.html

Quasimodo remercie chaleureusement :
Le Conseil de paroisse de Marly, et plus spécialement M. Roland Bruegger, responsable des bâtiments.
L’entreprise MECATAL, campaniste ; son directeur Jean-Paul Schorderet et ses collaborateurs François et Olivier.
… de même que mon camarade campanaire Allan Picelli « le sonneur comtois », sacristain à Maîche.

BONUS : article paru dans le journal fribourgeois LA LIBERTE du 17 juillet 2018 (cliquer pour agrandir)

Cloches – Villars-sur-Glâne (CH-FR) église Saints-Pierre-et-Paul

La métamorphose d’une sonnerie

-Cloche 1, note mi3 +11/100, diamètre 122cm, poids environ 1’100kg, coulée en 1960 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 2, note sol3 +35/100, diamètre 96cm, poids 520kg, coulée en 1840 par Louis Roelly de Fribourg
-Cloche 3, note si3 +10/100, diamètre 80.5cm, poids 330kg, coulée en 1838 par Louis Roelly de Fribourg
-Cloche 4, note ré4 -8/100, diamètre 67cm, poids 190kg, coulée en 1960 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 5, note sol4 -1/100, diamètre 51.5cm, poids 100kg, coulée vers 1350, non signée
(la3=435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton) Présentation détaillée (inscriptions) plus bas

Nouveau beffroi de chêne, nouveaux jougs en bois, nouveaux battants, nouvelle motorisation… il fallait bien une nouvelle présentation de la sonnerie de Villars-sur-Glâne!

Une église aux origines obscures – La première mention d’une église à Villars-sur-Glâne remonte à 1156. D’habitude très prolyxe dans son Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg, Apollinaire Deillon avoue ne disposer que de peu de renseignements au sujet des édifices qui se sont succédé en ces lieux. Il est seulement question d’importantes rénovations en 1450 et en 1786. Lors de la démolition de 1915 furent mises au jour une fenêtre romane du XIIe siècle dans la nef ainsi que des feuilles de plomb indiquant que le clocher avait été reconstruit en 1754. Consacrée le 8 octobre 1916, l’imposante église Saints-Pierre-et-Paul est en forme de croix latine. Le coût des travaux, devisé à 150’000 francs, s’avéra au final inférieur aux prédictions, de quoi faire pâlir d’envie nos grands argentiers actuels ! Les plans sont l’œuvre de Frédéric Broillet (1861-1927), architecte et restaurateur d’art réputé, spécialiste de l’historicisme, comme en témoignent les églises de Cugy et d’Heitenried. Les vitraux dessinés par Henri Broillet ont été réalisés par la maison Kirsch & Fleckner. Signalons enfin l’orgue neuf du facteur Ayer-Morel à Vauderens.

Une sonnerie hétérogène typique de la région – Les ensembles campanaires fribourgeois ont cela de savoureux qu’ils ont été complétés au fil des siècles tout en conservant les anciennes cloches. C’est ainsi qu’on trouve dans le clocher de Villars-sur-Glâne deux cloches récentes (cl 1 et 4) coulées par Ruetschi d’Aarau en 1960. Sont également accrochées au beffroi deux œuvres de Louis Roelly de Fribourg réalisées en 1838 (cl3) et 1840 (cl2). Mention enfin à la pièce maîtresse de la sonnerie, la cloche no5, coulée au XIVe siècle. Non signée et non datée, ses décors rappellent beaucoup ceux de la deuxième cloche du sacristain de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg. Il y a donc fort à parier que ces deux cloches soient l’œuvre du même fondeur. Au XIXe siècle déjà, on se rendait compte de la valeur historique de cette petite cloche médiévale : la cloche no2 arbore en effet cette affectueuse dédicace (en latin) la plus grande cloche a été faite pour que la plus petite, très ancienne, puisse être ménagée. Signalons aussi dans le clocher la présence d’une crécelle en bois, jadis utilisée pour appeler les fidèles durant le triduum pascal, ainsi qu’un mouvement horloger désaffecté. Même si le cadran de contrôle de cette belle méanique affiche Léon Crot – fabricant – Granges (Vaud), il faut savoir que cet horloger se contentait souvent d’assembler et de revendre des pièces fabriquées en France. Le mouvement de Villars-sur-Glâne est en fait un produit de la maison Prost/Paget à Morez (merci à Daniel Fonlupt, conservateur de la Maison des Horloges à Charroux). Insolite enfin, une petite cloche (diamètre 37cm) estampillée Burdin aîné de Lyon (fondeur inédit dans la région) déposée au premier étage du clocher. Cette cloche aurait sonné un temps dans le clocher de la chapelle des Daillettes, consacrée en 1945 et incendiée en 1979. Son joug calciné semble corroborer cette thèse. On ignore par contre quelle fut la première destination de cette petite cloche.

Présentation détaillée des cloches
-Cloche 1 : JE CHANTE LES LOUANGES DE MARIE DE L’ANGELUS DE L’AUBE A L’ANGELUS DU SOIR / FRANCOIS CHARRIERE, EVEQUE / DON DES PAROISSIENS / PARRAIN JOSEPH DREYER BLASER, PRESIDENT DE PAROISSE / MARRAINE MARIE ROUBATY-PYTHON / FONDERIE DE CLOCHES H. RUETSCHI S.A. AARAU 1960. Note : la cloche, de style moderne, porte l’effigie de la Vierge de l’Immauclée Conception sur un croissant de lune. Elle est aussi ornée des armoiries de Villars-sur-Glâne.
-Cloche 2 : PAROCHUS RDFNA WERRO /  PARRAIN MONSIEUR LE CAPITAINE JOSEPH DE RAEMY / MARRAINE MADAME MARIE-MADELEINE DE REYNOLD / IESUS MARIE JOSEPH / EXUSRGAT DEO ET DISSIPENTUR INIMITI EIUS / EX PECUNIIS A PAROCHIANIS VILLARIENSIBUS / PIA LIBERALITATE COLLATIS / CAMPANA MAIOR CONFECTA UT MINOREAQUE ANTIQUISSIMA ILLAESA MANEAT / ITAE CAMPANAE BENEDICTAE SUNT A CEL’S AC R D D PETRO TOB YENNI EPISC LAUSANNAE / FAITE PAR LS ROELLY A FRIBOURG 1840. Note : cloche de style néo-classique. Les anses sont garnies de mascarons masculins. Le col de la cloche porte une frise ornée de têtes d’anges et de flammes dressées. La robe arbore les effigies de la Sainte Famille et des apôtres Pierre et Paul.
-Cloche 3 : SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM / LAUDATE PUERI DOMINUM / LAUDATE NOMEN DOMINI / T R D NICOLAUS WERRO ERAT PAROCHUS / MONSIEUR IGNACE DE BUMAN PARRAIN / PHILIPPINE HELENE MADAME MARIE DE RAEMY NEE DE REYNONLD MARRAINE / GLORIA UN EXCELSIS DEO ET IN TERRA / PAX HOMINIBUS BONAE VOLUNTATIS / PIERRE PAUL APOTRES / ST NICOLAS / NOTRE DAME DE LOURDES. FAITE PAR LS ROELLY A FRIBOURG 1838. Note : de style néo-classique, cette cloche fut coulée en partie avec le bronze d’une ancienne cloche de 1609 pesant 470 livres. Les anses sont lisses mais la frise du col est identique à la cloche 2. Sur la robe, on trouve les effigies du Christ en croix, de Saint-Nicolas, de Notre-Dame de Lourdes et (comme sur la cloche 2) des apôtres Pierre et Paul.
-Cloche 4 : MON JOUG EST DOUX ET MON FARDEAU EST LEGER / DON D’ALFRED ET ALINE KOERBER A BULLE ET DE LOUIS KOERBER CURE / FONDERIE DE CLOCHES H. RUETSCHI AARAU. Note : la cloche, de style moderne, porte un bas-relief du Sacré-Coeur.
– Cloche 5 : +METE.. SACTA… SPOTANEA… DEO.. PRIE (mentem sanctam spontaneam honorem deo et patriae liberationem). Note : il s’agit d’une des cloches les plus anciennes du canton. Les Biens Culturels fribourgeois estiment qu’elle date de 1350 environ. Elle pourrait avoir été coulée par le même fondeur (inconnu) que la deuxième cloche du sacristain de la cathédrale de Fribourg
– Cloche déposée : BURDIN AINE FONDEUR A LYON 1891. Note : la cloche porte les effigies du Christ en croix et de la Vierge à l’Enfant.

Nature des travaux :
Les cloches étaient fortement encrassées. Les anciens moteurs de type Bochud perdaient en effet de l’huile qui a ruisselé et formé du cambouis au fil des ans. Le campaniste a commencé par nettoyer ces demoiselles de bronze avec soin, en prenant garde de préserver la patine des cloches historiques. Le beffroi et les jougs en acier de 1960 ont été démontés, de nouveaux jougs et une nouvelle charpente en chêne ont été réalisés. On peut lire sur cette dernière  cette phrase de Winston Churchill : Plus vous regarderez loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur. Une maxime qui illustre de fort belle manière la longue et riche histoire de l’église et de la sonnerie. La motorisation (tintement et volée) de la sonnerie est neuve. Les nouveaux battants forgés sont en acier doux. Précisons qu’à l’heure où cet article est finalisé, d’autres travaux sont sur le point d’être menés : pose d’un plafond de bois dans la chambre des cloches pour en améliorer encore l’acoustique et l’aspect esthétique ; mise en place d’un dispositif d’éclairage nocturne de la chambre des cloches ; remplacement des cadrans d’horloge modernes de type « horloge de gare » par une reconstitution des cadrans d’origine (voir galerie photos d’archive plus bas). Sont encore à l’étude : la revalorisation de la petite cloche déposée et de l’ancien mouvement d’horloge. Un petit film de présentation des cloches de Villars-sur-Glâne est en cours de réalisation.

Galerie « archives ». Vous y trouverez des photos de l’ancienne église, de la nouvelle église avec ses anciens cadrans d’horloge et de la bénédiction  des cloches de 1960.

Mes plus vifs remerciements au Conseil de Paroisse de Villars-sur-Glâne pour sa confiance lors de ces importants travaux de restauration. Merci aux sacristains pour leur gentillesse et leur disponibilité. Merci aux campanistes de Mecatal, Jean-Paul Schorderet et son équipe, pour cette belle collaboration. Merci enfin à mes vaillants camarades campanaires sans qui l’enregistrement audio-vidéo n’aurait pas été possible : Antoine « Cloches74 » carillonneur à St Maurice et à Taninges, et Dominique « Valdom68 » responsable technique des clochers de Val-de-Travers.

Sources (autres que mentionnées plus haut)
Inventaire réalisé par les Biens Culturels de l’Etat de Fribourg
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg (2002)
L’église centenaire de Villars-sur-Glâne 1916-2016, Michel Charrière, édité par la paroisse
https://www.villars-sur-glane.ch/fr/prive-par-theme/la-commune/historique/leglise-paroissiale-saints-pierre-et-paul.html
https://www.villars-sur-glane.ch/fr/prive-par-theme/la-commune/historique/la-chapelle-des-daillettes.html
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F44717.php
http://www2.fr.ch/bcuf/Dynamic.aspx?c=2934
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1687-11-6-1/

Cloches – Villarvolard (CH-FR) église Saint-Sulpice

Réparée, la « Cloche des Jeunes » redonne de la voix dans le plénum augmenté à six cloches

-Cloche 1, note si2 +45/100, coulée en 1892 par Gustave Treboux de Vevey
-Cloche 2, note mi3 +58/100, coulée en 1892 par Gustave Treboux de Vevey
-Cloche 3, note fa#3 -1/100, coulée en 1892 par Gustave Treboux de Vevey
-Cloche 4, note sol#3 +23/100, coulée en 1892 par Gustave Treboux de Vevey
-Cloche 5, note si3 +55/100, coulée en 1892 par Gustave Treboux de Vevey
-Cloche 6, note si4 +49/100, date de coulée estimée au XIIIe siècle
(la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)

L’histoire de la paroisse de Villarvolard débute au XIIIe siècle après sa séparation de celle Broc. C’est aussi à cette époque que fut construite une première église, de dimensions fort modestes. Ce vénérable petit édifice existe toujours, il abrite aujourd’hui l’administration scolaire après avoir été tour à tour le four banal et l’office de poste du village. L’actuelle église Saint-Sulpice, consacrée le 15 juillet 1760, eut à subir de profondes transformations au fil des ans. La fin du XIXe siècle signifia l’installation d’un nouveau plafond en plâtre en remplacement du beau plafond étoilé en bois, mais aussi de nouveaux vitraux, de nouveaux autels latéraux et d’un nouvel orgue avec sa tribune. Le séisme de 1946 provoqua l’écartement des murs. Il fut alors mené une restauration d’un goût douteux : le plafond de plâtre fut remplacé par de l’aggloméré. Il fallut attendre 1994 pour que l’église de Villarvolard retrouve tout son cachet historique. Trône encore aujourd’hui dans le chœur le magnifique maître-autel élaboré en 1780 par Dominique Martinetti, sculpteur italien établi à Fribourg. Le tableau central représente Notre-Dame du Saint-Scapulaire et Sainte Thérèse d’Avila. Au-dessus se trouve une toile représentant Saint François d’Assise, Sainte Françoise Romaine et Sainte Agnès. De part et d’autre se dressent les statues de Saint Sulpice et de Sainte Catherine d’Alexandrie.

Le clocher original du XVIIIe siècle dut céder sa place à la fin du XIXe à l’actuelle tour, plus robuste, érigée pour accueillir la sonnerie monumentale réclamée de longue date par les paroissiens. Y prirent place cinq nouvelles cloches coulées par Gustave Treboux de Vevey. Leur coulée fut endeuillée par la mort d’un jeune manœuvre (voir article de presse plus bas). Une petite cloche (actuelle cloche no6) coulée au XIIIe siècle, vraisemblablement pour la première église dont elle est contemporaine, annonce aujourd’hui encore les décès dans la paroisse (cloche de l’Agonie, coutume typiquement fribourgeoise). Il s’agit d’une des cloches les plus anciennes du canton. Ses anses ont été stupidement sectionnées il y a quelques décennies. J’ai choisi de la faire exceptionnellement sonner avec ses jeunes sœurs pour la présentation vidéo. La cloche no5 était depuis longtemps désaffectée. Surnommée « Cloche des Jeunes », elle avait pour pénible mission de sonner (à la corde) lors des obsèques d’un enfant. Cette cloche souffrait en outre de graves défauts de coulée à la pince et aux anses. L’entreprise Mecatal l’a entièrement restaurée dans son atelier de Broc (CH-FR). Le campaniste a également procédé aux travaux suivants : confection de nouveaux jougs de chêne pour les cloches 1,2,3 et 6, restauration des jougs des cloches 4 et 5, nouvelle motorisation, nouveaux tinteurs et nouveaux battants pour les six cloches. Les quarts sont tintés sur les cloches 5, 4 et 3, les heures sont frappées (avec répétition après deux minutes) sur le bourdon. La cloche 2 sonne les angélus. Une ancienne horloge électro-mécanique Mamias, désaffectée, subsiste encore dans le clocher.

Inscriptions
-Cloche 1 « JE SUIS LA FOI » Parrain Léopold Clerc, marraine Ursule Savary née Premat
-Cloche 2 « JE SUIS L’ESPERANCE  » Parrain Louis Dupré, marraine Louise Drompt Brodard
-Cloche 3 « JE SUIS LA CHARITE » Parrain Thadde Repond, marraine Angéline Repond-Dupré
-Cloche 4 « JE SUIS L’IMMACULEE » Parrain Polycarpe Schouwey, marraine Séraphine Schouwey
-Cloche 5 « JE SUIS L’INNOCENCE ET LA JOIE » Parrain Louis Jaquet, marraine Marie Gillard

« La Liberté » du 27 juillet 1892, accident mortel lors de la coulée des cloches de Villarvolard

Quasimodo remercie
L’entreprise Mecatal, Jean-Paul Schorderet et son équipe, pour m’avoir offert de suivre cette superbe restauration
La paroisse de Villarvolard, Edouard Remy, conseiller paroissial et ancien président, pour le chaleureux accueil
Mes excellents amis campanaires Antoine « Les Cloches Savoyardes » Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et Taninges, et Dominique « Valdom 68 » Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers, pour leur indispensable collaboration

Sources
« Eglise de Villarvolard, restauration 1994-1996 » de Yvonne Romanens-Charrière
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012

Cloches – Attalens (CH-FR) église Notre-Dame de l’Assomption

Huit siècles d’histoire campanaire dans ce clocher néogothique !

– Cloche 1, Marie-Françoise, mib3 -52/100, Antoine Livremont, Pontarlier,1766
– Cloche 2, Sainte Madeleine, solb3 -45/100, Pierre Dreffet & Marc Treboux, Vevey, 1821
– Cloche 3, Cloche du Souvenir, lab3 +12/100, Pierre Dreffet & Marc Treboux, Vevey, 1821
– Cloche 4, « Tout Amour », sib3 -18/100, Pierre Dreffet & Marc Treboux, Vevey, 1821
– Cloche 5, Cécile, réb4 +17/100, Ruetschi, Aarau, 1964
– Cloche 6, lab4 +40/100, 13e siècle
Diapason : la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

La première mention d’une église dédiée à la Vierge, propriété de l’abbaye de St Maurice, remonte à 1068. Construite de 1860 à 1863 sur les plans de l’architecte Adolphe Fraisse, figure de proue de l’historicisme à Fribourg, l’église Notre-Dame de l’Assomption d’Attalens est une des grandes et belles églises néogothiques de la région. Elle fut consacrée en 1863 par Mgr Etienne Marilley. Elle remplace un ancien édifice de 1453, situé alors vers le château. Le mobilier liturgique, réalisé en plusieurs étapes, est d’une grande richesse. Les autels latéraux sont dédiés à Notre Dame du Rosaire et Saint Nicolas de Flue. Sur un projet de l’architecte Théodore Perroud de Fribourg, ils furent réalisés par le marbrier David Doret de Vevey. Ils reçurent les tableaux peints par Melchior Paul Deschwanden de Stans. Le sculpteur Louis Gaud de Genève réalisa la chaire. Les décors polychrome, admirablement reconstitués, sont de Charles Carlen & Fils de Quarona Sesia (Piémont). L’édifice fut restauré en 1937 par Fernand Dumas. De cette époque datent les vitraux d’Alexandre Cingria et le décors polychromes du choeur par Paul Landry. D’autres restaurations apportèrent leur lot d’éléments artistiques : en 1960 fut réalisé le dernier repas de Jésus, œuvre en deux tableaux de Charles Cottet, enfant de la paroisse. L’orgue Savoy de Crévy (40 jeux avec 3 claviers et un pédalier) fut tour à tour mécanique, pneumatique, puis enfin électrique, suite aux travaux menés par la maison Ziegler en 1956. Selon Jean-Jacques Gramm, conservateur du Musée suisse de l’Orgue à Roche, l’instrument fut longtemps classé meilleur orgue du canton après celui de la cathédrale de Fribourg. Arrachée par la tempête Lothar pendant la messe du 26 décembre 1999, la flèche fut reconstruite à l’identique. Le nouvel autel a été consacré par Mgr Bernard Genoud le 5 septembre 2004.

Dans le haut clocher flanqué de 4 tourelles se balancent 6 cloches, coulées entre le XIIIe et le XXe siècle. Décorée de 2 seuls filets, la petite cloche, qui ne sonne officiellement que le jour de la Toussaint, est une des plus anciennes du canton. Aux accents typiquement baroques du grand mi bémol 3 d’Antoine Livremont, virent s’ajouter au XIXe siècle les voix de 3 cloches de la fonderie veveysanne toute proche, dirigée à l’époque conjointement par Pierre Dreffet et son neveu Marc Treboux. Une sixième cloche de chez Ruetschi vint compléter la sonnerie en 1964, commémorant dignement les 100 ans de la consécration de l’église.

Inscriptions sur les cloches :
-Cloche 1 : « Je m’appelle Marie-Françoise, je suis vouée au très saint nom de Jésus, à la sainte Vierge, à saint François et à sainte Françoise. Je chante les œuvres de Dieu, j’écarte les orages, je pleure les deuils, que le peuple de Dieu unisse son coeur à ma voix. François Gotreau, jadis chancelier, actuellement bailli d’Attalens et Françoise née Renevey son épouse, m’ont assisté au baptême en 1766 »
-Cloche 2 : « Je suis vouée à sainte Madeleine. Sion a entendu et s’est réjoui, les filles de Judée sont dans l’allégresse. Parrain: Pierre Dewarrat curé, la Tour de Trême. Marraine: Marie Gabriel. »
-Cloche 3 « Mon souvenir passera aux générations de tous les siècles. Parrain: Français Cottin. Marraine: Cédile Musy.
-Cloche 4 : « Tout amour. A la plus grande gloire de Dieu. Parrain: Jean-Nicolas Gillard. Marraine: Rosalie Musy. »
-Cloche 5 : « Je m’appelle Cécile. Je célèbre le centenaire de l’église d’Attalens. Ma voix se mélange aux chants de la cécilienne. M’ont présentée à la bénédiction donnée par Jean Dumont curé en l’an de grâce 1968, Joseph Cottet président de paroisse Amédée Pachoud président de la Cécilienne. »
-Cloche 6 : sans inscriptions.

Mes plus vifs remerciements à :
-Myriam Rossier, présidente de paroisse.
-Frédéric Perroud, responsable des bâtiments.
-Mes excellents camarades campanaires Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice, et Dominique Fatton, responsable des clochers de Val-de-Travers, pour leur indispensable collaboration.

Sources :
« Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg », volume 1, par le Père Apollinaire Deillon, imprimerie du chroniqueur suisse, 1884
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.upstdenis.ch/attalens/lieux-de-culte-de-la-paroisse/eglise-dattalens

Cloches – Avry-devant-Pont (CH-FR) église Saint-Martin

Deux cloches Bournez de Morteau première génération et une cloche fribourgeoise du XVIIe siècle

-Cloche 1, note ré3 -8/100 , dédiée à la Vierge Marie et à Saint Martin, coulée en 1797 par François-Joseph Bournez aîné de Morteau
-Cloche 2, note fa3 +43/100, coulée en 1801 par François-Joseph Bournez aîné de Morteau
-Cloche 3, note la bémol 3 +16/100, coulée en 1611 par Jakob Kegler le jeune de Fribourg.
(la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton)

Avry… le nom viendrait de l’adjectif latin apricus qui signifie exposé au soleil. On ne saurait en effet mieux définir la situation d’Avry-devant-Pont, accrochée aux contreforts du Mont-Gibloux avec sa vue imprenable sur les Préalpes et le lac de la Gruyère. Depuis le 1er janvier 2003, le village fait partie de la commune de Pont-en-Ogoz, au même titre que le Bry et Gumefens. L’histoire du lieu est évidemment bien plus ancienne : La paroisse d’Avry est mentionnée pour la première fois en 1177. La visite pastorale de 1453 recense une église on ne peut plus rudimentaire, rapporte Deillon dans son dictionnaire des paroisses : (l’église, ndlr) n’avait pas de sacristie ; autour du tabernacle, les murs n’étaient pas crépis ni aplanis. noircis (…) Il n’est pas parlé de la tour, elle n’existait probablement pas, une ou deux petites cloches étaient évidemment placées au sommet du frontispice de l’église. Il fallut tout de même attendre 1636 pour que soit bâtie une deuxième église. L’actuel édifice est le troisième à accueillir les paroissiens d’Avry-devant-Pont. Il fut consacré le 5 mai 1833. Remarquables sont les vitraux de l’artiste fribourgeois Henri Broillet (1891-1960). L’orgue, de construction récente, est l’oeuvre de la manufacture Ayer-Morel à Vauderens.

Le clocher renferme seulement trois cloches. Je dis « seulement », car la grande majorité des églises fribourgeoises disposent d’au minimum quatre cloches. La plus petite est aussi la plus ancienne : dédiée à Saint Pierre, elle porte la date de 1611 et la signature de Jakob Kegler le jeune. On doit à ce fondeur les deux timbres de l’Hôtel de Ville de Fribourg, de même que  la grande cloche de Marly (do#3, 1645) sa plus importante réalisation. Les deux autres cloches ont été réalisées à quelques années d’intervalle par François-Joseph Bournez aîné de Morteau. La plus grande, coulée en 1797, présente d’importants défauts de coulée (craquelures sur le col et la robe, crevasses sur son cerveau). Sa sonorité est toutefois plus qu’honorable. Elle arbore les inscriptions suivantes : CETTE CLOCHE A ETE BENIE A L’USAGE DE L’EGLISE D’AVRY-DEVANT-PONT SOUS LE VOCABLE DE L’AUGUSTE MERE DE DIEU ET DE ST MARTIN LE 21 NOVEMBRE 1797. PARRAIN LE SR JEAN ANTOINE BERBAUM D’AVRY. MARRAINE MLL MARIE DEPREX DE GUMEFENS. FAITE PAR FRANCOIS JOSEPH BOURNEZ DE MORTEAU 1797. La cloche no2 arbore le signature de François-Joseph Bournez dans un médaillon surmonté d’une guirlande. La date est incomplète : le dernier chiffre a en effet été rendu illisible par la frappe du marteau des quarts d’heure. Toutefois, Deillon – qui a fait son inventaire avant que la cloche ne soit tournée – la mentionne comme étant de 1801. De conception plus soignée que sa sœur aînée, cette cloche arbore simplement les noms de ses parrain et marraine : FRANCOIS GIRARD DE FRIBOURG, CURE et ELISABETH CASTELLA DE VILLARDIN NEE D’AFFRY. Le beffroi est en chêne, mais les cloches sont accrochées à des jougs en acier de type Bochud. Les battants piriformes sont vraisemblablement contemporains à la motorisation de la sonnerie. Cette dernière a dû être réalisée en 1955, date de livraison de l’horloge mécanique à remontage électrique des poids signée Baer de Sumiswald. Les quarts sont tintés sur les cloches 3 et 2, l’heure est frappée sur la grande cloche.

Mes plus vifs remerciements à la paroisse d’Avry-devant-Pont et à son président François Barras pour l’aimable autorisation. Merci à Mme Marjorie Fragnière, sacristine, pour le chaleureux accueil. Amitiés à mes excellents camarades campanaires Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice, et Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers.

Sources :
Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 1, Père Apollinaire Deillon, Imprimerie du chroniqueur suisse, 1884.
Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
http://www.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-2341-11-6-1/
https://www.pont-en-ogoz.ch/fr/accueil-histoire.html

Cloches – Broc (CH-FR) église Saint-Othmar

Une vénérable cloche de 1599 et ses quatre jeunes sœurs du XIXe siècle

-Cloche 1, note ré 3 -29/100, poids 1832 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 2, note mi 3 +32/100, poids estimé à 1100 kg, attribuée à Pierre Guillet de Romont
-Cloche 3, note fa# 3 +10/100, poids 955 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 4, note la# 3 +17/100, poids 597 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
-Cloche 5, note ré# 4 -26/100, poids 250 kg, coulée en 1878 par Ruetschi (Hermann) à Aarau
Diapason : la3 = 435 Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

L’ancienne église de Broc en 1877

Broc semble avoir disposé d’une église paroissiale avant même la fondation de son prieuré vers le XIe siècle. Dans son dictionnaire historique, Deillon estime que la paroisse a dû voir le jour vers l’an 850. Elle englobait jadis la rive droite de la Sarine de Corbières au nord à Lessoc au sud en passant par Bellegarde à l’est. Cette grande entité comptait alors près de 10 églises, dont celle de Broc, située sur les hauts du village. Cette église fut incendiée à une date indéterminée. Dès lors, les Brocois durent se rendre à l’église prieurale, devenue paroissiale après la fin du prieuré au début du XVIe siècle. On sait de cette église, déjà dédiée à Saint-Othmar, qu’elle fut transformée ou reconstruite en 1432 et en 1610. Le clocher – le seul élément architectural à nous être parvenu – date du début du XVIIe siècle. Mgr Marilley consacra l’actuelle église paroissiale le 29 juillet 1876. Bâti sur les plans de l’architecte cantonal Adolphe Fraisse, le nouveau sanctuaire échappa de peu au terrible incendie  qui ravagea un tiers de la localité en 1890. Fernand Dumas mena d’importantes transformations entre 1935 et 1936. Deux chapelles latérales furent créées dans le prolongement du transept en lieu et place des sacristies. L’architecte fit appel à ses amis du Groupe Saint Luc pour la décoration. François Baud sculpta la Vierge en bois doré disposée devant la fresque de Paul Landry, représentant les mystères du rosaire dans la chapelle du transept gauche. Le même peintre, associé à François Baud, décora le chœur de tonalités chaudes. Alexandre Cingria réalisa les vitraux du sanctuaire, alors que Yoki s’occupa de ceux du transept et de la nef. La croix, le tabernacle et les chandeliers sont dûs à l’orfèvre Feuillat. Le chemin de croix – série de tableaux émaillés – a été réalisé par Francis Ribas.

L’ancienne église de Broc disposait de trois cloches. Deux dataient de 1599, une troisième fut ajoutée en 1813. Cette sonnerie ne trouva pas grâce aux yeux des paroissiens de cette fin de XIXe siècle. L’abbé Badoud raconte que la deuxième cloche, dédiée à Sainte-Thérèse, donnait un son si lugubre qu’elle avait été surnommée « le Bernard de Broc ». La voix de cette cloche rappelait en effet étrangement les aboiements du brave chien secouriste, selon le curé de l’époque. Pour la nouvelle église, la paroisse choisit de passer commande à Hermann Ruetschi de 4 nouvelles cloches. Elles furent bénies le 10 avril 1878. Il fut également décidé d’ajouter à l’ensemble la plus grande des vieilles cloches. Compte tenu de la configuration du beffroi, je présume que l’ajout de cette cloche de 1599 – qui ne figure pas sur les archives de la maison Ruetschi – a été décidé sur le tard. Cette pièce historique, que j’attribue à Pierre Guillet de Romont, souffre de nombreux défauts de coulée qui masquent la plupart de ses décors. Sa sonorité n’en est pas bonheur nullement altérée.

Inscriptions sur les cloches
-Cloche 1 : A Saint Othmar. J’ai été bénite ainsi que mes trois sœurs par Mgr Marilley évêque de Lausanne dans la 33e année de son épiscopat et la 1e année du règne glorieux de Léon XIII. C’est moi qui donne le signal de la joie de la douleur et de la prière. Parrain : M. Sudan de Broc, Rd. curé de Sorens. Marraine : Mme Hyacinthe Mossu née Gremaud femme de M. le Syndic Anselme Mossu. Anecdote : quand il fut passé commande des cloches, le pape était Pie IX. Le souverain pontife décéda quelques heures avant la coulée. On retarda alors l’événement de plusieurs jours pour permettre de mettre les inscriptions à jour.
-Cloche 2 : Comme indiqué plus haut, cette cloche historique souffre de nombreux défauts de coulée. On peut toutefois distinguer les effigies de Saint Othmar, patron de la paroisse, et de Saint Nicolas, patron du chapitre de la collégiale de Fribourg dont dépendait la paroisse de Broc. On peut aussi distinguer une tête d’angelot et une frise aux motifs floraux sous la panse. Ce sont ces motifs qui m’ont poussé à attribuer cette cloche à Pierre Guillet. Figure enfin la date de 1599, une période durant laquelle le fondeur romontois fut actif en Gruyère. Les ferrures (d’origine) portent les intiales FMG et la date de 1600.
-Cloche 3 : Je chante sur vos berceaux, je marque tous vos pas dans la vie, j’annonce tous les événements de votre famille. Parrain : Monsieur Badoud révérend-prieur de Broc. Marraine : Mademoiselle Thérèse Andrey fille de Jean du Château d’En Bas. Note : il s’agit de la cloche chargée de sonner les baptêmes.
-Cloche 4 : Je suis la voix du Ciel qui vous appelle aux autels de Dieu. Délivrez-nous, Seigneur, de la foudre et de la tempête. Parrain : Monsieur François Sudan, fils de Jean Joseph dit au Syndic de Broc. Marraine : Mademoiselle Agnès Jacquenoud fille de Jean-Louis de Broc. Note : C’est la cloche que l’on sonnait jadis pour éloigner la foudre.
-Cloche 5 : Je crie dans vos dangers, je gémis quand vous allez mourir. Parrain : Monsieur Pierre Ruffieux fils de Antoine dit au Conrad de Broc. Marraine : Marie née Barras veuve de Joseph Barras Juge de Paix de Broc. Note : il s’agit évidemment de la Cloche de l’Agonie.

Signature de Pierre Guillet (parfaitement lisible ici) sur la grande cloche déposée de Saint-Aubin (NE) coulée en 1603, fêlée dans l’incendie de 2012

Comme indiqué plus haut, la sonnerie égrène les notes ré – mi – fa# – la# – ré# aigu. Le résultat est donc très différent de ce que la fonderie Ruetschi devait livrer. Les nouvelles cloches étaient en effet censées donner un accord parfait (ré fa# la ré). La cloche 5 est réservée à l’annonce des décès. Les cloches 1 à 4 sonnent à la volée pour les messes, elles peuvent également carillonner au moyen d’un ingénieux système de marteaux amovibles  qui se lèvent lors du carillon et s’abaissent après usage pour ne pas interférer avec les volées. Les quarts d’heure se tintent sur les cloches 4 et 3, l’heure se donne sur la cloche 1. Les cadrans et les tintements horaires sont gérés par une horloge-mère BTE 6 de Bodet. Le beffroi et les jougs des cinq cloches sont de 1878. Les ferrures de la cloche 2 portent la date de 1600.

Quasimodo remercie :
Le conseil de paroisse de Broc pour son aimable autorisation.
-Jean-Paul Schorderet, campaniste, directeur de Mécatal, pour m’avoir accueilli lors de ma première visite.
-Alexandra Pinget, conseillère paroissiale en charge des constructions, et Francis Aebischer, sacristain et carillonneur, pour leur chaleureux accueil lors de ma seconde visite et la riche documentation fournie.
Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice et à Taninges, pour son indispensable collaboration et les moments d’amitié.
-Matthias Walter, expert-campanologue à berne, pour ses précieux conseils.

 Sources :
-Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 2, Père Apollinaire Deillon, imprimerie du chroniqueur suisse, 1884.
-Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
-La vie brocoise, plusieurs éditions de l’année 2003, écrits de Michel Jordan.
Note sur l’église de Broc, auteur non mentionné, documentation fournie par la paroisse
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F19448.php
http://www.broc.ch/histoire.html

Comparaison des décors entre la cloche 2 de Broc (à gauche) et la grande cloche déposée de St Aubin)

Cloches – Sâles (CH-FR) église Saint-Etienne

Nouvelle présentation de cette imposante sonnerie de quatre cloches avec son bourdon en si bémol 2

L’église Saint-Etienne de Sâles, c’est un clocher et un choeur édifiés en 1640, mais aussi une nef et un mobilier liturgique modernes. Et ce sont quatre cloches monumentales coulées au XVIIe et au XIXe siècles

De l’Hospice du Saint-Bernard à l’Etat de Fribourg – Sâles, Sallaz, Salette… l’étymologie de ces lieux, parfois devenus des patronymes, semble commune. Elle proviendrait du latin cella ou cellula (l’habitation proche de l’endroit où on rangeait le matériel nécessaire à la culture). Cette racine a également donné le terme cellier, toujours employé en français. C’est à partir du XIIIe siècle que nous commençons à trouver des renseignements sur l’histoire de Sâles, propriété alors des seigneurs de Blonay, avant d’être cédée à la seigneurie de Vaulruz, puis à l’Etat de Fribourg en 1538. La paroisse, quant à elle, appartint un temps au Saint-Bernard. L’influence de la maison hospitalière s’éroda toutefois au fil des siècles. Le coup de grâce fut en l’occurrence la conquête du Pays-de-Vaud par les Bernois (1536). Les premiers renseignements fiables au sujet de l’église de Sâles remontent à 1453, date de la visite des délégués de Mgr Georges de Saluces, alors évêque de Lausanne. Il est question dans leur rapport d’un édifice de modestes dimensions et en piteux état : un sol nu et inégal, des fenêtres dépourvues de vitrage, un toit laissant entr’apercevoir la lumière du jour… Sâles construisit une nouvelle église qui servit au culte jusqu’en 1640, date à laquelle fut édifié un sanctuaire de style gothique tardif dont le chœur et le clocher nous sont parvenus. La nef – elle – fut entièrement reconstruite au XXe siècle et dotée d’un nouveau mobilier liturgique. Les vitraux de Raymond Meuwly (1962) sont particulièrement remarquables.

Des fondeurs renommés – La sonnerie de l’église Saint-Etienne de Sâles compte parmi les plus imposantes de la région. On y trouve en effet l’un des 21 bourdons (cloches en octave 2) recensés dans le canton de Fribourg. Les trois plus grandes cloches (1841) portent la signature d’un artisan vaudois souvent cité dans ces pages : le Vaudois Samuel Treboux (1814-1888) établi à Corsier-sur-Vevey. La plus petite cloche (1696) est l’œuvre de Hans Wilhelm Klely, le fondeur qui semble avoir été le plus actif parmi tous ses homologues fribourgeois au bénéfice du monopole accordé par les autorités.  Une bonne trentaine de ses cloches nous sont en tout cas parvenues dans le canton. Bien que de dimensions souvent modestes (les plus grandes sont le mi3 du Crêt et le fa3 de Semsales), les productions de HWK sont remarquables par leurs finitions soignées. Les quatre cloches sont accrochés à des jougs en acier et reposent sur un beffroi de chêne. Deux types de motorisation sont représentés ici : système Bochud (monobloc) pour les deux petites cloches, système Muff (inverseur séparé) pour les deux plus grandes. Les tintements sont donnés par électro-marteaux reliés à une horloge électronique BTE6 de Bodet. Une horloge mécanique estampillée Crot est encore présente dans le clocher mais partiellement démontée.

-Cloche 1, « Saint Etienne », note si bémol 2 + 23/100, poids environ  2’775 kg, coulée en 1841par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
-Cloche 2, « Sainte Magdelaine », note ré bémol 3 -48/100, poids environ 1’950 kg, coulée en 1841par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
-Cloche 3, « Sainte Marie mère chérie », note mi bémol 3 +8/100, poids environ 1’400 kg, coulée en 1841par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey
-Cloche 4, note sol 3 -32/100, poids environ 450 kg, coulée en 1696 par Hans Wilhelm Klely à Fribourg
Diapason : la3 = 435Hz, déviation en 1/100 de 1/2 ton

Quasimodo remercie :
-Mathieu Seydoux, sacristain, pour son chaleureux accueil et les contacts avec le conseil de paroisse, représenté par son président Marc Descloux et sa secrétaire Carole Goillard. Cette belle rencontre s’est poursuivie dans le clocher de Vaulruz (présentation à découvrir sous peu) puis autour d’une succulente fondue préparée et offerte par les familles Roch et Seydoux. Merci pour cet accueil royal ! Merci aussi à Didier et Anthony Cotting pour l’apéro improvisé.
-Mes excellents camarades campanaires Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et Taninges ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Guilhem Lavignotte, organiste titulaire d’Yverdon-les-Bains ; Philippe Simonnet, membre de la SFC ; John Brechbuhl, membre de la GCCS.

Sources :
-Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg volume 11, abbé François Porchel, 1901.
-Le patrimoine campanaire fribourgeois, éditions Pro Fribourg, 2012
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Meuwly
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_de_Saluces

A consulter :
http://www.upcompassion.ch/index.php/site-map-3/cpsorens
http://www.sales.ch/
http://www.cath-fr.ch/

Cloches – Bulle (CH-FR) église Saint-Pierre-aux-Liens

Imposant ensemble de onze cloches en si bémol 2 disponibles à la volée et au carillon

Bulle a récemment fêté les 200 ans de la consécration de son église paroissiale. Le clocher à bulbe renferme onze cloches (neuf à la volée, deux fixes) coulées en plusieurs étapes après le terrible incendie qui ravagea le chef-lieu gruérien en 1805.

Une église qui renaît de ses cendres – Les plus anciennes références connues à l’église de Bulle remontent aux années 850, mais sa fondation est probablement antérieure (VIe siècle). Jusqu’au XIIIe siècle, le patron était Saint Eusèbe. L’édifice est reconstruit ou transformé à plusieurs reprises, notamment en 1750-1751. Il n’est pas épargné par l’incendie de 1805 : seuls quelques murs restent debout. Les travaux vont durer de nombreuses années. Les pierres de taille utilisées pour la reconstruction du clocher sont préparées pendant l’hiver 1806 dans la région, à la carrière de Grandvillard. Quinze loteries sont organisées pour compléter le financement des travaux. Des sommes considérables sont investies dans la reconstruction de l’église qui, en plus de sa vocation religieuse, devient le symbole de la résurrection et du dynamisme de la ville. Le nouvel édifice est consacré le 22 septembre 1816. L’église Saint-Pierre-aux-Liens connaît d’importantes transformations au XXe siècle. A l’occasion de travaux en 1932, le chœur est élargi, le décor néoclassique d’origine est supprimé. De nouveaux aménagements en 1973 et 2007 donnent à l’édifice son apparence actuelle. A l’intérieur du bâtiment se trouve l’orgue remarquable construit entre 1814 et 1816 par le Fribourgeois Aloys Mooser. C’est un monument historique d’intérêt national depuis 1973. On peut en outre admirer de nombreuses œuvres d’art : dans le bas-côté, une Vierge à l’Enfant du sculpteur Claude Glasson (1679). Dans la nef, une Adoration des bergers et une Vierge du Rosaire peints par Joseph Reichlen en 1879 et 1890. Dans le chœur, le mobilier liturgique moderne en bronze du sculpteur Antoine Claraz. N’oublions pas les vitraux d’Alexandre Cingria, Emilio Beretta et Bernard Schorderet, ou encore le chemin de croix en mosaïque et décor peint de la voûte d’Emilio Beretta (1931-1932).

Une sonnerie à la volée et au carillon – Commencée en septembre 1808, la construction du clocher dure deux ans. Son bulbe est recouvert de 8’850 feuilles de fer blanc. Deux canons achetés à l’État de Fribourg sont fondus pour réaliser un premier ensemble de sept cloches. La coulée, réalisée en deux étapes, est confiée à Pierre Dreffet et son neveu Marc Treboux de Vevey, qui avaient livré quelques années plus tôt deux petites cloches (toujours existantes) pour la chapelle Notre-Dame de Compassion toute proche. De cette sonnerie ne subsistent aujourd’hui que quatre pièces : les cloches nos 2 et 3, la cloche de l’Agonie dans le lanternon, et une cloche fêlée (ancienne cloche no7, aujourd’hui exposée sur le parvis, remplacée par Ruetschi en 1964). En 1905, Georges et Francisque Paccard coulent cinq nouvelles cloches, dont le somptueux bourdon en si bémol 2. Les héritiers de la fonderie d’Annecy, déplacée depuis à Sévrier, complètent le carillon en 2005 avec deux cloches fixes. C’est aujourd’hui un des derniers instruments de type « manche de brouette » en Suisse. Les cloches de volée, initialement équipées en rétro-lancé, sonnent en lancé franc depuis leur motorisation. Les heures et les quarts d’heure sont tintés par un mouvement mécanique réalisé – probablement vers 1905 – par Louis-Delphin Odobey de Morez et installé par Léon Crot de Granges-Marnand. Le mouvement précédent, fabriqué entre 1813 et 1815, était l’oeuvre plusieurs artisans de la région dont le nom figure encore sur le cabanon abritant la mécanique : Henri Ansermoud, Michel Savary et Joseph Ardieu. Quelques informations enfin au sujet des cloches présentes avant l’incendie de 1804 : huit cloches sont bénies à Bulle le 4 juin 1766 par Mgr l’Evêque. Alors que quatre d’entre elles restent à Bulle, les autres prennent le chemin de paroisses voisines. Deux partent pour Albeuve, une troisième prend la direction de Vuadens, et la quatrième (la seule qui nous soit parvenue) sonne aujourd’hui encore dans le clocher de Riaz. Cette cloche baroque portant la signature d’Antoine Livremont de Pontarlier, on peut raisonnablement penser que les huit cloches bénies ce jour-là furent confectionnées par le même artisan franc-comtois, très prisé par chez nous.

-Cloche 1, note si bémol 2, diamètre 169cm, poids 3’130kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 2, note do3, diamètre 151cm, poids 2’050kg, coulée en 1813 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 3, note ré3, diamètre 134 cm, poids 1’500kg, coulée en 1809 par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey
-Cloche 4, note mi bémol 3, diamètre 126cm, poids 1’267kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 5, note fa3, diamètre 112cm, poids 912kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 6, note sol3, diamètre 105cm, poids 650kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy
-Cloche 7, note la3, diamètre 92cm, poids environ 400kg, coulée en 1964 par Ruetschi d’Aarau
-Cloche 8, note si bémol 3, diamètre 85cm, poids 393kg, coulée en 1905 par Georges et Francisque Paccard d’Annecy.
[Dans le lanternon : cloche 9 , cloche de l’Agonie, note si3, coulée par Pierre Dreffet et Marc Treboux de Vevey. A entendre dans le générique de début de la vidéo]
Au carillon seulement : deux cloches fixes (la bémol 3, do4) coulées par Paccard en 2005.

Je remercie
-La paroisse de Bulle : M. Jean-Bernard Repond, président ; Mme Monique Ruffieux, secrétaire : M. Jean-Luc Uldry, sacristain.
-Mes amis campanaires qui m’ont accompagné ce samedi 8 avril 2017 : Matthias Walter, expert-campanologue à Berne ; Antoine Cordoba, carillonneur à Saint-Maurice et à Taninges ; Guilhem Lavignotte, organiste-titulaire d’Yverdon-les-Bains et carillonneur à Saint-Maurice ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de la commune de Val-de-Travers ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Philippe Simonnet, membre de la SFC et président de chorale ; John Brechbühl, membre de la GCCS ; Anthony, jeune passionné de cloches de la région et son papa Didier.
-Daniel Fonlupt, fondateur et conservateur de la Maison des Horloges à Charroux.

Sources :
« Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg » de Apollinaire Deillon, imprimerie du chroniqueur suisse, 1884.
« Le patrimoine campanaire fribourgeois », éditions Pro Fribourg, 2012
https://www.la-gruyere.ch/fr/P8245/4-eglise-saint-pierre-aux-liens-1816