Archives de catégorie : CH-Berne

Cloches – La Ferrière (CH-BE) temple

Trois belles petites cloches d’un fondeur trop rare

-Cloche 1, note fa#3 +9/16, diamètre 104 cm, coulée en 1862 par Louis-Constant Perrenoud de La Chaux-de Fonds.
-Cloche 2, note la3 +4/16, diamètre 85 cm, coulée en 1862 par Louis-Constant Perrenoud de La Chaux-de Fonds.
-Cloche 3, note si3 +3/16, diamètre 75 cm, coulée en 1855 par Louis-Constant Perrenoud de La Chaux-de Fonds.

Je vous emmène aujourd’hui dans la belle région des Franches-Montagnes, plus précisément à l’extrême sud-ouest de ce plateau jurassien. Au carrefour de trois cantons – Neuchâtel, Jura et Berne –  et sise sur le territoire de ce dernier se trouve La Ferrière. Cette commune à l’habitat dispersé voit officiellement le jour le 26 juillet 1590 avec l’arrivée de quelques colons en provenance de la seigneurie de Valangin. A partir de 1614, des fermes sont édifiées sur ces sols ingrats où le climat est rude – on est à 1’000m d’altitude – et la vie difficile pour ses habitants soumis par la seigneurie de l’Erguël à de lourds impôts. Les villageois sont aussi les victimes collatérales de plusieurs conflits : en 1639, en pleine Guerre de Trente Ans, la Ferrière est incendiée par les troupes suédoises. Le village subit de plein fouet les guerres napoléoniennes. Son territoire est diminué au profit des communes voisines. En 1815, le traité de Vienne attribue La Ferrière à Berne, canton auquel la commune appartient toujours.

Annonce de la dédicace du temple de La Ferrière dans le Journal du Jura

Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour voir La Ferrière connaître un semblant de prospérité grâce à la naissance de l’industrie horlogère. Une nouvelle école est bâtie en 1859. Deux ans plus tard débute l’édification du temple, condition sine qua non pour s’affranchir de Renan et créer une nouvelle paroisse. La dédicace a lieu le 15 novembre 1864. Les dimensions respectables de l’édifice nous montrent que le village tablait alors sur un net accroissement de sa population. Si imposant soit-il par sa taille, le temple de la Ferrière n’en est pas moins austère. De simples carreaux colorés font office de vitraux. Et mis à part les ornements de la chaire et le buffet d’orgue, le style néogothique, souvent exubérant, ne se caractérise ici que par la silhouette élancée du clocher et la forme ogivale des baies.

« de 6 »

L’orgue de La Ferrière est un instrument remarquable, souligne avec enthousiasme le site Orgues et Vitraux. Cet instrument du facteur Goll date de 1918, dix ans seulement avant la faillite de l’entreprise et sa transformation en une société anonyme. Malgré le nombre réduit de jeux (6), la console comporte deux claviers et un pédalier. La traction est pneumatique. L’orgue de La Ferrière est à rapprocher de celui de Travers dans le canton de Neuchâtel, un instrument construit par Goll en 1897, démonté et réinstallé en 1914, puis transformé par petites touches jusqu’en 1926. Dans les deux cas, il s’agit d’instruments exceptionnels, reliques d’une facture dont de rares exemples nous sont parvenus.


De l’airain empreint de poésie

La plus petite des trois cloches de La Ferrière est coulée en 1855 déjà, très certainement pour l’école. Elle est ensuite déplacée dans le clocher du temple, où deux nouvelles compagnes de 1862 viennent la rejoindre. Les cloches ne sont pas très richement ornées. Les deux plus petites arborent sur le col une frise florale surmontée à intervalles réguliers de palmettes. Mêmes décors sur grande cloche qui possède en plus des festons de style néoclassique. Sur la faussure figure sur une face la date de coulée et la signature du fondeur FONDUE PAR LOUIS-CONSTANT PERRENOUD. Sur l’autre face s’affichent les belles inscriptions que voici :

Cloche 1
Je suis le chant de la souffrance
Dans vos regrets et vos douleurs
Je suis le chant de l’espérance
Pour essuyer vos yeux en pleurs.

Cloche 2
Nous chantons à Dieu l’hymne de la prière
Qui pieusement monte vers le ciel
Et nos voix d’airain parlant pour la Terre
Sont comme l’écho d’un chœur solennel.

Cloche 3
J’appelle le travail
J’invite à la prière
J’accompagne les morts au champ de leur repos:
Je parle d’avenir au milieu de vos maux.

« de 7 »

On peut s’étonner que les cloches ne mentionnent pas leur appartenance et qu’elles n’arborent aucune armoirie (commune, canton, Suisse) contrairement à la plupart cloches réformées de cette époque. Sans doute que la composition des textes a été confiée au seul pasteur et que les autorités civiles n’ont pas eu leur mot à dire !

Les trois cloches sont équipées de battants piriformes vraisemblablement contemporains à la motorisation effectuée par l’entreprise Muff en 1953. La grande cloche possède encore son joug et ses ferrures d’origine. C’est aussi la seule des quatre cloches à ne pas avoir été tournée d’un quart de tour. Sur la cloche 2, la tête de joug a été raccourcie, deux des quatre ferrures plates ont été remplacées par des ferrures rondes. La petite cloche est accrochée à un rail en acier. L’angle de volée de cette dernière cloche est nettement plus bas que chez ses grandes compagnes.

Nouveau marguillier à La Ferrière dans « L’Impartial » du 1er février 1977


Fondeur, tailleur et taxidermiste

Louis-Constant Perrenoud (1806-1881), le fondeur des trois cloches de La Ferrière, fait un apprentissage d’armurier à Zurich . Il s’établit ensuite à La Chaux-de-Fonds où il apprend en autodidacte à fondre des cloches. Son atelier se trouve tout d’abord à Cornes-Morel avant de déménager dans une annexe de sa propriété sise Place des Victoires dans le centre-ville. Perrenoud coule des cloches pour des temples, pour des édifices laïcs, il réalise aussi des sonnailles. Parallèlement à ses activités de fondeur, l’artisan chaux-de-fonnier possède aussi un talent de facteur d’instruments : il fabrique des flûtes, il répare des violons. Parvenu à la retraite dans les années 1870, Louis-Constant Perrenoud ne reste pas inactif. Fort de sa dextérité, il dessine, il fabrique de délicats objets en carton de bristol, en bois et en os. Il se lance aussi dans des travaux d’aiguille d’une grande finesse qui lui valent l’admiration des dames de son entourage. Plus insolite : il concocte une collection de 250 oiseaux naturalisés.

Petite cloche Perrenoud coulée en 1851 pour la Société Industrielle de Moutier, exposée au Musée du Tour de Moutier. Remarquez le cartouche, qu’on ne trouve pas sur les cloches religieuses du fondeur.

Dans « Les fondeurs de nos cloches » paru en 1915, Alfred Chapuis et Léon Montandon rendaient un touchant hommage au vieux fondeur  : Perrenoud a laissé le souvenir d’un vieillard calme, serein et toujours de bonne humeur. Ses bons mots et ses réparties sont aujourd’hui encore répétés dans sa famille; par exemple, il était assez négligé dans sa mise, et lorsque sa femme le lui reprochait, il répondait: « Tu n’as qu’à aller dans la rue, tu en trouveras toujours de plus laids que moi. »

« Je n’ai jamais rien inventé, mais j’essaie de faire ce que les autres ont fait » se plaisait à dire Perrenoud. On peut dès lors se demander quelles ont été ses sources d’inspiration. Contemporain et ami de François III Humbert de Morteau, Perrenoud orne lui aussi ses cloches de motifs néoclassiques. Leur timbre est par contre bien différent : alors qu’Humbert coule des cloches avec une prime haute (leurs détracteurs les qualifient d' »aigres », les cloches de Perrenoud ont souvent une prime relativement basse et paraissent plus solennelles.

Comparatif de partiels Perrenoud / Humbert

  octave inf. prime tierce min. quinte octave sup.
Fa#3 0 -2 +6 -4 +9
La3 -3 +1 +5 -5 +4
Si3 -5 +1 +3 -9 +3

Ci-dessus, l’analyse des partiels des trois cloches de La Ferrière, coulées par Louis-Constant Perrenoud. Ci-dessous, les partiels du bourdon de Moudon, coulé par François III Humbert. La3 = 435Hz, dérivation en 1/16 de demi-ton

  octave inf. prime tierce min. quinte octave sup.
Lab2 -2 +10 +7 0 +3

Louis-Constant Perrenoud forme son fils au métier de fondeur, mais le garçon décède malheureusement vers l’âge de 20 ans. On peut regretter que le Chaux-de-Fonnier n’ait pas laissé plus d’exemplaires de sa production, toujours d’une grande qualité. Seule une petite dizaine de cloches Perrenoud sont officiellement recensées. Sans surprise, c’est dans le canton de Neuchâtel qu’on en trouve le plus grand nombre : Buttes (la grande cloche en mi3, sa plus importante réalisation), Boveresse (2 cloches), Les Eplatures (2 cloches) et Noiraigue (2 cloches). On peut aussi admirer au Musée du Tour de Moutiers une petite cloche Perrenoud coulée en 1852 pour une entreprise horlogère aujourd’hui disparue : la Société Industrielle de Moutier. Plus étonnant, on retrouve la trace du discret fondeur neuchâtelois dans l’Ouest lausannois avec une cloche à Bussigny et deux cloches à Crissier. Le clocher de La Ferrière est le seul à contenir une sonnerie complète de trois cloches signées Louis-Constant Perrenoud.

Ancienne vue de La Ferrière. A gauche, l’école et son clocher où se trouvait à l’origine la petite cloche du temple. Crédit photo https://www.laferriere.ch/


Une horloge mécanique transformée puis désaffectée

On trouve, juste en dessous de la chambre des cloches, une horloge de la maison Prêtre alors établie à Rosureux. Ce mouvement à trois corps de rouages, aujourd’hui hors service, permettait de tinter les heures (sur la cl 1) mais aussi les quarts (cl 2 et 3). La mécanique a été modifiée lors de la motorisation de la sonnerie à la volée avec l’adjonction d’un module électro-mécanique à cames destiné à faire démarrer automatiquement des séquences de sonnerie à des heures définies. On constate la présence d’une seule goupille sur 12h, preuve que le dispositif était « programmé » seulement pour la volée de midi. Le fait qu’il y ait deux ergots de contact indique que ce module électro-mécanique était capable de gérer deux séquences de sonnerie différentes.

« de 4 »

Le pilotage des cadrans de même que les tintements et les volées sont gérés aujourd’hui par une horloge électronique LAT8 développé par la maison Muri (aujourd’hui Muribaer) à la fin des années 1980. Ce boîtier est installé… dans les toilettes publiques du temple.


Bonus : 1864, dédicace du temple de La Ferrière

Le journal « Le Jura » du 18 novembre 1864 relate la dédicace du temple de La Ferrière


Quasimodo remercie
La paroisse de La Ferrière – Pierrette Wäfler présidente, Aurore Oppliger secrétaire
La Collaboration des paroisses réformées de l’Erguël – Florence Ramoni catéchète
-Mes amis Allan Picelli membre de la GCCS et Dominique Fatton responsable technique du clocher de Buttes
-Matthias Walter, expert-campanologue, président de la GCCS.
-Lionel Glassier, campaniste chez Muff

Sources (autres que mentionnées)
https://www.laferriere.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=37&Itemid=156
https://visitedeglise.ch/eglise/139-la-ferriere-temple
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ferri%C3%A8re_(Berne)

Cloches – Sonceboz-Sombeval (CH-BE) temple

Le clocher de 1866 héberge quatre cloches de trois fondeurs différents

-Cloche no1, note mi bémol 3 +7/16, poids 992 kg, coulée en 1866 par François Joseph Bournez cadet.
-Cloche no2, note la bémol 3 +-0/16, poids 406 kg, coulée en 1866 par François Joseph Bournez cadet.
-Cloche no3, note si bémol 3  +-0/16, poids environ 350 kg, coulée en 1954 par Ruetschi d’Aarau.
-Cloche no4, note do 4 +8/16, coulée en 1824 par Franz Ludwig Kaiser et son fils Anton de Soleure.
[Cloche déposée depuis 1954 : note mi 4 +6/16, coulée en 1824 par Franz Ludwig Kaiser et son fils Anton de Soleure.]

Sonceboz-Sombeval… Comme son nom le laisse supposer, la commune qui est le théâtre de notre présentation du jour est le fruit de l’union de deux villages, séparés jadis par un marais qui aurait été creusé par la chute d’une météorite. Sans remonter jusqu’à 10’000 ans avant notre ère, date à laquelle le phénomène s’est produit, il me semble intéressant de poser quelques jalons historiques et géographiques. En contemplant une carte routière, on constate que Sonceboz-Sombeval se situe au carrefour de deux axes importants : la route vers Tavannes, Moutier et Delémont depuis le Plateau suisse (doublée depuis quelques années par l’autoroute A16) et un accès à La Chaux-de-Fonds et au Locle par le vallon de Saint-Imier. Cette position stratégique a conduit à l’établissement d’une place forte dès l’Antiquité et à la construction d’un château fort au Moyen-Age. À l’époque des diligences, Sonceboz-Sombeval était un relais important à mi-chemin entre Berne et Bâle. Mais c’est évidemment l’arrivée du chemin de fer dans les années 1870 qui contribua à l’essor industriel et économique de la région.

La première mention authentique de Sombeval remonte à 866. Il s’agit d’un document par lequel Lothaire II, roi de Lotharingie, confirme à l’abbaye de Moutier-Grandval ses possessions situées en divers lieux. Sombeval y est considéré comme une ferme ou une exploitation agricole possédant une chapelle. Un acte de 1315 fait mention d’un moulin à Sonceboz et précise que l’église de Sombeval est dédiée à Sainte-Agathe. L’édifice, très ancien, semble avoir été bâti sous Charlemagne. 1530 voit arriver la Réforme, adoptée non sans résistances. Exit l’autel, les statues et les images saintes, place à une chaire et à une table de communion dans la plus pure tradition protestante. Mais ce n’est qu’en 1732 que l’édifice subit ses premières grosses transformations avec l’élargissement de la nef par le nord. Nouvel agrandissement – par l’ouest cette fois – en 1866 avec l’édification du clocher que nous connaissons aujourd’hui. Son couronnement (flèche octogonale sur quatre pignons) représente un style qu’on retrouve souvent dans la région (La Ferrière, Renan, Tramelan, La Chaux-de-Fonds temple de l’Abeille + temple allemand) La plupart de ces clochers ont été édifiés durant la seconde moitié du XIXe siècle.

Avant l’édification de la tour actuelle, le temple de Sonceboz-Sombeval possédait déjà un clocheton, comme on peut le voir sur le plan ci-dessus daté de 1537. Deux petites cloches ont été commandées à la fonderie Kaiser de Soleure en 1824. Ces deux cloches ont trouvé place dans l’actuel clocher, où sont venues se joindre à elles deux nouvelles venues réalisées en 1866 par François-Joseph Bournez cadet de Morteau. On avait alors une sonnerie égrenant les notes mi bémol 3 – la bémol 3 – do 4 – mi 4. En 1954, on a jugé que la plus petite des quatre cloches était dissonante. Plutôt que de l’accorder en mi bémol, on préféra passer commande à la fonderie Ruetschi d’une nouvelle cloche en sib3. Ainsi est donc né le motif Westminster que nous connaissons aujourd’hui. La petite cloche en mi4 a par bonheur été conservée. Exposé dans le parc au sud de l’église, elle permet d’admirer la superbe qualité des décors du fondeur Franz Ludwig Kaiser. Le poids relativement modeste de cette petite cloche nous a permis de la soulever quelques instants pour la faire tinter et déterminer sa note. Nos excuses aux fourmis et nombreux autres insectes qui ont élu domicile sous cloche depuis des générations et que nous avons malencontreusement sortis de leur torpeur par cette manœuvre impromptue !

Cloche 1 (mi bémol 3) La cloche est équipée de son joug d’origine et d’un battant piriforme datant vraisemblablement de la motorisation en 1954. Elle a été tournée d’un quart de tour. Inscriptions FOI ESPERANCE CHARITE // GLOIRE A DIEU DANS LES CIEUX / PAIX SUR LA TERRE / BONNE VOLONTE ENVERS LES HOMMES LUC II V. 14 // HOSANNA / BENI SOIT CELUI QUI VIENT AU NOM DU SEIGNEUR / JEAN 12 V. 13. Sur l’autre face : DON FAIT / PAR LA COMMUNE / BOURGEOISE / DE SONCEBOZ / SOMBEVAL / 1866 // FRANCOIS JOSEPH BOURNEZ FONDEUR A MORTEAU.

Cloche 2 (la bémol 3) La cloche est équipée de son joug en chêne d’origine et d’un battant à boule de facture assez récente. Elle a été tournée d’un quart de tour. Inscriptions VENEZ ET MONTONS A LA MAISON DE L’ETERNEL / IL NOUS INSTRUIRA DE SES VOIES / ET NOUS MARCHERONS DANS SES SENTIERS / ISAIE II V. 3 // LA JUSTICE LEVE UNE NATION / MAIS LE PECHE EST L’OPPROBE DES PEUPLES /PROVERBES V 73. Sur l’autre face : LE TEMPS S’ENFUIT / L’ETERNITE S’AVANCE / GLOIRE A DIEU // FRANCOIS JOSEPH BOURNEZ FONDEUR A MORTEAU.

Cloche 3 (si bémol 3) La cloche est équipée d’origine d’un joug en acier et d’un battant piriforme. Cette cloche est moins bavarde que ses aînées puisqu’elle arbore comme seule inscription QUE TON REGNE VIENNE et les armoiries de la commune – trois sapins surmontés de deux étoiles – et la date de 1954. La signature se trouve sur la panse : GLOCKENGIESSEREI H. RUETSCHI AG AARAU.

Cloche 4 (do 4) La cloche est équipée d’un joug en acier et d’un battant piriforme identiques à ceux de la cloche no3 (équipement de 1954). Elle a été tournée d’un quart de tour et ses inscriptions sont hélas difficilement déchiffrables car en bonne partie masquées par le beffroi. Voici les fragments que nous avons pu relever : sur le col : … DANS LE PALAIS DE LA SAINTE… MORTEL CELEBRE L’ETERNEL… Sur la faussure : … VOX CLAMANS IN DESERTO… DEO IN EXCELSISSIMIS… PAROISSE DE SOMBEVAL MDCCCXXIIII.

Cloche déposée (mi 4) Elle trône sur un socle de pierre dans le jardin en contrebas du temple. Inscriptions sur le col GLOIRE SOIT A DIEU DANS TES LIEUX TRES HAUTS / SI VOUS N’AVEZ LA CHARITE VOUS RESSEMBLEZ A L’AIRAIN QUI RESONNE ET A LA CYMBALE QUI RETENTIT – CO CH 13 V 1. Sur la faussure : IP MONNIER MAIRE / 1824. Sur l’autre face : F. LUDWIG KAISER BURGER / VON SOLOTHURN. AUCH / ANTON KAISER SEIN SOHN / HABEN MICH GEGOSSEN ANNO 1824 [F. (Franz, ndlr) Ludwig Kaiser, bourgeois de Soleure et son fils Anton Kaiser m’ont coulée en l’an 1824]

Bon à savoir
-Dans les archives de la maison Bournez, les cloches nos 1 et 2 sont mentionnées comme donnant les notes mi et la.
-Bournez a également réalisé en 1885 une cloche de 318 kg pour l’école de Sonceboz-Sombeval.
-L’arrivée en 1954 de la cloche no3 a coïncidé avec la motorisation de la sonnerie et l’installation d’une horloge mécanique de la maison Baer de Sumiswald. Ce mouvement est toujours présent dans le clocher mais il est aujourd’hui désaffecté.
-Le clocher ne dispose pas de cadran sur sa façade nord. Au XIXe siècle, le village ne s’étendait en effet pas au-delà du temple.

Quasimodo remercie
Bernard Messerli, président de la paroisse de Sonceboz-Sombeval
Florence Ramoni, catéchète professionnelle auprès des paroisses réformées de l’Erguël
Mes amis Antoine Cordoba, carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice ; Allan Picelli, sacristain à Maîche ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Loïc Tercier, horloger à Bienne.

Sources
Archives compilées par Bernard Messerli, président de paroisse
La paroisse de Sonceboz-Sombeval par Hermann Ecuyer, pasteur, 1929
Archives de la maison Bournez
https://www.sonceboz.ch/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonceboz-Sombeval

Cloches – La Neuveville (CH-BE) Tour Carrée

Quatre cloches et 500 ans d’histoire

-Cloche 1 « Cloche de Cunier » note si2, diamètre 170 cm, poids 2’925 kg, coulée en 1932 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 2 « Cloche de midi » note ré3, diamètre 136 cm, poids 1’450 kg, coulée en 2000 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 3, note fa#3, diamètre 110cm, poids environ 750 kg, coulée en 1660 par George Kottelat de Delémont
-Cloche 4, note la3, diamètre 93 cm, poids 460 kg, coulée en 1969 par Ruetschi à Aarau

 

Les visiteurs de ce modeste site savent comme il me tient à cœur de parcourir l’histoire et de vous la relater avec mes propres mots. A La Neuveville, je me suis tout particulièrement régalé, car l’Histoire s’écrit ici avec un H majuscule. Nous allons comprendre comment un imposant clocher doté d’un bourdon a pu être édifié sans la moindre église à ses côtés. Nous tenterons d’en savoir un peu plus sur les usages locaux des cloches au fil des siècles et le rôle de ceux qui les actionnaient… parfois au prix de leur intégrité physique ! Nous chercherons pourquoi c’est un médecin vaudois qui a fait cadeau de la grande cloche à la pittoresque cité bernoise.  Notre quête historique nous emmènera jusqu’au Musée historique de Berne où ont été conservés les seuls restes de l’ancien bourdon, coulé au XVIe siècle par un des meilleurs fondeurs de sa génération, et qui disparut sous le coups de marteau d’un marchand de métaux.

 

La Neuveville mérite bien son appartenance à l’association Les plus beaux villages de Suisse. Située au pied du Chasseral, le plus haut sommet du Jura suisse ; bordée au nord par le vignoble et au sud par le lac de Bienne, cette petite cité bernoise francophone de 3’700 habitants fondée en 1312 possède un riche patrimoine bâti. Construit de 1283 à 1288 par le prince-évêque de Bâle, le château du Schlossberg domine la situation par sa position surélevée. La Blanche-Église, édifiée au VIIe siècle, possède de magnifiques fresques des XIVe et XVe siècles. De nombreuses maisons bourgeoises arborent de belles façades Renaissance. Et puis il y a ces tours d’enceinte médiévales qui ont traversé les siècles et qui semblent tirer un trait d’union entre le lac et le ciel.

 

Un clocher… mais pas d’église – La Tour Carrée est l’édifice le plus imposant de La Neuveville. Bâtie en pierres de taille blanches d’une grande qualité, la Tour est l’œuvre de Jehan Jornot,  maçon d’origine franc-comtoise établi dans la cité. L’inscription latine, en caractères gothiques, figurant sur la face nord, signifie : « en l’an du seigneur 1520, le 21ème jour du mois de Juin ». Ce monument cinq fois centenaire se dresse à l’emplacement d’une première tour d’enceinte vraisemblablement circulaire. La Tour Carrée était prévue pour être le clocher d’une basilique qui ne vit jamais le jour. On imagine aisément quelles auraient été les dimensions colossales de ce sanctuaire demeuré vœu pieu ! La Réforme, instaurée en 1528, la confiscation des biens de l’Eglise et d’autres soucis financiers sonnèrent le glas de ce projet trop ambitieux. Ce n’est donc pas une église, mais l’Hôtel de Ville, dont les parties les plus anciennes remontent au XIVe siècle, qui flanque aujourd’hui la Tour Carrée. Cette dernière est aujourd’hui le seul édifice historique de La Neuveville – avec sa voisine la Tour Rouge dotée de cadrans et de deux timbres d’horloge – à renfermer des cloches. Le clocher de la Blanche-Eglise (aujourd’hui lieu de culte réformé) est vide. Quant au temple édifié en 1720 dans l’enceinte de la ville, on n’a pas jugé utile de le doter d’un clocher. Dernière particularité de la La Tour Carrée, est non des moindres: c’est une propriété par étages ! Le rez-de-chaussée appartient à la Bourgeoisie ; la partie centrale, occupée par le Musée d’Art et d’Histoire, est la propriété de la Municipalité ; l’étage des cloches – enfin – appartient à la paroisse protestante, alors que l’entretien des cloches incombe à la ville.

 

Une première sonnerie à 3 heures du matin – Une plongée dans les archives nous apprend que l’usage des cloches a était jadis strictement réglementé. Les guets étaient responsables de ces sonneries, et de bien d’autres choses encore. Voici ce qui nous est relaté dans l’ouvrage « Histoire de La Neuveville » par Adolphe Gross et Ch.-L. Schindler paru aux éditions Slatkine en 1979.

Heures des cultes et ordre des prédications – Le règlement de 1639 prévoyait pour l’heure du culte le premier coup de cloche à six heures et demie du matin et le dernier à sept heures. En hiver, le premier coup à sept heures et demie et le dernier à huit heures, et pour l’après-midi trois heures et trois heures et demie. Quand le culte avait lieu à la grande église (ancien nom « Blanche-Eglise » par opposition à la chapelle Sainte-Catherine dite « petite église », ndlr) on sonnait la grande cloche. C’était le cas spécialement les jours de fête et à l’Ascension, où le militaire allait au culte en grande tenue et tambour battant.

Toutes les heures, de minuit à trois heures du malin, étaient criées, ce qui s’est pratiqué jusqu’en 1852. La cloche ordinaire était sonnée, en été à trois heures du matin, en hiver à quatre heures. Pendant la criée des heures, le guet restait sur la rue et ne remontait dans la tour (la Tour Rouge où se trouvait la chambre du guet, ndlr) qu’après la cloche du matin. Le soir, la cloche était sonnée à huit heures en hiver et à neuf heures en été. [Les guets] sonnaient les cloches pour les services religieux, faisaient la police autour de l’église et devaient occuper leur place au culte, « autant que se pourra ».

La Tour Carrée renferme aujourd’hui quatre cloches, dont une seule est encore historique

-Cloche no1 – Il s’agit d’un des quatre bourdons qui répandent leurs notes graves sur les rives du lac (les trois autres se trouvent à Bienne : Sainte-Marie, Saint-Benoît, Pasquart). Avant la première sonnerie de cette magnifique grande cloche le 28 août 1932, il avait été procédé à l’accordage des trois autres cloches. Le nouveau bourdon arbore les inscriptions « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Don du Dr Cunier, médecin à Romainmôtier ».

Pourquoi un bourdon offert par un médecin vaudois ? Les archives communales vaudoises mentionnent un docteur Robert Cunier (1852-1916) médecin et philanthrope à Romainmôtier. Une plaque en l’honneur du docteur est apposée depuis le 25 mai 1917 sur la façade l’infirmerie Contesse (ancienne maison de retraite) du bourg médiéval vaudois. Il est une question que nous sommes tout naturellement amenés à nous poser : pourquoi un médecin de Romainmôtier a-t-il laissé un testament pour la réalisation d’une cloche à La Neuveville ? Tout simplement parce que les Cunier sont une vieille famille du coin ! En 1560, le notaire Jean Cunier Riot, originaire de Nods, reçoit la bourgeoise de La Neuveville. Une branche des Cunier s’établit à Berne, le patronyme est germanisé et devient Günier. La famille Cunier actuellement existante descend de Pierre, neveu de Jean reçu en 1584. La Feuille d’Avis de Neuchâtel du 18 août 1931 mentionne un « fonds Cunier » créé dans le but de remplacer la cloche en acier par une cloche de bronze.

 

-Cloche no2 – Sa patine tout juste naissante indique que c’est la plus récente de la sonnerie. La nouvelle « Cloche de midi » n’est en effet arrivée que le 16 septembre 2000. Ses inscriptions «Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel» (Ecclésiaste 3.1) et «S’il me manque l’amour, je ne suis rien» (Saint Paul – “Hymne à la Charité” 1er Épitre aux Corinthiens)

 

-Cloche no3 – C’est la seule cloche historique encore présente dans la Tour Carrée. On déchiffre sur le col « LA CLOCHE DE MIDI ET MOI, DEDANS VN FOUR, KOTTELAT NOVS FONDIT AVPRES DE LA TOVR – 1660 ». Sur la faussure apparaît un cartouche, plus petit et plus discret que sur l’ancienne cloche no2 : GEORGIVS KOTTELAT ME FVDIT ANO DNI 1660.

 

-Cloche no4 – « Paix sur la Terre aux hommes qu’il agrée » (Luc 2.14). Telles sont les inscriptions de la plus petite des quatre cloches, coulée en 1968 et hissée le samedi 15 mars 1969 par les enfants des écoles sous la supervision de la maison Ecoffey de Broc.

Jusqu’à la toute fin du XIXe siècle, la Tour Carrée possédait quatre cloches historiques

-Ancienne cloche no1 (diamètre 136 cm, note probablement do#3) coulée en 1572 par Franz Sermund de Berne. Pour sa réalisation, le banneret de Porrentruy fit don de 66 écus, 13 batz et 6 deniers. La cloche possédait sur son col une magnifique frise représentant des enfants et des oursons en train d’effectuer une ronde (ce motif a été repris sur le bourdon actuel).  Inscriptions (sur le col) « CAELVM ET TERRA TRANSIBVNT VDERBVM DOMINI MANET IN AETERNVM S. LVCE XVI CAP. 1572″. Apparaissaient également les armoiries de La Neuveville – deux clés en sautoir dans un cercle de lauriers – surmontant la signature du fondeur : « FRANCISCVS SERMVNDVS BERNENSIS ME FECIT ». Subsiste de cette cloche un moulage en plâtre entreposé avec son joug de chêne à l’avant-dernier étage de la Tour Carrée.

La cloche de 1572 fêla en 1900. Le Musée Historique de Berne se manifesta à l’époque pour faire l’acquisition de cette magnifique cloche historique richement ornée. Demande hélas tardive : un marchand de métaux s’était déjà porté acquéreur pour 4’500 francs. Le Musée réussit toutefois à récupérer un fragment, visible aujourd’hui encore dans le parc sous un abri où sont accrochées de nombreuses et belles cloches historiques.

En 1900, les finances de La Neuveville ne permettent pas de racheter une cloche de bronze. La commune fait alors l’acquisition d’une cloche en acier (disparue) de la fonderie allemande  Bochumer Verein. Les travaux préparatoires pour l’installation de cette cloche furent le théâtre d’un accident, comme le relate La Suisse Libérale du 31 août 1900.

Le marguillier Evard, en mettant en branle la cloche de midi, fit basculer une planche sur laquelle on avait déposé une grosse pierre de 40 kilos environ, enlevée de la fenêtre gothique par laquelle la cloche doit être introduite. Dans sa chute, la pierre brisa d’abord le levier de la cloche et ensuite atteignit le bras gauche du marguillier et le brisa net. Dans son malheur, le pauvre marguillier a encore eu énormément de chance de n’avoir pas été atteint à la tête et ainsi d’avoir échappé à une mort certaine.

Les Evard ont vu leur destin lié à celui des cloches de La Neuveville durant de longues décennies. On peut lire dans l’Express du lundi 4 janvier 1943 :

C’était la dernière fête de Noël pour notre marguillier, M. Charles Evard, qui, pour cause de santé, a donné sa démission après une activité de plus de cinquante années. Enfant, il fonctionnait déjà comme aide de son père. La famille Evard a sonné les cloches de la Neuveville pendant plus de 70 ans, puisque le grand-père était déjà marguillier en 1876 et il avait succédé à son frère. En souvenir des services rendus avec une ponctualité exemplaire, le conseil de paroisse a accordé à M. et Mme Evard une allocation extraordinaire.

 

 

-Ancienne cloche no2 (diamètre 135 cm, note ré3 après correction)
Inscriptions (sur le col) « OH TRES CHERIS CHRETIENS JE VOUS CITE OV CONVIE AUX SAINCTES ACTIONS D’VUNE DIVINE VIE – ANNO MDCLX ». Sur la faussure : les armoiries de La Neuveville et la signature du fondeur GEORGE KOTTELAT DE DELEMONT M’A FAIT – ANNO 1660 – AGE DE 65 ANS. Cette belle cloche a fêlé vers 1990. Elle est accrochée depuis 2005 sous une arche en bois  stylisée dans le cimetière de La Neuveville au nord-ouest de la Blanche-Eglise.

 

-Ancienne cloche no4 (diamètre 89 cm, note la3 après correction)
1583 fut un grand millésime pour Franz Sermund. Le fondeur bernois réalisa cette année-là ses deux plus grandes cloches : le bourdon de la cathédrale de Lausanne (note lab2, diam. 208 cm, poids 5’610 kg) et la « Mittagsglocke » (note sol#2, diam. 212 cm, poids 6’395 kg) de la cathédrale-collégiale de Berne. 1583 est également l’année de coulée de l’ancienne petite cloche de la Tour Carrée, déposée dans la Blanche-Eglise. Figurent là aussi les armoiries de La Neuveville. Les deux clés en sautoir apparaissent sur un mont de trois coupeaux de sable. Inscriptions (sur le col) « IN CYMBALLIS BENE SONANTUBVS LAVDATE DOMINVM 1583″. Signature (sur la faussure) ZU GOTTES EHR HAT MICH GEGOSSEN VON BERN FRANTZ SERMVND UNVERDROSSEN. Notez l’évolution de la signature du fondeur par rapport à l’ancienne grande cloche coulée 11 ans plus tôt ! Le joug de chêne arbore deux blasons. L’écu avec les initiales IG semble être celui de la famille Gascon, devenue plus tard Gascard, reçue bourgeoise de La Neuveville en 1528.

 

La Tour Rouge
C’était la porte nord de l’enceinte médiévale de la ville. Les armoiries de La Neuveville figurent sur les faces sud et nord. Alors que sa partie inférieure date de la fondation de la ville au XIVe siècle, la Tour Rouge a été surélevée vers 1593 et dotée d’un clocheton où est accrochée la cloche des heures (fixe). La cloche des quarts est située dans la partie maçonnée au même niveau que le mécanisme et les cadrans de l’horloge. Cette belle petite cloche baroque arbore de magnifiques décors floraux baroques et la date de 1685. Elle est munie de deux marteaux de tintement. Aujourd’hui fixe, elle sonnait jadis à la volée comme en témoigne son joug, son battant et les traces d’usure intérieure. L’horloge est signée Louis-Delphin Odobey cadet de Morez. Le mouvement a été profondément modifié : la progression horaire se fait par un moteur électrique sur l’arbre des aiguilles et le remontage des poids a été motorisé.

 

La Blanche-Eglise
C’est la plus ancienne église de La Neuveville et le seul lieu de culte actuel de la paroisse réformée. La première mention d’une chapelle Saint-Ursinius figure dans un document du roi Lothaire II de Lorraine daté du 16 mars 866. Nous sommes donc bien avant la fondation de la villr Neuveville qui remonte – on le rappelle – à 1312 ! A partir du XIVe siècle, celle qui porte désormais la dénomination d’ecclesia alba commence à revêtir une certaine importance. Le 21 décembre 1345, l’Evêque de Bâle consacre le maître-autel de l’église reconstruite et agrandie. La plus grande extension date du XVe siècle. Mais après la Réforme de 1528, l’importance de la Blanche-Eglise diminue progressivement au profit d’un lieu de culte situé dans l’enceinte de la ville : la chapelle Sainte-Catherine, remplacée en 1720 par le temple. Privée d’entretien, la Blanche-Eglise commence alors à se dégrader, à tel point qu’en 1828, on envisage de la détruire. Ce funeste projet est par bonheur refusé… à une voix près ! D’importantes réparations sont menées à partir de 1837 : démolition de la chapelle nord ; construction du porche ouest ; reconstruction du mur nord 3 mètres plus au sud. C’est cette dernière transformation qui donne à la Blanche-Eglise l’asymétrie qu’on lui connaît aujourd’hui. Les remarquables fresques, réalisées entre le XIVe et le XVe siècle, sont redécouvertes et remises en valeur lors de la restauration de 1912. Elles avaient été recouvertes de badigeon à la Réforme. Paradoxalement, c’est ce traitement qui leur a permis de traverser les siècles sans trop s’altérer. La Blanche-Eglise renferme également une chaire sculptée de 1536, de belles pierres tombales et un orgue de la Manufacture de Chézard-Saint-Martin construit en 1988.

N’y a-t-il jamais eu des cloches à la Blanche-Eglise ?
Mes recherches ne me permettent pas – pour l’instant – d’apporter une réponse claire à cette question. On peut aisément imaginer que si une tour dotée de baies a été édifiée vers 1200, c’était pour y a placer au moins une cloche. « L’histoire de la Neuveville » mentionne – sans trop de détails – les cloches de la Tour Carrée et de la Tour Rouge. On peut y lire, pour rappel, le règlement de 1639 : Quand le culte avait lieu à la grande église (alias « Blanche-Eglise », ndlr) on sonnait la grande cloche. La grande cloche ici mentionnée est-elle celle de la Tour Carrée ? Nous l’avons vu plus haut : les sonneries de la Tour étaient codifiées avec soin en fonction des occasions. Cela me semble le plus probable. Aujourd’hui, quoi qu’il en soit, les quatre cloches de la Tour Carrée sonnent à l’unisson pour convier les fidèles aux cultes de la Blanche-Eglise où se trouve une commande à distance des cloches.

 

Quasimodo remercie
-Pour son chaleureux accueil et sa disponibilité : René Biasca, chef de la voirie de La Neuveville.
Pour les recherches historiques et les encouragements : Sandrine Girardier, historienne et conservatrice du Musée de La Neuveville ; Samuel Fluckiger, conseiller général à La Neuveville ; Charles Ballif, collectionneur à La Neuveville ; Dr. Matthias Walter, expert-campanologue à Berne ; Olivier Grandjean, président de la fondation de Romainmôtier.
Pour leur aide indispensable à la réalisation de ce reportage : mes amis Antoine Cordoba https://cloches74.com/ carillonneur à l’abbaye de Saint-Maurice ; Allan Picelli https://lesonneurcomtois.com/ sacristain à Maîche ; Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers ; Loïc Tercier, horloger-rhabilleur ; Aurélien Surugues et Anthony Cotting, membres de la GCCS.

 

Sources (autres que mentionnées)
« Les familles de La Neuveville, leur origine et leur destinée » par Olivier Clottu, extrait de « Actes de la Société jurassienne d’émulation », 1949.
« Armorial de La Neuveville » par Olivier Clottu, éditions Paul Attinger, Neuchâtel, 1970.
« Curiosités du Jura bernois – Bâtiments singuliers 01/10/2020 » par Sandrine Girardier, conservatrice du Musée d’art et d’histoire de la Neuveville.
« Les inscriptions des cloches du Jura bernois » par Gustave Amtweg, publié épisodiquement dans le journal « Le Jura ».
Archives de la maison Ruetschi
http://www.laneuveville.ch/fr/
https://www.fondation-saphir.ch

Cloches – Bienne (CH-BE) église réformée Saint-Etienne

La plus ancienne église de Bienne dévoile sa sonnerie

-Cloche 1, note la bémol 3, diamètre 97cm, poids 520kg, coulée en 1872 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 2, note do4, diamètre 78cm, poids 270kg, coulée en 1871 par Ruetschi à Aarau
-Cloche 3, note mi bémol 4, diamètre 65cm, poids 160kg, coulée en 1871 par Ruetschi à Aarau

L’église – C’est le plus ancien sanctuaire de la ville de Bienne et l’un des plus vénérables monuments de la région. L’histoire du site débute au IVe siècle par la construction d’un mausolée à plan rectangulaire situé le long d’une voie très fréquentée. Ce mausolée est transformé au VIIe siècle, puis remplacé par une première église un siècle plus tard. Une seconde église – romane – est édifiée à sa place entre le XI et le XIIe siècle. Détruite par un incendie, l’abside romane est reconstruite dans le style gothique entre les XIII et XIVe siècles. Certaines traces de ce riche passé sont encore bien visibles : sur la façade sud, deux petites fenêtres à arc en plein cintre témoignent de la nef romane toujours existante. Dans le chœur gothique légèrement désaxé se trouvent les restes d’une peinture murale remontant à la première moitié du XIVe siècle. On aperçoit également une niche à tabernacle et des fonds baptismaux remontant au début du XVIe siècle. Signalons enfin un cycle de quatre vitraux datés de 1688 représentant les armoiries des villes de Bienne et de Berne, du bourgmestre biennois Abraham Scholl et du trésorier du Pays allemand Johann Rudolf Tillier. Le clocher néogothique fut élevé en 1871 en remplacement d’un clocheton attesté dès le XIIIe siècle.

Les cloches – L’église Saint-Etienne possède le plus petit ensemble campanaire de la ville, mais aussi un des plus charmants. Les trois cloches portent des ornements très soignés semblables à ceux des cloches de Saint-Benoît coulées en 1882. Le col arbore une frise florale, alors que le haut de la robe laisse apparaître une guirlande de gâbles néogothiques. La panse est ornée d’une double rangée de cordons boutonnés ponctuellement par des fleurs. Les inscriptions des cloches résument en allemand, et de manière poétique, la longue histoire de la vénérable église Saint-Etienne. On apprend aussi qu’en 1871, Mâche comptait 722 âmes et Madretsch 868. A noter que ces anciennes communes font partie intégrante de Bienne depuis 1920. Il est enfin indiqué sur la grande cloche qu’elle est arrivée dans le clocher en 1872, un an après ses petites sœurs. Les voix cristallines de ces trois jolies demoiselles de bronze égrènent les notes la bémol 3, do 4 et mi bémol 4 (accord majeur). Le beffroi, les jougs et les ferrures sont contemporains des cloches. La demie est tintée sur la cloche 2, l’heure est frappée sur la grande cloche. Il n’y a pas de frappe des quarts. Le poids total des trois cloches est de 1’228kg. Elles ont toutes trois été coulées à Aarau par Ruetschi (Emanuel, deuxième génération).

Quasimodo remercie :
-Luc Ramoni, pasteur à l’église réformée de Bienne, pour les contacts
-Doris Horisberger, sacristine, pour son aimable accueil
Antoine Cordoba, carillonneur à Taninges, et Dominique Fatton, responsable technique des clochers de Val-de-Travers, pour leur indispensable collaboration et les moments d’amitié

Sources
https://www.erz.be.ch/erz/de/index/kultur/archaeologie/publikationen/informationsflyer.assetref/dam/documents/ERZ/AK/de/Archaeologie/ADB_Flyer_Biel-Mett_fr_2017.pdf
Archives de la maison Ruetschi

Cloches – Nidau (CH-BE) église réformée Saint-Erhard

La savoureuse sonnerie du clocher penché

-Cloche 1, note do#3, diamètre 153cm, poids environ 2’100kg, coulée en 1949 par Ruetschi d’Aarau. Inscription « Wo der Geist des Herrn ist, da ist die Freiheit »
-Cloche 2, note mi3, diamètre 120cm, coulée en 1809 par Franz Ludwig Kaiser de Soleure
-Cloche 3, note la3, diamètre 108cm, coulée en 1466. Inscription « Ave Maria gratia plena dominus teceum »
-Cloche 4, note si3, diamètre 80cm, coulée en 1810 par Franz Ludwig Kaiser de Soleure. Inscription : « Frantz Ludwig Kaiser Burger von Solothurn hat mich gegossen, Albrecht Pagan Amtschreiber zu Nidau hat mich umgiessen lassen im Jahre 1810 »

L’église – La paroisse de Nidau se détache de Bürglen en 1482. La Réforme est proclamée en 1528. Des travaux de rénovation sont effectués entre 1607 et 1611 sous la direction du contremaître de la cathédrale de Berne Daniel II. Heintz. En 1678, on assiste à la reconstruction du chœur et de la nef. L’Etat de Berne, de même que les communes voisines d’Ipsach et Belmont, participent aux frais qui se montent à 1’400 livres. Les stalles et la chaire datent de 1771. Trois importantes rénovations sont menées successivement au XXe siècle. Pour des raisons financières, les vitraux originaux représentant les armoiries de la ville et le blason du bailli sont cédées au musée de Berne. Un nouvel orgue de la manufacture Kuhn (21 jeux) est inauguré le 3 décembre 2017.

Le clocher – Ce n’est pas une illusion d’optique, il penche vraiment vers le nord ! Construite au début du XVIIe siècle sur des pilotis en raison d’un terrain marécageux, la tour a commencé à s’incliner après la correction des eaux du Jura. Ce chantier gigantesque, mené à partir de 1868, a asséché les terres jadis baignées des flots du lac et de l’Aar. Afin de contrer cet inquiétant phénomène d’inclinaison, la base du clocher a été enrobée d’un socle de béton. Les cloches, qui se balançaient jadis dans le sens nord-sud, sonnent aujourd’hui dans l’axe est-ouest. Si la partie en maçonnerie du clocher est penchée, la flèche – elle – est rigoureusement droite, ce qui accentue le côté pittoresque de l’ensemble.

Les cloches – Ce n’est pas la plus grande sonnerie de la paroisse réformée de Bienne, mais c’est peut-être la plus savoureuse. C’est en tout cas la plus intéressante sur le plan historique. Nous avons en effet ici quatre cloches coulées à trois périodes différentes. Toutes présentent des décors et des caractéristiques sonores typiques de leur époque. Alors que la cloche 3 – de facture gothique – n’arbore qu’une modeste ligne d’inscriptions sur son col, les cloches 2 et 4, réalisées au début du XIXe siècle, arborent de généreuses frises néo-classiques et de très belles anses baroques à mascarons. On peut aussi admirer sur la petite cloche le blason familial du greffier de Nidau Albrecht Pagan qui offrit la petite cloche en 1810. La cloche 2, elle, porte les armoiries de la ville. Elle a subi un accordage par alésage dans le but d’abaisser sa note afin qu’elle s’accorde avec ses 3 sœurs. La grande cloche est venue compléter la sonnerie en 1949. Le beffroi est métallique. Les 4 cloches sont disposées dans deux travées sur deux niveaux. Elles sont accrochées à des jougs en acier légèrement cintrés en raison de l’exigüité de la chambre des cloches. On citera encore la cloche de la chapelle voisine, coulée au XVIIe siècle par Abraham Gerber de Berne. Cette cloche est la relique d’une des portes de la ville. Elle était malheureusement hors service et inatteignable lors de ma visite.

Mes plus vifs remerciements à Luc Ramoni, pasteur à l’Eglise réformée de Bienne.

Sources
https://vitrosearch.ch/fr/buildings/2262235
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F446.php
Documents aimablement fournis par Hugo Liechti, sacristain. Remerciements chaleureux à lui !

Cloches – Bienne (CH-BE) église St Benoît

L’église réformée alémanique de Bienne dispose d’une sonnerie de cinq cloches en si2, réalisée en trois étapes par la même fonderie

-Cloche 1, “Ehre sei Gott in der Höhe”, note si2, poids 2’850kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau
-Cloche 2, “Dein Reich komme. Dein Wille geschehe auf Erden wie
im Himmel“, note do#3, poids 2’050kg, coulée en 1955 par Ruetschi SA à Aarau

-Cloche 3, “O Land, Land, Land, höre des Herrn Wort”, note ré#3, poids 1’450kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau
-Cloche 4, “Darum ist noch eine Ruhe vorhanden dem Volke
Gottes”, note fa#3, poids 860kg, coulée en 1882 par Hermann Ruetschi à Aarau

-Cloche 5, “Wo der Herr nicht die Stadt behütet, so wachet der
Wächter umsonst”, note sol#3, poids 540kg, coulée en 1947 par Ruetschi SA à Aarau

St Benoît n’est peut-être pas l’église la plus ancienne de Bienne (St Etienne est en effet mentionnée en l’an 600 déjà), il n’empêche nous sommes tout de même en présence d’un vénérable édifice consacré en 1228 et rebâti dans le style gothique tardif de 1451 à 1470. La base du clocher est encore celle de la première tour romane, quoique percée aujourd’hui de baies ogivales. On entreprit de surélever le clocher après édification de la nouvelle nef, afin de porter plus loin le son des cloches. Manque de chance, alors que les travaux étaient sur le point de s’achever, le couronnement du clocher s’écroula, entraînant dans sa chute un ouvrier, de même que les cloches. Si mes sources ne me renseignent pas sur l’état de santé du pauvre homme, elles nous apprennent en revanche que les cloches ne subirent miraculeusement aucun dommage ! Le clocher prit la forme que nous lui connaissons aujourd’hui en 1551.

De très belles fresques antérieures à la Réforme (proclamée en 1527) ornent l’intérieur de l’église St Benoît. Les rénovations successives menées au XXe siècle ont en effet permis de mettre au jour une représentation de St Benoît, le voile de Ste Véronique, le Jugement Dernier et le martyr de St Sébastien. On note aussi la présence de vitraux du XVe siècle dans le chœur, d’une très belle chaire néogothique et de deux orgues remarquables : un grand orgue en tribune, et un petit orgue en nid d’hirondelle. Ces instruments ont été réalisés respectivement en 2011 et en 1994 par la manufacture Metzler de Dietikon (CH-ZH).

Pour une église à l’histoire aussi riche, on peut évidemment regretter que la sonnerie se compose uniquement de cloches des XIXe et XXe siècle, toutes issues de la même fonderie. D’intéressantes anecdotes sont toutefois à relater. A commencer par le fait que le bourdon arbore des inscriptions selon lesquelles il serait la refonte d’une cloche de 1423. Il faut également savoir que Ruetschi d’Aarau coula en 1882 cinq cloches, ornées de motifs néogothiques soignés, et égrenant les notes si2 ré#3 fa#3 sol#3 si3. Après la Seconde Guerre Mondiale, les deux petites cloches furent envoyées en cadeau à des paroisses alsaciennes sinistrées. On refit alors un nouveau sol#3 en 1947, et on passa commande en 1955 – non pas d’un si3 – mais d’un do#3. Cette nouvelle disposition de la sonnerie entraîna l’agrandissement du beffroi en hauteur pour y loger la nouvelle cloche 2. Le beffroi – parlons-en – est nettement antérieur à la sonnerie. Sa construction massive donne à penser que la plus grande partie de sa structure date de la surélévation du clocher au XVIe siècle. A l’étage inférieur se trouve un magnifique mouvement horloger Prêtre et fils de la fin du XIXe siècle, modifié pour le remontage électrique des poids et le réglage horaire par électro-aimant sur le balancier. Dans l’église, enfin, se trouve exposée une petite cloche gothique avec son joug et ses ferrures d’origine. Elle arbore entre autres motifs le Christ en Croix

Mes plus vifs remerciements à Luc Ramoni, pasteur à la paroisse réformée évangélique générale de Bienne, pour l’accès au clocher de cette belle église St Benoît, aujourd’hui église réformée alémanique. Remerciements également à Pierre « Pierrot708 » pour son indispensable collaboration.

Sources :
http://altstadt-biel.ch/sehenswuerdigkeiten-und-geschichte/reformierte-stadtkirche-biel-ring-2/reformierte-stadtkirche-biel-ring/
http://www.ref-bienne.ch/accueil/portrait/
https://de.wikipedia.org/wiki/Stadtkirche_Biel
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1936-11-6-1/
http://www.srf.ch/radio-srf-musikwelle/glocken-der-heimat/biel-stadtkirche

Cloches – Bienne (CH-BE) église Ste Marie

La plus imposante sonnerie biennoise est catholique

-Cloche 1, cloche du Christ-Roi, si bémol 2, diamètre 1m80, poids 3’300kg
-Cloche 2, dédiée à la Vierge Marie, ré bémol 3, diamètre 1m50, poids 2’100kg
-Cloche 3, cloche des Apôtres, mi bémol 3, diamètre 1m36, poids 1’400kg
-Cloche 4, dédiée à St Nicolas de Flue, fa3, diamètre 1m20, poids 1’000kg
-Cloche 5, cloche des âmes du Purgatoire, la bémol 3, diamètre 1m, poids 820kg
-Cloche 6, dédiée à Ste Cécile, si bémol 3, diamètre 90cm, poids 440kg

Si l’étude d’une sonnerie est toujours l’occasion pour le vrai passionné de se plonger dans l’histoire du lieu qui l’héberge, la présentation du somptueux ensemble campanaire de l’église Ste Marie nous amène à nous intéresser à l’histoire tourmentée du catholicisme dans cette région particulière du canton de Berne. La Réforme y est adoptée en 1528 déjà. Bienne devient française en 1798, avant de gagner le giron bernois en 1815. Le canton promet de reconnaître la liberté de conscience en établissant l’Acte de réunion, par lequel l’ancien Evêché de Bâle devient bernois. Il reconnaît la liberté de religion dans sa Constitution libérale. Mais avec l’éclatement du Kulturkampf en Europe, Berne cherche à mettre l’Eglise catholique au pas. En cause – entre autres – la promulgation par Pie IX en 1870 du dogme de l’infaillibilité pontificale dans une société qui se veut de plus en plus laïque. S’ensuit le schisme donnant naissance à l’Eglise Vieille Catholique (aujourd’hui Catholique Chrétienne en Suisse). Cette dernière s’approprie le sanctuaire tout neuf de la Route du Jura (il avait été consacré en 1869) et le revend à l’Etat pour une somme symbolique. Les curés qui avaient voué serment d’allégeance au pape sont démis de leurs fonctions. Leur chef de file, le père Jecker, est même emprisonné. Il faudra attendre 1898 pour voir la situation se décanter et le culte catholique romain à nouveau reconnu.

La galerie photo d’archives ci-dessus nous montre – outre la montée des cloches – l’église Ste Marie telle qu’elle se présentait de 1869 à 1903, puis son aspect après amputation de son petit clocher. On remarque tout de suite que le bâtiment était nettement moins haut qu’il ne l’est aujourd’hui. D’importants travaux sont en effet menés à partir de 1926 pour consolider et surélever cette église primitive, sur les recommandation du fribourgeois Fernand Dumas, et sur des plans d’Adolphe Gaudy, architecte de Rorschach. Le sanctuaire se voit doté d’un clocher – beaucoup plus imposant, cette fois – destiné à recevoir une grosse sonnerie. Celle-ci n’arrivera qu’en 1947, quelques mois après le décès du curé Loscher, qui avait tant œuvré pour la réussite du projet. La décoration des six cloches est l’œuvre du sculpteur argovien Büchs. Le choix des notes est confié à un fribourgeois, le célèbre abbé musicien Joseph Bovet, auteur du non moins fameux « Vieux Chalet ». Un petit insigne souvenir en céramique est mis en vente auprès du public pour la somme d’un franc.

Chronologie
-12 juillet 1947 : coulée des 6 cloches, d’un poids total de 8’500kg, dans les ateliers argoviens de la maison Ruetschi.
-15 août : transport des cloches par train jusqu’à Bienne. Elles sont ensuite acheminées à travers la ville au son de leurs aînées.
-17 août : baptême des cloches par Mgr François Von Streng, évêque de Bâle.
-20 août : montée festive des cloches par les enfants de la ville.
-21 septembre (Jeûne Fédéral) : première sonnerie officielle.

L’église Ste Marie de Bienne a cela de particulier qu’elle dispose de deux étages. Certes, on rencontre souvent des sanctuaires dont la vaste crypte peut héberger plusieurs dizaines de fidèles. Mais ici, on a vraiment à faire à deux salles de culte à la surface quasiment équivalente. Pour rappel, Bienne fait partie des villes de Suisse qui ont la particularité d’être bilingues (allemand-français).

Mes plus vifs remerciements à mon ami Luc N. Ramoni, pasteur à la paroisse générale réformée de Bienne, pour les démarches auprès de ses homologues catholiques et les bons moments de partage. Merci à Mme Dominique Bähler, sacristine, pour son aimable accueil et sa disponibilité. Amitiés enfin à mes excellents camarades campanaires Dominique « Valdom68 », Pierre « Pierrot708 » et Mimine pour leur précieuse collaboration. Une pensée émue enfin pour M. Jacky Anquetil, ancien sacristain de l’église Ste Marie, aujourd’hui décédé, qui avait été le premier à m’accueillir en ces lieux en 2003, et qui m’a régulièrement encouragé dans ma passion pour les cloches.

Sources :
125 ans de vie catholique à Bienne, par le curé Pierre Salvadé, 1984
http://www.journaldujura.ch/150-ans/le-kulturkampf-une-plaie-vif-dans-les-memoires-du-jura
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_vieille-catholique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bienne

A consulter :
https://www.biel-bienne.ch/
http://www.jurapastoral.ch/jura-pastoral/Orientations-pastorales/Unites-pastorales/Bienne-francophone/Bienne-francophone.html
http://www.ref-bienne.ch/accueil/

Cloches – Bienne (CH-BE) église réformée du Pasquart

-Cloche 1 « Notre Père qui es au cieux », note si2, poids 3’100kg
-Cloche 2 « Nous sommes la voix de l’Eglise », note do#3, poids 2’000kg
-Cloche 3  « Nous sommes soeurs », note mi3, poids 1’250kg
-Cloche 4 « Nos voix s’élèvent dans les hauts lieux », note sol#3, poids 600kg
Fonderie Ruetschi, Aarau, 1924

En entrant dans la localité de Bienne depuis Neuchâtel, il est impossible de ne pas tomber sous le charme de l’église réformée du Pasquart. Construit sur les hauteurs d’un magnifique parc de verdure en 1904, transformé de façon importante dans les années 50, puis au début du 3e millénaire, cet imposant édifice de style éclectique a conservé sa silhouette extérieure originale, malgré de nombreuses transformations intérieures. Le Pasquart, c’est un quartier marqué par l’extraordinaire développement d’une cité industrielle et horlogère à la Belle-Epoque. La volonté de posséder un lieu de culte s’est manifestée en outre par le désir de pouvoir décider de ses propres horaires de cultes. Jusque là, les paroissiens francophones devaient se rendre à St Benoît (dans le centre ville) pour le culte de 10h30. Impossible dès lors pour les ménagères de préparer en temps et en heures le repas de midi ! Les plans de l’église sont issus de quatre projets architecturaux différents, ce qui explique en partie l’intéressant mélange de styles (néo-renaissance, néo-gothique, néo-roman). L’inauguration eut lieu le 12 juin 1904. Si l’édifice est aujourd’hui encore un lieu de culte, il est fréquemment utilisé comme lieu d’exposition et salle de concert.

C’est à l’occasion du vingtième anniversaire de l’église que la paroisse réformée francophone du Pasquart fut enfin en mesure de s’offrir une sonnerie et une horloge. C’est donc en 1924 que Ruetschi d’Aarau coula pour le mince clocher quatre cloches en profil lourd (le bourdon pèse 3’100kg) chantant les notes si2 do#3 mi3 sol#3. La plus grande porte les noms et symboles des quatre évangélistes. La deuxième est ornée des trois croix. La troisième arbore le Chrisme (symbole d’éternité), alors que la coupe de communion figure sur la plus petite.

Les 4 cloches

Photos d’archives de la Belle-Epoque

Mes plus vis remerciements à M. Luc Ramoni, pasteur, pour son chaleureux accueil. Merci également mes amis Dominique « Valdom », Pierrot et Mimine pour leur précieuse collaboration et les sympathiques échanges.

Sources
« Centenaire de l’église du Pasquart 1904-2004 » édité par l’association Présences à l’église du Pasquart
http://www3.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-2443-11-6-1/

A consulter
http://www.ref-bielbienne.ch/fr/home.html
https://www.biel-bienne.ch
https://www.youtube.com/user/pierrot708
https://www.youtube.com/user/valdom68

Cloches – Bienne (CH-BE) église réformée St Paul

-Cloche 1, « Madretsch », note mib3, diamètre environ 136cm, poids environ 1450kg
-Cloche 2, « Mett », note fa3, diamètre environ 120cm, poids environ 1000kg
-Cloche 3, « Schweiz », note sol3, diamètre environ 108cm, poids environ 730kg
-Cloche 4, « Bern », note sib3, diamètre environ 89cm, poids environ 420kg
-Cloche 5, « Biel », note do4, diamètre environ 80cm, poids environ 300kg

Histoire récente, mais malgré tout mouvementée, que celle de l’église St Paul. Tout commence dans les années 1920, avec l’englobement des communes de Mâche (Mett en allemand) et Madretsch dans un Bienne alors en plein développement économique et démographique. On pense d’abord à édifier un simple centre paroissial. Mais l’idée d’une vraie église réussit finalement à s’imposer. L’éclatement de la Seconde Guerre retarde à peine le projet dessiné par l’architecte Leuenberger. Le 30 mars 1941 est inauguré l’édifice, dont les cloches ont été hissées quelques mois auparavant. Mais très vite, de grosses fissures apparaissent : sans doute en raison du contexte particulier de la guerre, les murs de la nef ont été conçus trop minces pour supporter la toiture, qui s’affaisse d’une bonne dizaine de centimètres. Malgré une réparation rapide, de nombreux fidèles, choqués, désertent le lieu de culte. C’est en 1956 que l’église St Paul prend l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui, avec l’agrandissement des locaux paroissiaux sur des plans de Werner Schindler.

Si les 5 cloches arborent chacune un verset de la Bible, ce sont avant tout les écussons sur leurs robes qui attirent le regard. On y reconnaît le drapeau suisse, les armoiries du canton de Berne et de la ville de Bienne, ainsi que les blasons des anciennes communes de Mâche et de Madretsch. L’ensemble, coulé par Ruetschi d’Aarau en 1940, égrène un motif Salve Regina complété en mi bémol 3.

Un immense merci à Luc Ramoni, pasteur, pour son aimable autorisation et son chaleureux accueil, ainsi qu’à M. Christoph Bläsi, sacristain. Remerciements également à mes excellents camarades campanaires Pierrot, Mimine et Valdom pour leur indispensable collaboration et les savoureux échanges.

Crédit photos :
Eglise : http://www.panoramio.com/user/4683941
Cloches : Quasimodo

Sources :
« Der künstlerische Schmuck in Pauluskirche und Kirchgemeindehaus », édité par la paroisse
Archives de la fonderie Ruetschi
https://de.wikipedia.org/wiki/Biel/Bienne

A consulter :
https://www.biel-bienne.ch/
http://www.ref-bienne.ch/